Partager cet article

France : Politique en France

L’affaire Boulin devrait rendre plus modestes les zélateurs des valeurs de la République

Pub-France-3Oui dans notre belle République, dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée avec ses "valeurs" sans jamais les définir, l'assassinat politique est tout à fait possible et peut impliquer de hauts responsables, qui continueront tranquillement leur carrière sans jamais être inquiétés. Ces responsables, directs ou indirects, mourront avec honneurs, cérémonies et hommages unanimes puis on oubliera, les archives étant prévues d'être ouvertes que des décennies plus tard. Les plus jeunes se souviendront de l'assassinat en 1994 de la député Yann Piat, qui voulait mettre fin aux connivences entre mafia et politique à Hyères en 1994, assassinat qui reste encore une énigme pour beaucoup (ici et ici)… On pourrait également évoquer les "suicides" de Pierre Bérégovoy en 1993 peu de temps après avoir quitté ses fonctions de premier ministre ou de François de Grossouvre à l'Elysée..

Aujourd'hui, les médias font mine de s'intéresser à un soi-disant rebondissement dans l'affaire de l'assassinat de Robert Boulin, homme politique très en vue des années 70 que certains voyaient premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing.

"La juge en charge du dossier sur la mort du ministre Robert Boulin, dont le corps avait été retrouvé en 1979 dans la forêt de Rambouillet (Yvelines), a entendu deux témoins qui remettent en cause la thèse du suicide, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. "L'un de ces témoins, médecin urgentiste qui s'est rendu sur les lieux en premier, a indiqué à la juge que la position du corps n'était pas celle d'une personne noyée par suicide", a expliqué une source proche du dossier, en confirmant une information de France Inter et 20 minutes. Selon cette même source, ce médecin, aujourd'hui septuagénaire, a constaté que le corps "n'était pas à plat, mais plutôt agenouillé, et qu'il présentait des traces dans le dos pouvant correspondre à celles de coups".Un deuxième témoin, entendu cet hiver par la juge d'instruction versaillaise, a par ailleurs indiqué avoir croisé Robert Boulin le jour de sa mort, le 29 octobre 1979, à bord d'une Peugeot. Selon lui, l'ancien ministre occupait la place du passager, et était accompagné de deux hommes, l'un conduisant le véhicule, l'autre à l'arrière (…)

Résistant devenu avocat, Robert Boulin avait entamé une carrière politique en 1958 en devenant député gaulliste de Gironde puis maire de Libourne un an plus tard (…) Nommé ministre du Travail par ce dernier en 1978, sa popularité avait alors nourri des rumeurs qui le désignaient comme "premier-ministrable" de Valéry Giscard d'Estaing."

Or, toutes ces informations sont déjà connues et certains n'ont pas hésité à suggérer que Jacques Chirac aurait pu jouer un rôle dans cette affaire :

"Ayant dénoncé avec force le putsch de Jacques Chirac sur l’UDR en 1974, Robert Boulin a probablement été  perçu comme un péril par la garde rapprochée de Jacques Chirac, et dans le noyau dur de la garde chiraquienne, il y avait les gens du SAC, comme Jacques Foccart. En outre, après la démission en 1976 de Jacques Chirac de son poste de premier ministre sous Giscard d’Estaing, auquel succéda Raymond Barre, la rumeur courut parmi les gaullistes que Giscard d’Estaing songeait en 1979 à nommer un premier ministre gaulliste pour réduire l’influence de Chirac (…) Il se peut que l’assassinat de Robert Boulin par des sbires du SAC ait été un malheureux dérapage, la tragique boulette de seconds couteaux en roue libre voulant en découdre, il se peut aussi que ce meurtre ait été commandité par l’appareil du RPR et dûment perpétré par des assassins patentés. Quoi qu’il en soit, boulette criminelle ou assassinat d’État, il est parfaitement intolérable que, dans un État de droit comme la France, la justice n’aille pas jusqu’à son terme dans une affaire où la vérité et le sens même des institutions est en jeu." [Mediapart, L’affaire Robert Boulin, la République française la tête dans le sac]

"L’ombre, les ambitions, les manières exécrables, les trahisons à répétition de Jacques Chirac – « un mélange de Rantanplan et de Bonaparte » dit de lui l’épouse, admirable, de Robert Boulin – planent sur tout le film, dont l’arrière-plan, qui est en réalité le premier plan et la trame de la tragédie, est sa conquête du pouvoir par tous les moyens, avec la complicité des vieux réseaux gaullistes barbouzards alors que les vrais gaullistes, comme Robert Boulin ou comme Jacques Chaban-Delmas, s’opposent à son ascension, au scrutin truqué qui le porte à la tête de l’UDR en 1974, à ce « putsch d’arrière-cuisine » auquel Boulin ne peut pas se résoudre." [Minute, Mort de Robert Boulin : Crime d’Etat accuse Jacques Chirac ! ]

Lire aussi cet interview intitulé Affaire Boulin : suicide ou assassinat, l’ombre de Jacques Chirac dans les deux cas ? dans Atlantico de Benoît Collombat auteur de Un homme à abattre : Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin

Nul doute que l'enquête piétinera au moins jusqu'à la disparition de Jacques Chirac, sauveur de la République et de ses "valeurs" en 2002 face au monstre Jean-Marie Le Pen… La République reconnaissante lui doit bien ça…

Partager cet article

9 commentaires

  1. dans son entourage peu croyait au suicide mais ni les journalistes, ni les enquêteurs n’ont eu la force de chercher la vérité!
    c’est tout de même incroyable cette passivité devant de tels actes, Yann Piat,Groussouvre, Berogovoy, personne n’ose faire de vagues

  2. j’ai une curieuse envie de vomir en lisant tout ça.
    ces républicains d’opérette sont aussi répugnants que les merdias qui couvrent tous ces forfaits en parfaite connaissance de cause, et vont déposer le moment venu, une larme pudique et républicaine sur la dépouille puante de leurs anciens maitres.
    Vivement un grand et vrai coup de balais !

  3. n’oublions pas concernant le SAC : la tuerie d’Auriol , l’affaire Ben Barka , l’enlèvement d’Argoud en Allemagne et les tortures en Algérie contre la résistance OAS ,…….
    La barbouzerie gaulliste comporte de nombreux faits d’armes

  4. J’avais pensé que la mort de Charles Pasqua aurait libéré des langues.
    Ce qui est étonnant c’est que Madame Lebranchu qui à une certaine époque avait des fonctions en rapport avec l’affaire Boulin (ancienne garde des Sceaux, il me semble) n’ait jamais rien fait et toujours remis à demain les nouvelles instructions qu’on était en droit d’attendre.

  5. De droite ou de gauche il y a du monde dans les placards et sa doit faire des cliquetis .

  6. Sur YouTube : “Crime d’état” film remarquable et bien dramatique. Chirac & Pasqua . . . . .
    RIP Robert Boulin

  7. Chirac crapule… Rien de nouveau! Il faudra demander à son sbire Ali Juppé ce qu’il sait… Certainement beaucoup de choses!

  8. Robert Boulin ne s’est pas suicidé,les gens qui connaissaient et fréquentaient sa famille, sa femme, son fils Bertrand, et sa fille , le savent depuis toujours

  9. Tant d ‘ énergie et de crimes pour finalement être un président de la république aussi minable que ne l ‘ a été Jacques Chirac !
    On a quel mental en fin de vie, après tant de turpitudes ?

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services