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Culture de mort : Avortement

« Avortement thérapeutique » ? Jamais de la vie !

De Jeanne Smits dans La Nef :

"Les lois d’avortement s’adoptent à la marge. Le cas extrême, qui fait la une des journaux, sert alors de prétexte pour imposer une règle qui aura tôt fait de modifier l’approche de l’ensemble d’une matière, certains prélats l’ont quelque peu oublié. En France, on connaît la musique : de l’avortement pour détresse, on est arrivé au « droit à l’IVG » en partant de la jurisprudence de Bobigny.

Mais il est bien des États où l’avortement demeure ce qu’il est : un crime. Dans certains pays de culture catholique, perdure une forte conscience du mal commis ; l’excommunication qui frappe tout avortement volontaire y reste une peine lourde de sens. Cela explique l’empressement des organisations supranationales et d’ONG favorables à l’avortement à prendre l’Église catholique pour cible. Il faut la faire passer pour inhumaine, insensible ! L’Église (disent-ils) est prête même à sacrifier la vie des femmes à son obsession de respect de la vie naissante. Cible bien choisie : seule l’Église catholique tient à ce sujet un discours à la fois inébranlablement ferme et parfaitement cohérent : affirmant que la maternité n’est pas un fardeau mais une manière magnifique de coopérer à l’œuvre créatrice de Dieu, elle s’en tient à un principe sûr : « Tu ne tueras pas l’innocent. » Lâchez ce principe, la logique du respect de la vie se détricotera à plus ou moins vive allure. Ici affaire de mois, là de décennies.

Cette fermeté est-elle nécessaire ? Oui ! C’est la ligne claire par laquelle l’Église montre qu’on ne tue pas davantage un enfant à naître qu’un enfant déjà né, fût-ce pour assurer la santé, l’équilibre, ou même la vie de celle qui lui a donné la sienne. Une mère peut-elle seulement concevoir de faire assassiner son enfant déjà né pour qu’elle-même vive, sans qu’on la considère comme un monstre ? Pourtant c’est là un de ces cas marginaux utilisés pour faire accepter l’avortement légal, par la petite porte. Le langage de l’Église demeure pour ce cas très net : pas d’acte homicide sur l’enfant, jamais. Si bien que dans le cas (relativement fréquents : une grossesse sur 60 en France) de grossesse extra-utérine, qui comporte un risque mortel pour la mère, l’Église enseigne qu’on peut ôter tout ou partie de la trompe « malade », quitte à entraîner indirectement la mort de l’embryon. Les directives éthiques de la conférence des évêques des États-Unis pour les centres de soins catholiques, révisées en 2001, excluent toujours l’élimination directe de l’embryon, sauf s’il est déjà mort.

Ainsi l’Église reste fidèle à ce qu’elle croit. Et cela n’est pas contredit lorsque, dans des cas très rares, on doit fait naître avant sa date de viabilité un enfant en cas d’urgence vitale immédiate pour la mère qui entraîne les deux vers une mort certaine : il n’y a alors pas d’intention de tuer, pas de mise à mort matérielle, mais extraction de l’enfant d’un milieu déjà devenu hostile. Cela fait actuellement l’objet d’une campagne pro-vie en Irlande. Ses visuels mettent en scène des femmes qui ont perdu leur enfant dans de telles circonstances. Elles crient leur douleur d’être considérées comme ayant voulu la mort de l’enfant dont elles portent douloureusement le deuil. « Avortement thérapeutique » ? Jamais de la vie !

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7 commentaires

  1. « Tu ne tueras pas l’innocent. »
    Je suis bien d’accord ! Mais je crois que l’auteur utilise ici un procédé que, sur ce salon, on critique assez souvent. Le principe de base n’est pas “Tu ne tueras pas l’innocent” mais bien “Tu ne tueras pas.” Point.
    Je sais bien que ce n’est pas le sujet de l’article, mais je ne peux pas ne pas réagir. Le crime n’est jamais autorisé par la loi morale et par l’Eglise, sauf si c’est le SEUL moyen d’éviter d’autres crimes (légitime défense). S’il y a un autre moyen de l’éviter, il est bien dit que tuer est interdit.
    Je me méfie énormément de ces glissements que l’on laisse apparaitre par petites touches, même quand ce n’est pas le sujet. Ce que l’on reproche aux autres, on ferait bien de l’éviter.
    [L’Écriture précise l’interdit du cinquième commandement : ” Tu ne tueras pas l’innocent ni le juste ” (Ex 23, 7). MJ]

  2. “Ainsi l’Église reste fidèle à ce qu’elle croit.”
    A vrai dire l’Eglise ne “croit” pas en l’occurrence, elle nous indique infailliblement, en vertu de son charisme en matière de moeurs, les conclusions de la raison. Elle sait. Nous nous croyons qu’elle est infaillible par son chef visible, le pape.
    En effet, la loi naturelle est accessible à la raison universelle de l’homme. L’Eglise n’a fait que la trouver dans la sagesse humaine qui lui antérieure à sa fondation (selon Benoît XVI, discours récent). Cette loi se résume ainsi : ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils de te fassent, ce que le Christ a étendu en “fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent.”
    Exactement (traduction Fillion pris sur le site “magnificat”) :
    “Mt 7,12. Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux; car c’est là la loi et les prophètes.”

  3. À propos d’avortement :
    « La Murcie et la Navarre sont en tête de la rébellion contre la loi de l’avortement libre »
    http://www.abc.es/20100706/espana/murcia-navarra-encabezan-rebelion-20100706.html

  4. @ Xstophe :
    Notre-Seigneur lui-même valide la peine de mort lors de sa Passion (Mt 26,52). “car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.” est une sentence juive de droit pénal.
    Ce droit n’est reconnu qu’à l’autorité étatique dont la volonté représente celle de Dieu.
    “Rom 13,4. Car le prince est le ministre de Dieu, pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée. En effet, il est le ministre de Dieu pour Le venger, en montrant Sa colère à celui qui fait le mal.”
    Quoiqu’il reste vrai qu’autant que possible, il faille éviter la peine de mort si l’on peut la remplacer par une autre sanction. Mais on ne peut la condamner absolument.
    Infliger la mort en cas de légitime défense n’est pas, selon moi, une sanction pénale, mais une mesure de défense de soi ou des autres.

  5. Denis Merlin se trompe radicalement, lorsqu’il dit que l’enseignement moral de l’Eglise n’est autre chose que la loi naturelle.
    Il tombe dans l’hérésie maintes fois condamnée, du naturalisme.
    L’enseignement de l’Eglise reprend certes la loi naturelle, mais s’enracine dans la Révélation : laquelle dépasse de beaucoup ce qui est naturellement accessible à la raison par les seules capacités de sa nature.
    L’Eglise nous enseigne la loi divine révélée, et non pas les seules “conclusions de la raison”.

  6. Très intéressantes ces réflexions sur les grossesse extra-utérine (GEU). Avez vous des références précises, car en tant que médecin anesthésiste je me pose beaucoup de questions, et ce n’est pas si simple en pratique ?
    En gros : l’intervention est licite si elle consiste en l’ablation d’une trompe malade même si elle contient un embryon, en pratique cela consiste à opérer si la trompe a saigné. Cependant toute l’action des gynécologues consiste à dépister la GEU le plus tôt possible et à intervenir avant les complications à type de saignement.
    En cas de diagnostic précoce il est proposé une injection à la femme de Methotrexate, un produit qui provoque l’élimination de l’œuf tout entier par les voies naturelles sans intervention chirurgicale, et donc éventuellement directement la mort de l’embryon. Cette méthode serait donc illicite.
    Mais il persiste deux problèmes. Il existe des GEU extra-tubaires, parfois même intra-abdominale, et certains cas ont été décrits comme allant jusqu’au terme de viabilité du fœtus. Et surtout je ne suis pas certain qu’il est toujours facile d’affirmer la présence ou non d’un embryon vivant au moment du diagnostic de la GEU. Un œuf qui évolue oui, mais un embryon vivant ?
    Ceci n’étant déjà pas simple pour moi, je comprends le désarroi des rares femmes chrétiennes confrontées à cette situation qui se posent encore des questions sur l’éthique à adopter. Et comme personne dans l’Église ne parle de ces questions, il devient difficile d’adopter une attitude à “contre courant” de la pratique habituelle.

  7. A toutes fins utiles je précise à Bergstein qu’il existe :
    – la loi éternelle
    – la loi naturelle
    – la loi divine positive
    – la loi positive humaine
    Ces distinctions sont nécessaires à la compréhension du problème. Ce n’est pas le lieu de s’étendre ici sur leurs relations entre elles et leurs caractères obligatoires variables selon les individus et les sociétés (individuel, social) etc.
    La loi naturelle donne naissance tant au devoirs qu’aux droits universels de l’homme (qui sont le deux versants d’une seule loi, voir Jean XXIII).

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