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Pays : International

Economie : distinguer les banques de prêts des banques de dépôts

Dans Monde & Vie, Christian Gomez, banquier et docteur en sciences économiques, propose quelques solutions à la crise économique :

"Toutes les propositions qui sont faites actuellement restent dans le moule des réglementations antérieures issues des traités de Bâle de 1986: augmenter le capital, accroître la réglementation, etc. Toutes mesures qui se sont révélées inefficaces car incapables de juguler le risque systémique. En fait, dans la ligne d’Allais, deux axes de réformes doivent être développés.

Sur le plan interne, il faut restructurer radicalement le système bancaire en dissociant la monnaie du crédit. Aujourd’hui, en prêtant ou en ne prêtant pas, les banques maîtrisent la quantité de monnaie en circulation et donc l’économie. Il faut réinstituer le pouvoir régalien de l’Etat. Pour ce faire, Allais propose de distinguer principalement deux types de banques: les banques de dépôts, dont le rôle serait de gérer les dépôts à vue des agents économiques sans pouvoir faire des prêts et en les couvrant à 100 % par de la monnaie de base (émise par la Banque centrale); les banques de prêts qui re-prêteraient les dépôts à terme des clients sans pouvoir faire de la transformation. Un tel système, qui financerait plus efficacement l’économie, éliminerait totalement les effets systémiques que nous connaissons et assurerait une croissance régulière de l’économie.

Au plan international, la première des choses à faire est de fondre l’OMC et le FMI et d’appeler à un nouveau Bretton-Woods afin de définir un nouvel étalon-monétaire à la place du dollar et établir un nouveau régime de changes fixes mais ajustables. Le système de régulation interne a-t-il déjà existé ? Non, en dépit des économistes prestigieux qui ont soutenu des approches similaires dans le passé (Irving Fisher et Milton Friedman entre autres). Contre elle, il y a le poids des idées reçues et le choc des intérêts. Rendre la rente de la création monétaire aux citoyens, sous forme d’une ressource budgétaire, cela ne plait forcément pas à tout le monde, et particulièrement aux banquiers…"

MJ

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8 commentaires

  1. Il ne faudrait pas que le nouveau Bretton Woods donne naissance à une super commission de Bruxelles à l’échelle mondiale…
    Bretton Woods est d’inspiration keynesienne, il ne faut pas chercher plus loin. L’intervention de l’Etat au-delà de ses pouvoirs régaliens est contre productif. Il doit être arbitre, non pas joueur.
    Quant au système de changes fixes, ce serait la dernière des choses à faire. Si les monnaies fluctuent, c’est que les opérateurs ont plus ou moins confiance en elle, ou plus ou moins besoin d’elle. C’set également une variable d’ajustement. Ce n’est pas en figeant le thermomètre que l’on fera disparaître la fièvre.

  2. Dans ce que propose M. GOMEZ, on voit mal comment les banques de dépôt seront rentables : car l’argent déposé ne rapporte rien si on le prête pas, soit au privé (autres banques ou entreprises ou particuliers), soit à l’Etat. La doctrine sociale de l’Eglise admet le prêt et l’Evangile condamne la trésorisation stérile.
    Quant aux banques de prêt, si elles ne reçoivent pas de dépôts, elles devront emprunter aux banques de dépôts ou à l’Etat.
    Ce programme de réforme est assez social- démocrate : il confie à l’Etat un rôle qui n’est pas le sien, et prend le mal comme remède. En effet il semble ignorer que c’est l’Etat qui a provoqué aux USA la crise de l’immobilier dite des subprime.
    Ce n’est pas pas la régulation interne du système bancaire qui a échoué, mais l’interventionnisme de l’Etat. La crise des subprime est née d’une réglementation étatique qui a ”cassé” la régulation interne du système financier américain en donnant à deux organisme para étatiques majeurs la possibilité de prêter à des catégories insolvables, dont le risque a été confié au secteur privé.
    Celui-ci a réagi par une financiarisation du risque, appuyé par la Féd. qui a baissé ses taux pour faciliter l’activité bancaire dans une sorte de fuite en avant. Mais c’est l’Etat américain qui sous Clinton, a mal agi : il a obéi à une idéologie keynesienne socialisante de la relance et de la redistribution, ainsi qu’au politiquement correct de l’anti racisme.
    Selon la grille de lecture de la DSE, l’Etat est sorti de son rôle d’arbitre en se voulant financier et prêteur, donc en ne respectant pas le principe de subsidiarité. Ne sachant pas faire de l’activité économie par définition, il en a faussé les règles et s’est même affranchi de toute prudence, et a entraîné les acteurs privés dans la spirale qu’il avait initiée.
    Que la cupidité ou l’appât du résultat du privé ait accentué la crise est une évidence, mais le marché en soi n’est pas plus moral que l’Etat, lorsque celui-ci abandonne son objectif du bien commun et des règles morales qui le fondent, .
    Cette crise est donc une crise du socialisme keynesien et indirectement de la démocratie : les peuples riches et développés ont fini par penser que tout leur est du à l’infini et indéfiniment, et que ce que le marché ne peut leur donner, c’est à l’Etat de le faire. Or celui-ci ne créant pas de richesse par définition, utilise celle du secteur privé abusivement, soit par le fiscalisme, soit par l’interventionnisme.
    Si la crise économique s’aggrave, on verra les horribles limites du système social démocrate étatique : par rapport à 1929, la masse de gens entièrement dépendants de la redistribution de l’Etat est énorme, et celui ci devra les tenir à bout de bras, alors que ses finances sont à bout dans beaucoup de démocraties dont la nôtre, du fait de sa prodigalité démagogique.
    Aucun système ne peut exister sans morale collective : en jouant en permanence avec le réel, l’Etat démocratique pour plaire et pour satisfaire aux exigences du court terme, crée en permanence le déséquilibre des systèmes collectifs qui forment la société, et tente ensuite de le corriger en intervenant dans l’urgence, en détruisant l’esprit de responsabilité qui naît des libertés des corps sociaux naturels.

  3. Certaines choses, volontairement passées sous silence doivent être rappelées:
    à la suite du krach de 1929, la loi Glass-Steagall avait été promulguée afin d’etablir une cloison etanche entre les depôts des epargnants et les investissements des banques afin, selon la formule, que l’Etat se reapproprie la souveraineté du peuple sur son patrimoine.
    Dans la plus grande discretion cette loi a été abrogée en 1999 par un parlement US aussi corrompu que le nôtre, ce qui a permis l’emergence de colossale escroquerie.
    La veulerie des representants US s’etait dejà manifestée lors de l’adoption sur l’ile Jekyll du Federal Reserve Act qui conferait à une banque PRIVEE le privilege exhorbitant de battre monnaie, adoption réalisée en seance de nuit dans le plus grand secret.
    Voilà comment de soi-disant democraties dirigées par une oligarchie honteuse escroquent les peuples.
    La democratie parlementaire a-t-elle vraiment un avenir ?
    Cette question ferait rire Pericles.

  4. 1. J’ai du mal à concevoir un banquier qui ne prête pas d’argent. C’est gardien de bas de laine, rémunéré comme l’est un garde meuble ?
    2. Quant au “système, qui financerait plus efficacement l’économie, éliminerait totalement les effets systémiques que nous connaissons et assurerait une croissance régulière de l’économie”, c’est comme une météo sans cyclone, des routes sans accidents, une humanité sans péchés, etc… cela s’appelle une utopie.

  5. @ L Cheron
    Lisez correctement sa proposition :
    1- Il est question de banques de DEPOTS et de banques de PRETS. Où voyez vous donc qu’il n’y est plus de prêts ?
    2- Quand les prêts sont garantis (comme cela est écrit), loin de créer le paradis sur terre, ça évite grandement les risques de krach…non ?

  6. @ Pascal G
    Entre capitalisme et communisme, la 3ème voie existe.
    Et elle passe nécessairement par cet adage :
    “Le privilège du souverain est de battre monnaie”
    Tout autre système PRIVATISE la monnaie qui est le SANG de l’économie.
    L’argent est avant tout un moyen et non une fin dont seul un organisme public peut garantir la neutralité. Il s’agit donc là (avec l’armée) d’un pouvoir régalien fondamental de l’Etat.
    Pour info, c’est un système qui a globalement existé avec la Banque de France du temps où elle était nationalisée avant d’être confiée à la famille Rothschild…

  7. Correction sur post précédent : lire thésaurisation et non trésorisation.
    @ Cosaque
    Si aujourd’hui qq grandes banques encore solides avait le droit légal de créer de nouvelles monnaies, celles ci aboliraient progressivement les monnaies monopolistiques trafiquées par les Etats socialisants. Avant que la gauche du Front populaire ne réforme la Banque de France, celle ci était gouvernée par les représentants des grandes banques privées françaises (le ”Mur de l’Argent” des 200 familles), ce qui lui donnait une grande autonomie par rapport à l’Etat : la Banque de France était une institution d’intérêt public, mais gérée de manière privée.
    Le monopole de battre monnaie n’a prouvé son effficacité tant que l’Etat ne manipule pas la monnaie imposée à tous pour combler ses lacunes ou masquer ses erreurs. De plus la stabilité fixe d’une monnaie n’est pas la preuve d’une propérité : le franc fort du XIX ème a fait des Français des rentiers héréditaires avec faible démographie fuyant l’investissement et préférant la rente d’Etat, française ou …. russe….
    Ce sont les années trente qui des USA à l’Europe ont amené la tentation de l’interventionnisme socialisant dans l’économie et la monnaie : ce qui pouvait se concevoir en période exceptionnelle de crise est devenu une habitude qui a perduré dans l’après guerre de 1945 jusqu’à nos jours. Clinton s’est servi de ce qui restait de la période Roosevelt pour jouer avec les régles et créer une euphorie de consommation par la relance au travers du crédit, obligeant la Fédérale réserve à suivre. L’idée que la monnaie nationale seule assure la propérité n’est pas historiquement prouvée : le commerce international a très bien fonctionné dans lea seconde partie du Moyen Age ou au XIX ème siècle avec une multiplicité de monnaies utilisées sur chaque territoire.
    L’histoire économique du XX ème siècle contredit l’idée que l’Etat démocratique, socialisant par nature démagogique, soit à même d’avoir l’impartialité nécessaire pour défendre et garantir les monnaies et les régles de l’orthodoxie financière. La crise actuelle clôt peut-être une période du capitalisme durant laquelle l’Etat devenu socialiste au détriment des corps sociaux naturels a créé le chaos. On ne peut vouloir supprimer les conséquences des cycles économiques sans fausser les équilibres naturels de la société. Il y a eu la chute du communisme : le temps est peut-être venu de la chute du socialisme étatique. Et du monopole étatique sur la monnaie.

  8. @ Pascal
    Vos exemples sont forts intéressants et je vous rejoins entièrement sur la nécessité de la disparition de “l’Etat Providence”.
    Mais Etat Providence et monnaie d’Etat sont 2 notions distinctes.
    Une monnaie d’Etat peut très bien exister dans un Etat Non-Providence…
    Ci-dessous un article long mais très instructif sur le rôle de la monnaie : Aristote, souveraineté, banques centrales…pour qu’enfin la monnaie soit au service de l’homme.
    http://fragments-diffusion.chez-alice.fr/monnaieetsouverainete.html

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