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Bioéthique

Du don de gamètes à l’eugénisme en passant par la chosification

Pierre-Olivier Arduin prévient :

"Dans quelques jours sera lancée une campagne d’incitation au don de gamètes orchestrée par l’Agence de biomédecine. Au printemps, ce sont les femmes et leurs ovocytes qui seront visés, avant que les spermatozoïdes ne suivent cet automne. […] l’Agence de biomédecine s’est plaint de la pénurie de dons de cellules sexuelles censées alimenter la filière de l’AMP hétérologue [Assistance médicale à la procréation avec un donneur extérieur au couple, NDMJ].

Comme tout ce qui tourne autour de l’AMP, nous ne sommes jamais très loin de l’eugénisme. Même si ce point est bien souvent occulté ou ignoré, un entretien est prévu pour permettre entre autres de sélectionner les donneurs. Tout simplement pour écarter ceux qui seraient porteurs de maladies susceptibles d’être transmises à l’enfant conçu via ses cellules sexuelles. Il y a incontestablement une volonté de contrôler en aval la qualité de l’enfant à naître. […]

Ce n’est pas tout. La conception hétérologue ne va plus de soi tant elle bouleverse les repères familiaux. Qu’on le veuille ou non, l’enfant a une mère et deux pères, un père éducateur et légal, un père biologique et anonyme."

Sans parler des absurdités :

"en Grande-Bretagne […] un mariage a dû être suspendu car les futurs époux étaient frère et sœur issus d’un même donneur".

C’est pourquoi, il est nécessaire de plaider pour

"une éthique du respect de l’enfant qui énoncerait le droit d’être conçu par les spermatozoïdes et ovocytes de ses parents […] Avec le don de gamètes, nous […] établissons avec l’enfant un rapport de fabrication où seule compte la matière première, l’ingénierie procréative et le projet parental. C’est une vision spiritualiste des rapports familiaux qui tient pour rien la généalogie et la biologie constitutives de l’histoire de toute personne et qui menace tragiquement la construction de son identité."

Michel Janva

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3 commentaires

  1. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant à sélectionner les donneurs : pensez vous qu’il soit préférable que le donneur puisse transmettre une maladie grave ou soit un drogué?
    Etant moi-même atteint d’une maladie génétique, je ne vois pas pourquoi d’autre devraient être atteints, toutes choses égales par ailleurs (je suis opposé à l’avortement, je ne suis pas idiot au point de prôner ma propre mort). Si l’AMP hétérologue est autorisée, autant éviter de donner la vie à des personnes malades (encore une fois, je ne parle pas de tuer les malades [avortements dit thérapeutiques et assimilés]).
    [Dans l’AMP, il y a quand même des tués : plusieurs embryons sont fabriqués et un seul est élu. Quant aux autres, ils vont dans les poubelles de l’Histoire. C’est aussi cela l’eugénisme. Ne pas vouloir de donneur drogué, soit, et ne pas vouloir de donneur aux yeux bruns, trop petit, etc. cela s’appelle comment ? De l’eugénisme. MJ]

  2. Bonsoir,
    Ce sujet pose effectivement de graves questions éthiques.
    Ceci étant, je suis quand même un peu gênée par cette phrase (qui est une critique) :
    “un entretien est prévu pour permettre entre autres de sélectionner les donneurs. Tout simplement pour écarter ceux qui seraient porteurs de maladies susceptibles d’être transmises à l’enfant conçu via ses cellules sexuelles.”
    Dès lors qu’on accepte qu’il y ait “don” (et c’est bien là qu’est la véritable question), il me semble normal d’écarter au maximum les donneurs “à risque”.
    Je prends pour exemple, sur un autre sujet, le don de sang : jusqu’à présent, les homosexuels ne pouvaient pas donner leur sang, c’était le principe de précaution. Cette mesure est aujourd’hui remise en cause, en raison de “la discrimination” que cela implique. Et pourtant, dès lors qu’il y a “don”, il semble évident de faire le maximum pour que le “don” soit “sain”. Trouvez-vous cela choquant ? Moi je trouverais au contraire choquant qu’il n’y ait pas de tri avant !
    Alors, bien sûr, le sujet est différent, mais il y a quand même des similitudes entre les 2 démarches.
    J’ai écrit plus haut : “dès lors qu’on accepte qu’il y ait un don” ; On peut déplorer et combattre l’idée même du “don”, ça oui. Mais je maintiens que si le “don” est autorisé, alors il est normal de “selectionner” les donneurs.

  3. Ces commentaires me laissent perplexe, car en la matière, je trouve inconcevable ce genre de don, donc je ne me pose pas la question de la sélection des donneurs !
    De toute façon, dans tous les cas, c’est jouer à l’apprenti sorcier.
    Encore une fois, l’enfant n’est pas un droit !!

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