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Culture : cinéma

Et si on restait un peu sur Reste un peu

Et si on restait un peu sur Reste un peu

De Bruno de Seguins Pazzis à propos du film de Gad Elmaleh :

Après plusieurs années d’absence, Gad Elmaleh décide de revenir en France pour se convertir au catholicisme, après être tombé sous le charme de la Vierge Marie. Logé chez ses parents, de fervents juifs pratiquants, sa mère déballe sa valise et tombe sur une statuette de la la mère de Jésus. Sa famille est sous le choc. Le comique et les siens vont faire une introspection d’ici à ce qu’il se fasse baptiser. Avec : Gad Elmaleh (lui-même), Régine Elmaleh (elle-même, la mère de Gad), David Elmaleh (lui-même, le père de Gad), Olivia Jubin (Agnès), William Azoulay (William), Judith Elmaleh (elle-même, la sœur de Gad), Catherine Thiercelin (elle-même, sœur Catherine), Nicolas Port (père Barthélémy), Mehdi Djaadi (Mehdi), Delphine Horvilleur (elle-même, la rabbine), Roschdy Zem (lui-même), Pierre-Henri Salfati (le rabbin), Rony Kramer (cousin Éric), Redouane Bougheraba (l’ami au restaurant), Frédéric Lenoir (lui-même, le théologien), Louis Duneton (Mathieu). Scénario : Gad Elmaleh, Benjamin Charbit et Eytan Saada. Directeur de la photographie : Thomas Brémond. Musique : Ibrahim Maalouf.

S’agissant d’un chemin de conversion d’un juif au catholicisme, l’humoriste Gad Elmaleh aborde un sujet grave d’une façon générale, grave également sur le plan personnel puisqu’il s’agit d’un film qui se veut largement autobiographique. Pour autant, et on ne peut vraiment s’étonner, Gad Elmaleh traite ce sujet très souvent sur un ton humoristique, sinon sur un ton très sentimental, et jamais sur le plan de la raison. De sorte que, si on peut rapidement passer sur l’écriture cinématographique qui n’ambitionne pas de révolutionner le septième art, le spectateur se trouve assez rapidement devant un numéro plutôt impudique et aux forts accents nombrilistes d’un homme de spectacle, accents amplifiés par le caractère démonstratif, volubile, disons-le même extraverti, lié aux origines nord-africaine et moyen-oriental de la plupart des protagonistes. Tout cela est vite sympathique, parce que parsemé de bons sentiments, mots pas toujours de bon goût et quelquefois bien conformes au politiquement correct (le choix possible du prénom chrétien Jean-Marie inspiré par celui de Monseigneur Lustiger mais qui pourrait être rapproché à celui du patronyme Le Pen…), de certaines vérités même (la « discrétion » des catholiques dans l’affirmation de leur foi), et soutenu par une bande originale chaleureuse d’Ibrahim Maalouf qui permet d’emballer le tout. Mais que reste-t-il au bout du compte ? Un homme qui reste juif avant tout, qui ne parvient pas au bout du chemin de conversion (tiraillé entre la foi juive de son héritage familial et son attirance pour la religion catholique), ici et là des plaisanteries et des pointes sur les catholiques et le catholicisme dont on se demande ce que provoqueraient des propos du même type  proférés par des catholiques sur le Judaïsme ou l’Islam, une relation avec la Vierge Marie qui ne débouche sur pas grand-chose, bref une réelle ambiguïté. Il n’est pas question de porter un jugement sur la sincérité du propos mais il est permis de s’interroger. D’ailleurs l’humoriste nous y invite lui-même en déclarant à la chaine de télévision BFM sur son film qui est un mélange de fiction et de réalité « Ça m’amuse beaucoup de ne pas vous dire ce qui est vrai et ce qui n’est pas vrai. Parce que je mens un peu. C’est ce qui s’appelle l’ambiguïté volontaire ! ». Si bien qu’au bout du compte, en bon chrétien, on ne peut souhaiter qu’une chose à Gad Elmaleh, qu’il finisse par rencontrer le Christ après avoir rencontré la Vierge Marie.

Bruno de Seguins Pazzis

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18 commentaires

  1. Excellente analyse à laquelle j’adhère totalement. Prions pour lui.

  2. Dans ce film “Reste un peu”, il faut souligner les dialogues de Gad avec le rabbin et avec la rabbine, qui à mon avis son spirituellement intéressants et nous font un peu comprendre ce que doit être la spiritualité des juifs messianiques (même si ces rabbins ne sont pas eux-mêmes messianiques).

  3. Ce personnage a déjà été soupçonné d’avoir copier des oeuvres d’autres artistes
    J’ai vu l’emission et je ne crois pas du tout à sa conversion.
    Il reste un showman … et je n’irai pas voir son film c’est certain

  4. Si l’on comprend bien l’article ci-dessus: dans le pot de confiture, il y a de l’arsenic; donc vaut mieux pas y toucher? Je suis perplexe…..

  5. A propos d’acteur allé jusqu’au bout sur le chemin de conversion, Clarence Gilyard qui vient de décéder (un des personnages principaux de la série “Walker, Texas Ranger”) ! Passé d’une vie de débauche à la conversion au catholicisme, baptisé le lendemain de Noël.

    https://www.infochretienne.com/deces-de-lacteur-et-chretien-engage-clarence-gilyard/

    Alors qu’il tentait de sortir de sa vie de débauche qui lui avait coûté son mariage, il avait été invité par un ami à assister à la messe “et en est reparti transformé, ébranlé lors de la consécration de l’Eucharistie :
    « Quand tout le monde s’est mis à genou, ça a secoué mon monde, ça m’a secoué. Alors, je suis allé voir le prêtre en sortant et j’ai dit : Eh, puis-je venir vous voir cette semaine ? »”

    Il a dirigé le Festival du film dédié à Saint-Vincent de Paul et a été l’un des organisateurs des JMJ.

  6. Je pense que ce film n’est pas d’abord destiné aux catholiques pratiquants mais recherche un public plus large pour le pousser à s’interroger. Le but est-il atteint ? La censure d’une vérité non assimilable par le spectateur moyen aurait-elle atteint ce même but ? Je comprends ce post, mais est-ce vraiment la question ? On ne peut avoir le beurre (sans faute d’orthographe) et l’argent du beurre.

  7. J’ai vu ce film et j’ai été très ému.
    La scène du lavement des pieds m’a beaucoup touché ; elle est le meilleur hommage que l’on puisse faire au christ.
    Le message de ce film (selon ma compréhension) est le suivant :
    “Il y a 1000 façons d’être chrétien. On peut être chrétien de cœur tout en restant dans sa communauté d’origine”.

  8. Un moyen de se faire de la publicité. Après les fastes de Monaco, les beautés de la religion catholique. On peut douter de sa sincérité.

  9. “Il est permis de s’interroger”, tout est résumé dans cette phrase. Personnellement, je suis un peu interpelé par la présence de sa famille dans la distribution du film. À croire que sa conversion n’a pas déchaîné l’opposition de celle-ci comme décrite dans le film. De là à imaginer une complicité, on ne peut franchir ce pas mais on s’interroge effectivement.
    Bref, on reste un peu sur sa fin avec ce film ou qui arrive trop tôt ou qui est une affaire de gros sous.

  10. En 53 ans de mariage nous avons dû aller mon épouse et moi-même dis fois au cinéma, dont 2 fois cette semaine pour aller voir et revoir Gad
    Qui sommes-nous pour juger la sincérité ou la foi de Gad ou de sa famille.
    De vraies questions sont posées par ce film comme notre rapport à la foi, comme nos convictions etc..
    La jeune Agnes est merveilleuse de fraîcheur. Les ecclésiastiques sont très à leur place et rayonnent
    En définitive, nous avons beaucoup aimé

  11. Ce Bruno de Seguins Pazzis, ci-dessus critique, est un pisse-froid dépourvu d’humour. Certes le film de Gad n’est pas un chef d’oeuvre du 7è art mais il n’en a pas la prétention. Il s’agit pour moi d’un témoignage qui s’adresse avant tout à ses frères juifs.
    Gad Elmaleh prend beaucoup de risques en s’exposant de la sorte, auprès de sa communauté bien sûr qui va déplorer son choix, et comme on la comprend étant donné que depuis 2000 ans la croix est synonyme de persécution pour elle, mais surtout dans son milieu artistique et médiatique, avec un risque commercial à la clef. D’ailleurs son film n’a pas été distribué par les grands groupes de cinéma (Pathé etc…), dans ma région en tout cas, je n’ai pu le voir que dans un cinéma d’art et d’essai et nous étions 10 à la séance où je suis allée. Ce film est d’une grande générosité et d’une grande profondeur, avec beaucoup d’amour et une vraie liberté. Gad parle tout le long du film du chemin, de son chemin. Il y a de nombreuses scènes hilarantes, dont celle du choix du prénom et quoi qu’on pense de Le Pen père!
    Les juifs n’ont pas besoin de se convertir, ils sont dans la main du Père depuis 5000 ans, leurs noms sont gravés dans ses paumes. Ils ont “juste” besoin de reconnaître leur Messie dont ils sont la prunelle des yeux. Aujourd’hui beaucoup de juifs religieux sont en train de découvrir que Yeshoua (Dieu avec nous) a accompli toutes les prophéties annoncées dans la Torah et qu’Il est le plus pieux des juifs que la Terre ait jamais porté. Comment ne pas être remplis de joie en contemplant cela??!
    Comment ne pas nous réjouir à l’idée que nos frères aînés dans la foi vont connaître leur apocalypse, leur dévoilement spirituel?!
    Ce Bruno de Seguin Pazzis me fait penser au fils aîné de la parabole du fils prodigue, incapable de se réjouir du retour de son frère. Et bien moi cela me donne envie de tuer le veau gras et de danser sur la table!!
    “Une relation avec la Vierge Marie qui ne débouche sur pas grand chose” écrit (mal) cet impudent!
    Qui est-il pour sonder les reins et les cœurs?! Que sait-il de ce cœur à cœur entre la Vierge de Sion et ce fils d’Israël qui dure depuis qu’il a 6 ans? Qui est-il pour juger avec son cœur bien sec?
    « Je suis né juif. Devenu chrétien par la Foi et le baptême, je demeure juif, comme le demeuraient les Apôtres » Epitaphe d’Aron Jean-Marie cardinal Lustiger

    • “Que signifie être juif, depuis l’Incarnation du Verbe éternel Jésus Christ… Sinon la fidélité absolue à la Promesse ayant éclairé le peuple de la Première Alliance, scellée dans la reconnaissance du Christ, “l’Oint “de Dieu, Roi de nos coeurs, couronnant cette Espérance dans le Sacrifice Unique et éternel de la Croix.
      Ainsi, un juif accompli ne peut être que catholique. Sinon, il reste au mieux, dans l’attente et le silence d’une révélation inachevée ; au pire, prisonnier de l’imposture d’une Loi ayant méconnu la Grâce de l’Incarnation du Verbe récapitulant tous les préceptes et commandements en Son Amour.”
      “Depuis l’Incarnation du Verbe éternel, il n’y a plus d’intouchable ! Mais des sauvés ! Des rachetés au prix de Sa Passion et de Son Sang ! Dénonçant la bêtise d’une légitimité fondée sur la race dont se réclament certains… Car la SEULE et UNIQUE légitimité est celle de la Grâce de la naissance en Dieu, nous couronnant par le baptême, fils et filles, princes et princesses en Son ”Alliance nouvelle et éternelle” annoncée déjà par le prophète Jérémie…nous abreuvant à un Même Corps et à un Même Sang, Celui de jésus-Christ … à la chambre nuptiale, du Saint Sacrifice de la Messe renouvelé de manière non sanglante. Et, en nous unissant en Lui et par Lui s’offrant au Père, nous brûlons en cette Alliance, tout ce qui n’est pas pour Son Amour… et Son Eternité… Car … ce qui ne Lui est pas donné entièrement est perdu !”

      Véronique Levy, sœur de BHL, juive convertie.

      • J’ai lu le livre de Véronique Levy que je trouve un peu trop exaltée à mon goût. Sur le plan théologique j’ai plutôt tendance à faire confiance à un cardinal de l’Eglise et qui plus est archevêque de Paris !
        Quoiqu’il en soit Jésus n’est pas catholique, Il est juif, et sur le plan humain Gad et Jésus sont de la même famille, n’en déplaise à certains.

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