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Bioéthique

Alain-Gérard Slama déclare ouverte la chasse à l’embryon

Nous notions samedi le grave pas franchi par le rapport Claeys, qui ne se contente pas de prôner la légalisation du clonage "thérapeutique", la généralisation des recherches détruisant les embryons et leur financement public : il le fait en déclarant que le statut de l’embryon appartient à la "sphère intime", et n’a donc rien à faire dans le débat public.

Dans Le Figaro d’aujourd’hui, Alain-Gérard Slama emboîte le pas à cette thèse, la développant de manière plus péremptoire encore :

Slama[L]a question n’est pas de savoir si la ­recherche sur l’embryon ou le clonage thérapeutique doivent être condamnés d’un point de vue éthique. Le vrai problème est de savoir jusqu’où la loi peut interférer avec les choix moraux des chercheurs […]. On peut, par exemple, juger nécessaire l’interdiction absolue du clonage reproductif, qui, en mettant directement en cause le statut juridique du clone, bouleverse […] les fondements des droits de l’homme et de la démocratie.

La recherche sur l’embryon et le clonage thérapeutique, qui exige un don d’ovocyte, et qui est encore balbutiant, ne soulèvent pas la même objection dirimante [NDHV : le rapport Claeys utilise aussi au sens figuré ce terme, tiré du jargon juridique (p11) …quelle communion de pensée !]. Ces recherches, dont le but est de sauver des vies, ne portent atteinte ni à la dignité, ni à l’intégrité de la personne, dès lors que les ­embryons seraient, en toute hypothèse, voués à être détruits et que les dons d’ovocytes sont rares.

Ne cherchons pas de logique dans ce paragraphe : dire la destruction d’embryons au cours de recherches ne porte pas atteinte à la dignité de la personne parce qu’ils seraient "voués à être détruits", cela ne tient pas debout. Ou alors, M. Slama suggère-t-il que les Etats-Unis expérimentent sur leurs condamnés à mort (pour "sauver des vies", bien sûr !) avant de les exécuter ?

Coordonnée ou pas, l’offensive pour retirer à l’embryon quelque protection que ce soit est lancée.

Henri Védas (via Genethique.org)

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8 commentaires

  1. Un article de cette teneur aurait très bien pu être écrit dans Libération.
    Que le Figaro finisse aux oubliettes de l’histoire des feuilles de chou, en compagnie de son quasi clone de gauche (mais Le Figaro est-il toujours à droite?)
    [Réponse de HV : M. Slama présente astucieusement sa thèse sous un jour qui flattera son lectorat droitiste, puisqu’il part du constat que l’Etat met aujourd’hui son nez dans trop de choses… dont, selon lui, la bioéthique !]

  2. Raisonnons par l’absurde en remplaçant quelques groupes de mots…
    “La question n’est pas de savoir si la traite des Noirs doit être condamnée d’un point de vue éthique. Le vrai problème est de savoir jusqu’où la loi peut interférer avec les choix moraux des marchands.
    Cette traite des Noirs ne porte atteinte ni à la dignité, ni à l’intégrité de la personne, dès lors que les Noirs seraient, en toute hypothèse, voués à être détruits.”
    De l’art de rendre le crime acceptable…
    PS : il va sans dire que les quelques phrases ci-dessus n’illustrent absolument pas ma pensée. Je souhaite juste faire comprendre l’horreur du raisonnement faussé de ces gens qu’on appelle des “élites” (pouah!).

  3. Dans tout génocide, holocauste, crime de massse, épuration ethnique ou autre, etc….il faut déclarer les victimes comme infra humaines, les détacher de l’espèce humaine, ou leur dénier leurs droits légitimes de personnes : ainsi, il devient possible de les exterminer. La terreur jacobine a montré l’exemple.
    Mais il est incroyable que qq un comme A-G SLAMA, juif d’origine, ne se rende pas compte de l’énormité qu’il y a à utiliser un raisonnement aussi renversant sur le plan juridique : nous pouvons tuer parce que les futures victimes devaient mourir un jour ou l’autre.
    Cela ouvre des horizons extraordinaires à tous les crimes et à tous les criminels. Et estimer que parce qu’il y a une loi, donc une norme assumée par la collectivité, tuer l’innocent, qui n’est pas un droit pour les individus, le deviendrait pour la société, est aux antipodes de la civilisation européenne, depuis la Grèce.
    De plus pour un intellectuel qui se dit libéral, donner à l’état un tel droit sur l’individu est une négation même du libéralisme classique dont se réclame si souvent AG SLAMA.
    On mesure là le conformisme de gauche des élites situées soit disant à droite dans notre pays.

  4. Nous voilà arrivés à l’accomplissement parfait de la révolution des obscures “Lumières “: l’utilisation de l’homme par l’homme comme simple matériau.
    Les (à peine ) anciens collabos de Marx et Mao non repentis pousuivent leur oeuvre de mort guidés essentiellement par leur haine toute voltairienne du christianisme.
    Pour approfondir le sujet et dénoncer le mensonge institutionnalisé: “l’homme des droits de l’homme et sa compagne” du Professeur Xavier Martin aux Editions Dominique Martin Morin.( à diffuser sans modération)

  5. Merci au salon beige d’avoir mis un lien vers la fondation Lejeune. Je leur donne quelques sous de temps en temps et leur action est essentielle et magnifique. Je sera d’avis de mettre deux autres liens, c’est une proposition: Faire un don à l’AED, et Faire un don à l’Eglise (denier du culte). A vous de voir mais les chrétiens sont les plus grands donateurs à toutes sortes de causes, mais je crains que leurs bonnes intentions ne se dispersent et se perdent souvent… Ces deux autres liens seraient un écho régulier aux sujets que traitent vos articles.
    Athanase Lansac.

  6. Une remarque de méthode : nous devons chercher la logique de ces propos, pour être à même d’y répondre !
    Un point qui m’intrigue : M. Slama ne voit-il pas qu’il érige lui aussi un choix éthique personnel en position juridique lorsqu’il écrit : “Le vrai problème est de savoir jusqu’où la loi peut interférer avec les choix moraux des chercheurs, dès lors que ceux-ci ne touchent pas aux fondements de la démocratie, et n’ont d’incidence ni sur les choix des autres, ni sur l’ordre public.”
    [Réponse de HV : pour trouver une logique, encore faut-il qu’il y en ait une. J’ai l’impression que le papier de M. Slama est surtout un exercice de rhétorique. Il présente le débat sur le statut de l’embryon comme échappant à la sphère publique en donnant des justifications x ou y qui ne tiennent pas debout, alors que la seule vraie raison (qu’il ne mentionne pas) est qu’il ne considère pas que l’embryon est un être humain – ce n’est donc pas pour lui un débat qui appartiendrait à un autre ordre, c’est plutôt un débat clos.]

  7. @ Fab :
    reconnaissons quand même que Le Figaro, contrairement à Libération, a correctement donné la parole aux anti-eugénistes au moment du Téléthon. On y trouve une diversité de points de vues bienvenue surtout sur des sujets aussi complexes que celui-ci. Quant à A-G Slama, c’est une figure du journal et il aurait été étonnant qu’il ne mette pas par écrit ses réflexions faites la semaine dernière sur France-Culture. Il faut maintenant espérer qu’une tribune répondant spécifiquement au point de vue de M.Slama soit publiée dans le même journal…

  8. @ Henri Védas
    Ce passage-ci me semble assez clair :
    “Ces recherches, dont le but est de sauver des vies, ne portent atteinte ni à la dignité, ni à l’intégrité de la personne, dès lors que les ­embryons seraient, en toute hypothèse, voués à être détruits et que les dons d’ovocytes sont rares.”
    Débat clos et biaisé. Un article assez pernicieux…

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