Partager cet article

Culture de mort : Idéologie du genre

Confusion entre l’égalité et la déconstruction des genres

Chronique de Brice Couturier sur France Culture :

"La philosophe Chantal Delsol posait crûment la question dans une tribune publiée, hier, par Le Figaro : « Les parents sont-ils capables d’éduquer leurs enfants ? » En effet, observe-t-elle, en démocratie, on estime les citoyens assez avertis pour désigner eux-mêmes leurs dirigeants. Mais paradoxalement, il semble que cet Etat, dont ils ont eux-mêmes choisi les responsables, les juge incapables d’éduquer leurs propres enfants. Une certaine tradition républicaine prétend, en effet, les arracher aux préjugés entretenus et transmis dans le milieu familial. Et s’arroger, donc, l’éducation des enfants.

Revenant sur l’échec de la Révolution de 1789, vous avez estimé, Vincent Peillon, que celui-ci provenait, pour partie, du fait qu’elle n’avait pas su gagner les consciences. Elle aurait dû, écriviez-vous dans la revue Cités, « changer les mœurs et les consciences » Car – je vous dite encore – « l’enjeu n’est pas seulement le pouvoir matériel, mais aussi le pouvoir spirituel. A s’en désintéresser, on en laisse le monopole à l’Eglise, du côté de l’obscurantisme, de la conservation, voire de la réaction. »

Vous vous revendiquez d’une tradition, assez méconnue, celle du spiritualisme républicain qui, à la fin du XIX° siècle, s’opposait à la fois au fidéisme catholique, d’un côté et au matérialisme positiviste, de l’autre, alors que ces deux courants en guerre, se partageaient globalement les esprits. L’espace entre eux était réduit, mais cela n’empêcha pas l’un de ses représentants les plus éminents, Ferdinand Buisson, d’exercer une profonde influence sur la création de notre école publique, gratuite et laïque.

Ferdinand Buisson, qui était protestant – il fonda en 1869, l’Union du christianisme libéral – a beaucoup contribué à forger la conception, si particulière, que nous avons, en France, de la laïcité. La laïcité républicaine, ce n’est pas l’imposition obligatoire de l’athéisme, contrairement à ce que pensent nombre de ses adversaires, mais aussi certains de ses partisans déclarés. Elle se veut, au contraire, dans le conception de Ferdinand Buisson ( voir son fameux Dictionnaire de Pédagogie) une forme de neutralité. Neutralité entre les croyances, comme envers les idéologies. Comme le sécularisme.

Mais en même temps, et c’est toute l’ambiguïté, elle ne renonce pas à proposer un substitut aux croyances religieuses. D’où l’idée de « spiritualité républicaine ». Elle tend également à promouvoir une morale laïque, alternative à la morale chrétienne. A l’époque de Ferdinand Buisson et d’Ernest Lavisse, il s’agissait d’un mélange de sens civique, d’esprit critique et de patriotisme. Les familles étaient jugées insuffisamment capables de transmettre cet esprit, dont la République avait besoin pour se défendre contre les forces politiques qui contestaient sa légitimité, et pour préparer la revanche contre l’Allemagne.

Or il semble à certains parents qu’aujourd’hui, à nouveau, l’école ait décidé de substituer à eux. Non plus pour en faire de futurs soldats de la République, mais pour hâter la réalisation de l’égalité entre les sexes et la lutte contre les discriminations. Au passage, on semble avoir confondu dans certains bureaux, l’égalité entre les hommes et les femmes, qui devrait faire l’objet d’un relatif consensus, et la déconstruction des genres, qui n’a rien à voir. La première vise l’égalité d’accès effective des garçons et des filles aux emplois et aux salaires. La seconde prétend s’attaquer aux identités de genre et à ce qu’elle appelle « la norme hétérosexuelle ».

Certaines familles s’en inquiètent. Elles ont le sentiment que l’Etat cherche à les déposséder de leur rôle afin de bloquer la transmission de leurs traditions. C’est d’autant plus mal ressenti que l’appartenance à la communauté nationale est plus récente et que la culture d’origine se sent objet de méfiance dans le pays d’accueil. C’est l’une des raisons, selon Olivier Roy, de l’éloignement de la gauche, de certains milieux musulmans, que l’islamologue décrit comme « plutôt conservateurs sur le plan sociétal, attachés aux valeurs, à la famille et libéraux sur le plan économique ».

Pour reprendre la distinction fort utile posée autrefois par Régis Debray entre démocrates et républicains, il me semble que les démocrates, spontanément sécularistes, acceptent bien volontiers que les familles transmettent à leurs enfants les valeurs qu’elles souhaitent, misant sur le fait qu’à l’âge adulte, chacun décidera ce qu’il convient de conserver de cet héritage. Les républicains, au contraire, entendent unifier la société autour de valeurs communes, qui sont celles de la laïcité. Jusqu’où l’école peut-elle aller lorsqu’elle va à l’encontre des valeurs propres à chaque famille ?"

Partager cet article

10 commentaires

  1. La laïcité à la française c’est la propagation de l’athéisme et le moyen de réaliser une société à l’opposé de la société chrétienne. Cette opération est sur le point de réussir.
    Quant à la laïcité “forme de neutralité, cela n’a pas de sens car comme le disait Jean Jaurès et bien d’autres : la neutralité c’est le néant. En fait il n’y a rien de neutre et surtout pas les enseignants.

  2. Je lis sur le salon Beige que Mr Peillon n’a pu se rendre à Chambéry ce 20 février. Motif : malade. Il s’agit sans doute d’une maladie très diplomatique pour ne pas croiser les LMPT, car ce matin je l’ai entendu en pleine forme sur France Culture de 7h30 à 9h. A cette occasion, il a sorti une belle perle digne d’un vieil apparatchik léniniste : après un plaidoyer enflammé sur les vertus de la démocratie, et spécialement sur la diffusion des « valeurs » de la démocratie dans les cerveaux des écoliers de France, il a répondu à la question suivante (de bon sens de la part du journaliste) : Vincent Peillon, allez-vous tenir compte des critiques de certaines familles sur la diffusion de l’ABCD de l’égalité et du genre ? Réponse : « Certainement pas. » Juste Ciel, vive la démocratie !
    Bien cordialement

  3. Que Chantal Delsol aille plus loin dans son analyse et reconnaisse qu’il faut un roi à la France: Henri IV a préservé la paix entre huguenots et catholiques et permis aux uns et aux autres de transmettre leurs valeurs à leurs enfants.
    Pense clair et marche droit, Chantal! A la France il faut un roi! :-)

  4. Le bon sens et la vérité frissonneraient-ils sur France Culture?

  5. Un petit lien reçu de ma faculté..mais ce n’est qu’une rumeur…
    http://lescartesiens-asso.fr/parite-femmeshommes/
    Et le texte qui allait avec le mail :
    Les associations de Doctorants et Docteurs de l’Université Paris Descartes, Les Cartésiens, de l’Université Paris Diderot, Di.Docs, et de l’université Sorbonne Nouvelle, BDP3 et Relisons vous invitent à la Journée sur la Parité Femmes/Hommes dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche qui se tiendra à l’Université Paris Descartes à Paris le vendredi 21 février 2014.
    Cette rencontre a pour but d’informer et de réfléchir à la parité femmes/hommes dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche, mais également de présenter des exemples de bonnes pratiques déjà développées dans certains instituts.
    Programme de la journée :
    9h30: Ouverture pas Agnès Netter – Cheffe de la MIssion pour de la PArité et de la lutte contre les discrimations du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
    10h: État des lieux:
    Carole Chapin – Eurodoc & CJC
    Aurélie Coubart – CJC
    11h pause
    11h30 Raisons de l’inégalité femmes/hommes dans le milieu professionnel:
    Céline Petrovic – enseignante et chercheuse sur le genre et l’éducation
    12h30 déjeuner
    14h Bonnes pratiques et objectifs
    Gabrielle Costa de Beauregard – Sorbonne Paris Cité
    Colette Guillopé – Associations Femmes et Sciences
    Françoise Picq – Association Nationale des Etudes Féministes
    Rebecca Rogers – Chargée de mission parité à Paris Descartes
    15h pause
    15h30 Harcèlement
    Christine Gruson – membre de la CEVIHS Lille
    Rachida Lemmaghti – Chargée de mission égalité au PEFH de Paris Diderot
    16h30 fin de la journée

  6. Leur histoire d’égalité est une vaste fumisterie !
    Et ils le savent puisque l’expérimentation en Norvège à montré que malgré des années de matraquage les garçons continuent a jouer aux petites voitures et les filles à la poupée…Et que les adultes s’orientent toujours vers des métiers d’hommes ou de femmes.
    Au point que la Norvège fait marche arrière sur toutes ces théories fumeuses (qui toutes sans exception émanent à l’origine de personnes dérangées mentalement.)
    http://www.youtube.com/watch?v=PfsJ5pyScPs

  7. L’égalité, base de la doctrine socialiste, est la négation de l’Humanité, l’Homme étant discriminable par nature.
    L’égalité ne doit pas être confondue avec l’équité, traitement identique de situations identiques. C’en est d’ailleurs une négation, l’égalité imposant un traitement identique a des situations diverses.
    C’est pour ça que les doctrines socialistes finissent systématiquement en dictature plus ou moins soft ou en guerre.

  8. D accord avec vous DUPORT !
    Un système ne peut fonctionner, le courant ne peut exister que s’il existe une DIFFERENCE de potentiel entre DEUX SOURCES PLUS et MOINS. Aucune n’est une dévaluation de l’autre. La COMPLEMENTARITE HOMME-FEMME est fondamentale, matériellement, et spirituellement. Les lois physiques et les lois morales cohabitent harmonieusement relativement à la sagesse de Dieu. L’homme est libre d’adhérer aux lois morales, et peut les ignorer ou les fausser par des ajouts institutionnels débiles comme tente de le faire le PS inféodé qu’il est à l’antéchrist mondialiste. En fait ces idées sont le prurit de cervelles détraquées animant des pervers qui toucheront dans leur corps et leurs âmes le salaires de leurs égarement.

  9. « Mais paradoxalement, il semble que cet Etat, dont ils ont eux-mêmes choisi les responsables, les juge incapables d’éduquer leurs propres enfants. »
    C’tte bonne blague…
    Comme si on était en démocratie et qu’on élisait qui on voulait…

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services