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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Cinq évêques et plusieurs laïcs déposent plusieurs recours en faveur de la liberté de culte

Cinq évêques et plusieurs laïcs déposent plusieurs recours en faveur de la liberté de culte

MMgrs Marc Aillet, évêque de Bayonne; Bernard Ginoux, évêque de Montauban; Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon; David Macaire, archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France; et Dominique Rey évêque de Fréjus-Toulon, les Associations familiales catholiques (AFC); Charles Beigbeder, entrepreneur; Rémi Brague, philosophe; Chantal Delsol, philosophe; Fabrice Hadjadj, philosophe, Jean d’Orléans, comte de Paris; Pierre Manent, philosophe; Charles Millon, ancien ministre de la Défense; Jean Sévillia, historien et journaliste; Thibaud Collin, professeur de philosophie. Fabrice Habjadj, philosophe, signent une tribune dans Le Figarovox en faveur de la liberté de culte :

Au moment même où notre pays entrait dans une deuxième période de confinement, le triple assassinat de Nice est venu douloureusement nous rappeler que les chrétiens paient un lourd tribut dans les attentats terroristes. Trois personnes ont en effet été sauvagement massacrées dans une église pour le seul motif qu’elles étaient chrétiennes. Déjà, le 26 juillet 2016, le père Jacques Hamel avait été égorgé à Saint-Étienne-du- Rouvray, au cours de la messe qu’il était en train de célébrer.

Les hommages qui se multiplient partout en France, en ces jours où nous sommes encore sous le choc de la décapitation du professeur Samuel Paty, montrent à quel point notre pays reste attaché à ses libertés fondamentales, bafouées par ces crimes: liberté d’expression, liberté d’enseigner, liberté de culte.

Les chrétiens en général, les catholiques en particulier, sont sensibles aux marques de sympathie et de solidarité qui leur sont adressées. Ils sont conscients de leur devoir de participer à ce sursaut collectif, si nécessaire dans la lutte contre le terrorisme islamique.

Pourtant, alors qu’on réaffirme que la liberté de culte constitue un droit fondamental à protéger, on la restreint dans son exercice par une interdiction quasi totale de se réunir dans les édifices religieux. On considère par là qu’elle n’est pas une «activité essentielle».

Nous pensons au contraire que la liberté de culte ne peut se négocier et qu’on doit lui permettre de s’exprimer, particulièrement en ce temps où elle est contestée. Si «la République assure la liberté de conscience» (loi de 1905, 1er article), l’État se doit de rendre possible l’exercice et la pratique du culte.

De nombreux catholiques se refusent à déserter leurs églises, où les fidèles viennent trouver consolation et espérance, en ces temps qu’il est bien difficile de traverser seul. La célébration de la messe n’est pas pour eux une modalité de l’exercice de leur foi, mais en constitue la source et le sommet. L’eucharistie non seulement rassemble, mais construit l’Église; elle en est le cœur et le centre vital. Depuis les origines de l’Église, les chrétiens ont toujours affirmé: «Sans le dimanche, nous ne pouvons vivre.» Même les persécutions n’ont pas découragé les chrétiens de se réunir le jour du Seigneur.

Ce nouveau confinement, nécessaire pour se protéger du virus, est un temps particulièrement difficile et anxiogène pour beaucoup. Les messes constituent un des rares moments où les fidèles viennent reprendre force et courage pour le supporter. En interdire l’accès, c’est la double peine pour les catholiques, si éprouvés dans leur foi. Ne les privons pas de ces espaces de ressourcement!

Si les lieux de consommation et les grandes enseignes de distribution restent ouverts, ils ne combleront pas les aspirations les plus profondes du cœur et ne suffiront pas à apaiser les craintes.

Face à l’épidémie de coronavirus, nous sommes conscients des précautions sanitaires à prendre et du respect de toutes les normes à observer rigoureusement. Depuis le déconfinement, nous avons pris nos responsabilités et les mesures barrières ont été strictement respectées. On n’a pas recensé de foyers de contamination dans les églises. Nous partageons pleinement le souci de préserver la santé publique. Mais l’interdiction générale des messes nous paraît avoir un caractère disproportionné face au besoin de réaffirmer nos libertés les plus chères, parmi lesquelles celle de pratiquer notre religion. Aussi, nous voulons pouvoir célébrer publiquement la messe, notamment le dimanche. L’eucharistie est le cœur de notre vie.

Pour autant, il nous semble que cette question doit interpeller tous les hommes attachés à nos libertés publiques fondamentales. En effet, à travers cette interdiction de la pratique religieuse, c’est la liberté de culte que l’on ne respecte pas.

Devant cette situation d’une profonde gravité, nous avons déposé plusieurs recours devant le Conseil d’État puisque déjà lors du déconfinement de juin, ce dernier avait enjoint le premier ministre de prendre des mesures mieux proportionnées aux risques sanitaires encourus.

Les Associations Familiales Catholiques précisent dans un communiqué :

Lundi 2 novembre, les Associations Familiales Catholiques, conjointement avec d’autres associations confessionnelles et des évêques* ont déposé une requête en référé-liberté auprès du Conseil d’État.

Ils demandent ainsi au Premier Ministre de modifier deux articles du décret du 29 octobre 2020, portant une atteinte grave et illégale à la liberté fondamentale du culte et au droit de participer collectivement à des cérémonies cultuelles :

  • d’une part, pour permettre aux personnes de se rendre à un lieu de culte distant de plus d’un kilomètre de leur domicile, sans condition de durée, tout en prenant en compte la situation particulières des aumôniers appelés à se rendre au chevet de leurs fidèles ;
  • d’autre part, pour autoriser les rassemblements dans les établissements de culte en limitant leur durée à 90 minutes et en prescrivant toutes les mesures utiles à la prévention de la propagation du virus.

Car les AFC sont convaincues plus encore qu’au printemps, que le soutien spirituel et la nécessité de cérémonies communautaires pour tous les fidèles d’une religion sont essentiels.

La participation physique à la prière communautaire et l’assistance au culte sont des éléments majeurs de réconfort et de force morale, particulièrement dans cette période où la confrontation avec la maladie et la mort sont plus fortes et où la communauté catholique est victime d’actes de terrorisme.

La Confédération nationale des Associations Familiales Catholiques dont un des objets est ” d’assurer la défense des intérêts spirituels […] des familles et d’exercer devant toutes les juridictions toute action en justice […] relativement aux faits de nature à nuire aux intérêts spirituels […] des familles. ” (article 1 bis des statuts) se fait la porte-parole des familles qui aspirent à vivre leur foi. Cette liberté est fondamentale et ne peut s’exercer sans liberté de culte.

Respecter la liberté religieuse reconnaît l’apport unique et indispensable des religions dans la société. La dignité de l’homme passe par la liberté religieuse. Le Pape Jean Paul II affirmait même ” qu’elle est à la base de toutes les autres libertés “. La France, pays des Droits de l’Homme, se doit de respecter cette liberté.

* Les associations : Anuncio, Le Village de François, Journées Paysannes, IRCOM, Les Deux Rives et les évêques : Mgr Dominique Rey – évêque de Fréjus-Toulon, Mgr David Macaire – archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France, Mgr Jean-Pierre Cattenoz – archevêque d’Avignon.

Addendum : il faut noter que les évêques ont déposé 3 recours. 3 évêques se sont joints au recours des AFC ci-dessus, Mgr Ginoux et Mgr Aillet ont déposé un autre recours, tandis que Mgr de Moulins-Beaufort, au nom de la CEF, a déposé un 3e recours. La multiplication des recours permet de multiplier les chances de modifier le décret.

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4 commentaires

  1. Hadjadj compte pour deux !

  2. Si les recours échouent, j’espère que les chrétiens ne se soumettrons pas, au minimum ils manifesteront leur opposition, au mieux ils désobéiront au tyran, pendant 3 siècles les chrétiens ont survécu et pratiqué leur culte dans la clandestinité, je souhaite que nous refusions l’ordre de ne plus dire la messe, j’espère que nous n’aurons plus la bassesse de ‘lui’ obéir a nouveau

  3. Alléluia!

    Merci à nos évêques, aux communautés traditionalistes, aux partis politiques et aux philosophes, etc de se battre pour les fidèles.

    En union de prières et de combats.

  4. Non !
    Il n’y a pas à limiter a 90 minutes !
    Que les AFC s’occupent de leurs affaires !!!!!!!!!!!!!!!!!

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