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France : Politique en France

Circulez, il n’y a rien à voir!

Circulez, il n’y a rien à voir!

De Stéphane Buffetaut, élu vendéen, ancien député européen, pour le Salon beige:

Etrange exercice que celui auquel le Président de la république s’est livré il y a quelques jours devant deux journalistes bien polis. Cette auto-justification, voire glorification, des actions menées durant son quinquennat en fin de course avait quelque chose de surréaliste. Comme si le chef de l’Etat vivait sur une planète différente de la nôtre.

A l’en croire, son bilan économique serait très bon, comme en témoignerait la forte reprise actuelle. Mais, selon les économistes les plus sérieux, il s’agirait d’un rebond mécanique après la forte contraction de notre activité durant le pic de la crise sanitaire (recul de – 7,9% du PIB en 2020, contre -3,3% en moyenne mondiale). Il demeure que certains indicateurs fondamentaux de l’économie française sont mauvais : déficit commercial de 86 milliards d’euros en 2021 et qui passerait à 95 milliards en 2022, taux de prélèvements obligatoires le plus élevé de l’OCDE (46,1 % du PIB contre une moyenne de l’OCDE de 34,3), endettement public qui atteint 115,6 % du PIB soit 2800 mds d’euros. A cela s’ajoute une augmentation des dépenses contraintes des ménages, notamment de l’énergie et des matières premières, qui met à mal l’équilibre financier de ceux-ci. D’une certaine façon, la France est l’image inversée de l’Allemagne, qui demeure l’économie la plus forte d’Europe, avec un taux de prélèvements obligatoires de 38,1%, un excédent commercial qui devrait atteindre 210 milliards d’euros cette année et un endettement à 69,7 % du PIB. Ces chiffres indiquent simplement que les faiblesses structurelles de notre économie, dues aux mauvaises politiques publiques menées depuis des décennies et y compris pendant le quinquennat Macron, persistent et que notamment le poids des prélèvements obligatoires et la part des dépenses publiques dans notre PIB (61,7% du PIB contre 44,2% en Allemagne) sont incompatibles avec une économie saine et dynamique.

Quant à la question migratoire et à l’inquiétude civilisationnelle qui traverse notre pays, Emmanuel Macron les balaye d’un revers de main : « Le grand remplacement, il n’est pas là. » A qui fera-t-on croire que le fait de laisser entrer en France entre 220 000 et 280 000 personnes par an, sans compter les immigrants illégaux, pendant des décennies, n’a pas d’impact sur la composition de la population française ? D’autant plus que le droit du sol accorde automatiquement la citoyenneté française sans qu’il y ait toujours une réelle volonté d’assimilation, ce que traduit tristement la formule « Français de papier » souvent usitée dans les quartiers dits populaires, c’est-à-dire à forte population immigrée ou d’origine immigrée. Selon l’INSEE, 6,8 millions d’immigrés vivaient en France en 2020, soit 10% de la population, dont 47,5 % sont nés en Afrique et 32,2% en Europe. Mais les immigrés et descendants d’immigrés représenteraient près de 24% de la population française. L’INSEE, dans une étude publiée en avril de cette année, indique qu’en 2017 44% de la hausse de la population provenait des immigrés. Le Président de la république est donc dans une forme de cécité volontaire. En vérité, la question de l’immigration et de ses conséquences civilisationnelles sont soit niées, soit mal posées. Plutôt que de parler d’immigration au singulier, il conviendrait de parler d’immigrations au pluriel. Certaines ne posent pas ou peu de problèmes. Bien sûr celle provenant d’Europe mais encore de l’ex Indochine ou de Chine. Pas de difficultés aussi pour certaines immigrations du Moyen-Orient, comme l’immigration arménienne fuyant le génocide organisé par les Turcs à partir de 1915 et qui fit périr les deux tiers des Arméniens vivant sur le territoire de la Turquie. Et aujourd’hui avec les Coptes égyptiens, les Maronites libanais et généralement les chrétiens d’Orient si souvent persécutés en terre d’Islam et contraints à l’exil. Ce qui signifie que les difficultés dues à l’immigration ne tiennent pas à des données ethniques mais à des questions de culture et de civilisation, donc d’assimilation, et, qu’à cet égard, l’islam soulève une difficulté particulière. D’une part parce que ce système religieux, politique, juridique et culturel ignore la vieille séparation chrétienne entre le temporel et le spirituel (« rendez à César ce qui est à César et à dieu ce qui est à Dieu »), et d’autre part parce dès l’origine l’Islam a été en guerre avec la chrétienté et que certains tenants de l’islam politique n’ont pas abandonné cet esprit de conquête, même si l’Europe n’est plus guère chrétienne. Le problème ne tient pas aux musulmans en général, qui, comme toute personne, ont droit au respect et sont naturellement attachés aux croyances dans lesquelles ils ont été élevés, mais à la conception militante de l’Islam qu’ont certains musulmans. Le nier tient du déni des réalités et le Président français semble s’y complaire, comme si il réduisait la France au secteur parisien situé entre l’Elysée et Matignon, où, évidemment les difficultés liées à une immigration non maîtrisée ne sont guère perceptibles.

Emmanuel Macron s’est aussi félicité de sa propre gestion de la crise sanitaire. Certes le surgissement de la Covid 19 et sa diffusion dans le monde entier a provoqué la forte inquiétude que suscite un péril inconnu. Mais était-ce une raison pour nous infliger une telle succession d’injonctions contradictoires, de mensonges et de dissimulation. Qui a oublié Olivier Véran en train d’expliquer que le port du masque était inutile, sauf pour le personnel soignant, tout comme les tests ? Ou encore que jamais le laisser passer sanitaire ne serait conditionné à l’injection d’une dose de rappel. Ou que la France n’avait pas fait le choix de l’obligation vaccinale pour reconnaître quelques jours plus tard que le laisser passer vaccinal était une obligation vaccinale déguisée. Et, dans le même temps, les principes technocratiques de la gestion des hôpitaux n’ont pas bougé. Les lits ont continué à être supprimés, malgré les appels répétés des médecins urgentistes qui n’ont pas été écoutés. Depuis la grande canicule de 2003, les médecins hospitaliers réclament l’ouverture de lits de réanimation. En Ile de France il y avait seulement 1200 lits de réanimation pour 12 millions d’habitants en janvier 2020, il y en a toujours le même nombre aujourd’hui, comme si les leçons de la crise ne servaient à rien. Durant le pic de l’épidémie on a ouvert 12000 lits de réanimation en France, alors qu’il y en avait 5500, mais ces lits ont été refermés. Le vrai problème de l’hôpital demeure celui du nombre de personnel et de lits. Or l’idéologie technocratique reste la diminution du nombre de lits. On piétine donc dans l’incohérence de la gestion sanitaire qui finit par la déprogrammation de certaines interventions, ce qui est catastrophique en matière de santé publique parce qu’il existe d’autres malades en France que ceux de la Covid. Et dans le même temps on ne cesse de réduire les libertés fondamentales sous des prétextes hygiénistes. Ainsi entend-on condamner à la mort sociale six millions de Français non vaccinés, accusés de contribuer à la diffusion du virus, alors que l’on sait que la vaccination ne réduit que peu la transmission de celui-ci, entre 30 et 40%. La meilleure barrière contre la transmission du virus reste le test qui permet de savoir si l’on est porteur ou non, que l’on soit vacciné, comme moi, ou pas. La vraie question qui se profile derrière les mesures discriminatoires visant les personnes non vaccinées est celle du manque de lits et de personnels. Or sur ce front, rien n’a changé et, à l’évidence, la politique vaccinale et le taux important de couverture n’ont pas réglé les difficultés puisque reviennent les restrictions à une vie sociale normale tandis qu’une fois encore, pour justifier son incohérente politique, le Gouvernement distille des informations anxiogènes et alarmistes qui font peser la lassitude et une peur irrationnelle sur le peuple Français.

De ces trois exemples ressort la pénible impression que le Président de la république fait fi des réalités que vivent les Français, s’agite dans le monde irréel d’une nomenklatura déracinée et finit par ne concevoir son action que sous le prisme de la contrainte administrative la plus insupportable car la réalité du pouvoir sur les choses et les évènements lui a échappé ainsi qu’à son Gouvernement. En fin de compte, il ne maîtrise plus rien. Un peu à l’image des derniers gouvernements de Louis XVI. On connait hélas la fin de l’histoire. L’impuissance politique finit toujours, tôt ou tard, par un changement de régime ou une révolution.

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2 commentaires

  1. M. Buffetaut eût mieux fait de s’abstenir d’une comparaison aussi inexacte qu’anachronique avec le bon roi Louis XVI…si ce n’est qu’il a été, comme d’autres, confronté à la puissance de la Franc-maçonnerie ! A part ça l’analyse est juste.

  2. Le changement de régime évoqué commence à se dessiner mais à l’opposé des attentes des Français.
    On est en droit de voir dans le “passe vaccinal” la première étape de l’interdiction de vote aux opposants: malgré, ou justement “à cause” des dénégations – toujours contredites par les actes – il faudra présenter patte blanche pour voter.
    La dictature ne ressemblera pas au renversement de la monarchie, mais au contraire à la pérennisation de ce régime sous la forme renouvelée de la ‘terreur’.
    L’avantage est que les choses deviendront claires: le voile qui dissimule “l’adversaire” lui sera arraché.
    L’inconvénient est la persécution de masse, des catholiques d’abord, lâchés par une majorité de prélats frileux (cf la ‘Cristiada’ mexicaine) et des Français de souche pourchassés et spoliés pour laisser la place aux nouveaux arrivants, et la destruction méthodique, cette fois à coup d’explosifs, de toutes les cathédrales, églises et monuments rappelant l’Histoire chrétienne de la France.
    Désolé, je suis un peu pessimiste, là.

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