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Histoire du christianisme

Au pays de la Laïcité, l’Union sacrée remplaça l’Etre Suprême

Au pays de la Laïcité, l’Union sacrée remplaça l’Etre Suprême

Du père Michel Viot à propos de la première Guerre mondiale :

Le déclenchement de la première guerre mondiale ne doit donc plus tromper personne aujourd’hui. Ses causes viennent essentiellement de la montée du principe des nationalités aux dépens de celui de patrie, et de la déchristianisation des élites européennes, et par voie de conséquence de la baisse d’influence de la Papauté. Comme l’a fort bien montré Jean de Viguerie dans l’un de ses chefs-d’œuvre Les deux patries, l’Union sacrée de 1914 n’a pu se construire qu’au prix d’une imposture : le masque hideux de la patrie révolutionnaire (de 1792) recouvrant celui de la vieille patrie française. Pour faire bref, la patrie révolutionnaire, qu’il faut en fait appeler Nation (avec majuscule) est une divinité féroce qui ne peut vivre que par des sacrifices humains. Robespierre l’a très bien exprimé en déclarant dans un de ses grands discours à la Convention qu’il valait mieux mourir pour sa patrie que de vivre pour elle. C’est ainsi qu’on justifia, avant ce discours, la levée en masse pour défendre la patrie en danger, la Terreur et le génocide vendéen. La sensiblerie rousseauiste de Robespierre lui fit envoyer, le plus souvent sans haine nombre de gens à la mort. Et c’est bien pour cela qu’ils furent nombreux ! L’incorruptible n’agissait pas par cruauté, mais par nécessité. Il fallait faire des sacrifices pour faire triompher le Bien contre le Mal. En 1914, l’Allemagne était le mal absolu, comme en 1792 l’était ce qui n’allait pas dans le sens de l’histoire, c’est à dire de la révolution. C’est ainsi que tout naturellement au pays de la Laïcité, l’Union sacrée remplaça l’Etre Suprême. Robespierre devait bien rire en Combes, et Hébert se lamenter en Clémenceau ! Comprenne qui pourra ? Aussi est-ce le seul courage des soldats qu’il faut admirer de 1914 à 1918 et non les chefs politiques qui les ont menés au carnage. Partis sans casque parce que persuadés d’arriver à Berlin dans les trois semaines, ils n’avaient pas non plus l’armement nécessaire. Les généraux n’y furent pour rien. La faute en incombe aux seuls politiques, qui renouvelèrent l’erreur de leurs prédécesseurs d’avant 1870 en refusant d’accorder les crédits nécessaires à l’armée. Le maréchal Niel, ministre de la guerre de Napoléon III dès 1867 avait prévu ce qui risquait d’arriver si une guerre franco prussienne survenait. On lui refusa les crédits et ce fut Sedan. Le même genre de sottises se reproduisit en 1914. D’où nos premiers revers auxquels il faut ajouter comme cause un avancement des officiers supérieurs plus « idéologique » que technologique, pour faire bref ! […]

Qu’on regarde vers les simples soldats, ou les militaires de haut rang, il est clair que la victoire de 1918 est avant tout la leur. La majorité des politiques y a joué un rôle négatif. Manquant les occasions de paix de 1917, les responsables politiques français, Clémenceau en tête, se laissèrent berner par Wilson, signèrent l’armistice sans doute un peu trop tôt, empêchant une manœuvre militaire française qui aurait pu donner à la France une place digne des sacrifices auxquels elle avait consenti. Il aurait fallu pour cela qu’elle ait des hommes politiques à la hauteur ! Et cette hypothèse est bien évidemment problématique. De toute manière, la République, de par son idéologie même s’est toujours méfiée des militaires de valeur. Ils étaient toujours sous haute surveillance. Dès la première république, on alla des plus grands honneurs accordés rapidement, après les rapports des représentants en mission, à la guillotine. Bonaparte qui fut à bonne école le comprit le premier et fit ce qu’il fallait. Mais Chateaubriand rappelait en 1830, qu’il n’y avait un Bonaparte que tous les milles ans ! Alors…

Il n’empêche que nos quatre premières républiques ont été achevées par des militaires… Simple remarque. Cela ne m’empêche pas d’affirmer que la victoire du 11 novembre ne mérite ce nom que par égard pour le courage des soldats de tout rang. Sa célébration devrait être essentiellement militaire, et religieuse parce que la France de 1918 était encore majoritairement catholique et priait pour ses morts. Ses dirigeants politiques s’en accommodaient, malgré leur méfiance du sabre et du goupillon. Et l’Église catholique se faisait entendre !

Un dernier mot. On crut en 1918, qu’on en avait fini avec la guerre et les impérialismes en tout genre. La république laïque et ses valeurs avaient triomphé. Les militaires n’avaient pas pris le pouvoir, on les avait dédommagés autrement. On fut aveugle devant le découpage nouveau de l’Europe, on sous-estima la puissance du bolchévisme en Russie, la ruine de l’empire austro-hongrois (un grand état catholique de moins), la fin de l’empire turc (on allait pouvoir coloniser les Arabes sous couvert de favoriser leur nationalisme et leur islam, par exemple en plaçant les Saoudiens wahhabites à la Mecque en chassant les Hachémites en Jordanie). Chacun est à même d’apprécier aujourd’hui « l’intelligence » d’un pareil calcul ! Il n’est donc pas facile de célébrer le 11 novembre 1918, et surtout son centenaire. Il faut y mettre le prix ! C’est celui de la vérité, prix aussi cher que sont nombreux les monuments aux morts qui couvrent notre pays. Ils sont tout autant des hommages aux courage des héros qui ont défendu leur terre, que des signes du cynisme monstrueux des politiques adeptes de la culture de mort, à qui les 1 400 000 morts au combat n’ont pas suffi pour recommencer 21 ans plus tard, et continuer aujourd’hui dans la même voie, toujours en se gardant bien d’identifier le véritable ennemi et en maintenant l’ambiguïté sur la véritable notion de patrie.

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2 commentaires

  1. “montée du principe des nationalités aux dépens de celui de patrie” : c’est de la mauvaise réthorique très en vogue au sein du gouvernement et des bien-pensants qui ne savent pas comment se dépatouiller de concepts naturels mais qui les choquent. On crée donc l’oppsoition “patritoisme” “nationalisme”. Les deux se complètent et ne s’oppsosent pas. D’ailleurs la frontière est très difficile à déterminer entre les deux. La notion de Nation existe depuis l’ancien régime et est reprise en toutes lettres dans la Constitution. La majorité des auteurs et non des moindres comme Maurras ne distinguent pas l’un de l’autre. Dans la Constitutiond e la Monarchie espagnole, il est écrit “La Constitution est fondée sur l’unité indissoluble de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols”. Ce qui prouve bien que les deux sont indisociables. Maintenant, la notion de patrie a été réexhumée de l’Antiquité par la République (en Vendée les Bleux étaient les Patauds car ils n’avaient que le mot Patrie dans la bouche). La Patrie se réfère à l’héritage des Pères, la Nation à ceux qui y sont nés. La Nation est humaine, la Patrie matérielle. Si je devais choisir entre les deux (du fait de faux procés comme actuellement), je dirais que je préfère les hommes aux choses.

    • complément @ Jipeo
      La Nation est l’âme de la Patrie.
      Alors que la patrie fait référence à la terre des pères (notion géographique : pays, sol, territoires, paysages, architecture ; c.à.d capital de la nature modelée par l’action des hommes), la nation fait référence à l’enracinement par la naissance (notion spirituelle: identité linguistique, politique, culturelle, intellectuelle, artistique, morale, juridique, religieuse … ; c.à.d. héritage de la communauté et de son histoire).
      On peut dire que le patriotisme, c’est aimer la patrie et en défendre le sol, et le nationalisme, c’est aimer la nation et en défendre la personnalité et le génie propre : LA POLOGNE EN EST L’ARCHÉTYPE DANS SON HISTOIRE, PUISQUE NATION PLUSIEURS FOIS PRIVÉE DE PATRIE.
      Dans le cadre de la sauvegarde de la planète (COP 2X, ‘laudato si’ , tri des poubelles … et autres plaisanteries de même nature visant à asservir le peuple méprisé), les notions modernistes et débiles de patrie et de nation devraient être mises à la DÉCHETTERIE, mais malheureusement ça n’est pas demain la veille :
      voir Romain Gary (“le patriotisme, c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres”) et De Gaulle (“le patriotisme, c’est aimer son pays ; le nationalisme, c’est détester celui des autres”).

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