Partager cet article

Culture de mort : Euthanasie

Euthanasie : Jean Leonetti évoque une “sédation terminale”

Interrogé par La Croix, le député UMP, auteur de la loi sur la fin de vie de 2005, déclare :

L"Elle concerne certaines situations particulièrement douloureuses
après une réanimation : un nourrisson très grand prématuré promis à une
vie végétative, un jeune cérébrolésé après un accident et sans espoir de
retour à la conscience, etc. En France, la démarche est de
réanimer au bénéfice du doute, pour être sûr de ne pas baisser les bras
vis-à-vis de ceux qui pourraient s’en sortir. Le revers de cette
approche est de pousser parfois trop loin la réanimation dans des cas
désespérés
[ce qui relèverait alors d'un acharnement thérapeutique, condamné par l'Eglise, NDMJ]. 

Je ne crois pas qu’il soit responsable et éthique de
rendre à sa mère un bébé dont le cerveau comporte des lésions si graves
qu’il ne pourra ni voir, ni marcher, ni penser, et qu’il ne pourra
jamais établir aucune relation. Dans ces cas dramatiques, il faut
prévoir une sédation terminale
, qui, c’est vrai, est à la limite de
l’euthanasie, mais se justifie car il n’est pas question de laisser la
personne mourir à petit feu durant une ou deux semaines après l’arrêt
des traitements.

 On décide alors que telle vie ne mérite pas d’être vécue…
 

Toute vie mérite d'être vécue mais il y a des cas extrêmes [Sic ! Ou comment introduire la brèche de l'exception. NDMJ]. On
peut légitimement se demander si une vie sans relation, sans conscience
et sans espoir d’amélioration quelconque, sur un lit, avec un corps qui
se délite est effectivement une vie, sans même parler des conséquences
que cela comporte pour l’entourage. […]"

Dans Evangelium vitae, Jean-Paul II écrit :

"Il faut distinguer de l’euthanasie la décision de renoncer à ce qu’on appelle l’ »acharnement thérapeutique », c’est-à-dire à certaines interventions médicales qui ne conviennent plus à la situation réelle du malade, parce qu’elles sont désormais disproportionnées par rapport aux résultats que l’on pourrait espérer ou encore parce qu’elles sont trop lourdes pour lui et pour sa famille. Dans ces situations, lorsque la mort s’annonce imminente et inévitable, on peut en conscience « renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’un sursis précaire et pénible de la vie, sans interrompre pourtant les soins dus au malade en pareil cas »."

Renoncer à un traitement disproportionné, ce n'est pas donner une "sédation terminale.

Partager cet article

11 commentaires

  1. La base de ce qui est inacceptable dans la position de Léonetti, c’est que la vie humaine c’est la conscience, et donc la “relation”. Et au nom de cela, il évoque la possibilité de faire une “sédation terminale” (en clair : de tuer) à un être humain vivant de façon réelle et autonome mais dont on pense qu’il n’y a pas de conscience.
    Or, à partir du moment où un corps à une vie réelle, même purement végétative (le cœur bat etc.), on n’a pas le droit de lui administrer une “sédation terminale” qui détruirait cette vie !
    C’est une imposture intellectuelle que d’assimiler le maintien de la vie de ce corps par des moyens normaux (nourriture par exemple), à de l’acharnement thérapeuthique.

  2. Et Si Dieu permettait les souffrances de l’agonie de la personne qui meurt “à petit feu” comme dit le bon docteur L.pour lui éviter de mourir “à grand feu” en Enfer ?On peut aussi “souffrir par charité”comme Jésus et les saints l’ont fait.Il y a une dolorophobie qui est antichrétienne.Mais je vais me faire traiter de masodoloriste….!Un débat serait bien utile sur ce sujet.La Croix a t’elle encore une signification ? On démolit les croix de pierre parce qu’ells sont gênantes pour les hédonistes que nous sommes devenus….Tout se tient.

  3. L’Eglise, lisez bien Jean-Paul II, ne condamne pas l’acharnement thérapeutique, elle le déclare licite mais non obligatoire. On peut décider de souffrir beaucoup pour un peu de vie, l’entourage et le corps médical peuvent employer des moyens disproportionnés, mais ce n’est pas obligatoire. Il y a des cas où l’on peut choisir en toute liberté, c’est le cas de l’acharnement thérapeutique dont on peut donc discuter à l’infini. Dans aucun des deux cas, absolument parlant, il n’y aura péché, faute.
    [“l’« acharnement thérapeutique », c’est-à-dire à certaines interventions médicales qui ne conviennent plus à la situation réelle du malade, parce qu’elles sont désormais disproportionnées par rapport aux résultats que l’on pourrait espérer ou encore parce qu’elles sont trop lourdes pour lui et pour sa famille. Dans ces situations, lorsque la mort s’annonce imminente et inévitable, on peut en conscience « renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’un sursis précaire et pénible de la vie, sans interrompre pourtant les soins normaux dus au malade en pareil cas ». Il est certain que l’obligation morale de se soigner et de se faire soigner existe, mais cette obligation doit être confrontée aux situations concrètes; c’est-à-dire qu’il faut déterminer si les moyens thérapeutiques dont on dispose sont objectivement en proportion avec les perspectives d’amélioration. Le renoncement à des moyens extraordinaires ou disproportionnés n’est pas équivalent au suicide ou à l’euthanasie; il traduit plutôt l’acceptation de la condition humaine devant la mort. ” MJ]

  4. @senex
    Il faut être dur pour soi-même et tendre pour les autres. C’est bien de vouloir souffrir, mais ce n’est pas bien de ne pas essayer de soulager la souffrance d’autrui. Si quelqu’un devait expier ses péchés par des souffrances que nous lui avons ôtées, Dieu lui donnera d’autres souffrances expiatrices dans le Purgatoire. Et s’il va en Enfer, c’est qu’il l’avait mérité. Dieu condamne les hommes pour le mal qu’ils font, et non pour celui qu’ils subissent.

  5. @MJ : Vous citez Evangelium Vitae… qui précisément désamorce votre critique “On décide alors que telle vie ne mérite pas d’être vécue… ” ! Le lecteur appréciera, c’est justement ce qui semble inspirer l’analyse de Jean Leonetti.
    De plus, vous affectionnez de souligner les “passages importants”. Mais n’en négligez pas certains. Ici, dans la citation de Jean-Paul II, ce dernier envisage AUSSI que l’acharnement thérapeutique puisse être constitué lorsque les interventions médicales sont “trop lourdes pour lui et pour sa famille.”
    [“On décide alors que telle vie ne mérite pas d’être vécue… ” n’est pas ma critique mais la réaction du journaliste; MJ]
    @Kral : “C’est une imposture intellectuelle que d’assimiler le maintien de la vie de ce corps par des moyens normaux (nourriture par exemple), à de l’acharnement thérapeuthique.”
    On ne parle certainement pas de ça. En principe, le cas du maintien artificiel se pose parce que la personne est sous assistance respiratoire et cardiaque.

  6. Ce qui est intéressant, c’est la mécanique qu’on retrouve systématiquement dans ce type d’affaire.
    Un débat suivi d’une loi, le tout énonçant : “voilà la limite absolue, infranchissable au-delà de laquelle nous n’irons pas”. Traduisez : “voici la prochaine étape de ce que nous allons faire passer.”
    “Toute vie mérite d’être vécue, mais il y a des cas extrêmes…” “Je me demande s’il est éthique et responsable de rendre à sa mère…” Incroyable. Autrement dit, il faut qu'”on” puisse se réserver la possiblité de juger de la pertinence de la vie d’un être humain. Mais sur quelle réalité se fondent-ils ? La position de l’Eglise est aussi claire que possible en l’état des avancées scientifiques actuelles. Pour un médecin urgentiste par exemple, la question de l’acharnement est fondée sur des critères objectifs qui lui permettent de prendre une décision. Personne ne prétend que c’est facile ni que ça résout tous les problèmes.
    Mais il faut observer que de débats en débats, de lois en lois, ce sont toujours les faits, le concret, la réalité objective qui sont remis en cause au profit du sentiment, de la réaction épidermique, de la subjectivité personnelle. “Nous estimons que… Nous pensons que… Nous jugeons que…” Mais demain, qui les empêchera de juger que le cas des enfants handicapés à la naissance, des jeunes garçons dont la maladie mentale se révèle à la puberté, etc., ne rentre pas dans le cas “extraordinaire” où une “sédation” ne pourrait être un recours légitime ? Et la question ne touche pas que la bioéthique, mais aussi toute la morale personnelle et politique. “J’ai droit à ma différence”, etc., inutile d’énumérer les exemples, ils sont légion.
    Cette difficulté à s’appuyer sur le réel, le concret, est un recul de l’intelligence et de la civilisation.

  7. Je suis catastrophé par ces propos (et par tout le reste de l’interview sur les directives anticipées “opposables”. Certes nous n’étions pas dupes des risques de dérives et nous étions prévenus de ne pas se faire d’illusions sur le personnage Leonetti, mais au moins la loi qui portait son nom était claire. Maintenant elle devient vis à vis de l’euthanasie comme le PACS vis à vis du mariage homo : censée l’éviter elle en devient le cheval de Troye pour la faire accepter petit à petit.
    Le plus grave est que soit il est médicalement ignorant, soit il nous trompe.
    Ayant pratiqué la neuro-réanimation pendant plusieurs années j’affirme qu’
    IL N’EST PAS VRAI QUE LES PROGRES DE LA REANIMATION AMENENT AUX DERIVES QU’IL DECRIT pour nous faire peur.
    Dans le cas des traumatismes craniens il n’y a jamais de cas désepérés au départ. Nous savons en effet qu’il n’y a pas de corrélation entre la mortalité initiale et le risque de séquelles neurologiques à long terme. En clair, les progrès de la réanimation des traumatisés craniens graves diminuent la mortalité sans augmenter le nombre des survivants avec des séquelles. La réanimation intensive sauve des gens qui s’en sortent avec des séquelles mineures, et ceux qui survivent avec des séquelles auraient souvent survécu même sans la réanimation, parce que séquelles et mortalité ne sont pas dues aux mêmes mécanisme.
    Il faut qu’on arrête de faire peur avec des cas exceptionnels et un supposé acharnement thérapeutique.
    J’ai, à mon grand étonnement, retrouvé que déjà en 2006 (Le Monde du 5/2/2006) M. Léonneti envisageait cette dérive en expliquant qu’avec sa loi Vincent Humbert aurait pu obtenir une mort par arrêt de l’alimentation accompagné d’une sédation terminale qu’il osait qualifier “d’accompagnement palliatif”. Or cela est complètement à l’opposé de l’esprit de la loi tel que tout le monde l’a compris, qui ne prévoit un arrêt des traitement que lorsqu’on ne peut plus arrêter le processus pathologique qui mène à la mort.

  8. Je comprends le cas expose: dans le cas d’une méningite sur un nourrisson de 8j, le cas s’est présente dans notre entourage. L’irm était catastrophique. Je n’ai pas su le détail, mais les parents nous ont dit qu’il avait été décidé de le laisser partir.
    On ne peut légiférer dans tout. La médecine moderne et sa grosse artillerie nous amène parfois à certains choix épouvantables.
    J’ai une sœur rescapée d’une méningite à 3mois avec bcp de séquelles. La médecine moderne ne produit pas que des miraculés. Parfois il faut être modeste, et laisser faire la nature si cruelle soit elle. Mais une fois qu’on s’est acharné, il est trop tard.

  9. phèdre@ entre “laisser faire la nature” et provoquer drectement et sciemment la mort,il y a un abîme. Prions pous ceux soignants ou familles qui se trouvent devant des choix crucifiants.Une loi ne changera rien.Merci

  10. J’ai, par la grâce de Dieu,connu une fille de mes plus chers amis que ce “Grand Druide” Léonetti de la religion du Progrès aurait nécessairement classée en son temps dans la catégorie des “non destinés à vivre” ,citation , selon sa la langue de bois propre aux siens.
    Cette fille semblait vivre comme on dit si vulgairement “comme un légume”,totalement dépendante de ses parents.
    Et pourtant je suis sûr que l’amour témoigné à son endroit par ses parents l’on comblée de bonheur, celui auquel elle avait droit , n’en déplaise au Sieur Léonetti , autant que tout autre être humain.
    J’ai pu mesurer aussi combien elle-même, avec certes les plus intenses difficultés tant à l’exprimer pour elle-même qu’à le percevoir pour son entourage, combien elle avait comblé également d’un bonheur accompli, ses chers parents.
    Je vous plains “pauvre riche” Léonetti de ne pas vouloir saisir cela,fanatiquement aveuglé que vous êtes par votre militantisme dogmatique de ce néo-“humanisme” qui est entrain de ruiner le monde.
    Croyez donc à ce que vous voulez mais cessez de vouloir imposer à toute force à vos concitoyens vos “croyances” morbides.
    à JCM,
    eh oui, cher Docteur,
    vous voyez que ce même homme dont la loi autorisait la mort par étouffement , déshydratation et/ou faim, tout en prétendant qu’il ne s’agissait pas d’euthanasie réclame maintenant “la sédation terminale, prétendument selon lui “à la limite de l’euthanasie ” alors que là encore il s’agit d’euthanasie à peine moins masquée.
    Et vous doutez encore de ses réelles motivations ? reconnaissez simplement humblement que , comme tant de bonne âmes sensibles qui confondent si aisément charité et sensiblerie , vous vous êtes laissés duper et en particulier lors de la dernière campagne présidentielle, ou vous avez cru devoir recommander ici qu’il ne fallait pas aborder ce sujet qui fâche parce que Monsieur Léonetti était alors un des principaux soutiens du futur défait, qui, sur ce chapitre primordial, n’aurait évidemment pas fait mieux que son rival, peut-être même, nous devons l’espérer et tout faire pour , moins bien…

  11. Merci D. JCM pour votre message !
    Une lecture à rappeler sur ce thème : 2 petits pas sur le sable mouillé, d’Anne-Dauphine JULLIAND. Un magnifique témoignage sur le rapport à l’inéluctable de la vie !

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services