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France : Société

Des médecins défendent les méthodes naturelles de régulation des naissances

Des professionnels de santé répondent à la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM), qui dénonçait les méthodes naturelles :

"Nous professionnels de santé, médecins, sages-femmes, pharmaciens, et praticiens de nombreuses autres professions de santé, souhaitons exprimer notre point du vue suite à vos propos sur les méthodes « naturelles » de contraception. Soyons clairs. Tout comme vous, nous déconseillons vivement et explicitement à nos patientes les pratiques dites « naturelles » dont la fiabilité est insuffisante: retrait (ou « coït interrompu »), prévision de la date d’ovulation par « calcul » (cf. méthode Ogino, méthode du calendrier), applications « calendrier » pour smartphone utilisant uniquement un algorithme de prévision, méthode des températures seules, etc.  En effet, il serait anti-déontologique d’encourager des femmes souhaitant éviter une grossesse à utiliser ces pratiques.

En revanche, nous prenons la parole aujourd’hui pour porter à votre attention les Méthodes d’Observation du Cycle (MOC). Non, les "méthodes naturelles" telles que vous les définissez ne sont pas toutes les mêmes. Par exemple, le retrait n'a rien à voir avec les méthodes d'observation du cycle scientifiques récentes. Non, la méthode Ogino n'a rien d'une méthode d'observation du cycle car elle se base sur la longueur des cycles habituels (comme la médecine classique d'ailleurs) et non sur la vie quotidienne, en temps réel, de chaque femme.

Wikipedia-billingsMises au point par des scientifiques entre 1960 et nos jours, les MOC reposent sur une connaissance approfondie de la physiologie gynécologique. Elles utilisent un protocole d’observation et d’analyse quotidienne des signes cliniques de fertilité, bio-marqueurs fiables de l’état d’avancement du cycle menstruel. Ces méthodes sont tout sauf aléatoires. Elles sont très précises et rigoureuses. Leur pédagogie d’enseignement aux femmes et leur fiabilité au quotidien ont été validées par des études de haut niveau de preuve. Elles font donc partie des méthodes « evidence-based » de gestion de la fertilité!

Lorsque nous rencontrons une patiente souhaitant avoir plus d’informations sur son cycle, ou souhaitant un mode de contraception plus sain, nous lui conseillons ces méthodes scientifiques, pour lesquelles une formation initiale et un suivi par des instructeurs certifiés sont indispensables, avant d’atteindre une certaine autonomie. Quelques éléments-clés:

  • Nous insistons sur la nécessité absolue de se former auprès d’instructeurs qualifiés, de suivre les consignes de la méthode, et d’interpréter les signes cliniques observés au jour le jour. Pas de prévisions, pas de « bricolage », sous peine de voir la fiabilité disparaître!
  • Nous ne sous-estimons pas les difficultés liées au début de l’utilisation des MOC.
  • Nous expliquons précisément que ces méthodes requièrent une importante motivation personnelle de la part de la femme et/ou du couple souhaitant les utiliser.
  • Nous expliquons clairement que la fertilité de la femme est intacte, et donc qu’un rapport sexuel en période fertile conduira potentiellement à une grossesse, même si le couple utilise une méthode barrière.
  • Nous n’imposons à personne l’utilisation de telles méthodes. Le libre choix est primordial, comme toujours en médecine.

Les principales méthodes d’observations du cycle evidence-based enseignées en 2018 sont les suivantes :

  • Méthode de l’Ovulation Billings, développée par les Docteurs Evelyn et John Billings (observation de la glaire cervicale);
  • Méthode FertilityCare, également appelée Modèle Creighton, développée par l’Université Creighton, Nebraska, USA (observation de la glaire cervicale);
  • Méthode Sympto-thermique, développée par plusieurs équipes universitaires à travers le monde, dont le Docteur Rötzer, en Autriche (observation de la glaire cervicale et de la température basale, voire de la position du col utérin).
  • Méthode Marquette, développée par l’Université Marquette, Wisconsin, USA (observation de la glaire cervicale et tests urinaires de LH et oestradiol, voire température basale).

Nous soulignons également que la recherche est continue concernant ces méthodes! Des études récentes continuent à être publiées.  Les protocoles scientifiques de chaque MOC continuent à évoluer, et de nouvelles MOC voient le jour, selon les données actuelles de la science.

Non, la fiabilité de ces MOC (méthodes d'observation du cycle) n'indique pas un indice de Pearl entre 15 et 18% (comme nous le voyons sur de nombreux sites (officiels) d’information sur la contraception, mais une fiabilité comparable à celle de la contraception orale oestro-progestative (première contraception des femmes françaises). A titre d’exemple, la symptothermie est citée par l’OMS comme ayant un Indice de Pearl théorique (IPT) de 0.4, et un IP pratique (IPP) de 2. (Rappel : l’indice de Pearl est le nombre de grossesses observées pour 100 femmes pendant 12 mois d’utilisation d’une méthode contraceptive). Pour la contraception orale oestro-progestative, IPT=1 et IPP=8; pour le préservatif masculin, IPT=2 et IPP=15.

Voici un tableau résumant les taux d’efficacité de certaines de ces méthodes.

D’ailleurs, les MOC ne sont pas simplement une « contraception naturelle ». Elles sont bien plus que cela, car elles permettent aussi aux couples en désir d’enfant de concevoir plus facilement (identification de la période fertile).

De plus, comme vous l’avez souligné dans le communiqué du 22/02, de nombreuses femmes présentent des symptômes gynécologiques (règles douloureuses, syndrome prémenstruel marqué, cycles irréguliers…). Utiliser les MOC, ce n’est pas être passif face à la gêne de nos patientes. Au contraire! Les MOC permettent aux femmes de suivre leur santé génésique en observant leurs biomarqueurs de fertilité. Les femmes deviennent alors les premières actrices de leur santé. Les MOC permettent de pratiquer une gynécologie plus complète, utilisant le tableau d’observations comme outil sémiologique, afin de diagnostiquer précisément la cause de la pathologie, et de traiter précisément cette cause (ce que ne fait pas toujours le contraceptif hormonal). Les MOC ont donc toute leur place dans notre pratique médicale quotidienne. A l’image de l’ETP (éducation thérapeutique du patient), dont la place est croissante dans nos exercices, nous pourrions imaginer une IMP (information menstruelle de la patiente). […]

Chers Confrères, quand cesserons-nous de faire croire aux femmes que les méthodes scientifiques d’observation du cycle sont archaïques? peu fiables? approximatives? aléatoires? Quand cesserons-nous de leur laisser penser que sans nous professionnels de santé, elles ne peuvent se connaître? Les femmes ont le droit de comprendre comment fonctionne leur organisme. Les femmes en sont capables. […]"

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2 commentaires

  1. Merci beaucoup

  2. Bravo!

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