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Face au totalitarisme : la dissidence catholique (suite)

Suite au commentaire critique de Jacques de Guillebon sur son post, Philippe Maxence fait une mise au point et poursuit la réflexion sur ce sujet qui concerne tout catholique :

"Je pense qu’il y a un nœud commun entre toutes les formes de totalitarisme et que ce nœud justement ne repose pas sur ce que vous appelez «la violence martiale». Le nazisme lui-même, en dehors de ses adversaires désignés et premiers en quelque sorte, a exercé sur le peuple allemand une pression totalitaire d’un autre ordre. […] Le nœud du totalitarisme, qu’il soit larvé ou non, me semble plus se situer dans une sorte de nihilisme relayé à tous les échelons de la société depuis l’État jusqu’à la plus petite école de campagne. Aujourd’hui, le totalitarisme n’a plus besoin du bruit des bottes. Il n’est même plus étatique. Il n’a presque plus besoin de l’enfermement et de l’interdiction. Il agit en détruisant les défenses immunitaires à la manière du sida. Sur le totalitarisme de notre société, je renvoie à […] l’article de Fabrice Hadjadj […] Parlant des fondements du nazisme, il termine son article sur Heidegger par cette remarque : «Or ces fondements du nazisme sont toujours enseignés dans nos écoles. Pour quelles nouvelles barbaries

Finissons sur le sujet en vous donnant raison : la situation n’est certes pas aussi noire que je le dis. Aussi, si vous avez bien lu, vous aurez noté que je parle aussi de société "pré-totalitaire" car un raisonnement n’épuise pas la réalité. […] Prenons un cas précis. Telle famille qui fait l’école à la maison. Intégralement. Sans cours par correspondance. En vivant de sa foi. On ne lui met pas l’étoile jaune. Non. Et vous continuez vous de vivre tranquillement en écrivant vos livres et vos articles. Moi aussi, d’ailleurs. Mais la menace qui pèse sur elle, c’est qu’on lui enlève ses enfants pour les confier aux structures publiques. Cette menace est permanente pour des familles. Elle s’est concrétisée pour certaines. Dénonciations et passage devant les tribunaux. Pendant ce temps, nous dormons, vous et moi, bien tranquilles."

Michel Janva

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6 commentaires

  1. L´association paradoxale nihilisme-totalitarisme, faite aussi par Jean-Paul II, avait déjà été notée par Jünger dans son essai La Paix écrit en 1941-43. Je recommande ce texte, poétique, inspiré et hélas prophétique : la paix construite sur le nihilisme ne pouvait conduire qu´à de nouvelles formes de barbarie.

  2. Quoi qu’il en soit un grand merci à la rue des renaudes pour avoir ouvert un débat qui est déjà passionnant!!
    Espéront que d’autres s’y joindront.

  3. Oui, merci à Permanences.
    Sur le débat Maxence/Guillebon : au-delà de toute question stratégique (domaine dans lequel les arguments se discutent et se pèsent à l’aune de l’expérience et de l’histoire), il y a quand même une simple question évangélique à se poser : quels actes sont les plus fidèles à l’impératif apostolique de tout baptisé ?
    J’avoue une révolte face à une tendance nouvelle qui se développe chez les cathos : jusqu’à présent, il existait un enfermement sociologique, mais il était admis qu’il était sain et saint de lutter contre l’enfermement et la réduction du message apostolique à la défense des intérêts d’une communauté temporelle. Il semble bien que ce cloisonnement soit désormais assumé et défendu comme principe stratégique de l’action catholique. Une seule question : et si les apôtres avaient fonctionné sur ce principe? oui, le martyre moral ou physique existe et existera de plus en plus, mais doit on refuser le monde par crainte du martyre?

  4. “Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme.
    Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine.: quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.
    Au dessus de ceux là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’il ne songent qu’à se réjouir.
    Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l’unique agent et seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre?
    C’est ainsi que tous les jours, il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.
    Après avoir pris ainsi tour à tour dans ces puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société toute en tière; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire un jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse, il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le seul berger.”
    Alexis de Tocqueville 1835

  5. Que dit le droit canon sur ces questions ?
    J’ai trouvé ces extraits :
    Can. 208
    Entre tous les fidèles, du fait de leur régénération dans le Christ, il existe quant à la dignité et à l’activité, une véritable égalité en vertu de laquelle tous coopèrent à l’édification du Corps du Christ, selon la condition et la fonction propres de chacun.
    Can. 215
    Les fidèles ont la liberté de fonder et de diriger librement des associations ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la vocation chrétienne dans le monde, ainsi que de se réunir afin de poursuivre ensemble ces mêmes fins.
    AA 18-21 ; PO 8 ; GS 68 ; CIO 18
    Can. 216
    Parce qu’ils participent à la mission de l’Église, tous les fidèles, chacun selon son état et sa condition, ont le droit de promouvoir ou de soutenir une activité apostolique, même par leurs propres entreprises ; cependant, aucune entreprise ne peut se réclamer du nom de catholique sans le consentement de l’autorité ecclésiastique compétente.
    du site jesusmarie.com
    A mon avis donc du fait de l’égalité chacun est libre de choisir les moyens de sa contribution à l’édification de l’Eglise (du Corps du Christ) Il doit tenir compte dans son choix de sa condition (est-il riche ou pauvre, noble ou plébéien, d’un profession libérale ou fonctionnaire ou ouvrier etc.) Il n’est nullement autorisé à croire son activité supérieure à celles choisies par d’autres fidèles.
    Chacun dans ce cadre est libre de s’associer ou non en vue de l’apostolat, mais il doit se garder d’intituler son entreprise “catholique” sauf accord de l’évêque.
    Il me semble que ce cadre juridique permet de mieux trouver des solutions au présent débat.
    Il faudra, quelle que soit l’initiative sociale, se garder du sectarisme.
    A cette fin, il faut rester bien soumis aux autorités et ne pas croire son association indispensable à l’Eglise. Il est nécessaire aussi de garder la communion non seulement avec les autorités, mais encore avec les autres fidèles, quelles que puissent être par ailleurs les options divergentes, voire les désaccords.
    Ces activités privées (sauf erreur, seuls le pape et les évêques ont une activité publique d’enseignement) peuvent être infiniment variées.
    L’activité politique peut s’exercer selon les talents de chacun, là aussi avec une entière liberté, sous réserve de respecter les trois points non-négociables mis en évidence par le Salon Beige à la suite du Saint Père – Protection de la vie – mariage monogame et hétérosexuel – droit des parents à élever leurs enfants
    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2006/03/benot_xvi_et_le.html
    Nota : Le droit des parents à élever leurs enfants comprends, selon moi, une réforme profonde de l’Education Nationale, première institution totalitaire de la République Française et donc une rerédaction du préambule de la constitution de 1946.

  6. Et concrêtement, la désobéissance civile ça se traduit comment ? Bientôt ils vont prélever les impôts directement à la source aussi. Alors ? Il reste à cracher par terre, c’est ça ?

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