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Bioéthique

Etats généraux de la bioéthique : un public majoritairement pro-vie

C'est ce que déplore Mediapart dans un article : auraient-ils voulu choisir les participants ? Ce serait sans doute plus simple. Extrait :

Capture d’écran 2018-03-14 à 21.38.41"Courant jusqu’en mai, les débats des états généraux de la bioéthique doivent inspirer la prochaine révision de la loi de bioéthique, dont l’examen débutera à l’automne. Une soixantaine d’événements sont organisés sur tout le territoire sous des formes très diverses : café éthique, mur de parole, groupes de discussion d’une vingtaine de personnes, conférences-débats grand public. Chacun des espaces éthiques régionaux a choisi deux ou trois thèmes parmi les neufs proposés, dont l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes seules, à laquelle Emmanuel Macron s’était déclaré favorable en mars 2017. […]

Lors du lancement des états généraux le 18 janvier, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rappelé que l’enjeu de ces « débats citoyens » était de « recueillir de la façon la plus objective possible l’ensemble des avis de la société ». Son président, Jean-François Delfraissy, a souhaité en faire une « expérience d’intelligence collective, sur des thèmes difficiles sur lesquels il n’y a pas le blanc et le noir, le bien et le mal ». Il ne voulait surtout pas d’un « débat tenu par les extrêmes ». Mais le déroulé des premiers débats publics n’a pas rassuré les associations LGBT – pour lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres –, qui craignaient leur confiscation par des militants proches de la Manif pour tous, ce collectif d’associations réactionnaires né de l’opposition à la loi sur le mariage homosexuel.

À Nice, le débat du 21 février 2018 a ainsi montré la difficulté de l’exercice. Pendant quatre heures, environ 200 participants ont disserté, sous les boiseries de l’amphithéâtre du Centre universitaire méditerranéen, de l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, de la levée de l’anonymat du don de gamètes (ovocytes et sperme) et de l’autoconservation ovocytaire. Sans que l’on n’entende jamais la voix des principales intéressées, les lesbiennes et les femmes célibataires. […] En clôture de ce débat assez confus, le président de l’Espace éthique azuréen Gilles Bernardin, chef du service réanimation au CHU de Nice, s’est lui-même dit saisi de « vertige » à l’idée que le « modèle anthropologique classique qui a permis que le monde soit monde, l’étreinte d’une femme et d’un homme » soit « remis en cause ». « J’ai du mal à tuer le père ce soir », a ajouté l’organisateur du débat, pourtant censé être garant de sa neutralité.

Certains des intervenants – une gynécologue, une psychologue, une psychanalyste, une juriste et un philosophe – ont également eu du mal à cacher leur opposition à toute évolution. […]

Mais c’est surtout de leurs expériences très personnelles que nombre des participants ont voulu faire part, avec un vocabulaire rappelant souvent les mots d’ordre de la Manif pour tous. Une Niçoise connaissant un problème d’infertilité estime qu’on recourt un peu trop vite à la PMA, avant de chercher à résoudre médicalement les causes de l’infertilité. Une autre femme se présentant comme « une rescapée de l’IVG » lance que « l’enfant doit être la première préoccupation » et que « la politique du désir est mortifère ». Un homme en sweat-shirt à capuche – qui se « méfie des études » – assène que « priver volontairement un enfant d’avoir un père, cela posera des problèmes identitaires ». […] Dans le même registre, un autre homme regrette qu’on entende « beaucoup parler de droit à l’enfant » mais que « la souffrance des femmes en désir d’enfant ne peut justifier de priver un enfant d’un père ». Selon lui, « donner la primauté au désir de la femme sur celui de l’enfant à naître », c’est revenir à un « état de nature où l’intérêt du plus fort l’emporte sur celui du plus faible ». De façon plus inédite, une femme, « effrayée » par la « réduction de l’être humain à la science », agite l’argument de « l’écologie » et de « l’amour de l’enfant » pour s’opposer à toute évolution. « Quel avenir pour notre planète, nos enfants, des enfants qui ne vont plus savoir d’où ils viennent ? », demande-t-elle.

À plusieurs reprises revient la question du coût de la PMA pour la collectivité, jugé non prioritaire quand certains n’ont plus les moyens de se faire soigner – sans qu’on comprenne si cela concerne tous les couples ou seulement ceux de lesbiennes et les femmes seules. « L’hôpital n’a plus d’argent », dit une gynécologue dans le public, qui craint que l’ouverture de la PMA aux lesbiennes ne s’accompagne de son « déremboursement » pour l’ensemble des couples. Les représentants religieux, présents dans le carré des invités, ne manquent pas de rappeler l’opposition de leurs cultes respectifs à la PMA elle-même, sans même parler de son ouverture aux femmes seules ou aux lesbiennes. […]

Fondé en 2013, le collectif Bamp, qui regroupe des personnes infertiles et des patients ayant eu recours à la PMA quelle que soit leur orientation sexuelle, a également participé en tant qu’intervenant à plusieurs débats à Lyon et à Angers. On peut lire ici leur compte-rendu effaré de ces rencontres, ainsi que de celle de Nantes sur la recherche sur l’embryon.

« Les rencontres ne se sont pas bien passées, résume Virginie Rio, éducatrice spécialisée et fondatrice du collectif Bamp. La majorité des personnes n’étaient pas là pour s’informer, mais pour dire qu’elles étaient contre “la PMA sans père”. Tous les arguments sont inaudibles. Ces anti sont bloqués dans un système dogmatique, où le monde va s’effondrer si on ouvre la PMA à toutes les femmes. Du coup, en face, on se sent tellement agressées qu’on est obligées de rigidifier notre pensée. Et le dialogue devient impossible. » Au point qu’une membre du collectif Bamp, qui était invitée à intervenir comme experte au débat nantais du 21 février, a préféré déclarer forfait devant l’« agressivité » de « cette foule vociférante ».

Quand elles le peuvent, les associations LGBT ou homoparentales tentent d’être présentes pour rééquilibrer le débat, comme à Nantes le 21 février, où plusieurs parents homosexuels ou transgenres ont témoigné de leur expérience. « Nous étions une cinquantaine, ça a permis de mieux répartir la parole, dit Julie, militante LGBT nantaise. Mais quasiment tout le reste du public était opposé à l’ouverture de la PMA, certains de façon très agressive. » […]

Doan Luu, membre du bureau national de l’APGL, constate cependant l’inégalité des forces en présence. « Il y a une très forte participation des associations conservatrices aux débats, où elles viennent pour prendre la parole, dit-il. Notre association a 2 000 adhérents en France, alors que leurs militants sont bien plus nombreux et organisés. » […]"

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10 commentaires

  1. Pour une fois que notre cause dispose d’une tribune avec un rapport de force favorable, ne nous privons pas du plaisir de dire quelques vérités premières, habituellement cachées par la presse aux ordres…

  2. Hé oui, il s’agit bien en toute démocratie bien comprise d’imposer les délires d’une minorité à une majorité qui n’en veut pas.

  3. N’est-ce pas le piège justement ? Je crois déjà que ces débats sont un écran de fumée mais en plus, vu la participation forte des français opposés à ces dérives, le gouvernement aura beau jeu de dire que le débat ayant été accaparé, il n’est pas pertinent. J’espère me tromper

  4. 1) Ben oui, il faudrait que les LGBT se rendent compte qu’ils sont une petite minorité, et que dans un système où la majorité impose sa loi, ils n’auront pas le dessus
    2) “levée de l’anonymat du don de gamètes”: donc les enfants ainsi procréés pourront réclamer leur part de l’héritage lors de la mort de leur procréateur (en espérant que le procréateur n’aura pas eu le mauvais goût de leur faire payer sa part dans leur procréation, en leur réclamant les “aliments” que les enfants doivent à leurs parents si ceux-ci sont dans le besoin)
    3) “Sans que l’on n’entende jamais la voix des principales intéressées, les lesbiennes et les femmes célibataires.” Si elles ne se déplacent pas pour faire entendre leur voix, c’est que cette cause ne leur tient pas tellement à cœur. Ou alors que leur nombre est infinitésimal, donc retour à la case 1
    4) “« L’hôpital n’a plus d’argent », dit une gynécologue dans le public, qui craint que l’ouverture de la PMA aux lesbiennes ne s’accompagne de son « déremboursement » pour l’ensemble des couples.” Excellent…

  5. Selon le sénateur Jean-Pierre Michel: « Ce qui est juste, c’est ce que dit la loi. Voilà, c’est tout. Et la loi ne se réfère pas à un ordre naturel. Elle se réfère à un rapport de force à un moment donné. Et point final. C’est le point de vue marxiste de la loi. »
    https://www.dailymotion.com/video/xxk0ss?start=2
    C’est à partir de la Révolution Française que l’Etat a décidé de ne plus s’inspirer de l’ordre naturel. Si la Royauté s’y pliait, la République non. Aujourd’hui on en est à ce stade. Les conséquences continueront à être désastreuses pour nos enfants mais non seulement on le veut bien, mais on veut l’imposer au monde entier.

  6. Ce sénateur JP Michel, il faudra aller le trouver le jour où une loi décrètera que tous ceux qui se nomment Michel devront désormais changer de nom, ou partir à l’étranger, ou se jeter au fond d’un puits…

  7. “Sans que l’on n’entende jamais la voix des principales intéressées, les lesbiennes et les femmes célibataires.”
    Quelle est cette manie de généraliser en faisant croire que l’ensemble des femmes célibataires seraient favorables à cette monstruosité qu’est la PMA sans père ?
    Il est même très probable que certaines des principales intéressées, des célibataires, se soient exprimées durant ces “débats citoyens” en argumentant CONTRE la PMA sans père !
    Pour ma part, je suis célibataire et n’entends pas être agglomérée aux groupuscules de foldingues qui réclament à corps et à cri le droit d’acheter un enfant, de le tuer dans son propre ventre, de le priver de père et autres “joyeusetés” féministo-diaboliques.
    Et puis, si on n’a pas entendu, ou très peu, la voix de ces désaxées lors de ces réunions, c’est peut-être parce que, dans la vie réelle, elles ne sont pas si nombreuses que cela et ne représentent qu’une part extrêmement infime de la population, même si particulièrement bruyante, revendicatrice et favorisée par les médias aux ordres de la franc-maçonnerie, laquelle franc-maçonnerie n’y voit là qu’un nouveau moyen de combattre Dieu et les catholiques.

  8. Mais Irishman, Hitler devait être à l’unisson avec le sénateur Jean-Pierre Michel. Si les Droits de l’Homme ne sont qu’une histoire de rapport de force, ils permettent l’euthanasie des handicapés et de ceux qui n’appartiennent pas à la race élue (la race aryenne).
    A noter qu’Hitler pensait qu’il n’y avait à proprement parler, et du point de vue de la génétique, de race juive… “La race juive est avant tout une race mentale. Transplantez un Allemand aux États Unis, vous en faites un Américain. Le Juif, où qu’il aille, demeure un juif. C’est un être par nature inassimilable.”
    Testament politique d’Hitler, Adolf Hitler, notes de Martin Bormann, préface de Trevor-Roper, éd. Fayard, 1959, 13 février 1945, p. 83
    Que dirait-il sur les migrants d’aujourd’hui qui vivent entre eux sans chercher à s’assimiler ?

  9. C’est un peu dingue de considérer que les personnes qui ne partagent pas vos opinions sont automatiquement des “foules vociférantes”, et/ou des “militants nombreux et organisés”…
    Cela démontre, par effet miroir, l’état de sectarisme dans lequel s’enferment les minorités, LGBT et pro-GPA.
    Il est à craindre que ces lobbies renforcent leurs pressions désespérées sur les médias, les députés LREM, le gouvernement, bref, tous les maillons faibles et versatiles que des menaces irrationnelles peuvent effrayer, jusqu’à rejeter le choix libre et de bon sens d’un peuple plus sage que ses pseudo-élites…
    Ce ne serait pas la première fois !

  10. “La PMA sans père”comme l’a baptisée La Manif Pour Tous est en réalité un “Droit au sperme” réclamé pour le lobby LGBT pour les couples de femmes et les célibataires!
    C’est une évidence lorsqu’on se souvient du slogan d’Act Up!, “On veut du sperme, pas des mecs!” et de l’épisode “Femen” à la dernière “Marche Pour La Vie”, lorsque ces femmes sont venues avec des seaux réclamer du sperme “par charité chrétienne”!
    Actuellement 97% des PMA pour causes médicales effectuées en France le sont pour des couples avec leurs propres gamètes, c’est à dire sans “donneur”, il n’y a donc aucun “Droit au sperme” pour eux.
    Il n’y a que 3% des FIV qui se font avec des “donneurs”…et en plus il y a pénurie!
    (pour avoir “l’égalité” il suffirait que l’on interdise les FIV avec “donneurs” – je mets “donneurs” entre guillemets car il faudrait enquêter sur l’identité des “donneurs” et comment ils le sont devenus, et on aurait des surprises…)
    Pour les lesbiennes et les célibataires les FIV pratiquées le seront avec 100% de “donneurs”!
    Il s’agit donc bien d’un “Droit au sperme” auquel le CCNE est majoritairement favorable!
    Il est temps “d’appeler un chat un chat” au risque de choquer certains!
    Car il est évident que le “Droit au sperme” ne peut en être un! Pas plus que le “Droit aux ovocytes”!
    Par ailleurs, si cette loi est votée comment l’Etat l’a rendra effective? Comment l’Etat assurera-t-il l’approvisionnement?
    Par l’encouragement à la “masturbation citoyenne”?
    (comme l’a fort justement dit Tugdual DERVILLE sur SUD-RADIO – cf. https://www.alliancevita.org/2018/01/debat-pma-gpa-tugdual-derville-invite-de-sud-radio/)?
    Par le “prélèvement obligatoire”?
    Par le “don sans qu’on nous demande notre avis” ( si on a pas pris le tempsd e s’incrire sur un fichier de refus) comme pour les prélèvements sauvages d’organes institué grâce à l’amendement TOURAINE dans la dernière Loi MACRON?
    En remettant en cause la gratuité des dons?
    En permettant l’achat et la vente de sperme, voire sont importation?
    Qui sera volontaire parmi tous les partisans du “Droit au sperme pour les lesbiennes et les célibataires”?
    Va-t-on instituer un “droit au sperme” pour celles qui refusent de le recevoir naturellement?
    Il est temps que les opposants à la “PMA Pour toutes” ou la “PMA Sans Père” change les termes du débat!Il y a urgence pour éclairer nos concitoyens sur la véritable signification de ce projet de loi!
    Et si le “droit au sperme” est admis alors pourquoi refuserait-on le “droit aux ovocytes” aux couples d’hommes et aux célibataires masculins?

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