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Pays : International

De Kerviel à la Grèce : le problème de l’argent virtuel

De Jean Rouxel dans Les 4 Vérités :

"Cette semaine doit sortir un
livre de Jérôme Kerviel, le
fameux trader qui a fait
perdre 5 milliards d’euros à la
Société générale. […]
Kerviel affirme que jamais il
n’aurait pu faire ce qu’il a fait
sans le soutien passif et implicite
de ses supérieurs et des
instances de contrôle de la
banque.
Il donne un exemple impressionnant
pour justifier ses dires.
Selon lui, au cours des trois ans
qu’il a passés comme trader à la
Société générale, ses objectifs
de gain ont augmenté de
1700 % (oui, mille sept cent !).
Pourtant, ils ne commençaient
pas spécialement bas : son premier
objectif annuel était de
3 millions d’euros !
Il arrive un moment où les chiffres
deviennent purement virtuels,
de simples jeux d’écritures

Mieux encore, au cours de sa
dernière année d’exercice,
Kerviel a, de son propre aveu,
effectué 358 milliards (!) d’opérations
fictives. Et il demande :
comment tant d’opérations
auraient-elles pu passer inaperçues
?
Nous l’avions dit abondamment
lorsque l’affaire a éclaté, le problème
n’est pas Kerviel. Le problème,
c’est cet argent virtuel…
qui pourtant n’est pas un simple
jeu, puisqu’il pèse de tout le
poids de ses zéros sur l’économie
réelle.
Ne serait-ce que parce qu’il conduit les investisseurs
à délaisser des valeurs industrielles
solides, mais ne rapportant
« que » 5 ou 10 % par an !

Par un curieux hasard du calendrier,
ce retour de Jérôme
Kerviel sur la scène médiatique
est exactement concomitant
d’une nouvelle étape de la crise
des finances publiques grecques.
Bien qu’il s’agisse d’un côté de
capitaux privés et de l’autre de
finances publiques, le mécanisme
est le même. Il s’agit d’argent
virtuel.

Dans l’affaire grecque, les États
européens s’engagent – moyennant
des coupes drastiques dans
l’État-providence grec (qui,
pourtant, n’est certainement pas
plus ventripotent que le nôtre) –
à prêter des sommes colossales
(qui se chiffrent en dizaines de
milliards d’euros) dont ils n’ont
pas le premier sou.
Tout est absurde : le FMI, financé
par des États en faillite, s’associe
avec ces mêmes États pour augmenter
la dette publique d’un
État qui meurt précisément de
sa dette publique
. C’est bien une
opération aussi fictive que les
celles de Kerviel…"

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4 commentaires

  1. M. ROUXEL est dans le vrai. Mais si le système financier joue de l’effet levier pour multiplier fictivement les capitaux de départ dans ces opérations de trade, c’est parce que les régles comptables et bancaires internationales les autorisent à ces pratiques.
    Pourquoi ?
    Pour permettre aux traders de s’enrichir, certes. Mais ce sont surtout les Etats et les classes politiques qui trouvent dans ces pratiques les moyens de financer leurs déficits et leurs dettes croissantes depuis les années 70 : les Etats ont cassé le thermomètre du système financier, parce qu’eux-mêmes se sont déconnectés du réel. On a vendu aux citoyens une aisance fictive, celle du crédit sans contrôle aux USA ou ailleurs, et celle de la redistribution à tout va en Europe, avec les caricatures de l’Etat grec ou de l’Etat français. On a fait croire que la croissance est un dû et que c’est un phénomène garanti indéfiniment par l’Etat et ses lois, sans tenir compte de l’investissement et des entreprises.
    Regardons bien la Grèce et les décisions qui y sont prises : nous devrons en prendre de semblables dans qq années en France.
    L’Espagne dévisse, avec le Portugal. Nous suivrons. Et alors finie la comédie de l’Etat papa et maman tout à la fois.

  2. D’où la sempiternelle question: qu’est ce qu’un milliard d’euros quand on ne les a pas ?

  3. Pour un dollar d’économie réelle, les marchés manipulent 70 dollars d’économie spéculative et donc fictive. Devant un tel rapport, il ne faut pas être étonné de ce qui arrive!!

  4. Kerviel a triché en utilisant les failles du système, comme on l’avait déjà vu avec la Barings et Nick Leeson. Plus il faisait faire des bénéfices à sa banque, plus son bonus augmentait.
    Un des problèmes de la banque comme d’ailleurs de beaucoup d’autres secteurs, c’est la disparition du contrôle humain au profit des ordinateurs qui ne sont pas toujours correctement paramétrés.
    Plus que l’organisation de la finance, alors que l’argent depuis sa création a toujours été plus ou moins virtuel avec notamment de la spéculation ou encore les lettres de change, c’est d’abord l’organisation de l’économie par des démagogues totalement déconnectés du réel, avec la collaboration d’une presse amicale, qui est à l’origine de nos problèmes. Les responsables politiques portent bien leur nom : ils sont responsables.

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