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France : Politique en France

Fessenheim, quintessence du macronisme : sottise, mensonge et lâcheté

Fessenheim, quintessence du macronisme : sottise, mensonge et lâcheté

Notre opinion concernant le Président de la République pouvant parfois sembler un peu caricaturale, nous avouons nous rassurer dans la lecture de quelques commentaires provenant de personnes qui, finalement, ne manquent généralement pas de perspicacité, comme le démontrent les quelques échantillons ci-dessous.

Et pour le cas où cela ne suffirait pas, l’étude des commentaires macroniens à propos de la fermeture de Fessenheim (et plus généralement de la situation énergétique française actuelle) viendrait complètement nous rasséréner. C’est une étude en deux périodes.

La période macrono-flamboyante :

M.Edouard Philippe (Edouard, vous savez, celui qui a décidé des 80km/h sur les routes nationales, celui qui a décrété le premier confinement sanitaire…, c’est le même) à propos de la fermeture de Fessenheim. Nous sommes le 27 novembre 2018 lors de la séance de questions/réponses à l’Assemblée nationale.

Il est interrogé par M.J-C.Lagarde, en plein blocage « Gilets jaunes » :

« Ces jours-ci, nous vivons des tensions, des blocages, des colères et même une paralysie économique qui menace des emplois.… Nous souhaitons que le pays sorte du blocage et vous appelons donc, monsieur le Premier ministre, à saisir ces mains tendues, afin que l’on définisse une stratégie de transition énergétique permettant aux Français de rouler plus propre, de produire plus propre, de se loger plus propre, de se chauffer écologiquement et moins cher. »

M.Edouard Philippe répond :

« Nous voulons faire en sorte que la France soit à la hauteur des enjeux de la transition écologique, et ils sont considérables. Cela fait longtemps qu’on en parle, cela fait longtemps qu’un certain nombre de personnes s’engagent dans cette direction. Reconnaissez avec moi qu’il existe depuis longtemps un décalage entre l’intensité des propos que l’on tient parfois sur la transition écologique et l’intensité des mesures que l’on prend. Je me souviens ainsi d’engagements tenant, par exemple, à la fermeture de tel ou tel réacteur nucléaire. Prenons l’exemple de Fessenheim : sous le quinquennat précédent, aucun ministre ne s’est rendu sur place alors que la fermeture était annoncée ; les actes juridiques pris par le Gouvernement étaient annulés ! Le Président de la République a rappelé ce matin que, conformément à ses engagements, les mesures seront tenues : nous fermerons les deux réacteurs de Fessenheim au premier semestre 2020 ; c’est clair, c’est net ».

Toujours dans cette phase flamboyante, c’est le 15 janvier 2020 que M.Philippe (Edouard…) annonce la fermeture immédiate de Fessenheim.

Le 18 février 2020, M. Raphaël Schellenberger, député de la circonscription dans laquelle est située la centrale de Fessenheim, pose une question au Premier ministre :

« Dans la nuit de vendredi à samedi, votre absence de choix conduira à l’arrêt définitif du premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim. Cet événement montre le manque de cohérence de votre stratégie énergétique. Face aux caméras vous prônez la décarbonation de notre système énergétique ; mais, candidat au Havre, vous préférez prolonger la durée de vie de la centrale à charbon locale jusqu’en 2021, et prolonger celle de Cordemais jusqu’en 2026…. Monsieur le Premier ministre, ne faites pas de Fessenheim un symbole de l’incohérence populiste verte de votre non-stratégie énergétique ».

C’est Mme Borne qui répond :

« La fermeture de la centrale de Fessenheim incarne l’écologie de responsabilité défendue par le Président de la République, le Gouvernement et la majorité depuis 2017… Avec cette décision, nous tenons nos promesses, nous transformons profondément notre modèle énergétique, surtout, nous accompagnons les Français et les territoires dans cette transformation. Cet événement historique montre que nous tenons nos promesses. En effet, conformément aux engagements du Président de la République, nous fermons une centrale nucléaire. ».

Le lendemain, sur RMC, Mme Borne enfonce le clou :

« Alors, je vous confirme, on vit un moment historique. Ca fait des années qu’on dit aux Français, il faut baisser la part du nucléaire dans notre électricité, ça fait des années qu’ils entendaient parler de l’arrêt de Fessenheim et puis depuis des années, mes prédécesseurs ont reporté la décision Cette décision, elle est prise. Le décret que j’ai signé avec le Premier ministre est ce matin au JO et samedi prochain, le premier réacteur de Fessenheim s’arrêtera. Donc, c’était effectivement un engagement d’Emmanuel Macron. »

Toujours dans cette phase flamboyante, c’est au tour de Mme E.Wargon (secrétaire d’État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire), le 30 juin 2020 à l’Assemblée nationale après l’arrêt complet des deux réacteurs.

Question de M. Raphaël Schellenberger :

« Hier soir, à vingt-trois heures, le premier écocide de l’histoire a été commis. Hier soir, un crime contre le climat a été orchestré par le Gouvernement. Hier, vous avez étouffé Fessenheim au bénéfice du dogme, et au détriment de l’environnement ! ».

Mme Wargon répond :

« Oui, hier, en responsabilité, nous avons accompagné la fermeture du deuxième réacteur nucléaire de Fessenheim. Nous avons fait ce choix en responsabilité, en prenant deux engagements forts. Le premier est de suivre une trajectoire énergétique équilibrée et décarbonée – équilibrée, parce que plus de 70 % de notre électricité vient du nucléaire… »

Et d’ailleurs, à peu près au même moment, dans une petite séquence apparemment obligeamment fournie par le mouvement En Marche, intitulée « Rapido Fessenheim » (photo ci-dessous), la même Wargon expliquait :

« On ferme la centrale électrique de Fessenheim et il y a beaucoup de débat autour de ça. On le fait parce que on a trop de nucléaire dans notre production d’électricité. Nous sommes responsables, nous assumons notre politique énergétique ».

 

Et encore Mme Borne (à qui rien de ce qui est électrique ne peut échapper…), le 1er juillet 2020, au Sénat lors de la question des questions/réponses Mme Sophie Primas, sénatrice LR :

« Madame la ministre, lundi dernier, la centrale nucléaire de Fessenheim s’est définitivement arrêtée. L’énergie nucléaire, dont cette centrale est emblématique, a permis aux Français de bénéficier d’une électricité deux fois moins chère qu’en Allemagne. Elle a permis à la France de n’émettre que 1 % des émissions mondiales de CO2, la plaçant très loin devant son voisin allemand. La décision de M. Hollande que vous mettez en œuvre aujourd’hui, ce sont près de 2 000 emplois locaux qui vont disparaître, sans aucune concrétisation du plan de reconversion promis par l’État ; ce sont 400 millions d’euros d’indemnités que l’État devra verser à EDF, comme l’a cruellement rappelé la Cour des comptes dans un rapport particulièrement sévère ; ce sont entre 6 et 10 millions de tonnes de CO2 supplémentaires par an, le repli vers l’éolien et le solaire ne pouvant conduire qu’à importer davantage d’énergie carbonée. »

Mme Borne répond :

« Madame la présidente Primas, l’arrêt de Fessenheim incarne l’écologie de responsabilité portée par le Président de la République, le Gouvernement et la majorité depuis 2017.  Avec cette décision, nous tenons nos promesses. Nous transformons en profondeur notre modèle énergétique et nous accompagnons les Français et les territoires dans cette transformation. Avec l’arrêt des deux réacteurs de Fessenheim, nous engageons la réduction à 50 % de la part du nucléaire d’ici à 2035 tout en développant massivement les énergies renouvelables. Pourquoi ? Parce qu’un système électrique plus diversifié est un système plus résilient. C’est pour cela que nous allons multiplier par deux la part de l’éolien et par cinq la part du photovoltaïque dans les dix ans ».

Fin de la phase flamboyante. Et voilà-t-il pas que vint la guerre en Ukraine. Et voilà-t-il pas que, malgré les grands effets d’annonce, pas un nouveau réacteur EPR n’a été mis en chantier en France et que, au surplus, la loi sur la fermeture de 12 réacteurs nucléaires d’ici 2035 continue de s’appliquer. Et voilà-t-il pas que, faisant face à une corrosion inattendue de certains circuits dans certaines centrales, associée aux travaux d’entretien annuels, on nous annonce de possibles coupures ou rationnement ! Et voilà-t-il pas que l’on s’aperçoit que le « grand marché de l’électricité » (un grand-œuvre de cette Union européenne qui protège, Macron dixit) aboutit à des hausses de prix spéculatives et sans plus de rapport avec une réalité économique.

Et là commence la phase cépamoicélui (dite aussi du caniche)

Où l’on retrouve Madame Wargon, auditionnée au Sénat le 4 août 2022, avant sa nomination comme présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Elle a confirmé être

« favorable à l’électricité nucléaire, clairement, à la fois sur le maintien des réacteurs existants et sur le développement du nouveau nucléaire ».

Où l’on retrouve le 31 août 2022, Mme Borne, merveilleusement devenue Premier ministre. Elle qui le 21 mai 2022 assurait au JDD :

« Les promesses façon « demain on rase gratis », les Français n’y croient pas. Moi, je ne leur mentirai pas ».

Mais c’est vrai que c’était à propos de la réforme des retraites, autre grand domaine de la clairvoyance macronienne… Ce 31 août, donc, Mme Borne est interrogée au sortir du Séminaire gouvernemental de rentrée estivale.

La question provient d’un journaliste d’Europe 1 :

« Madame la première ministre, vous qui avez mis en œuvre la fermeture de Fessenheim et souhaitez la réduction de la part du nucléaire dans notre mix énergétique, ne vous sentez-vous pas responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons ? Avez-vous le sentiment ou pas, avec le recul, d’avoir commis une erreur ? ».

Réponse de Mme Borne:

« Alors, vous savez, c’est une forme de paquebot une centrale nucléaire. Et quand la décision a été prise dans le quinquennat de François Hollande de fermer Fessenheim, cela veut dire que la poursuite de l’activité n’était pas possible dans ce quinquennat… Donc, je pense que chacun doit aussi assumer ses responsabilités. En tout cas, ce gouvernement, enfin le précédent, qui, nous avons soutenu la nécessité d’assurer le bon fonctionnement et y compris les opérations de maintenance lourde du grand carénage dans le parc nucléaire. Donc, voilà, je pense que chacun doit assumer ses propres responsabilités ».

Puis Mme Borne de s’éclipser précipitamment, laissant la place à une autre star du parler vrai macroneux, M.Véran !

Et voilà le chef, celui qui avait vendu les turbines Alstom à GE et écrit dans son programme de candidat en 2017 :

endossé la fermeture de Fessenheim et l’objectif (reporté à 2035) de 50% d’énergie nucléaire dans le mix énergétique français aboutissant à la fermeture de 12 centrales. Le 5 septembre 2022, il tient une conférence de presse « sur la situation énergétique en Europe ». Tout serait à citer tellement la phraséologie y est macronienne : depuis le rappel répété ad nauseam qu’il sait donner des coups de téléphone (là à M.Scholz comme il avait auparavant montré qu’il savait téléphoner à M.Poutine ou qu’il téléphone à M.Zélensky), qu’il agit « en européen » mais aussi (c’est nouveau) « en franco-allemand » (mais jamais en Français…), qu’il faut mettre le chauffage à 19° (après tout, on avait bien eu Mme Von der Leyen nous expliquant comment nous laver les mains) et que nous allons être sauvés par la solidarité européenne (le gaz va bénéficier d’une commande groupée par l’UE, ça nous rappellera les vaccins et les SMS entre Mme Von der Leyen et M.Bourla  PDG de Pfizer) et qu’en particulier, si nécessaire, la France fournira du gaz à l’Allemagne, ce qui est bien compréhensible quand on agit en franco-allemand puisqu’on sait que la France est un grand pays producteur de gaz naturel ! Rappelez-vous les qualificatifs précédents :

« ne comprend rien à la France, guignol, bêtise, méchanceté, arrogance, suffisance, incompétence, mensonge, cas psychiatrique, indécence, malade narcissique… »

Alors, après l’exposé liminaire,  M.Macron a été interrogé sur la fermeture de Fessenheim. D’abord il rappelle :

« quand j’étais ministre de l’Economie et de l’industrie, une feuille de route avait été déterminée par d’autres que moi » [Comprendre : c’est la faute à Hollande]… ensuite pour Fessenheim, je vous le dis très simplement. Fessenheim était la plus vieille centrale française. Elle était à la frontière de l’Allemagne qui aujourd’hui n’est pas alignée avec nous sur le nucléaire [on comprend alors mieux ce qui s’appelle agir en franco-allemand : c’est accepter de se faire imposer des solutions par l’Allemagne contraires à l’intérêt national]… Fessenheim était une centrale sur laquelle il n’y avait plus de travail de maintenance depuis plus de cinq ans… Fessenheim, en quelque sorte, la messe était déjà dite. La décision stratégique avait été prise cinq ans avant. Elle était donc cohérente dans son maintien . »

Arrêtons-nous juste un instant sur cette affirmation de M.Macron : « il n’y avait plus de travail de maintenance depuis cinq ans ». Nous qui, chaque année, faisons réviser notre modeste chaudière par un professionnel ! Voilà ce qu’en disait M.Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale, le 8 septembre sur Europe 1 : il y avait eu pour 700 millions de travaux de maintenance effectués entre 2012 et 2019. Et voilà ce qu’en disait le rapport d’information n°4515 de l’Assemblée nationale, en date du 6 octobre 2021, sur « le suivi de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim » :

On croyait avoir un visionnaire courageux, on a un menteur qui déclare suivre son maître comme un caniche, lequel maître est M.Hollande ce qui est au surplus une grande preuve de discernement ! La fermeture de Fessenheim, M.Macron n’y est pour rien ? Sottise, mensonge et lâcheté.

De toutes façons, M.Macron préfère se faire bien voir de l’UE plutôt que de défendre les intérêts français. Dans la même conférence de presse sur l’énergie, il a expliqué :

« La France en tout cas est un pays européen, coopératif, qui croit à la solidarité européenne et je ferai tout ce qu’il faut pour améliorer la solidarité énergétique européenne ».

Pour illustrer cette politique de gribouille lâche et pour terminer, ne boudons pas notre plaisir avec cet autre cas d’école un peu connexe, mis en exergue par Cnews dans l’émission Heure des Pros 2 le 8/09/2022. Ont été juxtaposés deux extraits d’interventions de Mme Pannier-Runacher sur le sujet des vols en jets privés. Interviewée sur France Inter le 30 aout 2022 à propos de la demande des écologistes politiques de contraindre voire d’interdire les vols en jets privés, elle explique doctement :

« C’est clairement un problème qui est très limité en terme d’impact climatique. Et donc que les écologistes en fassent un combat montre combien ils sont à côté de la plaque puisqu’ils n’adressent pas 99,9% des émissions de C02 et donc ça ne résoudra pas le problème ».

Et le 7/09, sur CNews en réaction à la réponse de Christophe Galtier, entraîneur du Qatar (pardon, du PSG) sur l’usage d’un avion privé (Pour info : un Boeing apparemment de Qatar Airways) pour emmener l’équipe jouer à Nantes, la même Pannier-Runacher se fait maîtresse d’école [c’est une expression ; on ne veut pourtant pas de mal aux maîtresses d’école] :

« La réaction de Fabien [sic] Galtier et de Kylan M’Bappé montre à quel point ils sont très loin des enjeux du réchauffement climatique et ce n’est pas risible et c’est ça qui est choquant dans leur propos, c’est d’en faire quelque chose d’anecdotique ».

Malgré tout,  M.Macron a été réélu Président. Et en plus, il paraît que sa rentrée sondagière est plutôt positive :

Quant à M.Philippe (Edouard), selon les Echos, il retrouverait la barre des 50% d’image positive auprès des Français. On a les représentants politiques qu’on mérite.

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4 commentaires

  1. Le président Macron a été élu massivement par une très large majorité des 25% des français qui ont voté pour lui. Pleurer, gémir, contester n’est que faiblesse maintenant et de toute façon trop tard.
    Je me souviens que seul monsieur Zemmour, lorsqu’on lui demandait comment il allait lutter contre les émissions de gaz, avait le courage de fustiger la fermeture d’une source d’énergie qui n’émettait aucunement de co2. C’était le seul, car même Mélenchon était d’avis que l’on ferma toutes les centrales nucléaires. C’était le seul à crier haut et fort : “vive le nucléaire”, faisant apparaître avec maestria, par un raisonnement logique et claire, l’absurdité absolue d’une telle mesure fermeture, clouant au passage le bec à tous les écologistes qui n’avait aucun argument à faire valoir face à une telle démonstration.
    Je suppose que cette cohérence de monsieur Zemmour a poussé le président Macron dans ses dernier retranchement et s’est peut être senti obligé d’introduire dans son programme la construction de petites centrales nucléaires en retournant carrément sa veste sur ce sujet.
    Tout le monde le savait avant de voter.
    Malgré cela, vous l’avez voté.
    C’est pas la peine maintenant de pleurnicher. Il faut assumer vos choix.

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