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France : Politique en France

Comment politiquement faire appliquer les principes non négociables

Extrait d'une conférence de Rémi Fontaine, parue dans Présent de samedi :

2 "La question pour les catholiques et les hommes de bonne volonté est maintenant de savoir comment politiquement faire appliquer ces principes universels de la loi (morale) naturelle aujourd’hui objectivement inappliqués. Lorsqu’on demande aux hommes politiques la première mesure qu’ils prendraient s’ils étaient élus chef de l’Etat, aucun ne répond par la restauration d’un de ces points. Et Bruno Gollnish lui-même répondait en substance : sortir de l’Europe pour regagner l’indépendance et la souveraineté de la France – le préalable indispensable pour faire autre chose et rétablir par exemple le respect de la vie. […]

Les théories et les principes sont nécessaires mais ne font pas naître les institutions ici et maintenant. Il y a un discours philosophique et chrétien portant respectivement sur la concorde (le bien commun national) et la chrétienté (l’Etat chrétien), autrement dit sur l’actuellement impossible, voire l’inopportun, mais qui deviendra un jour opportun et possible, si Dieu le veut, avec le concours des militants chrétiens. Ce discours nécessaire doit certes inspirer notre action politique comme sa cause finale, mais ne doit pas la neutraliser dans son art immédiat du possible, avec ses limites et ses imperfections inévitables. Prenant acte de la dissociété aggravée de la nation depuis la Révolution et de sa sécularisation croissante, le réalisme chrétien commande aujourd’hui, en prudence politique, de ne pas s’en tenir au discours, à la juste doctrine et à l’idéal, sans toutefois les oublier ni les trahir. […]

Ce n’est pas, en effet, mépriser la loi de Dieu et de l’Eglise, que d’agir prudentiellement contre le pire, à partir des faits observés en faveur du moindre mal temporel aujourd’hui possible et opportun. Pour laisser, selon la parabole, le champ (politique) le plus libre possible, c’est-à-dire le moins mal préparé, aux semeurs de la nouvelle évangélisation, dont la mission plus ou moins lointaine est de restaurer un ordre social chrétien, c’est-à-dire une harmonie entre la grâce et la nature, entre le temporel et le spirituel. Selon une politique non seulement induite de l’expérience nationale mais aussi déduite de cette semence de la foi catholique, dans une coopération féconde de la raison et de la foi. […]

De la même manière, il n’y a pas plus de contradiction interne chez Benoît XVI quand il développe d’une part une doctrine sociale très déductive jusqu’à la promotion idéale d’un bien commun temporel international (dans Caritas in veritate) et quand il invite concrètement d’autre part les catholiques et les hommes de bonne volonté à la création d’îlots ou d’arches de chrétienté (dans Lumière du monde) : « Nous avons besoin d‘îles où la foi en Dieu et la simplicité interne du christianisme vivent et rayonnent ; d’oasis, d’arches de Noé dans lesquelles l’homme peut toujours venir se réfugier. » […]

Avoir le courage de créer des îlots, des arches dont on a besoin, c’est bien un repli (comme l’était déjà le nationalisme par rapport à la chrétienté), mais non pas un repli frileux et crispé, comme le répète le conditionnement sémantique de la novlangue de buis. Loin d’être une mauvaise tentation communautariste, malsaine et illégitime, c’est le fondement temporel et politique de la nouvelle évangélisation, le devoir missionnaire d’aujourd’hui pour demain […] Entre l’idéal institutionnel déduit de la philosophie chrétienne (actuellement inaccessible) et la possibilité concrète induite empiriquement ici ou là comme un « isolat » (selon l’expression ethnologique de Jean Raspail), il n’y a pas contradiction. L’erreur est d’opposer dialectiquement les deux modes de besoin ou de n’en retenir qu’un à l’exclusion définitive de l’autre. Entre les micro-chrétientés vicariantes (qui agissent bon gré mal gré comme des anti-corps dans une dissociété nationale) et la chrétienté institutionnelle, il y a la même préoccupation chrétienne du bien commun temporel et surnaturel. Et, à certaines conditions relatives au principe du moindre mal et aux points non-négociables, il peut même y avoir au confluent des deux démarches un front national commun, qui ne néglige évidemment pas l’élection républicaine…"

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