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France : Société

Débaptêmes

Quelques énarques oisifs s’occupent en ce moment à lancer des injonctions à l’Armée de terre. Fautes de pouvoir débaptiser la France, ils se piquent de vouloir débaptiser une promotion de l’école spéciale. Mais à quelle belle promotion appartiennent ils eux mêmes ? S’agit il de la promotion Saint-Just ou bien Robespierre ? Laissons Hippolyte Taine nous brosser le portrait de chacun de ces deux monstres. Voici pour le premier :

« Saint-Just, sorte de Sylla précoce, qui, à vingt-cinq ans, nouveau venu, sort tout de suite des rangs et à force d’atrocité se fait sa place. Six ans auparavant, il a débuté dans la vie par le vol domestique : en visite chez sa mère, il est parti de nuit, emportant l’argenterie et des bijoux qu’il est venu manger dans un hôtel garni, rue Fromenteau, au centre de la prostitution parisienne ; là-dessus, à la demande des siens, on l’a enfermé six mois dans une sorte de maison d’arrêt. De retour au logis, il a occupé ses loisirs à composer un poème ordurier d’après la Pucelle ; puis, par une contraction furieuse qui ressemble à un spasme, il s’est lancé, la tête en avant, dans la révolution. « Un sang calciné par l’étude », un orgueil colossal, une conscience hors des gonds, une imagination emphatique, sombre, hantée par les souvenirs sanglants de Rome et de Sparte, une intelligence faussée et tordue jusqu’à se trouver à l’aise dans l’habitude du paradoxe énorme, du sophisme effronté et du mensonge meurtrier, tous ces ingrédients dangereux, amalgamés, dans la fournaise de l’ambition refoulée et concentrée, ont bouillonné en lui longtemps et silencieusement, pour aboutir à l’outrance continue, à l’insensibilité voulue, à la raideur automatique, à la politique sommaire de l’utopiste dictateur et exterminateur »[1].

Voici maintenant pour Robespierre, la hyène parfumée :

« D’un bout à l’autre de la Révolution, Robespierre sera toujours, aux yeux de Robespierre, l’unique, le seul pur, l’infaillible, l’impeccable ; jamais homme n’a tenu si droit et si constamment sous son nez l’encensoir qu’il bourrait de ses propres louanges. — A ce degré, l’orgueil peut boire la théorie jusqu’au fond, si répugnante qu’en soit la lie, si mortels qu’en soient les effets sur ceux-là mêmes qui en bravent la nausée pour en avaler le poison. Car, puisqu’il est la vertu, on ne peut lui résister sans crime. Interprétée par lui, la théorie divise les Français en deux groupes : d’un côté, les aristocrates, les fanatiques, les égoïstes, les hommes corrompus, bref, les mauvais citoyens ; de l’autre côté les patriotes, les philosophes, les hommes vertueux, c’est-à-dire les gens de la secte ».

Est-ce au nom de ces maîtres dans l’horreur, que de jeunes incultes viennent nous faire la leçon ?

[1] Hippolyte Taine, Les origines de la France contemporaine, La Révolution II, Paris, Hachette, 1879, p. 421

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2 commentaires

  1. Justement si les promotions de dégénérés de cette école néfaste peuvent cesser de souiller le nom de Saint-Cyr c’est plutôt positif !
    Qu’ils baptisent leur promotions “Lucifer”, “Belzébuth” ou “Asmodée” et chaque chose sera à sa place.

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