Partager cet article

Non classifié(e)

Double langage des éditions Dupuis

Hypocrisie ou incompétence ? C'est la question que l'on se pose en lisant la réponse des éditions Dupuis suite au scandale produit par la diffusion d'un dessin blasphématoire de Kid Paddle dans une mini BD de Mc Donald.

En effet, la lecture des commentaires d'un article sur cette affaire publié sur le site Actua BD est fort instructive. On y apprend notamment que :

– Contrairement à ce que laisse entendre les réponses de Mme Levivier (retirées depuis du blog Cité et Culture) et des éditions Dupuis, et contrairement à ce que j'avais moi-même fini par croire, le dessin incriminé n'est pas une création réalisée spécialement pour ce livret de McDonald. Comme l'indique un commentaire, "McDonald n’a rien commandé du tout à Midam. Ce gag a été publié dans le sixième tome de Kid Paddle, disponible dans les librairies depuis novembre 2000."

Kid-Paddle-Album-6 Vérification faite, ce dessin figure bien dans le tôme 6 de la série, l'album Rodéo Blork. Il s'insère dans un gag de deux planches où un personnage de jeu vidéo se déguise en monstre femelle, séduit par erreur un vrai monstre, qui du coup l'épouse. Le gag général n'a en soi rien d'antichrétien (comme la série d'ailleurs), mais le dessin du mariage est en effet de très mauvais goût.

La réponse de Dupuis est donc parfaitement hypocrite (ou la personne en charge de la réponse totalement incompétente, je ne saurais dire quel cas de figure est le pire) : faire croire que face aux protestations des lecteurs catholiques ils ont pilonné les livrets (qui de toute façon étaient déjà retirés des menus Happy Meal chez McDonald parce que l'opération Mini BD était terminée) et prétendre prendre des mesures drastiques dorénavant, alors que le dessin en question est toujours présent dans un album édité et diffusé par Dupuis, c'est se moquer du monde.

– Juliette Levivier, journaliste à Famille Chrétienne, affirme : "la société Dupuis n’a pas joué son rôle en vérifiant le contenu de ce qu’elle avait commandé à Midam pour McDo. Ce dessinateur, d’ailleurs, ne sera désormais plus publié par notre groupe". J'ai été surpris par cette affirmation, doutant fortement que Dupuis se sépare d'une série au succès considérable. En réalité, Média Participations fait passer pour une saine réaction ce qui n'est qu'un constat sans aucun rapport avec cette histoire : le contrat du dessinateur Midam avec Dupuis se termine mi-2010, et il a annoncé depuis six mois qu'il souhaitait quitter son éditeur.

L'impression désagréable que l'on retire de cette triste affaire, c'est que Média Participations, de plus en plus interpellé par son lectorat catholique au sujet de ses publications, surtout suite à l'article du Canard Enchaîné, tente de noyer le poisson en abusant de notre crédulité. Aucune réelle reprise en main ni "procédure drastique" n'existe. Quand Dupuis (et les autres maisons du Groupe) auront vraiment fait le ménage, en commençant par nettoyer le Petit Spirou de tous ses immondices obscènes et anticléricaux, nous pourrons commencer à croire en leur bonne foi. En attendant, jugeons sur les actes, pas sur les pieuses déclarations.

Addendum 18h : Sergio Honorez, le directeur éditorial de Dupuis, a publié une réponse sur le site ActuaBD.

Chers Amis d’ActuaBD,

La publication dans un livret McDonald’s de l’illustration de Blorks, ces sympathiques monstres figurant dans la BD Kid Paddle, a fait couler beaucoup d’encre électronique.

Cette illustration, réalisée en 2000, fait partie des milliers d’illustrations, des centaines de gags, imaginés avec talent par Midam, l’auteur de la série. Dupuis est une maison d’édition connue pour cultiver l’impertinence, la fantaisie et le côté « sale gamin » de la bande dessinée, un espace de liberté d’expression bien plus large que celui de la publicité ou de la télévision. Bien entendu, cette impertinence fait parfois grincer des dents : ce fut le cas jadis avec les contre-publicités publiées dans le Journal de Spirou pour (ou plutôt contre) l’enrôlement des jeunes dans l’armée de métier, ce fut le cas pour Le Trombone Illustré, supplément au Journal salué aujourd’hui comme une contribution majeure à la bande dessinée, ce fut le cas pour le premier baiser de Bidouille et Violette.

Si l’un de nos auteurs a choqué ou choque une partie de son lectorat, nous nous en excusons : notre but est de faire rire, pas d’alimenter les polémiques.

Sergio Honorez, directeur éditorial des Editions Dupuis

Ce texte donne une image de Dupuis "cultivant le côté sale gamin de la BD" bien éloignée de la grande époque du journal Spirou quand la charte du Club des Amis de Spirou s'inspirait des dix articles de la loi scoute…

Il est également une preuve supplémentaire que la maison mère de Dupuis n'a aucunement l'intention de faire un recadrage éditorial sur ses publications. Mais ils ont au moins le mérite de s'excuser officiellement.

Partager cet article

13 commentaires

  1. D’après Wikipédia, Dupuis appartient – entre autre – à Média Participations qui édite aussi Fleurus, Mame, Edifa et appartient, entre autre encore, par la famille Michelin.
    Certaines personnes seraient bien avisées de surveiller de plus près leurs participations… ou leurs publications (au choix).

  2. Certes mais ils publient également Famille Chrétienne, un titre diffusé à moins de 60.000 exemplaires et où la publicité abonde fort peu. Le titre et son site sont fort peu rentables. Alors pourquoi ne pas faire payer les anti-catho pour “subventionner” un titre comme F.C. De toutes manières si Médias Participations ne publiaient pas ces immondices quelqu’un s’en chargerait qui lui ne permettrait pas à un média catholique indépendant d’exister.

  3. Les enfant sont-ils accompagnés d’adultes pour leurs sorties MacDo? Il incombe à ces adultes de se préoccuper au moins autant de ce qui alimente leur esprit que de ce qui emplit leurs estomacs.
    Les enfants vont-ils seuls au MacDo? C’est, normalement, que les parents les ont éduqués à choisir, tant pour ce qu’ils mangent que pour les “à-côté”.

  4. @ Pierre-Aelred
    Bien sûr ! Quelle bonne idée ! Publier des immondices pour financer de pieuses oeuvres, c’est génial. Dans la même logique, je suggère au Salon Beige d’animer quelques blogs de vidéos pornos (je vous garantis que c’est un très bon investissement) pour rentrer dans ses frais, et à la Marche pour la Vie de créer un réseau de trafic de drogue pour renflouer ses caisses.
    Sérieusement, avez vous quelques notions de théologie morale ? Depuis quand la fin justifie-t-elle les moyens ? Le fait que d’autres n’ont aucun scrupule à publier des livres ou BD ignobles, bien pires d’ailleurs que ce qu’on peut trouver chez Dupuis et Dargaud, exonère-t-il le moins du monde les propriétaires catholiques de Média Participations d’obéir à leur conscience ?
    D’ailleurs, il existe suffisamment d’excellentes BD chez ces éditeurs (on pense à Astérix, Lucky Luke, Gaston Lagaffe, mais il y en a beaucoup d’autres) qui restent des best-sellers, pour garantir des revenus très confortables.
    L’argument financier pour justifier l’édition de produits immoraux est d’autant plus indéfendable.

  5. @ Cathelineau
    Oui merci, je trouve moi aussi mon idée excellente. Cet exemple vient de haut puisque c’est ce que l’Etat lui-même a fait des décennies durant avec le tabac, l’alcool, les jeux d’argent.
    Soit dit en passant je parle d’activités certes nauséabondes MAIS légales, pour le moment le trafic de drogue est encore illégal.

  6. merci à vous courageux Cathelineau.

  7. J’aime beaucoup les BD (sans doute plus de 1000), mais j’ai toujours trouvé Kid Paddle minable, les textes, les dessins… rien de bon… Tant d’autres sont bien au-dessus de ça et se vendent d’ailleurs beaucoup mieux… continuons à soutenir les autres titres et à les faire découvrir à nos enfants, avant qu’ils ne tombent sur ces immondices… Et puis surtout tenons nous au courant et lisons avant nos enfants pour être prêt à répondre aux questions et argumenter…

  8. Merci cher Cathelineau d’avoir rectifié l’inamissible incohérence!
    Décidément les éditions DUPUIS sont une mine, je viens de découvrir une de leurs productions, visible sur http://www.bedetheque.com/serie-53-BD-Soda.html
    Il s’agit des 12 tomes de la BD “SODA” où l’on voit un prêtre style “tueur” : lunettes noires et “tête” de l’emploi – mais grosse croix au revers – en train de recharger son pistolet après tir sur cible à visage humain. Au dessus de cette dernière est écrit en capitale rouges: “Tu ne buteras point”.
    L'”humour” sur le Décalogue, ferait partie de l’esprit “sale gamin” ? !

  9. Je vais me faire traiter de Cheval de Troie, pourtant je suis catholique, mais aussi collectionneur de Bds. Franchement je ne suis pas choqué par ses dessins et même si on peut leur trouver une portée insidieuse, je trouve cela très sain qu’il puisse y avoir des dessins “anticléricaux”. En effet, ils sont sources de questionnement. Pourquoi un tel dessin? Quel message derrière? Et honnêtement mon attachement à l’Eglise n’en souffre pas. Guitry disait: “celui qui tolère mal la plaisanterie supporte mal la réflexion”.

  10. @ Pierre-Aelred
    Vous êtes allé où à l’école ? Vous avez fait où votre catéchisme ? Tout ça pour ça…
    Alors comme ça il suffit que ce soit légal ou bien que l’Etat donne l’exemple pour que ce soit juste ? Comme l’avortement en somme…
    Pour votre formation, voici un bon cours de morale : La loi du Christ, Bernard Häring

  11. Ces commentaires sont hallucinants. Depuis quand l’anticléricalisme est-il un délit ? Faut-il défendre notre droit à la dérision ? Le mauvais goût, c’est bien connu, est le goût des autres.
    Quant à la BD d’Exupéry, je suis ravi que ce monsieur ait mis le nez dehors, pour la première fois depuis sa naissance. Soda, publié depuis 1989 et écrit par Tome, est l’histoire d’un policier new-yorkais contraint de se faire passer pour un tranquille pasteur pour rassurer sa vieille maman cardiaque. Si vous avez des doutes sur le respect envers les croyants dans cette série, je vous engage à lire le tome 5, “fureur chez les saints”.

  12. Les couvertures des t.1 et 2 exhibent clairement l’image racoleuse d’un “tueur” en habit de clergyman. Pour rassurer sa mamy, la proximité affichée de la Croix et du pistolet, tout comme le “Tu ne buteras point”, sont pour le moins inutiles. Pour chaque acheteur/lecteur qui saisira le prétexte à ce déguisement, combien ne retiendront que cette image de couverture, et son aspect iconoclaste quant à la sincérité évangélique des hommes de Dieu?
    On pourrait continuer avec les titres ou illustrations de couverture d’un goût plus que douteux : tome.2, ” Lettres à Satan”, sur le t.5 (celui qui respecte si bien les croyants!), c’est notre héros qui brandit bien haut un crucifix pour assommer un adversaire (drôle de respect du Crucifié et de sa Croix salvatrice!), le titre du t.7, lui, paraphrase bêtement l’Évangile: “Lève-toi, et meurs”, Celui du t.9 emprunte froidement au Pater : ” Et délivre nous du mal”, etc.
    Bref, assez de temps perdu sur ce sujet.
    Au demeurant, l’éventail des remarques, que ce problème posé par la moralité des éditions Dupuis, a amené sur ce blog est une bonne illustration de ce diagnostic de la sociologue Hélène Riffault :
    Un peu partout on peut observer et conclure à : « une transformation du christianisme dans le sens d’un humanisme transcendant orienté vers l’épanouissement terrestre tout en étant ouvert sur un au-delà dédramatisé. » [en effet cette religion “modernisée” se veut] « dénuée de toute transcendance culpabilisante. » Enfin, même les pratiquants : «… suivent à distance l’évolution générale des mœurs. » (“Les valeurs des Français, pp. 128-29, Presses Universitaires de France, 1994)

  13. Soda est un authentique policier new yorkais dont le père a été tué en service. Soda pour éviter à sa mère les émotions (elle est cardiaque), lui fait croire depuis toujours qu’il est un brave pasteur (pas un prêtre catholique)et qui revêt sa tenue de “clergyman” avant de rentrer dans l’appartement.
    Bien sûr des fois il y a des interférences et dans “le feu de l’action” il est encore en clergyman avec une arme à la main. Néanmoins Soda gardait un caractère moral et le dessin était agréable. Rien à voir avec le Petit Spirou qui est une horreur!
    Rien à voir avec certaines séries d’aujourd’hui(d’ailleurs chaque semaine il y a des reprises de BD anciennes de lucky luck, Spirou groom, etc pour faire le nombre de pages réglementaires et essayer de continuer à montrer une certain image d’un feu Spirou). Cette semaine, par exemple un petit monstre volant qui copule sur sa compagne “monstresse” volant, enfermé dans un bocal, etc…
    La semaine dernière au lycée, Diego, qui couche avec la sympathique boulotte Tamara, est convoité paru un garçon de la classe, un boutonné tombé amoureux fou de beau sudaméricain. Suspens aurons nous un ménage à trois…
    Quant à financer famille chrétienne avec des revues qui rapportent quel qu’en soit le sujet, je ne suis pas d’accord. C’est comme donner une seringue propre aux drogués, ils ne mourront pas tout de suite du sida, mais continueront à se droguer.
    Il faut mieux avoir un journal en moins, mais un catho 100% magistère romain que des tas de journaux dits catho mais qui un jour au l’autre vendront leur âme comme la Vie et de plus en plus la Croix. De toute façon sans être grand clerc on se doute qu’avec la crise, il va y avoir de la casse dans l’édition…

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services