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Pays : Etats-Unis

Depuis que Trump s’est porté candidat en 2015, on annonce régulièrement qu’il est cuit…

Lauric Henneton, maître de conférences à l'Université de Versailles Saint-Quentin, fait pour le Figarovox un bilan d'un an de présidence Trump. Extrait :

KUuht00m_400x400"Par son action comme par sa communication, Trump est extrêmement clivant, ce qui est à la fois une force et une faiblesse, et il faut distinguer ce qui semble constituer une victoire à court terme mais peut se transformer en boulet à moyen ou long terme, de même qu'il faut aller au-delà des tweets et regarder ce que Trump fait plutôt que ce qu'il dit et comment il le dit. Il joue au chat et à la souris avec les médias et s'adresse, par-dessus les élites, à un électorat qui lui reste fidèle.

Le bilan est contrasté et chaotique et il est encore tôt pour apprécier l'impact dans la durée des actes et des déclarations de la première année. Par ailleurs, les «fans» de Trump – son noyau de 35 à 40 % de sympathisants qui restent fidèles envers et contre tout – trouvent son bilan globalement positif, alors que ceux qui l'ont toujours détesté n'y voient qu'une suite de catastrophes. On en saura plus d'ici un an, déjà parce que les élections de mi-mandat vont probablement modifier l'équilibre des forces au Congrès, et il faut bien garder en mémoire que du fait de la séparation des pouvoirs, le Congrès peut constituer une forme d'opposition. Barack Obama a beaucoup souffert de cette situation inconfortable, qui revient en quelque sorte à une cohabitation. L'autre poche de résistance se situe dans l'appareil judiciaire, à la fois à la Cour suprême, qui peut décider d'invalider telle ou telle décision, mais également au niveau des juridictions inférieures, qui ont déjà invalidé certains aspects des décrets migratoires successifs. […]

On parle peu de l'action de Trump en matière de justice. Trump n'a-t-il donc rien fait dans ce domaine?

Si, et c'est peut-être là où il a été le plus actif. Neil Gorsuch, le juge qu'il avait proposé pour remplacer Antonin Scalia à la Cour suprême, a été confirmé par le Sénat, ce qui a constitué sa première grande victoire dans ce domaine. Le soutien des évangéliques blancs et plus largement des conservateurs sociaux (y compris certains démocrates du Sud et de la Rust Belt) tient d'abord à cette capacité à nommer des juges conservateurs. Ils voient donc Trump comme un moyen, évidemment pas une fin.

Et les élections de novembre sont extrêmement importantes à cet égard: une majorité démocrate au Sénat priverait Trump (donc ses soutiens) de toute perspective de donner une coloration plus conservatrice à la Cour suprême au moins jusqu'en 2020. C'est donc un enjeu considérable. Les médias s'intéressent très peu aux niveaux inférieurs, mais il a été particulièrement actif dans les nominations, plus que ses prédécesseurs, et plus que dans d'autres domaines, largement dépourvus, de l'appareil d'état.

[…] le Dow Jones remonte de manière continue depuis mars 2009 et la fin de la Grande récession, de même que la croissance et la bonne santé de l'emploi précèdent l'arrivée au pouvoir de Trump. En revanche on remarque en effet une accélération de la hausse du Dow Jones depuis l'arrivée de Trump, et dans une moindre mesure du NASDAQ. C'est peut-être lié à Trump et à sa volonté de déréguler l'économie, mais c'est lié aussi à la majorité républicaine qui facilite la mise en œuvre de cette politique.

[…] Disons que Trump a survécu à sa première année. Il a obtenu des victoires symboliques dans différents secteurs: sur le plan international (reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël sans embrasement du Moyen-Orient), sur le plan intérieur (réforme fiscale historique par son ampleur), sur le plan institutionnel (nomination du juge Gorsuch à la Cour suprême), ainsi que sur l'immigration, puisque ses décrets successifs ont été mis en échec mais qu'une partie importante a été confirmée par la Cour suprême.

[…] C'est simple, depuis qu'il s'est porté candidat, en juin 2015, on annonce régulièrement qu'il vient de commettre l'irréparable et que cette fois, il est cuit, il vient d'exploser en vol. Force est de constater d'abord qu'il a emporté la primaire contre le parti républicain, qui a dû se rallier à lui souvent en se pinçant le nez, puis qu'il a emporté l'élection présidentielle en novembre, certes en étant minoritaire en voix. Mais on aurait pu s'attendre à ce qu'un tel personnage, après un an de chaos, serait à un niveau de popularité bien plus faible. Le Congrès est nettement plus impopulaire, par exemple, et ce depuis fort longtemps.

Sa réélection passe par une première condition, qui est de ne pas descendre en dessous de ce socle, très stable depuis un an. D'autres conditions sont plus conjoncturelles: l'état de l'économie, notamment du marché de l'emploi, est important, avec les nuances évoquées plus haut. Il a également besoin de montrer qu'il a tenu certaines promesses, et que c'est l'obstruction de ses adversaires qui l'a empêché de tenir les autres. Et il a besoin d'un adversaire en 2020 qui soit suffisamment faible ou clivant pour ne pas l'emporter.

Une des clés au niveau national restera l'électorat populaire blanc, qui vote parfois démocrate au niveau local, mais a voté Trump à la présidentielle. Si ces électeurs continuent à ne pas se reconnaître dans le parti démocrate national, et à se sentir méprisé, et que dans le même temps les républicains arrivent à mobiliser leur électorat, et notamment les évangéliques, Trump peut soit limiter les dégâts, soit être réélu, sur un scénario comparable à celui de 2016, où l'on a encore pu vérifier qu'il n'était pas indispensable d'être majoritaire en voix. Il serait très imprudent d'exclure d'office une réélection de Trump. Son élection a montré que tout était possible, même ce qui paraît totalement irrationnel."

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5 commentaires

  1. Maitre de conférence d’université!!! et d’une université française qui plus est! Mais qui peut encore prendre en considération ce qu’un universitaire français raconte ? plus grand monde excepté lui-même. Aussi je ne crois pas un seul mot de ce que ce type peut bien raconter sur Trump. .

  2. sur franceinfo, c’est la faute de Mélanie Trump si un Magnolia qui risqué de tomber sur la verrière a été abattu, il vaut mieux en rire!!
    la bêtise des journalistes devient pathétiques, est-ce de la médiocrité ou du politiquement correct?
    PAUVRE FRANCE

  3. @ohlala
    Hélas, ce n’est pas de la bêtise, c’est de la mauvaise foi, c’est vouloir que ses fantasmes deviennent réalité, contre la Réalité elle-même.
    il a peu, un “quotidien catholique annonçait que la santé mentale du Pdt Trump inquiétait de plus en plus les psychiatres… soutenir les pro-vie signe évidemment une démence précoce.
    Ce monde se suicide, opiniâtrement !

  4. Ce maître de conférences peut-il nous expliquer clairement ce que ” clivant” veut dire. Ce mot a un sens clair en minéralogie mais en politique alors là c’est devenu une tarte à la crême sémantique.
    Sur le fond il me semble que Trump est plutôt en train de faire sauter le clivage entre le pays réel et le pays légal, au profit du pays réel. Tant mieux pour les Américains. C’est ce que je souhaite aux Français.

  5. Je lis les commentaires “déçus”…
    Et pour ma part le bilan est bien loin d’être contrasté et chaotique!!!
    D’ailleurs, encore hier, à Davos, dans son discours, ce Président a osé rappeler aux autres représentants d’agir pour leur pays!!!
    Mais c’est vrai que, LUI, a des enfants, contrairement à Emmanuel Macron, bien sûr, mais encore Angela Merkel et Theresa May, et aussi l’Écossaise Nicola Sturgeon, l’Italien Paolo Gentiloni, le Néerlandais Mark Rutte, le Luxembourgeois Xavier Bettel, le Suédois Stefan Löfven et enfin Jean-Claude Juncker lui-même.
    Comparons les divers bilans de ceux-là!
    Et même après 1 an, pour le pdt français aux moeurs plus libérales que sa vision économique!

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