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C'est arrivé un...

C’est arrivé un 27 février…

C’est arrivé un 27 février…

“A qui veut régénérer une Société en décadence, on prescrit avec raison, de la ramener à ses origines.” Léon XIII, Rerum Novarum.

Alors rappelons-nous :

  • le 27 février: saints du jour français ou en France.
    • St Galmier (ou Baldomer), sous-diacre († 650)

Saint Galmier (ou Baldomer) humble forgeron, il fut remarqué par l’abbé de Saint-Just de Lyon. L’archevêque Gandésic l’ordonna sous-diacre et, après sa mort, les miracles fleurirent sur sa tombe.

  • Bse Marie de Jésus, vierge, fondatrice et martyre

À Marseille, en 1884, la bienheureuse Marie de Jésus (Marie Deluil Martiny), vierge, qui fonda la Congrégation des « Filles du Cœur de Jésus » et fut blessée à mort par un jardinier pris de folie, achevant ainsi par l’effusion de son sang une vie intimement unie à la Passion du Christ.

  • le 27 février 806 : partage de l’Empire par Charlemagne.

Charlemagne prévoit le partage du Royaume entre ses fils. Charles, Pépin et Louis se voient attribuer des parts équitables du Royaume, mais la mort prématurée des deux premiers laissera Louis seul héritier.

  • le 27 février 1594 : sacre d’Henri IV, Roi de France.

Ce n’est qu’après avoir abjuré le protestantisme, en juillet 1593 en la basilique de St Denis, qu’Henri IV peut revendiquer légitimement la Couronne de France. La Sainte Ligue a gagné. Elle doit maintenant se mettre au service du Roi légitime. Mais la Ligue tient toujours Paris et Reims. Henri IV sait toute l’importance que revêt la cérémonie du sacre. Ce n’est qu’après avoir reçu l’onction du saint chrême qu’il pourra achever de rassembler ses sujets autour de lui.

Henri IV est à Chartres dès le 17 février, où il passe ses journées en prières et en recueillement. La veille de la cérémonie, il se confesse. Le lendemain matin, il entre dans la cathédrale où se pressent le peuple ainsi que les pairs laïcs et ecclésiastiques.

Dans Eglise et Monarchie, Don Besse décrit ainsi la cérémonie du Sacre.

«La France assiste au Sacre de son Roi. Elle a pleine conscience de ce qui se passe devant ses yeux. C’est Jésus-Christ qui va lui donner son souverain. Sa présence est un acte de foi qui s’élève jusqu’à Dieu, source du pouvoir dans les Sociétés… la France entière, Roi et sujets, fait hommage d’elle-même à Dieu, Jésus-Christ. Tous communient à la même pensée catholique qui rayonne sur l’ordre politique et social. Les idées et les sentiments entraînent l’union des cœurs et des esprits. Cette union des âmes concourt nécessairement à l’unité Nationale.»

Puis le Roi prête les serments suivants :

«Je promets de conserver à chacun de vous (les Évêques), et aux Églises qui vous sont confiées, les privilèges canoniques, les droits et la juridiction dont vous jouissez, et de vous protéger et défendre autant que je le pourrai, avec le secours de Dieu, comme il est du devoir d’un Roi, dans son Royaume, de protéger chaque Évêque, et l’Eglise qui est commise à ses soins. »

Et après que le Peuple a accepté le Roi pour son Souverain, celui-ci la main sur l’Évangile :

«Je promets, au nom de Jésus-Christ, au Peuple Chrétien qui m’est soumis :

«Premièrement de faire conserver en tous temps à l’Eglise de Dieu, la paix par le peuple chrétien.

«D’empêcher les personnes de tous rangs de commettre des rapines et des iniquités de quelque nature qu’elles soient.

«De faire observer la justice et la miséricorde dans les jugements, afin que Dieu, qui est la source de la clémence et de la miséricorde, daigne la répandre sur moi et sur vous aussi.

«De m’appliquer sincèrement, et selon mon pouvoir, à expulser de toutes les terres soumises a ma domination les hérétiques nommément condamnés par l’Eglise.

«Je confirme par serment toutes les choses énoncées ci-dessus : Qu’ainsi Dieu et Ses Saints Évangiles me soient en aide».

Le serment lie le souverain à Dieu, dont il est le représentant sur terre. Dieu lui a donné le Royaume ; il promet de le gouverner conformément à ses volontés. Il y a entre eux un contrat. L’Eglise en est le témoin.

[…] «Après le serment, le Roi se prosterne tout de son long, les Évêques, le Clergé, tout le monde fléchit les genoux. Le spectacle est grandiose. C’est la France entière qui est là, suppliante. Le Ciel est entrouvert au-dessus de la Basilique. Dieu, entouré de la Cour de Ses Saints, contemple. Il bénit. C’est la France qu’il bénit en la personne de son Chef. Il lui donne tout ce qui peut rendre son Gouvernement prospère».

Puis, avant de procéder à l’onction sainte, le Prélat consécrateur remet l’épée entre les mains du Roi et dit :

«Prenez cette épée, qui vous est donnée avec la Bénédiction du Seigneur; afin que par elle et par la force de l’Esprit-Saint, vous puissiez résister à tous vos ennemis, et les surmonter, protéger et défendre la sainte Eglise, le Royaume qui vous est confié et le camp du Seigneur, par le secours de Jésus-Christ, le triomphateur invincible. Prenez, dis-je de nos mains consacrées par l’autorité des saints Apôtres, cette épée dont nous vous avons ceint, ainsi qu’on en a ceint les rois, et qui, bénite par notre ministère, est destinée de Dieu pour la défense de Sa sainte Eglise.

Souvenez-vous de celui dont le prophète Daniel a parlé ainsi dans ses psaumes : O vous qui êtes le fort d’Israël ! Prenez votre épée et disposez-vous au combat ;

  • afin que par son secours vous exerciez la justice, vous brisiez la mâchoire des injustes;
  • que vous protégiez et défendiez la sainte Eglise de Dieu et de ses enfants ;
  • que vous n’ayez pas moins d’horreur pour les ennemis secrets du nom chrétien que pour ceux qui le sont ouvertement, et que vous travailliez à les perdre ;
  • que vous protégiez avec bonté les veuves et les orphelins ;
  • que vous répariez les désordres ; que vous conserviez ce qui a été établi ;
  • que vous punissiez l’injustice ;
  • que vous affermissiez tout ce qui a été mis dans l’ordre ;
  • afin que, couvert de gloire par la pratique de toutes ces vertus et faisant régner la justice, vous méritiez de régner avec notre Sauveur, dont vous êtes l’image, et qui règne avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il».

Et un peu plus loin, en ceignant le Roi de son épée :

«Passe le glaive autour de tes reins, ô très puissant, et souviens-toi que les saints ont vaincu les royaumes, non avec le glaive, mais avec leur foi…»

Puis : «Seigneur, daignez le combler des bénédictions de Votre grâce spirituelle et revêtez-le de la plénitude de Votre puissance. Que la rosée du Ciel, la graisse de la terre, procure dans ses états une abondance de blé, de vin et d’huile, et que par Vos divines largesses la terre soit couverte de fruits pendant de longues années… afin que sous son règne les peuples jouissent de la santé. Qu’il soit le plus puissant des rois… Que pour la suite des siècles, il naisse de lui des Successeurs à son trône». (*)

(*) Don Besse dans Eglise et Monarchie (page 235 à261 Edition Jouve & Cie)

Après le serment royal et la remise de l’épée ont lieu le sacre proprement dit avec le Saint Crème, que les révolutionnaires n’ont pu faire disparaître en 1794, la remise des insignes de justice et de souveraineté, bénédiction de la couronne et le couronnement . Il ne reste plus à Henri qu’à se faire introniser et acclamer par la foule.

Sacré selon des rites immuables qui ont conféré leurs pouvoirs aux Rois de France depuis des siècles, le Roi Henri IV est acclamé par son peuple, qui laisse exploser sa joie.

Les conséquences du sacre d’Henri IV ne se font pas attendre. Rapidement le Parlement de Paris se range à ses côtés, et demande à l’occupant espagnol de quitter la ville. Tout se met en place pour une arrivée triomphale à Paris le 22 mars suivant.

Soulignons qu’en l’abbaye de Marmoutier, près de Tours, une ampoule identique à celle de Reims, contenant l’huile sainte nécessaire au sacre fut trouvée juste avant le Sacre.

Voir les chroniques du 13 décembre sur la naissance du Roi et ses liens avec Notre Dame dès ce jour ; du 14 mai sur son assassinat par Ravaillac ; du 22 mars sur son entrée à Paris et sa visite à Notre Dame où Saint Michel Archange apparaît auprès du Roi aux yeux de tout le peuple français pendant toute la messe ; du 25 juillet sur son abjuration de l’hérésie protestante.

  • le 27 février 1642 : la future colonie canadienne prend à Notre Dame de Paris le nom de « Ville-Marie ».

Des lettres patentes concèdent l’île de Montréal à Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière et Pierre Chevrier de Fancamp, membres fondateurs de la Société de Notre-Dame, et leur confèrent le droit de nommer un gouverneur local, de construire des fortifications. Voir les chroniques du 7 août et du 6 novembre.

  • le 27 février 1658 : une crue de la Seine provoque des inondations à Paris (8,81m à l’échelle du pont de la Tournelle).
  • le 27 février 1718 : la statue de Louis XIV est inaugurée, au Peyrou, à Montpellier.
  • le 27 février 1736 : naissance de René Madec, marin et aventurier breton français, nabab du Grand Mogol

René Madec est un marin et un aventurier, né et mort à Quimper. Issu d’une famille modeste, il s’embarque à 11 ans et navigue sur les bateaux de la Compagnie des Indes. Il participe aux conflits franco-britannique en Inde et crée une armée privée qu’il met au service des princes indiens et du Grand Moghol, qui le fait Nabab. En 1764, il est à la tête d’une armée privée, forte d’environ 1 500 hommes qu’il met au service des rajahs puis du Grand Moghol lui-même. Parallèlement à ses activités guerrières, il commence à se bâtir une fortune colossale.

Son armée compte maintenant 6 000 hommes, il est devenu un des hommes les plus importants et les plus influents de l’Hindustan. Combattant avec les Français contre les Britanniques, il revient au pays après la capitulation.

Débarqué à Lorient, il se rend à Versailles pour remettre à Louis XVI, le rapport du gouverneur Guillaume Léonard de Bellecombe, sur le siège de Pondichéry. Il y apprend que depuis 2 ans (1er janvier 1777), il a le grade de colonel, et qu’il est reçu dans l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il est, peu de temps après, anobli par le Roi. Il meurt d’une chute de cheval.

  • le 27 février 1751 : extension de la colonie de Nouvelle France.

Jacques-Pierre de Taffanel de la Jonquière envoie Pierre-Marie Raimbeau de Simblin construire un fort de traite des fourrures au Lac de la Carpe pour entraver l’influence britannique dans le sud de la Baie d’Hudson.

  • le 27 février 1821 : l’ordonnance sur l’Instruction donne de nouveaux pouvoirs à l’Église.

Les évêques auront la charge de l’inspection des collèges.

  • le 27 février 1822 : à Paris, début de l’éclairage intérieur au gaz, grâce au système Winsor.
  • le 27 février 1848 : création des ateliers nationaux.

Un décret du nouveau gouvernement, sous la pression de Louis Blanc, institue les Ateliers Nationaux, destinés à résorber le chômage en réalisant des grands travaux. Les ouvriers, dont le droit au travail a été reconnu le 25 février, s’inscrivent par milliers au bureau d’embauche : fin juin, ils sont près de cent mille. Un programme de grands travaux est lancé à Paris avec la construction des gares Montparnasse et Saint-Lazare. Ils seront dissous le 21 juin 1848, entraînant une insurrection sanglante.

  • le 27 février 1856 : début du Congrès de Paris, fin de la guerre de Crimée.

Le Congrès Paris, qui rassemble les principaux belligérants de la guerre de Crimée commence Le 30 mars, la France, l’Angleterre et la Russie signent le traité qui consacre l’indépendance de l’Empire ottoman. La Russie renonce à ses prétentions sur la Moldavie et la Bessarabie accepte la neutralisation de la Mer Noire et accorde la libre circulation des navires sur le Danube.

  • le 27 février 1858 : dixième apparition de Notre Dame.

Notre Dame est silencieuse. Sainte Bernadette boit l’eau de la source et accomplit les gestes habituels de pénitence.

  • le 27 février 1913 : fin du procès de la bande à Bonnot.

En France, le procès de la Bande à Bonnot prend fin avec la condamnation à mort de 4 membres de ce gang qui a terrorisé le pays; ils sont exécutés le 21 avril suivant. Jules Bonnot, le cerveau de la bande, avait été tué par la Garde républicaine le 27 avril 1912, après 5 heures de résistance.

  • le 27 février 1916 : mort à l’ennemi du brigadier Henri Ruellan, le troisième des dix frères Ruellan mobilisés.

Les dix frères Ruellan ce sont:

  • quinze citations dont huit à l’ordre de l’armée,
  • trois médailles militaires,
  • sept croix et Légion d’honneur.

Pourquoi plus de cents ans après la Grande Guerre, « l’éducation nationale », ne parle pas de cette famille comme en 1938 ?

Au départ, il y a Jules Ruellan et Marguerite Huet du Rivau, un couple de fervents catholiques élevés dans l’amour de la France éternelle. De leur foyer naissent dix-huit enfants. Dix frères partent pour le front, six y tombent pour la France, ce qui en fait la fratrie française ayant eu le plus de morts pendant ce conflit. Un septième mourra une dizaine d’années plus tard, victime du gazage subi pendant la guerre.

Ils sont les « les dix frères Ruellan »

La famille Ruellan est une famille bretonne de notables établie à Saint Malo, où Jules, le père, est armateur. Marguerite du Rivau, la mère, est issue d’une ancienne famille aristocrate ayant fait souche en Sarthe. Ce couple de caractère est à la fois gai et engagé.

En 1905, au moment de la loi dite de séparation de l’Eglise et de l’Etat, Stanislas et André se retrouvent dans une manifestation de protestation. André est jugé pour avoir, d’un coup d’indignation et de colère, frappé… le cheval d’un gendarme. Condamné pour ce crime très grave à seize  francs d’amende, il refuse de payer à l’Etat ce qu’il a défendu comme revenant à Dieu et il ne purge son injuste amende que par peine de corps, par journées de prison, et encore ne s’y rend t-il pas de lui-même mais avec escorte de gendarmes…

Xavier, quant à lui, est condamné à six jours d’arrêt à la prison de St Malo pour avoir sans doute trop fermement manifesté sa réprobation à un commissaire chargé de l’exécution des inventaires.

Jean-Berchmans, pour sa part, manifeste à Paris au mois de février 1911 contre une pièce de théâtre d’un auteur qui provoquait le scandale, un déserteur qui le revendiquait. Participant à toutes les manifestations de protestation, six ou sept environ, Berchmans est arrêté  à chacune d’entre elles et conduit au poste.

Dans cette famille, tous étaient profondément royalistes. Et de ces royalistes qui s’opposent à la République anticléricale et déjà anti-chrétienne.

Dès le début de la guerre, les treize enfants qui sont encore en vie en 1914 s’engagent chacun selon sa manière. Deux des frères, émigrés en Amérique pour faire affaires, répondent aussitôt à la mobilisation générale. Abandonnant ses affaires après des années d’investissements au moment où elles allaient commencer à porter leur fruit, Stanislas abandonne tout pour rentrer en France. Quant à André, établi en Uruguay, cherche aussitôt à embarquer au plus vite pour rentrer. Tous se mobilisent.

Les trois sœurs répondent également à la mobilisation et revêtent l’habit blanc des infirmières durant toute la guerre.

Dans le journal l’Action françaises, dont les Ruellan sont des abonnés fidèles, la mort de chacun d’eux est rapportée dans la nécrologie. La guerre fait des morts et des orphelins et Charles Maurras fait à plusieurs reprises un appel aux dons à ses lecteurs, qui y répondent très généreusement, pour l’orphelinat dans le bordelais dont s’occupait Madame Xavier Ruellan. Maurras au sujet des Ruellan : « une race de braves qui avec tant de douleurs continuent avec obstination à se battre, à faire le bien, à servir ».

Morts au champ d’honneur :

Bernard (1888-17 février 1915, 26 ans).

Adjudant-chef au 3èmebis des zouaves. Mort le 17 février 1915, frappé d’une balle en plein cœur, en portant secours à un camarade. Citation à l’ordre  de l’armée, médaille militaire.

Quelque temps avant sa mort, il écrit à sa sœur : « je fais le sacrifice de ma vie à la France. »

André (1885-1915, 29 ans).

Sergent au 7°régiment d’infanterie coloniale, tué le 16 mai 1915. Alors qu’il mène la charge à la tête de sa section, une balle le frappe en plein front dès le début de la bataille de Verdun. Deux  citations dont une à l’ordre de l’armée, médaille militaire.

Henri (1892-1916,23 ans)

Brigadier au 7° d’artillerie, tué le 27 février 1916 étant enseveli vivant dans sa casemate lors d’un bombardement à Verdun. Citation à l’ordre de la division, médaille militaire.

Louis (1878-1916,38 ans)

Capitaine au 308° d’infanterie, tué le 22 novembre 1916. Citation à l’ordre de l’armée, chevalier de la légion d’honneur.

Par son mariage avec Marguerite Denoix de Saint-Marc, Louis est le grand oncle d’un autre grand héros français, le capitaine Hélie Denoix de Saint-Marc. Celui-ci expliquera qu’il découvrit sa vocation militaire par l’exemple de ses oncles Ruellan, dans le pieux souvenir desquels il était entretenu durant sa jeunesse. Louis est le seul des frères tombés qui aura fait souche. Sa situation de père de famille nombreuse pouvait l’exempter de la guerre, dispense offerte qu’il rejeta avec mépris.

Louis laissa six orphelins.

« Si la défense du pays exige de moi le sacrifice ma vie, qu’on redise sans cesse à mes enfants que deux amours terrestres ont partagé ma vie : celui de la France, et celui de ma femme et de mes enfants. »

Voici sa lettre du 21 novembre 1916, adressée à son épouse, lettre qui se révèlera être la dernière. Alors qu’à l’arrière, au Parlement se tiennent des discours défaitistes qui font plus de mal qu’un obus pour le moral des combattants, Louis écrit :

« si chacun y mettait du sien même au simple point de vue moral, s’il y avait vraiment dans le pays une vie nationale dans laquelle toutes les forces matérielles et morales de la France se concentreraient vers la guerre, ce fléau serait abrégé. Il y a encore trop de gens qui vivent en dehors du conflit auquel tous doivent prendre part suivants leur condition et leurs moyens. Ceux que la guerre n’atteint ni dans leurs intérêts, ni dans leurs affections sont portés à la trouver longue uniquement parce qu’elles gênent leur petites habitudes de vie et non pour les souffrances qu’elle engendre au point de vue général. Il y en a même qui souhaitent la prolongation de la guerre car ils n’ont jamais gagné autant d’argent. Ceux-là sont les logiciens de la théorie individualiste. Quelle réforme à apporter dans les mœurs, dans les esprits ? Et si Dieu attendait qu’elle fût accomplie pour nous accorder la victoire, nous risquerions de voir la guerre encore se prolonger de nombreuses années mais la miséricorde divine est infinie et elle s’exerce souvent sur des gens qui n’en sont pas dignes. Nous en fournissons une nouvelle preuve. Si tu savais, et tu le sais car tu me connais, combien ces discussions à la Chambre ces attitudes grotesques  des parlementaires nous donnent des nausées au fond de nos tranchées. Les cadavres des Boches nous soulèvent moins le cœur que la lecture des journaux. Quels criminels que ces misérables. Quel inconscient que ce peuple qui les supporte. Il n’est pas possible qu’après tout ce que nous avons enduré, et endureront jusqu’à la paix victorieuse, la situation intérieure se prolonge. On le sent si bien que même dans ces milieux pourris de la politique qu’on réclame un chef mais en faisant tout pour ne pas le trouver. Car il existe et nous savons où il est, d’où il vient et ce qu’il fera. Il renouera la tradition française, il reprendra l’œuvre des rois de France, père du peuple car il est leur descendant, le dépositaire de la recette que seul il peut appliquer. Ici nous ne sommes pas distraits de la situation intérieure, de l’avenir du pays, par le bruit du canon et les préoccupations constantes de la lutte. Nous faisons une guerre totale, c’est-à-dire contre aussi bien l’ennemi de l’intérieur que contre celui de l’extérieur. Notre devoir comporte les deux luttes et si je suis sur la ligne de front depuis le début c’est que ce devoir m’a paru impérieux. Cette idée du devoir, ma chère Marguerite, tu ne peux t’imaginer à quel point la guerre l’a développé en moi et me l’a fait aimer. Tu ne m’en voudras pas de te dire que j’éprouve même un plaisir, une joie intense à songer que je fais tout mon devoir sans en recevoir la moindre récompense. Etre en campagne depuis vingt-huit mois, avoir porté tous ses efforts vers l’accomplissement de son devoir et pouvoir se dire : « je n’ai sollicité aucune faveur, je n’ai reçu aucune récompense en dehors de celles que Dieu m’a données par la conscience que je faisais bien, cela, ma chérie, c’est le rêve pour une âme qui cherche sa récompense non sur la terre de la part des hommes, mais au ciel de la part de Dieu. »

Jean-Berchmans (1890-1918, 27 ans)

Lieutenant du 23° des chasseurs alpins, tué le 31 mai 1918 d’une balle en plein front alors que, ayant fait coucher ses hommes dangereusement mitraillés,  il reste debout pour repérer d’où viennent les tirs qui s’abattent sur sa compagnie. Deux citations dont une à l’ordre de l’armée, chevalier de la Légion d’honneur.

Julius (1873-1918, 44 ans), prêtre.

D’abord aumônier et infirmier, après avoir accompagné dans la mort tant de soldats, il emploie de nombreux moyens pour parvenir à combattre en première ligne et parvient finalement à rejoindre le 22° bataillon de chasseurs alpins où il gagne le grade de capitaine. Il saisit l’occasion d’aller au front en prenant la place d’un père de famille. Tué par un éclat d’obus à la tête presque à la fin de la guerre, le 1er octobre 1918. Quatre citations dont deux  à l’ordre de l’armée, chevalier  de la Légion d’honneur.

« De toute façon, je ne mourrai pas dans mon lit et j’espère bien voir au moins une fois le feu ». S’adressant à ses hommes : « je suis prêt à mourir pour n’importe lequel d’entre vous, mais en revanche je vous demande de m’obéir absolument ».

Lors de sa dernière permission, ayant ressenti que son sacrifice serait accepté par Dieu : « nous ne nous reverrons plus ici-bas. Je sais où je vais aller et ce que je dois faire ».

Morts des suites de la guerre:

Xavier (1881-1930)

Lieutenant du 223° d’artillerie, gazé par les Allemands le 1er mars 1918 à Verdun, il décède des suites de ses blessures le 8 janvier 1930 après des années de douleurs. Citation à l’ordre du corps d’armée, chevalier de la Légion d’honneur.

« Je tâche de donner l’exemple à la patrie. Je sers moi-même  la messe le dimanche et j’y communie devant mes hommes sans affectation mais surtout sans crainte. Ne suis-je pas là au milieu des miens ? Que j’ai des défauts, cela ne doit pas leur échapper. Mais que je sois franc et juste, je ne crois pas qu’on puisse le nier. (…) Je fais ce que je peux (à mes hommes) pour leur adoucir une rude campagne mais je suis strict pour le service et  la discipline. J’ai peu d’observations à faire et tâche de les faire comme il faut, c’est-à-dire la plupart du temps paternellement mais quelque fois sévèrement quand la discipline est en jeu. C’est rare, mais cela arrive. Les mauvaises têtes, s’il y en a, sont vite convaincues qu’il est de beaucoup préférable d’être bon soldat. »

Auguste (+1938)

Il est le seul de la fratrie à ne pas avoir pu combattre au front en raison de son mauvais état de santé, qui s’empire durant les trois années qu’il donne pendant sa mobilisation au point de finir par être réformé à 100%. Il survivra entièrement paralysé pendant plus de vingt ans.

Les survivants :

Charles.

Capitaine du 247° d’infanterie, détaché à la mission militaire française auprès de l’armée hellénique. Citation  à l’ordre de l’armée, chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre. Député d’Ille-et-Vilaine de 1919 à 1924.

«J’ai été obligé de rembarrer certains qui s’en vont raconter que les milieux réactionnaires après avoir voulu la guerre pour en finir avec la République veulent la paix pour que la République ne bénéficient pas de la victoire. Comme si la victoire pouvait être la récompense du régime qui n’a su ni préparer la guerre ni même la prévoir. Ce n’est pas la République qui aura vaincu les Boches, mais la France, toute la France, qui s’est réveillé avec les belles qualités de la race, hardiesse, courage, ténacité, enthousiasme, patriotisme… »

Stanislas.

Sous-lieutenant du 129°d’infanterie. Deux citations dont une à l’ordre de l’armée, chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre. Il s’est installé depuis 1907 aux Etats-Unis qu’il quitte avec abnégation pour venir se battre au plus vite comme ses frères restés sur le sol natal.

A l’annonce de l’armistice : « C’est magnifique ! (…) Nos morts ne sont pas tombés en vain et je ne cesse de penser à la joie qui doit dilater tous les cœurs de France, surtout peut-être à l’intérieur où ces pauvres cœurs ont éprouvé tant d’angoisse depuis quatre ans et demi. Saurons-nous assez remercier Dieu nous qui ramenons notre peau au complet après l’avoir vue exposer durant tout ce temps car c’est tout de même miracle de n’y être pas resté. On peut bien le dire maintenant qu’il n’y a plus à craindre de vous faire trembler ».

Tiré du blog de Thierry de Vingt-Hanaps :

http://vingt-hanaps.blogspot.fr/2015/02/la-plus-grande-fratrie-durant-la-grande.html

NB : toutes les citations sont issues des mémoires présentés par M Marc JEAN, chez Cristel éditions, dans son ouvrage : « Les dix frères Ruellan, héros et martyrs. 1914-1918 », 272 p. 22,7€ –  ISBN 2-84421-078-4 lien vers le site de l’éditeur

  • le 27 février 1939 : la France reconnaît le régime franquiste.

La France et la Grande-Bretagne reconnaissent, contre la promesse de neutralité en cas de conflit, le régime de Francisco Franco en Espagne. La guerre civile n’est pas encore terminée. Le maréchal Pétain est nommé ambassadeur de France auprès du gouvernement franquiste le 2 mars suivant.

  • le 27 février 1986 : sommet franco-allemand à Paris.

François Mitterrand et Helmut Kohl décident de relancer la coopération stratégique et militaire entre les deux pays.

  • le 27 février 2013 : dernière audience générale pour Benoît XVI.

La dernière audience de Benoît XVI se déroule comme à l’accoutumée, comme si elle ne se situait pas la veille de sa renonciation historique. Le pape donne sa catéchèse comme d’habitude. Toutefois, à son issue, il n’y a pas de « prima fila », compte tenu du trop grand nombre de demandes, on ne voit pas se dérouler la longue file des fidèles souhaitant saluer le pape.

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