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Dissidence catholique

Sur son blog, Philippe Maxence propose une analyse critique du dernier numéro de Permanences (voir nos précédents posts sur ce sujet ici, ici). Extraits :

"La dissidence, si l’on comprend bien ce terme et que l’on fait effort pour saisir de quoi il s’agit, vise non pas à fuir la politique, mais à choisir d’autres formes d’action que celles envisagées jusqu’ici. […] De ce fait, une réflexion sur l’État qui prend pour référence des textes de Pie XII, Jean Daujat, Marcel de la Bigne de Villeneuve, Gaston Fessard ou Louis Dauménie, textes dont le plus récent remonte à 1962, si l’on met de côté le Catéchisme de l’Église catholique, laisse à penser que l’on ne prend pas suffisamment en compte l’évolution profonde du pouvoir et de l’État séculariste. Un seul exemple : peut-on parler de bien commun dans une «société» qui a les caractéristiques d’une «dissociété» ? C’est-à-dire dans une société qui n’en est plus une ? […] L’État moderne n’est pas seulement un État «déconfessionnalisé» qui pourrait continuer à rechercher, par ailleurs, à la manière des Hussards de la République, un bien naturel sans Dieu. Nous sommes passés à un autre stade qui fait de cet État un État totalitaire ou pré-totalitaire. […]

Le communautarisme est devenu le chiffon rouge que l’on agite aujourd’hui pour se convaincre que son adversaire a tort. Seulement, sous ce vocable, de quoi parle-t-on ? Le terme n’est jamais défini. Parle-t-on d’un communautarisme éthique qui reconnaît et institutionnalise toutes les déviances ? Parle-t-on d’un communautarisme qui vise à diviser la France en communautés ethniques ? Évoque-t-on, au contraire, les communautés intermédiaires nécessaires à une véritable vie sociale, entre la famille, qui n’est pas une communauté intermédiaire, mais la cellule de base, et l’État ? Rien n’est dit. […]

La comparaison avec la société romaine est révélatrice. Nicole Buron nous laisse entendre que les chrétiens ont participé à la vie sociale et politique romaine sous l’empire. La remarque est en partie vraie. Seulement, les chrétiens ont fondamentalement refusé d’adorer des faux Dieu et des idoles, ce qui dans la société païenne de l’époque est un acte de dissidence d’une portée sociale et politique. Autre remarque : l’État païen, aussi sanguinaire qu’il fut, n’a rien à voir avec l’État moderne. […] Il y a un appareil d’État, une prise en main des consciences, une utilisation de l’opinion publique, etc., dans l’État moderne que l’on ne retrouve pas dans l’État païen antique.

Il ne s’agit pas de vouloir imposer un point de vue. Dissidence contre utilisation du système. J’estime, au contraire, que nous avons besoin des deux démarches, parce qu’elles se complètent plutôt qu’elles ne s’excluent. On peut encourager des jeunes professeurs à tenter d’enseigner dans le Public ou l’école sous-contrat tout en faisant tout pour que se développent les écoles hors-contrat. […] La dissidence consiste donc, individuellement et socialement, a adopter des comportements qui récusent la modernité dans ses traductions les plus évidentes : refus de la vie, de la famille, consumérisme, système technicien, économisme, découplage du pouvoir et de la responsabilité. […] De ce fait, chaque acte que nous posons aujourd’hui nous engage et devient ou non un acte de dissidence. […] Soljenitsyne nous a également appris que le premier acte de dissidence est le refus du mensonge. Toujours et partout."

MJ

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2 commentaires

  1. Brillante analyse, merci beaucoup.
    N’est-il pas possible aussi de prendre, radicalement et sans honte aucune, le contre-pied de la “philosophie” des lumières, et de l’attaquer comme un amas de superstitions et de fétichismes ?
    Exemple : l’Etat
    L’Etat est dans l’inconscient collectif paré de tous les attributs de la divinité.
    En même temps, le relativisme moral soixante-huitard reconnaît à chacun le droit de bâtir son “projet de vie” personnel, sans obligation morale ou souci des autres.
    Question : comment dans ce cas, les comportement égoistes de chacun, relayés par une démocratie qui vaut ce que l’on sait, vont-ils se transfigurer pour incarner, par l’intermédiaire de la bureaucratie, le bien absolu en la personne de l’état collectiviste ?
    N’est ce pas là la plus grotesque des superstitions que peuple primitif ait jamais produit ? Et pourtant, elle sous-tend les croyances et comportements de chacun de nos contemporains.
    Et il est bien d’autres superstitions :
    – la raison
    – la science
    – le bonheur (voir le livre remarquable de Pascal Bruckner “l’illusion perpeétuelle)
    – les idéologies.
    Sachons trouver le talent persifleur d’un second Voltaire (qui irait dans le bon sens cette fois) pour dégonfler avec un humour féroce toutes ces baudruches.

  2. D’accord avec furgole.
    a méditer: ” Si nous ne voulons pas précipiter à nouveau le monde dans le malheur, il nous faut renoncer à nos rêves de bonheur universel. ” Karl POPPER
    Si nous sommes …
    “Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau”
    et si nous en prenons plein la g…., c’est la faute à Hegel (inventeur de l’Etat- Providence.)
    La maladie perverse dont nous mourrons aujourd’hui, nous l’avons attrapée il y a deux siècle et demi.

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