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Gilets Jaunes, Macron, violences politiques et après ?

Gilets Jaunes, Macron, violences politiques et après ?

Analyse de Franck Abed :

Depuis que Macron fut imposé pour diriger les destinées de la France par le dernier tirage de la grande loterie du suffrage universel direct sur candidatures partisanes, nous pouvons constater qu’il n’a plus jamais vraiment évolué dans la réalité. Quand je dis réalité, j’entends la vraie vie que vivent ou subissent la grande majorité des Français.

La prévisible crise des Gilets Jaunes aurait pu aider à le faire redescendre sur terre, lui qui évolue sur des cimes olympiennes. Les Gilets Jaunes ne représentent peut-être qu’une petite partie des Français, ils ont cependant tenté, maladroitement mais loyalement, d’alerter le Président sur leurs conditions de vies précaires. Je ne reviendrai pas sur les critiques qui leur sont adressées à cause de revendications purement personnelles et d’une étonnante absence de stratégie. Je souhaite ici analyser la réponse de Macron adressée aux Gilets Jaunes, ou plus exactement sa non-réponse : non pas simple absence de réponse, mais son choix de ne pas écouter.

Depuis octobre 2018, la ligne de conduite de Macron face à ce phénomène reste inchangée et repose sur quatre axes principaux. Il joue d’abord la montre, pour que le mouvement se noie de lui-même dans le flux incessant de l’actualité médiatique. Il favorise en même temps la carte de la division interne, en essayant de le mettre sous l’influence de personnalités pilotées par l’Elysée. Il laisse avec une régularité d’horloge la violence s’installer lors des différentes manifestations, alors que l’appareil d’Etat dispose de tous les outils suffisants pour faire rentrer dans le rang les racailles et autres groupuscules violents. Il répond enfin sans cesse à côté des principales revendications des Français, et fait semblant de donner du grain à moudre au bon peuple en organisant un « Grand Débat National », auquel personne ou presque n’a participé par manque d’intérêt et de conviction. Heureusement, la plupart des Français ont refusé d’entrer dans la combine.

Il était illusoire de croire que les Gilets Jaunes bousculeraient Macron au point de lui faire quitter l’Elysée. Estimer que Macron écouterait la rue relevait d’une naïveté tout aussi déconcertante. Qui pouvait envisager sérieusement que l’ancien élève du lycée Henri IV déclarerait : « J’ai compris et je change le cap de ma politique… » ? En même temps, la dernière fois qu’une personnalité politique du premier plan a prononcé sur un balcon le fameux « Je vous ai compris ! », les Français l’ont chèrement payé, au sens propre comme au sens figuré. Par ailleurs, nous continuons encore aujourd’hui d’en payer le prix, mais cela relève d’un autre sujet.

Macron ne fascine que les naïfs, et les personnes faiblement armées sur le plan intellectuel et politique. En plus d’évoluer dans une sphère de courtisans et de financiers internationaux, il affecte un profond mépris pour notre pays et les Français de la « France d’en bas », les fameux « Sans-dents » du précédent quinquennat. L’illusion que ses communicants avaient su réaliser pour le faire élire ne prend plus, au point qu’un vent de scepticisme souffle fort sur « les Marcheurs » de la première heure.

Je pense sérieusement que Macron, au plus profond de lui-même, croit être l’homme de la situation. Son entourage doit sans cesse lui susurrer qu’il appartient aux cercles fermés des grands hommes politiques. Il avait même déclaré en octobre 2016 : « La France a besoin d’un chef d’Etat jupitérien. » A écouter sa garde rapprochée, il serait un « nouveau Petit Prince » de la politique. Mon Dieu, Macron l’Ingénu ! que ne faut-il pas lire ?

En réalité, mais beaucoup l’oublient malheureusement, Macron ne dispose d’aucune marge de manœuvre politique et financière pour au moins deux raisons. Voici la première : il est en réalité un pantin entre les mains de ceux qui l’ont faire élire (Xavier Niel, la Banque Rotschild, Patrick Drahi, Bernard Arnault, Jacques Attali, Bernard Henri Lévy, pour ne citer que les plus connus). Et la seconde : ce système politico-économique se montre en définitive irréformable, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur. Ita missa est.

Macron, comme l’a clamé son prédécesseur d’un air très intéressé, est le président non pas des riches, mais des ultra-riches. Il a été joué placé par ces derniers, qui l’ont imposé au moyen d’une propagande médiatique jamais vue à ce jour en France, afin d’appliquer une politique anti-française, libérale, européiste et bien évidemment mondialiste : internationale et apatride, matérialiste et économique, où le socialisme le plus éclairé fraie sans honte ni fausse pudeur avec le capitalisme le plus sauvage. S’imaginer que Macron remettrait en cause le système libre-échangiste découle d’une naïveté déconcertante, et indique clairement une faiblesse d’analyse abyssale, une véritable incapacité à comprendre. Penser qu’il réussirait à sortir de la France de l’impasse ne pouvait être envisagé par les gens sérieux. 

Alors qu’il aurait pu saisir l’occasion donnée par les Gilets Jaunes d’exposer à la France et au monde son génie politique, il a préféré rester dans sa tour d’ivoire et « penser printemps ». Non sans rire, cet homme a une capacité extraordinaire à parler pour ne rien dire avec un sérieux qui dépasse l’entendement. Il suffit de le voir fixer son interlocuteur droit dans les yeux, avec une fausse autorité, en énonçant des phrases sans queue ni tête, pour s’apercevoir, si on ne l’avait pas déjà compris, que cet homme ne peut aucunement être l’homme qui sauverait le navire France du syndrome Titanic. Ses métaphores ressemblent en tout point à sa politique : vide de sens, paillettes pour dissimuler l’inconsistance la plus totale, et des rodomontades ! 

Je ne le regrette pas mais le constate, les Gilets Jaunes n’ont pas réussi à le pousser dans ses retranchements, pour les raisons déjà évoquées. Même si une brise de colère souffle en France, nous sommes très loin d’un tsunami, en dépit des images choquantes que nous voyons circuler sur les réseaux sociaux et autres médias. En France, beaucoup, et cela constitue un sérieux problème, tiennent à leurs petits avantages réels ou non. L’ouvrier d’hier, aujourd’hui retraité, est devenu par la force des choses un rentier au sens strict du terme. Un rentier préfèrera toujours l’ordre établi, même précaire ou excessif, aux incertitudes du lendemain. Par définition, un rentier s’assimile à un conservateur. Concrètement, il faudra bien plus que des manifestations le samedi pour bousculer l’infrastructure étatique… En un sens, il faudrait un véritable prolétariat – au moins en esprit – pour que la (contre)révolution advienne !

On nous parle de la violence lors des manifestations des Gilets Jaunes. Mais objectivement, celle-ci se montre toute relative. Nous vivons vraiment dans une époque aseptisée. Un CRS qui prend trois poings dans la figure prend 10 jours d’ITT. Un manifestant, pacifique ou non, qui reçoit du gaz lacrymogène dans les yeux, pleure pendant des jours sur la violence policière et porte plainte… Quelques rues dépavées et les bienpensants crient déjà à la révolution. Arrêtez ! Alors oui, les LDB ont gâché des vies et plusieurs éborgnés ou mutilés d’un membre peuvent en témoigner. Mais de grâce, que les observateurs et acteurs des Gilets Jaunes ne parlent pas de l’emploi d’armes de guerre. Il faut ne vraiment pas connaitre ce qu’est réellement la guerre, ne l’avoir jamais faite, ne s’être jamais rendus dans un pays en guerre ou sur un théâtre d’opérations pour professer ce genre d’ineptie. Je leur conseille d’aller en Syrie, en Irak, en Somalie, ils découvriront réellement les dégâts provoqués par les mines, les grenades, les mortiers, les bazookas, les avions, etc. D’une manière générale, dois-je rappeler les manifestations politiques qui se sont déroulées dans notre pays par le passé, et dont certaines ont provoqué la mort de très nombreux Français ? La violence politique d’aujourd’hui se montre très faible et limitée en comparaison de ce que la France a connu par le passé.

Quand on réfléchit sérieusement et en prenant du recul, la société française est surtout devenue violente sur le plan social. En fin de compte, les émotions vécues lors des manifestations ne me semblent pas être à la hauteur du désastre français que nous encaissons tous. La France qui était célébrée dans le monde entier pour sa qualité de vie devient une prison à ciel ouvert. On peut recevoir des coups de poignard dans la rue pour un regard, mourir en étant assis à la terrasse d’un café ou en marchant le long de la plage un 14 juillet au soir, etc. Il devient difficile dans une conversation sérieuse de parler avec autrui, sans se faire taxer de macho, de raciste, de collaborateur, de nazi, d’esclavagiste et maintenant de pollueur. Buvez un verre de vin dans la rue avec des amis pour fêter un diplôme ou un contrat d’affaire et vous serez ramassés par la police municipale pour alcoolémie et trouble à l’ordre public. France, pays des libertés, qu’es-tu devenue ? 

Mais ce n’est pas tout. Et que dire de l’ « état de l’Etat » ? Des fonctionnaires payés au lance-pierres pour assurer des missions, dont certaines pensées en dépit du bon sens, et avec des moyens ridicules. Des professeurs et instituteurs rémunérés pour faire avaler aux enfants de France un catéchisme, certes « républicain » mais violemment anti-national. Des services de santé où des infirmières dévouées travaillent sans compter en risquant leur santé… et celles de leurs patients. Sans oublier des urgences saturées, visitées par des populations inconscientes qui souffrent d’un rhume, d’un mal de dos, ou d’un ongle cassé…

Pendant ce temps, une minorité de hauts-fonctionnaires (hauts par la place, non par les compétences) se gavent sur la bête, au point que du mobilier d’art disparaît tous les ans des inventaires de l’Etat, dans des proportions inimaginables – et je ne parle même pas de leurs appointements. L’Etat, loin de laisser de saines libertés économiques aux entreprises et aux entrepreneurs, les pille, les assèche en leur assénant impôts sur impôts, pendant que les multinationales arrivent à les esquiver par des moyens « légaux ». Et nous, Français de la base, de toutes conditions ou presque, sommes taxés constamment pour enrichir un Etat qui n’assume plus ses fonctions régaliennes, à commencer par la sécurité. Je n’évoque pas ici le délabrement des mœurs… qui représente à dire vrai une violence incommensurable contre l’esprit et la nature humaine. Qui parle de cette violence à l’endroit des plus jeunes et des bébés sans défense ?

Alors oui, il y a eu des débordements lors des actions organisées par les Gilets Jaunes, des violences provoquées par des idiots utiles, des imbéciles, des agitateurs professionnels, peut-être même des agents de l’étranger. Mais en réalité, tout ceci est peu de choses face à la chute vertigineuse de la France dans le concert des nations, bien peu de choses face à la médiocrité de la vie, de l’esprit et de l’idéal qui s’impose presque partout en France. Nos ancêtres ont combattu et se sont sacrifiés pour nous offrir un pays en paix et resplendissant. Aujourd’hui ils vendent notre héritage à l’encan, mais tout reste possible car, après la chute, la renaissance vient…

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3 commentaires

  1. Plutôt d’accord sur l’ensemble mais :

    1 – “Il laisse avec une régularité d’horloge la violence s’installer” (sic)
    Là c’est faux en réalité Macron ORGANISE la violence ce qui n’est pas la même chose

    2 – “…que les observateurs et acteurs des Gilets Jaunes ne parlent pas de l’emploi d’armes de guerre.” (sic)
    Désolé mais ce sont bien des armes de guerre même si évidemment cela pourrait être pire.
    Macron n’en est pas encore à envoyer les chars mais on n’en est pas si loin puisqu’il y a déjà des auto-blindés et des gaz prévus… Sans compter le déploiement des militaires…

  2. Ce texte est intéressant, mais oublie le grand responsable de cet état de déliquescence, à savoir le peuple français qui, dans sa très grande majorité, accepte cette situation. Dans cette majorité je range : les électeurs macronistes, mais aussi, et il ne faut surtout pas les oublier, les abstentionnistes aux élections. Sur ces abstentionnistes, il faut avoir, je crois, un jugement extrêmement critique. Ces deux groupes réunis sont hélas prédominants.

  3. si le président et le gouvernement avaient vraiment compris dans quelle situation étaient de nombreux français qui se lèvent tous les matin tot, ils auraient pris des mesures; pourquoi le feraient ils après quatre mois de blabla?

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