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Médias : Désinformation

Appliquer le doute cartésien aux médias

Henri Hude, à propos de la façon dont nos médias traitent de l'actualité américaine :

M "La première chose à bien faire comprendre aux jeunes, selon moi, c’est que le pouvoir et tout ce qui y touche ne sont pas, sauf rarement, ce qu’ils paraissent être, quand ils sont aperçus à travers le prisme des médias d’aujourd’hui, qu’on imagine naïvement n’être qu’une fenêtre ouverte sur le monde. Le « doute », selon Descartes, consiste à s’habituer à penser, méthodiquement, que ce qu’on voit n’existe pas comme on le voit. Ce que nous voyons ne serait jamais la même chose que ce qui existe. C’est là souvent une exagération sans nuances, car la raison sensée est au contraire réaliste. Il faut savoir douter du "doute cartésien", si l’on veut être un esprit critique. J'ai expliqué cela en détail dans mon livre de 2009, Prolégomènes. Les Choix humains. Ceux qui s’imaginent douter de tout sans douter aussi du « doute », sont en réalité des gens qui ne doutent de rien. Leur « doute » n’est qu’une matrice à préjugés.

Pourtant, il y a un domaine dans lequel il y a vraiment lieu d’appliquer le doute cartésien dans toute sa rigueur : c’est celui de nos relations avec les médias, surtout avec les grands canaux de télévision. "Qui dirige les opinions des hommes, disait Hobbes, dirige leurs actions". Il conditionne leur confiance ainsi que leur obéissance. Cette obéissance et cette confiance maintiennent les pouvoirs en place. Ces pouvoirs détiennent la clé de la bourse commune de la société. Ils contrôlent l'attribution d'une infinité de places et de contrats. C'est par l'intermédiaire des médias (jusqu'à ce jour) qu'ils gardent ou perdent le pouvoir. Et les médias sont aussi un immense pouvoir. Les uns et les autres, rivaux et solidaires, ont donc tant d'intérêt à mentir, et ils sont si souvent vagues et inexacts, qu'on aura toujours du mal à les croire, par suspicion légitime, par simple prudence, tant qu'ils ne donneront pas plus de signes non équivoques de leur sérieux intellectuel et moral, de leur désintéressement et de leur sens du bien commun. C’est un pouvoir réel, et très réel, que celui de produire de l’illusion, de l’émotion et de la réaction, par la projection d’une image qui active surtout la part infra-rationnelle de l’homme. Au lieu de réagir à l’image médiatique d’un pouvoir (comme un taureau au chiffon rouge), la bonne méthode est de douter presque systématiquement de cette image, de comprendre comment et pourquoi elle a été fabriquée, par quel pouvoir, en vue de quels effets."

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4 commentaires

  1. Bon c’est quand meme pas très nouveau tout ça cf Bourdieu:” Contre-feux” ou ” sur la télévision ” , Serge Halimi “les nouveaux chiens de garde du pouvoir ” d’autres sociologues dont j’ai oublié le nom et aussi Serge tchakotine ” le viol des foules par la propagande politique” Vladimir Volkoff :”le montage” etc etc ….
    Comme disait le regretté Coluche : “on peut pas dire la vérité à la télé , y a trop de monde qui regarde “…

  2. D’où l’intérêt d’une bonne formation intellectuelle qui développe l’esprit critique et d’une bonne dose d’humilité qui aide à se recentrer sur l’essentiel !
    :-)

  3. Ce n’est pas nouveau mais 99,9% des Français ont un poste de télévision, y compris et surtout chez les catholiques.
    Faîtes un geste de charité : jetez votre poste et vous aurez :
    – une remise d’impôt conséquente
    – du temps libre à gogo pour vous former
    – renvoyé un moyen qui pervertie votre famille de l’intérieur
    et le nec plus utltra, le temps de lire le SB (ça, c’est pour être sûr d’être publié… non, je blague).
    La télévision ne sert à rien et n’apporte strictement rien : a contrario, c’est LE vecteur principal d’intoxication des foules.
    Ceux qui prétendent maîtriser l’objet car « ils ne regardent que les émissions qui sont bien » servent d’idiots utiles pour ceux qui téléguident la perversion.

  4. Comme je l’avais déjà signalé la cohérence éditoriale qui a fait les belles heures de votre revue et qui était le signe d’un attachement à des convictions plus qu’au ratissage large de lecteurs a hélas disparu. J’en veux pour preuve l’article sur les moines de Tibéhirine et sur la franchise papale de Frédéric Pons.
    Il fait un contrepoids judicieux à celui de Christine Clerc de la semaine dernière qui pouvait froisser des sensibilités catholiques. Elle semble ignorante de la vitalité de l’Église et de sa tradition qui, comme dit le pape, est une “fidélité dynamique” à la foi reçue des apôtres. Visiblement elle ne comprend rien à l’idéal monastique ni à l’Église aujourd’hui toute occupée encore à regarder dans le rétroviseur ses vieux problèmes d’enfance et une éducation religieuse parfois très problématique il est vrai !
    On en vient à hésiter à poursuivre la lecture de Valeurs Actuelles, d’ailleurs le mot de valeurs n’a jamais évoqué pour moi autre chose que les valeurs sonnantes et trébuchantes…
    On peut élargir d’ailleurs la méthode à l’actuel gouvernement et aux propos scandalisés de Brice Hortefeux au sujet des profanations de tombes chrétiennes.

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