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Culture de mort : Euthanasie

Euthanasie : les mensonges et la réalité

Le Figaro nous offre en ce Vendredi Saint deux tribunes pro-vie, écrites par des professionnels de santé :

1. L’une écrite par Olivier Jonquet, réanimateur, professeur à la faculté de médecine de Montpellier, porte-parole de l’association Convergence soignants-soignés, Xavier Mirabel, cancérologue, président de l’Alliance pour les droits de la vie et Tugdual Derville, délégué général de l’Alliance pour les droits de la vie. Extraits :

J "Engagés auprès de personnes éprouvées, dépendantes ou en fin de vie, nous ne pouvons taire aujourd’hui notre triple malaise. Premier malaise, sur l’impasse dans laquelle semble s’être enfermée Chantal Sébire. Nous entendions qu’elle ne soignait ses douleurs physiques qu’avec de l’aspirine. On nous a fait part d’une allergie à la morphine, mais, surtout, d’un refus des soins palliatifs dont la nécessité semblait évidente. […] Est-il indécent de s’interroger sur les conditions du parcours soignant qui a abouti à ce refus et à ce qui pourrait être un suicide, au moment même où le médecin traitant présentait à l’Élysée le dossier à un spécialiste ? Chantal Sébire disait agir en pleine possession de ses moyens. Mais l’idée qu’elle se faisait des soins palliatifs nous atterre. […]

M Second malaise, sur le rôle des personnes qui se pressaient depuis quelques semaines autour de cette femme. Nul doute que le caractère spectaculaire de la tumeur dont elle souffrait en faisait, malgré elle, un symbole du combat pour l’euthanasie. Nous n’avons pas la naïveté de croire que cette image fut innocente. Le mouvement qui l’entourait ne fait pas mystère d’une revendication bien plus large que celle de traiter les exceptions. Chantal Sébire ne fut-elle pas l’instrument d’un enjeu qui la dépassait ? […]. L’émotion entretenue par ce suspense factice s’est faite totalitaire. […]

D Troisième malaise, sur la façon dont l’opinion a vu traiter ce cas. Nous l’avons lu ici ou là dans les titres : « Chantal Sébire ne pourra pas mourir en France » ; « La justice refuse la mort douce à Chantal Sébire. » Comme si elle était condamnée à l’exil. Comme si l’euthanasie était douce. Des années d’explication sur le sens des soins palliatifs ont été pulvérisées par ces slogans mensongers. Déjà nous constatons la terreur que provoquent chez nos patients l’idée de la défiguration et celle des douleurs irrépressibles qui lui sont attachées. L’éventail des moyens analgésiques et d’accompagnement est méconnu. Déjà nous mesurons les effets néfastes d’un prétendu « droit au suicide » avancé ici ou là. Tous les efforts de la société pour sauver et consoler les désespérés et garantir leur place aux personnes dépendantes, sans les juger sur l’apparence, ont été contredits. […] Cette chronique d’une mort annoncée nous attriste. Nous aurions aimé que Chantal Sébire en soit protégée."

2. L’autre par Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace éthique AP-HP et du départementde recherche en éthique,université Paris-Sud XI. Extraits :

H "Le droit de vivre dans la dignité sollicite davantage nos responsabilités humaines et sociales que consentir à octroyer la mort au nom d’une conception pour le moins restrictive de l’idée de dignité. […] N’est-il pas une certaine forme d’indécence, ou alors une profonde méconnaissance, à considérer que légitimer le «don de la mort» ou le meurtre compassionnel constituerait la réponse espérée par celui qui éprouve le sentiment d’un désastre sans recours ? […]

S’agissant des prises de position trop souvent péremptoires qui envahissent l’espace public de manière récurrente à propos de l’euthanasie, j’estime qu’on devrait désormais avoir le courage ou l’humilité d’interroger la cause qu’elles prétendent défendre. Si leurs préoccupations concernent les personnes rendues plus vulnérables que d’autres par l’état de maladie, les incertitudes liées aux conditions de persistance d’une vie dépendante et les détresses éprouvées comme des menaces immédiates sur leur existence, je ne suis pas certain qu’elles y trouvent autre chose que du mépris ou de l’inconséquence. Si, comme certains le prétendent, il importe de conjurer la mort ou de la braver dans la dignité de l’ultime sursaut d’une autonomie assumée, rien ne justifie qu’il soit nécessaire de solliciter davantage les évolutions de la loi. […] Que signifie son occultation, sa méconnaissance ou sa contestation (peut-être « faute de n’avoir pas été plus loin… »), si ce n’est qu’au respect des valeurs et droits de la personne en fin de vie, on tente de substituer le droit indifférencié au suicide médicalement assisté ?

Entre meurtre par compassion, «engagement solidaire et exception d’euthanasie», les frontières deviennent à ce point subtiles, incertaines, voire équivoques, qu’une véritable « confusion des sentiments » habilement mise en scène semble créer les conditions permettant d’envisager en toute neutralité, sans engager moralement qui que ce soit, les ruptures ainsi annoncées. On ne saurait traiter de la dépendance, des handicaps, de la maladie chronique ou incurable et des fins de vie, en des termes inconsistants, péjoratifs, indifférenciés ou compassionnels. De tels propos amplifient la sensation d’une violence sociale irrépressible et sollicitent des mentalités qui apparaissent attentatoires aux libertés individuelles, suscitant des pratiques qui se banaliseraient actuellement dans le contexte médical. […]

Les missions du soin relèvent d’une double exigence : préserver l’humanité d’une relation et ne pas renoncer à reconnaître l’autre en ce qu’il demeure jusqu’au terme de son existence. Le soupçon que suscitent des prises de position ambiguës, avantageusement relayées au sein de la cité, s’avère dès lors inconciliable avec la reconnaissance des besoins de confiance, d’estime, d’appartenance à laquelle aspire la personne dans ces circonstances extrêmes. […] S’il s’avère aujourd’hui délicat d’évoquer les phases ultimes de l’existence, des professionnels de la santé et membres d’associations en font pourtant la cause supérieure de leur engagement au service de la cité. Ils en témoignent sur le terrain, au plus près des personnes malades ou en fin de vie, garants en quelque sorte d’une présence humaine et d’une considération sociale plus attendue que les réponses mortifères. Il est une dignité dans le combat mené pour la vie, voire pour la survie, y compris dans les conditions difficiles et douloureuses de la maladie. Le devoir du médecin auprès de la personne qui meurt est de l’assister jusqu’au terme de son existence. Il ne saurait être le prescripteur de sa mort."

Michel Janva

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8 commentaires

  1. la propagande acutelle pour l’ euthanasie est l’ expression d’un dessein métapolitique ancien.
    J’ai trouvé son expression doctrinale dans le livre de Nietzsche ” Zarathoustra” (1882)
    ” tout le monde prend la mort au sérieux: mais la mort n’est pas encore une fête.Les hommes n’ont pas encore appris à consacrer les plus belles fêtes.”
    “Je vous montre la mort qui est accomplissement, la mort qui devient pour les vivants un aiguillon et une promesse.”
    “celui qui connaît l’ accomplissement meurt sa mort en vainqueur, entouré de ceux qui espèrent et promettent.”
    “Ainsi il faudrait apprendre à mourir; et il ne devrait pas y avoir de fête sans un tel mourant qui consacre les serments des vivants”
    Dans ce verbiage malsain il y a la définition d’une véritable religion de la mort.
    Logique qu’un peuple apostat de la vraie foi tombe dans le paganisme le plus noir et suicidaire.

  2. En ce vendredi saint, plus que jamais le Malin se déchaine par le biais de cette affaire d’euthanasie ! Est-ce un hasard ?
    Je crois savoir qu’un débat à ce sujet est même organisé ce soir sur France 3, mais en présence de qui ???
    Merci à ces médecins courageux qui affirment haut et fort la VIE !!!
    Prions pour que les consciences se réveillent : il me semble que ce jour ne peut pas être mieux choisi pour cela ! Dieu nous entendra ! Souvenez-vous :”Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font !”…

  3. Merci au Salon beige de nous donner ces textes.
    Merci a 9thermidor de nous avoir donné à lire ce pauvre Nietzsche, lequel est l’objet d’un culte jusque parmi les “traditionalistes”.
    “Verbiage malsain” j’ajoute abscons, merci 9thermidor.

  4. Merci pour toutes ces informations que nous aurions – de nous-mêmes – des difficultés à rassembler.
    Juste un mot en ce qui concerne l’expression “mourir dans la dignité”. Depuis un certain temps j’accompagne, vers ses derniers jours, une dame très âgée qui s’éteint tout doucement à l’hôpital. Elle souffre peu (grâce aux traitements), mais elle a considérablement maigri et s’exprime de plus en plus difficilement. Il est vrai qu’entre son entrée à l’hôpital et maintenant, son apparence physique a considérablement changé. Eh bien, sa famille ne veut pas venir la voir car, disent-ils “on serait trop choqués par sa “déchéance” et on préfère garder d’elle l’image de ce qu’elle était auparavant”. La “dignité” d’un malade, d’un mourant, n’est-elle pas aussi dans le regard que l’on porte sur eux ? Si ce regard est négatif, voire absent, quelles souffrances supplémentaires rajoutées à la personne souffrante !

  5. Merci encore une fois, en effet, au Salon Beige pour tout ce travail de recherche qui nous donne des arguments solides pour lutter. Car nous avons tous à lutter, au quotidien, auprès de ceux que nous côtoyons tous les jours et sur les sites et forums. Ne laissons pas ces médecins courageux seuls, d’autant plus que les médias relaient très peu leurs prises de position. C’est à nous de les répercuter auprès du français lambda, qui ne s’informe qu’au JT de 20 heures. Car, c’est certain, nous allons à grands pas vers cette nouvelle législation.

  6. Sur le site de France 2, un sondage cherche à faire croire que la majorité des Français est favorable à l’euthanasie. Votez pour inverser la tendance ! (en bas à droite de la page)
    http://info.france2.fr/france/

  7. Voyons si l’on peut apporter un point de vue différent un peu réfléchi. Il me semble, ce qui ne m’étonne bien sûr pas de la part de contributeurs catholiques, que vous soyez incapables de faire la différence entre l’immoral et l’illicite. Que donner la mort, ou se donner la mort, soit mal, en tant que chrétien, je n’en doute bien sûr pas. Dieu seul crée la vie et celle-ci ne nous appartient donc pas : c’est sur ce simple fondement que je peux m’opposer, par exemple, à l’euthanasie, à l’avortement ou encore à la peine de mort.
    Mais la question n’est absolument pas là. La question est de savoir si les autorités civiles doivent pénaliser l’euthanasie. Votre absence totale d’argumentation à cet égard me porte à croire que pour vous la raison en est simplement que l’euthanasie est un mal. C’est mal, donc il faut l’interdire et la réprimer. Mais si c’est là votre raisonnement, je vous souhaite bien du plaisir : le mensonge, l’arrogance, l’hypocrisie, le mépris ou la détestation du voisin, le fait de ne pas aimer son prochain comme soi-même sont, eux aussi, des offenses à la loi divine. Qui d’entre vous propose de les criminaliser ? Ne levez pas tous la main en même temps ! Il est impossible de ne pas faire de différence entre péché et crime, violation de la loi divine et de la loi civile.
    [L’euthanasie c’est l’acte de donner la mort, c’est un assassinat. Si vous légaliser l’euthanasie, vous légalisez un crime. Le mensonge est également un délit : essayez de diffamer publiquement, vous pouvez être poursuivi…
    Le crime n’est pas seulement une atteinte à la loi divine, c’est aussi une atteinte à la loi civile, ce que vous semblez ignorer. C’est une atteinte au droit à la vie et une atteinte à la dignité de la personne humaine. Pas besoin d’être catholique ou même croyant pour cela. MJ]
    Contrairement à ce qu’affirme la première chronique, il existe bien en France un « droit au suicide ». Si vous vous suicidez, aucune sanction pénale ni civile ne s’abat sur vous, vos héritiers ou vos biens. C’est la définition même du droit (au sens de liberté). D’un point de vue chrétien, cela me semble non seulement justifiable mais souhaitable : ce que vous faites de la vie que Dieu vous a donnée, c’est une affaire entre lui et vous. Au nom de quoi les autorités civiles interviendraient-elles ? Et comment voudriez-vous qu’elles interviennent ? En revenant aux méthodes d’Ancien régime : traîner le corps du suicidé dans les rues du village pour le faire conspuer par la foule (pensez-vous que Jésus se serait joint aux huées ?) avant de le jeter dans un fossé ? Se suicider est mal, mais Dieu merci nous en avons le droit au regard de la loi civile.
    [C’est absolument faux. Le suicide n’est pas permis par la loi civile et si vous tentez de vous suicider, vos proches ou tout témoin est obligé de vous porter secours. Ainsi que les pompiers et les médecins alertés. C’est d’ailleurs le cas tous les jours en France. Oui tous les jours ! Le suicide est un acte de désespérance, comme la demande d’euthanasie d’ailleurs, ce n’est certainement pas un droit. MJ]
    Si vous acceptez qu’il y ait un droit au suicide, cela veut dire que (au regard de la loi civile, encore une fois) votre vie vous appartient. Mais si cela est vrai, alors au nom de quoi pouvez-vous interdire que quelqu’un consente à mourir ? Il n’y a me semble-t-il, en simple logique, que deux possibilités. Soit votre vie ne vous appartient pas, et alors il faut envoyer en prison ceux qui tentent de se suicider et fouetter le cadavre, ou confisquer les biens, de ceux qui ont réussi. Soit votre vie vous appartient, au sens où l’Etat n’a pas à se mêler de ce que vous en faites, et alors je ne vois pas comment on peut échapper à la conclusion que vous pouvez en disposer comme vous voulez, par exemple en demandant à autrui de vous la prendre. C’est exactement par le même raisonnement que boxer quelqu’un n’est pas un délit : son intégrité physique lui appartient, et s’il vous a autorisé à la violer en lui portant des coups, c’est son problème. Pas celui du Procureur de la République.
    [Tout votre raisonnement est faux. Votre vie ne vous appartient pas. Vous êtes-vous créé tout seul ? Vous êtes-vous donné la vie tout seul ? Bien entendu que non. Celui qui tente de se suicider n’a pas à être envoyé en prison, votre raisonnement est stupide, il a besoin d’être entouré voire d’être soigné. Ce qui nous renvoie au problème de l’euthanasie. Ce sont les soins qu’il faut développer et non la mort ! Le rapport avec la boxe est absurde : on ne peut pas mettre sur le même plan un sport, fut-il violent, et l’acte de donner la mort. En revanche, on peut comparer les actes de mort entre eux… MJ]
    Ma question pour tous les opposants à l’euthanasie est donc : quelle est votre argumentation ? Des idées, pas des invectives, s’il vous plaît.
    [Je vous ai répondu. J’ajoute que vous ignorez la réalité en vous enfermant dans un sophisme. Il est prouvé médicalement qu’un malade en fin de vie demandant l’euthanasie et auquel on procure des soins palliatifs renonce à l’euthanasie et retrouve le goût à la vie, fut-elle courte. Chantal Sébire a refusé ces soins. C’est son choix. Mais alors sa demande de suicide est absolument hors de propos. Comme le votre. MJ]

  8. Article 66-1 de la constitution française
    Nul ne peut être condamné à la peine de mort.
    c’est écrit noir/blanc, il n’y aurait même pas à discuter.
    Cela vaut pour des criminels aussi bien que pour d’autres et on voudrait nous faire croire que Certaines personnes pourraient tuer des innocents et malades de surcroit sans retour de bâton ?? c’est dans ce sens là qu’il faut interpréter ces nauséeux débats et non pas tenter de les légitimer au nom d’un quelconque soit disant paliatif à la douleur. L’envie de tuer est bien là pour certains mais le plus inquiétant c’est que d’autres veulent en débattre. Oui peine de mort pour personne c’est comme ça ! Sauf pour des malades ? mais je cauchemarde là !
    dingue !

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