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France : Société

Des soldats au maintien de l’ordre ? “oui, malheureusement il risque d’y avoir des morts”

Des soldats au maintien de l’ordre ? “oui, malheureusement il risque d’y avoir des morts”

Des militaires témoignent sur France Info de la dernière mesure de ce gouvernement d’incapables, qui appelle l’armée en renfort pour accomplir du maintien de l’ordre :

“On n’a rien à faire dans ces histoires de ‘gilets jaunes”. “Les mecs de Sentinelle, ce sont tous des militaires, on ne sait pas faire du maintien de l’ordre”. “On a en permanence le gilet pare-balles sur nous et le fusil d’assaut. On n’a pas le matériel de protection que vont avoir les CRS, on n’a pas les protège-jambes, on n’a pas toute l’espèce de carapace qu’ils ont sur eux”.

“Si on se fait caillasser, soit on rentre dans le bâtiment pour se mettre à l’abri, soit on ne peut pas se mettre à l’abri pour X raison. La seule réponse qu’on pourra avoir à ce moment-là, c’est peut-être un coup de gazeuse au début ou un coup de matraque télescopique, mais après s’il y a trop de monde, oui, malheureusement il risque d’y avoir des morts.”

Un autre soldat :

“C’est absurde, c’est du n’importe quoi. On n’est pas préparé à ça. Nous, en termes techniques, on lutte contre un ennemi. Et l’ennemi ne peut pas être la population, ce n’est pas possible. C’est la situation dans laquelle on essaie de mettre les militaires aujourd’hui.”

Un autre :

“Ils ne savent plus quoi faire, ils ne savent plus comment gérer, ils n’ont pas pris encore la mesure de ce mouvement.”

Un dernier :

“Là, il y a un gros problème, ‘on va mettre l’armée et comme ça on va voir ce que ça donne et nous on reste tranquillement où on est'”. “Au niveau des états-majors, ça bouillonne pas mal, les juristes sont dessus pour revoir les règles d’engagement, parce que là aussi, il ne faut pas faire d’erreur.”

Dans Le Figaro, Bénédicte Chéron, spécialiste des relations entre les armées et la société, précise :

[…] En réalité, les lieux où seront déployés les militaires, si l’on en croit les précisions apportées par la suite, sont ceux où ont été largement mobilisées des forces de l’ordre ainsi rendues immobiles samedi dernier, ce qui a été reproché au gouvernement.

[…] Les militaires ne seront pas déployés face aux manifestants mais bien en garde statique autour de bâtiments. Mais rien ne garantit, dans un contexte chaotique, que militaires et manifestants ne se trouveront pas à un moment face à face. La situation n’est pas absolument nouvelle: depuis le déploiement de l’opération en janvier 2015, d’autres mouvements sociaux ont eu lieu. Lors des manifestations contre la loi travail par exemple, il y a eu des face-à-face fortuits parfois tendus. Le sang-froid et le professionnalisme des militaires ont évité tout débordement tragique. Cependant, quand la tension est autrement plus forte, la question est évidemment plus aiguë.

Or, les militaires ne sont pas équipés pour le maintien de l’ordre, ni pour se protéger, ni pour pouvoir réprimer d’éventuels débordements. Leur armement vise à avoir des effets létaux parce qu’il est destiné à porter un dommage à un ennemi que le politique désigne et non à maintenir l’ordre. Ça n’est pas une nuance sémantique ou un débat de techniciens que l’on pourrait résoudre en modifiant leur équipement. C’est une différence cruciale qui tient à la fonction des armées au sein de la société. Leur rôle n’est pas d’assurer la sécurité intérieure.

En ayant recours aux armées dans ce contexte et en jouant sur la confusion, le gouvernement alimente un brouillage entre les fonctions de sécurité intérieure et la fonction militaire. Ce brouillage n’est propice ni à l’apaisement, ni à la compréhension des rôles de chacun. Une opération militaire ne peut être évaluée qu’au regard des causes qui la motivent et des finalités qu’on lui demande d’atteindre. Dans le cas présent, la confusion règne dans les deux domaines.

[…] La question de fond est celle de l’engrenage politique qui a mené à ce que le gouvernement considère cette option comme une voie possible. Observons ce que l’histoire enseigne en la matière: les époques lors desquelles les forces armées ont été employées dans des fonctions de sécurité intérieure et lors desquelles on a placé des militaires face à leurs concitoyens ne sont pas celles d’où les gouvernements sont sortis le plus grandis, et c’est un euphémisme. C’est une leçon que les chefs militaires d’aujourd’hui ont retenue de cette histoire parfois douloureuse. Il n’en est visiblement pas de même du côté du politique.

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6 commentaires

  1. Imaginons que des agents infiltrés, de ceux qui prient pour la république, dépossèdent des militaire de leurs armes ou bien des personnes manipulées par eux, que se passera-t-il ?
    Que feront la prostituée de la banque et le rouleur de pelle en boîte?
    Et après comme un seul homme le peuple stupide votant se jettera dans les bras de la jeune femme blonde égérie de The Economist de l’Ipac?

  2. (Orthographe corrigée)
    La dernière fois que l’armée a reçu mission de maintenir l’ordre remonte à 50 ans et, bien qu’ayant brillamment exécuté sa mission, a mis des années à s’en remettre, ayant été désavouée par le gouvernement qui n’assuma pas cette victoire et fit tout pour pousser les militaires fidèles à leur engagement dans la résistance.
    Que se passerait-il si JUPITER donnait l’ordre à l’armée (il a suffisamment revendiqué son rôle de Chef des Armées) de maintenir l’ordre avec les moyens organiques des militaires (fusils d’assaut, mitrailleuses, blindés lourds, hélicoptères d’assaut, …) ?
    Outre une proportion non négligeable de jeunes engagés issus des mêmes banlieues que nombre de casseurs (diplômés AVEC garantie du Gouvernement), les cadres d’aujourd’hui seraient-ils prêts à suivre le modèle de leurs Grands Aînés ?
    Le feuilleton de l’ego monstrueux de JUPITER se pimente dangereusement…
    ???

  3. Dans le contexte des interrogations de l’ONU sur la situation sociale en France, le message est calamiteux. Un dispositif antiterroriste utilisé comme instrument de répression sociale n’est pas neutre, ni en politique interne, ni sur le plan international.
    On arrive progressivement au comité de salut public.

  4. Bonaparte a commencé son ascension politique lorsqu’il se fit remarquer du comité de salut public pour avoir fait donner le canon contre les manifestants royalistes. Pas de quartier!
    Macron, souvent paré sur ce site d’une couronne de lauriers très napoléonienne, se maintiendra-t-il au pouvoir en faisant canonner le peuple?

  5. Il ne reste plus aux militaires qu’à changer de camp…

  6. l’armée aura t-elle reçu l’ordre de ne rien faire comme au bataclan ou bien de tirer comme à la rue d’isly à alger en 1962 sur des manifestants paisibles et non armés?
    quel drole de pays!

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