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Gestion des manifestations du 16 mars à Paris : le gouvernement étale son incompétence

Gestion des manifestations du 16 mars à Paris : le gouvernement étale son incompétence

A l’Assemblée nationale le 19 mars, cinq questions ont été posées au Gouvernement (E. Philippe, C. Castaner et L.Nunez) à propos du maintien de l’ordre lors des manifestations du samedi 16 mars à Paris. L’occasion pour le gouvernement d’étaler largement son incompétence.

Edouard Philippe a d’abord trouvé un motif de satisfaction :

« samedi, tout n’a pas dysfonctionné car un des objectifs des forces de l’ordre, ce jour-là, était d’éviter l’infiltration par les casseurs du cortège pacifique des manifestants de la marche pour le climat. Or cet objectif a été atteint ».

Le Gouvernement a ensuite rappelé l’extrême audace du renouvellement de la « doctrine » qui avait été conduit après les événements du 1erdécembre

« Sous l’autorité du Premier ministre, C.Castaner et Laurent Nunez ont bousculé et revu en profondeur la gestion de l’ordre public. Depuis trente ans, même après les émeutes de 2005– qui avaient fait quatre morts –, l’organisation de l’ordre public n’avait pas été reconsidérée dans notre pays. Nous l’avons revue en profondeur, en donnant des instructions extrêmement claires ».

La nouvelle doctrine

« consiste, pour les forces de l’ordre, à faire preuve d’une plus grande mobilité, à intercepter et à interpeller plus rapidement, y compris pendant les manifestations, tous ceux qui se rendent coupables d’actes criminels, tout en suivant des consignes sur l’utilisation d’un certain nombre d’armes non létales » ;

rendez vous compte :

« Nous avons rendu la gestion mobile. Nous avons donné aux policiers et aux gendarmes la faculté d’interpeller des individus et de se projeter pour mettre un terme aux pillages ».

Nous étions rassurés.

Cette doctrine a pu être abondamment testée et validée puisque samedi dernier, nous en étions quand même au 18ème« acte » des Gilets jaunes :

« C’est cette doctrine qui a été appliquée méthodiquement, samedi après samedi, à Paris comme en province. C’est cette doctrine qui a évité que des exactions graves ne soient commises ».

Donc, ça roulait comme on pouvait d’ailleurs le constater samedi après samedi…

De plus, la doctrine était rappelée « chaque semaine à l’ensemble des préfets de France ».

Cerise sur le gâteau, pour ce 16 mars, le Gouvernement reconnaît qu’il disposait de toutes les informations :

« Parce que nous disposions d’informations concernant la mobilisation de casseurs, nous avons demandé au préfet de police que l’ensemble des moyens qui avaient été mobilisés le 8 décembre le soient de nouveau ».

Et patatras, voilà que

« samedi dernier, cette doctrine n’a manifestement pas été mise en œuvre totalement… Nous avons constaté des dysfonctionnements.  Ceux-ci tiennent à la mauvaise exécution d’une stratégie qui avait été fixée par le Gouvernement après les événements du 1er décembre. Nous avons constaté que ces dysfonctionnements avaient nui à la qualité de la manœuvre et au respect de l’ordre. ».

En clair, le Gouvernement n’aurait pas été obéi  (« Il est nécessaire – ce sera le cas – de revoir en profondeur la chaîne de management, pour que les instructions qui ont été données d’intervenir de façon plus rapide et systématique ne puissent en aucun cas être remises en cause. Elles ne le seront pas samedi prochain ») ! Ou alors, il est incapable de faire comprendre son message.

Et l’on apprend en plus que le commandement des forces de l’ordre n’était pas unifié, puisque dans le plan présenté, le Gouvernement « a décidé de modifier la chaîne de commandement qui doit mettre en œuvre le maintien de l’ordre à Paris, en l’unifiant ».

Maintenant, pour les prochains samedis, le Gouvernement a un PLAN et le Premier ministre est absolument formel :

« Je le dis en connaissance de cause, et je suis conscient qu’il s’agit d’un choix fort, nous voulons garantir ou espérer garantir l’ordre public non par des choix statiques mais en allant au contact et en faisant en sorte que ces rassemblements ne puissent même pas se constituer ».

Garantir l’ordre public, c’est donc un « choix fort » pour ce Gouvernement. Nous sommes éblouis. « Espérer garantir l’ordre public », c’est peut-être un peu moins fort, mais certainement fort quand même…..

En tout cas,

« pour l’avenir et dès samedi prochain, nous partirons du principe que ces rassemblements sont le fait d’émeutiers, qui ne visent qu’à causer des troubles. Ils seront donc dispersés immédiatement, sur le fondement d’arrêtés d’interdiction et, le cas échéant, sur celui de la notion d’attroupement en vue de commettre des violences. Nous les disperserons immédiatement et, s’il le faut, nous interpellerons massivement ».

Et le Premier ministre de déclarer :« Voilà ce que nous voulons faire. Nous le ferons sans aucune faiblesse, sans trembler. ».

Comme nous l’a appris Benjamin Griveaux le 20 mars, « le dispositif renforcé permettra aux forces de l’ordre de se concentrer sur le maintien de l’ordre ». Ce Gouvernement est décidément un vrai concentré de talents….

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4 commentaires

  1. “Marche pour le climat”: je dois être particulièrement stupide, mais je ne comprends pas en quoi manifester va faire se modifier le climat.
    Donc notre premier ministre s’intéresse plus à une manifestation futile qu’à des concitoyens exaspérés de ne pas pouvoir vivre décemment de leur travail.
    “intercepter et interpeller plus rapidement, y compris pendant les manifestations, tous ceux qui se rendent coupables d’actes criminels”: quelle est la signification, en termes juridiques, “d’actes criminels”? La vente en contrebande de produits toxiques, fréquente dans certains “quartiers”, entre-t-elle dans cette désignation?
    “cette doctrine qui a évité que des exactions graves ne soient commises”: donc j’en conclus que le pillage de magasins n’entre pas dans les “exactions graves”.
    Je n’ai pas perçu dans ces discours comment ils établissent clairement la distinction entre les manifestants (donc pacifiques) et les casseurs-émeutiers (black blocs qu’on avait déjà vu en tête du défilé du 1er mai 2018, ça fait bientôt un an).

  2. La situation est hyper ubuesque: tout est réglé sur le papier mais les boutiques brûlent quand même : ils n’ont pas pu disperser les “émeutiers” etc…..Parole, parole parole….Nous gouvernants sont tout simplement des incapables idéologues mondialistes et de surcroît, illégitimes car rejetés la majorité de la population.

  3. Dans n’importe quelle entreprise privée normalement gérée, quand un cadre dirigeant avoue que l’équipe qu’il a mise en place n’a pas été à la hauteur de la mission confiée et que les conséquences sont graves, c’est lui qui est sanctionné. Il doit assumer jusqu’au bout les déficiences de son management.
    Mais il est vrai que nous sommes en présence du gouvernement macronien et que l’efficacité souveraine ne fait pas partie de ses objectifs qui sont la mise en place d’un chaos pour imposer un nouvel ordre mondialiste.

  4. Je suis tjs étonnée, en ces temps d’interdiction de la fessée, de “communication sans violence”, de “comment parler pour que mes enfants m’écoutent”, que le gvt ne semble pas considérer comme une option valable, pour un “retour à l’ordre”, de simplement essayer de comprendre ce qui crée ce désordre, de quels malheurs et détresses accumulés provient ce climat insurrectionnel? En effet, s’il peut être vrai que s’opposer frontalement à un enfant en crise n’aboutisse à rien de bon, a fortiori est-ce vrai pour des adultes chargés de famille, n’est-ce pas? Oui, je suis étonnée. Peut-être n’ont-ils tout simplement pas les capacités de comprendre leurs frères français – je parle de frères ayant tout un même Père ou une même patrie? Peut-être est-ce dû au fond à la déchristianisation de notre monde? La charité en effet ne peut être que surnaturelle. C’est charité que d’aimer l’autre par-dessus tout. Ici on a plutôt l’impression qu’ils méprisent une bonne partie des Français ou encore qu’ils en ont peur! Comment cela va-t-il finir?

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