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Culture de mort : Avortement

Entretien avec l’évêque de Recife (suite)

Un lecteur m'a aimablement traduit l'entretien donné par Mgr Sobrinho. Vous en trouverez l'intégralité en commentaire de ce post. En voici un extrait :

"J’ai eu connaissance ces jours-ci d'un cas similaire, mais qui a eu un déroulement très différent. C'est une fille de 12 ans, du Rio Grande do Sul, qui est aussi tombée enceinte de cette façon. La différence est que son médecin m’a appelé en disant qu’il n’allait pas faire d'avortement. Ce cas-là est un exemple édifiant qui, malheureusement, n’a pas beaucoup d’écho dans la presse. Un autre exemple : il y a quelques jours, une femme du même diocèse que la jeune fille de la première affaire (Pernambouc), qui avait un enfant d’un an et demi, est tombée enceinte à nouveau. Elle ne voulait pas avoir ce deuxième enfant. Elle est allée voir un médecin pour avorter, en amenant l’enfant qu’elle avait déjà pour dire qu'elle n'avait pas de conditions. Mais le médecin était catholique et a dit à la femme que, si elle ne voulait pas avoir deux enfants, il allait tuer le premier et lui laisser celui qu’elle avait dans son ventre. La femme a pris immédiatement conscience de la situation, et n'a plus accepté l'avortement."

Michel Janva

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4 commentaires

  1. Pourquoi tant de gens, pour la plupart catholiques, ont-ils été révoltés par votre position dans le cas de l’excommunication des adultes impliqués dans l’avortement de la jeune fille violée?
    En premier lieu, nous devons poser cette question dans le contexte religieux. Nous croyons en Dieu ? C’est oui ou c’est non. Et je suppose que la grande majorité des personnes sont croyantes. Et croire en Dieu signifie accepter que Dieu est l’origine de tout et aussi notre finalité. C’est une vérité fondamentale. C’est un préalable essentiel pour dire que la loi de Dieu est au-dessus de toute loi humaine. Et la loi de Dieu ne permet pas l’avortement. Donc, si une loi humaine contredit une loi de Dieu (dans ce cas la loi qui autorisait l’opération), cette loi n’a aucune valeur. Quant à ce que vous dites sur les personnes révoltées, je dois dire qu’il y a aussi eu une grande clameur, je dirais même énorme, des autorités de Rome en ma faveur. J’ai été insulté, c’est vrai, mais aujourd’hui même j’ai reçu une lettre de Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les Évêques à Rome : il me félicite.
    Que diriez-vous aux catholiques qui ont condamné votre attitude ?
    Avant tout, je tiens à expliquer clairement que ce n’est pas moi qui ai excommunié les médecins qui ont pratiqué l’avortement et la mère de la jeune fille. C’est faux. Je ne peux excommunier personne. J’ai simplement mentionné ce qui est écrit dans la loi de l’Église, la règle 1398 du Code de Droit Canonique, que tout un chacun peut lire dans les librairies. Selon cette loi, toute personne qui commet un avortement est excommuniée, par une peine dite latae sententiae, un terme technique qui veut dire « automatique ». Donc ce n’est pas dom José Cardoso Sobrinho qui l’a excommuniée. J’ai simplement dit à tout le monde : « Prenez conscience de cela ». Toute personne, n’importe où dans le monde, qui pratique un avortement, encourt cette peine ; même si personne ne dit rien. Tout catholique sait que dans la première épître de Paul à Timothée, au chapitre II, il est écrit : « Dieu veut que tous soient sauvés ».
    Pourquoi les violeurs ne sont-ils pas aussi automatiquement des excommuniés ?
    Notre Sainte Église condamne tous les péchés graves. Le viol est un péché très grave pour l’Église, et l’homicide aussi. Ceci étant, l’Église dit que l’avortement, c’est-à-dire l’acte de supprimer la vie d’un innocent désarmé, est plus grave que le viol et que l’assassinat d’un adulte. Toute personne intelligente est capable de comprendre cela. Je ne dis pas que le viol et la pédophilie sont de bonnes choses ; mais l’avortement est encore plus grave et donc l’Église a stipulé cette peine automatique d’excommunication.
    Dans quels autres cas l’excommunication automatique s’applique-t-elle ?
    Dans le Code de Droit Canonique précédent, promulgué par Bénir XV, il avait environ quarante motifs d’excommunication automatique. En 1983, sous l’autorité de Jean-Paul II, un nouveau Code a été publié. Le Code actuel a réduit la liste des motifs à neuf : l’avortement ; l’apostasie (quand la personne abandonne la religion) ; l’hérésie (quand une personne nie un dogme de l’Église); la violence physique contre la personne du pape ; la consécration d’un évêque sans autorisation du pape ; le schisme ; l’absolution par un prêtre du complice d’un péché de chair ; la violation directe du secret de la confession ; et la profanation des hosties consacrées.
    Qu’est-ce que l’Église et vous-mêmes avez offert à la jeune fille en termes de soutien matériel et spirituel, si elle ne subissait pas d’avortement ?
    Je vous remercie beaucoup de cette question. Cette enfant habitait dans le diocèse de Pesqueira, dans la ville d’Alagoinha, dans l’intérieur de l’État de Pernambuco. Quand le cas s’est présenté, l’évêque de Pesqueira m’a informé que la jeune fille serait amenée à Recife. Lui et moi voulions faire notre possible pour sauver sa vie et celle des enfants qu’elle a conçus. Nous avons eu plusieurs réunions avec nos avocats pour savoir ce que nous pouvions faire pour empêcher l’avortement. Nous avons demandé à rencontrer le juge, qui a contacté plusieurs services de l’enfance et de la jeunesse pour essayer de faire quelque chose. Le père de la jeune fille a participé à cette rencontre et a déclaré être contre l’avortement. Il est analphabète, mais il a répété dès le début qu’il n’était pas d’accord. Il a même fait une procuration à notre avocat et l’a signée, ou plutôt il l’a validée de son empreinte digitale. Donc, nous avons fait tout ce qui était possible.
    Avez-vous offert un abri, des ressources ou une éventuelle famille adoptive ?
    Encore une fois : cette jeune fille réside dans une autre ville, donc dans une autre diocèse. C’est l’évêque de Pesqueira qui a suivi l’affaire de près. Le prêtre de Pesqueira a apporté toute l’assistance possible. La jeune fille n’avait aucun problème matérielle et mangeait à sa faim. En cas d’accouchement, la ville d’Alagoinha allait l’aider. La jeune fille ne serait pas abandonnée. Notre Sainte Église allait l’aider. Nous avons là-bas des hébergements pour les pauvres. Mais je voudrais insister à nouveau sur le fait que nous essayons constamment de suivre la loi de Dieu. Le cinquième commandement dit : « Tu ne tueras point ». Donc il n’est pas licite, pour sauver une vie, d’éliminer la vie de deux innocents. La fin ne justifie pas les moyens. Je peux avoir un objectif excellent : sauver la vie de cette jeune fille enceinte. Le moyen pour y parvenir peut être d’utiliser tous les ressources de la médecine ; mais jamais, en aucun cas, de supprimer la vie d’un innocent pour sauver la vie d’une autre personne. L’avortement est un crime ignoble.
    L’avez-vous rencontrée ?
    Je n’ai pas réussi à la voir. Quand j’ai été informé du cas, j’ai passé toute la journée, de 7 h du matin à 10 h du soir, à m’efforcer d’éviter l’opération. Plus tard, quand je suis allé au premier hôpital où la jeune fille avait été admise, à l’intérieur de l’État d’Alagoas, pour essayer de convaincre la famille de renoncer à l’avortement, j’ai eu une surprise. Un ami médecin m’a téléphoné pour me dire qu’un groupe de femmes, des « féministes », avait convaincu la mère de signer une procuration par rapport à la jeune fille et l’autorisait à prendre des décisions à la place d’elle-même, la mère. La jeune fille a alors été emmenée à un autre hôpital, à Recife, où l’avortement a été effectué dès le lendemain. J’en ai été très angoissé.
    Savez-vous comment était la vie de la jeune fille dans la maison où se produisaient les viols ?
    Je regrette : je ne connais pas ces détails. Si quelqu’un est intéressé, le plus simple est d’appeler le prêtre de la ville d’Alagoinha et de le lui demander.
    Comment s’appelle-t-elle ?
    La jeune fille… Comment s’appelle-t-elle? [La question s’adresse aux cinq personnes qui assistent à l’entretien à la demande de l’archevêque ; personne ne le sait.]
    Comment vous sentez-vous face aux critiques et aux attaques ?
    Je tiens à dire que j’ai la conscience tranquille. J’ai fait mon devoir. Je ne pouvais pas prévoir cette réaction au niveau national et international, mais j’aurais du remords si j’avais gardé le silence. Humainement parlant, il est beaucoup plus commode de croiser les bras et de fermer les yeux. Je suis serein. J’espère que les fidèles catholiques vont se rendre compte de la gravité d’un avortement. Nous savons que dans le monde entier il y a 50 millions d’avortements par an. Au Brésil, il y en a 1 million par an. Je veux rappeler ce qui est arrivé au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Hitler, ce dictateur, voulait éliminer le peuple juif et on estime qu’il est arrivé à tuer 6 millions de juifs. Nous ne pouvons pas oublier ce crime. Maintenant, je demande : comment pourrions-nous rester silencieux quand il y a 50 millions d’avortements dans le monde ? J’appelle cela un l’holocauste silencieux. Et nous, chrétiens, nous ne pouvons pas rester sans rien faire.
    Du point de vue de la doctrine de l’Église, quelle est la situation de la jeune fille ?
    Elle n’a pas été excommuniée, parce que ce jugement s’applique uniquement aux personnes majeures. Cette jeune fille va être reçue dans sa paroisse pour recevoir une instruction religieuse. Je ne sais pas si elle a fait sa première communion. Si elle a conscience d’un péché, elle va se confesser et sera pardonnée. Il n’existe pas de péché qui ne soit pas pardonné si on se repent, même ceux qui encourent l’excommunication. L’Église n’applique cette peine que pour amener la personne à se convertir, ou, si elle était catholique, à se conversion de nouveau. Si la personne se convertit, l’Église a le pouvoir de l’acquitter.
    Si vous étiez face à face avec la jeune fille, que lui diriez-vous ?
    Je lui dirais : ce qui est fait est fait. Dorénavant, essaie de pratiquer la religion avec les garçons de ton âge, d’aller à l’église et d’apprendre le catéchisme. Ce serait aussi une bonne chose si les petits enfants, comme avant, savaient dire le Notre Père et l’Ave Maria avant même d’avoir l’usage de la raison.
    Si vous rencontriez le beau-père qui l’a violée, que lui diriez-vous ?
    J’essaierais de le convertir. Je lui demanderais s’il reconnaît qu’il a péché et s’il se repent. Je ne sais pas où il est, s’il est prisonnier. Mais si j’avais l’occasion de le visiter, je lui dirais de demander pardon à Dieu. Je l’aiderais à faire une prière pour demander pardon.
    Croyez-vous qu’une éducation religieuse pourrait avoir évité le viol ?
    Certainement. Et l’avortement aussi. J’ai eu connaissance ces jours-ci d’un cas similaire, mais qui a eu un déroulement très différent. C’est une fille de 12 ans, du Rio Grande do Sul, qui est aussi tombée enceinte de cette façon. La différence est que son médecin m’a appelé en disant qu’il n’allait pas faire d’avortement. Ce cas-là est un exemple édifiant qui, malheureusement, n’a pas beaucoup d’écho dans la presse. Un autre exemple : il y a quelques jours, une femme du même diocèse que la jeune fille de la première affaire (Pernambouc), qui avait un enfant d’un an et demi, est tombée enceinte à nouveau. Elle ne voulait pas avoir ce deuxième enfant. Elle est allée voir un médecin pour avorter, en amenant l’enfant qu’elle avait déjà pour dire qu’elle n’avait pas de conditions. Mais le médecin était catholique et a dit à la femme que, si elle ne voulait pas avoir deux enfants, il allait tuer le premier et lui laisser celui qu’elle avait dans son ventre. La femme a pris immédiatement conscience de la situation, et n’a plus accepté l’avortement.
    Avez-vous déjà fait des sermons contre la pédophilie ou contre le viol ?
    Nous avons une radio catholique dans l’archidiocèse. J’ai une émission quotidien où j’explique au peuple le catéchisme de l’Église. Je lis un paragraphe et je fais un commentaire. Je fais mon devoir. Et je parle de tous les péchés. Personne ne peut dire que dom José ne condamne pas la pédophilie et que dom José ne condamne pas le viol. Mais je ne peux pas parler tous les jours de la pédophilie, ou on penserait que je suis fou. Je n’omets aucun sujet de la loi de Dieu.
    Les adversaires de l’Église sont prompts à évoquer les erreurs du passé, comme l’Inquisition et les persécutions religieuses, et à les projeter dans le présent. L’Église répond rarement. Est-ce à dire qu’elle s’est déshabituée du débat ?
    Non. En fait, la doctrine théologique dit que tout problème théologique, dans l’histoire de l’Église, nécessite de l’écoute pour voir quels sont les avis. La diversité des avis est permise dans l’Église. Ceci étant, quand il s’agit de dogmes, l’Église ne peut pas admettre de désaccord. Qui n’accepte pas ces dogmes est en-dehors. Et un catholique ne peut pas dire que, parce qu’une loi brésilienne permet telle ou telle chose, il peut le faire (divorcer, par exemple) et se considérer quitte. Ce n’est pas vrai.
    Avez-vous quelque chose à ajouter sur cette affaire ?
    Oui : je regrette ne pas pouvoir avoir baptisé ces deux bébés. Je prévoyais une fête pour ce jour, mais il n’est pas arrivé.

  2. Un jugement digne de celui du Roi Salomon ! Merci pour ce témoignage…

  3. “Mais le médecin était catholique et a dit à la femme que, si elle ne voulait pas avoir deux enfants, il allait tuer le premier et lui laisser celui qu’elle avait dans son ventre”.
    Comment s’appelle-t-il ?
    Le médecin… Comment s’appelle-t-il?
    Salomon, non ?

  4. Il faut aussi créer les conditions économiques pour que ces familles survivent sans quoi les enfants tomberont dans la délinquance et les mauvais penseurs diront : “vous voyez bien qu’elle ne pouvait pas avoir plus d’enfants” !
    Il ne faut jamais trop se réjouir des bons mots en terme de foi et de religion. Et si la mère devait se prostituer pour faire vivre sa famille ?

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