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Bioéthique

Bioéthique : des Etats-généraux sans l’enfant

Par le Professeur Claude Huriet, Sénateur honoraire, Membre du Comité international de bioéthique de l'UNESCO :

H "Voici quelques années, participant à un atelier de bioéthique dans un collège de Nancy, j'ai vécu un moment dramatique. Une jeune fille s'exprimant lors de cet atelier avait fait part à ses compagnes des conditions de sa naissance qu’elle avait apprises récemment  : elle avait été conçue par insémination artificielle "avec tiers donneur" .Celui qu’elle prenait pour son père n’était pas son père ! Elle exprima sa rancœur à l'égard de sa mère et son mépris pour "son père". Sa vie en a été définitivement gâchée.

Récemment, dans un ouvrage intitulé "L'embryon sur le divan", le docteur Benoît Bayle, pédopsychiatre, rapporte des observations cliniques faisant apparaître les drames vécus par des embryons devenus hommes, puisque telle est leur destinée normale. Ils sont marqués tout au long de leur vie par les conditions dans lesquelles ils ont été conçus. Tel est le cas, par exemple, de "l'enfant  de remplacement" conçu après la mort d’un frère aîné. Tel est aussi le cas, suite au choix qu’imposent les embryons surnuméraires, du "syndrome du survivant conceptionnel" qui peut revêtir deux formes cliniques : la toute-puissance "j'ai survécu aux 10 autres et je suis plus fort qu'eux", ou la culpabilité "je ne mérite pas d'être en vie les autres étaient plus dignes que moi". Face à de telles situations qui ne sont pas exceptionnelles, force est de constater que les lois dites de bioéthique, celle de 1994 comme celle de 2004, font très peu référence à l'enfant […].

On le constate désormais : le droit à l'enfant, la revendication de l'enfant parfait ont des conséquences sur l'attitude de la société vis-à-vis des couples stériles et, plus grave encore, vis-à-vis des êtres "non conformes à la norme". Cette attitude d'incompréhension, alimentée parfois par des considérations sous le coût du handicap pour la société, porte en germe l'intolérance et le rejet. On doit souhaiter et tout faire pour que, lors des Etats Généraux sur la bioéthique et à l'occasion des débats parlementaires, "l'enfant à naître"  trouve une place qui jusqu'à présent lui a été refusée."

MJ

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1 commentaire

  1. On doit le souhaiter de tout coeur en effet, avec la plus active vigilance cependant, car il fut des “Etats Généraux” qui conduisirent précisémment “au martyr de l’enfant du temple” *, funeste rite fondateur et en quelque sorte du régime où nous vivons, et parfaitement emblématique de l’esprit qui préside aux “avancées” touchant à l’humanité.
    Tant que l’on aura pas pris conscience et réprouvé solennellement cette misérable filiation,il est à craindre que nos espoirs restent vains et que les enfants , pour la plus grande honte des adultes responsables et coupables, demeurent les victimes d’un monstrueux Système.
    *la définition est de Monseigneur Honoré dans l’homélie qu’il prononça lors des funérailles posthumes du Dauphin Louis.

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