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A quand un courant distributiste français ?

Philippe Maxence poursuit son exposé sur le courant distributiste anglo-saxon en regrettant que ce dernier ignore la pensée française en la matière (les catholiques sociaux du XIXe, mais aussi, plus proche de nous, Jean Ousset et Louis Salleron). Un lecteur nous fait part de sa réflexion sur l’absence de ce courant en France :

"En ce sens, sous l’influence de l’école autrichienne de Hayek, très marquée par les catholiques sociaux allemands du XIXème, le libéralisme économique américain a su donner forme à des revendications allant dans le sens de la DSE, comme de remettre l’enseignement aux parents, de lutter contre l’étatisation de nombreux secteurs de la vie sociale pour les laisser à l’initiative individuelle, etc. : c’est de l’union et de la fusion au sein du parti républicain, sur l’inspiration de Reagan, entre ce libéralisme et le courant chrétien conservateur que la droite américaine a eu la possibilité de renverser le gauchisme socialisant qui avait conquis les élites américaines après 1968.

Cette union ne s’est pas faite en France, parce que la droite nationale ‘’ignore’’ ou combat le libéralisme, par ignorance ou contresens, que le libéralisme politique en France s’est mis au service caricatural du MEDEF, et que le courant conservateur chrétien, essentiellement catholique, a été étouffé par la structure épiscopale, essentiellement ralliée au progressisme marxisant, tiers mondiste puis altermondialiste depuis les années 1970. C’est l’absence de rencontre entre ces deux courants qui les a empêché d’émerger politiquement. Ce qui fait que la gauche française, même si elle perd les élections, garde le pouvoir des idées, rendant ‘’logique’’ et ‘’indispensable’’ que ce soient ses idées et certains de ses représentants auxquels N. Sarkozy se réfère pour se donner une image d’intelligence, mais aussi de générosité : la droite française ignore le sens de la compassion parce qu’elle croit au tout Etat, celui  de la pseudo justice sociale, comme la gauche étatique et redistributrice.

Il y a donc urgence pour les catholiques à reprendre une réflexion sociale et économique, et lui donner des objectifs politiques concrets."

D’où l’intérêt du sujet abordé sur Caelum et Terra.

Michel Janva

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3 commentaires

  1. Tout à fait d’accord. Le problème est que les défenseurs du libéralisme et du capitalisme, chez les cathos, et notamment sur Internet, se comptent sur les doigts d’une main. Mais pour ce que j’en ai observé sur le net, l’alliance entre libéraux et conservateurs est non seulement possible, mais souhaitable.

  2. Je ne comprends pas le lien entre le distributisme, titre de votre note, et le contenu du message de votre lecteur qui concerne le libéralisme.
    Pourtant, il est écrit sur le blog de Philippe Maxence, dans la note “Le distributisme, cet inconnu (I)” :
    ” Des débats, parfois houleux, souvent passionnants, opposent les tenants du distributisme aux catholiques favorables au libéralisme économique. ”

    ” Alors pourquoi ces débats ? Tout simplement en raison d’une interprétation radicalement différente de la doctrine sociale de l’Eglise. Les distributistes ont une vision organique de celle-ci. Il s’agit d’un autre projet de société, opposé aussi bien au capitalisme libéral qu’aux divers socialismes. ”
    La note du Salon Beige est très troublante car elle laisse croire aux lecteurs que le distributisme serait du libéralisme et inversement.
    Il est clair que le courant absent et regretté de la note du Salon Beige est le libéralisme, et non le distributisme.
    Pourtant ce courant libéral est loin d’être absent en France, que ce soit chez les hommes politiques de l’UMP ou chez nos bons évêques, ( plus libertaires que libéraux, il est vrai ) ….
    Enfin concernant le message proprement dit de votre lecteur, je voudrais signaler une erreur. La droite nationale s’est largement inspirée de Reagan. La force de ce caractère libéral s’est peut-être affaibli dans le temps, mais M. Martinez, encore récemment dans une revue, remarque, avec pertinence, une contradiction entre le programme social de la droite nationale, directement inspiré de la doctrine sociale de l’Eglise, et son programme économique libéral, générateur d’inégalités et de bulles financières jettant à la rue, hors de leur maison payée à crédit, des millions d’américains.
    Une conséquence possible de cette contradiction, l’échec de la droite nationale, pourrait alors s’expliquer non pas à cause d’un manque de libéralisme, mais par un trop plein de libéralisme, faisant fuir les masses populaires de l’électorat.
    Toutefois, l’échec de la droite nationale ne peut-il pas s’expliquer autrement ? La victoire écrasante du parti sarkozyste prouve que le combat politique demande de la stratégie et de la persuasion et non de l’idéologie.
    La faillite de la France, et l’appauvrissement généralisé des Français, peut, par contre s’expliquer, par l’échec de son modèle, l’échec de son idéologie républicaine (qui n’est qu’en fait son aboutissement logique)
    Une fois ce constat fait, le libéralisme transnational, pour qui les frontières, géographiques, culturelles, humaines sont autant d’obstacles à effacer, est-il le remède miracle ou bien le poison fatal ?
    A une certaine époque, La tradition catholique a été défendue le plus vigoureusement par les catholiques anti-libéraux. Une tradition française, hier épanouie, aujourd’hui totalement absente.

  3. @ En passant
    Peu de dirigeants politiques depuis Madelin, ni épiscopaux, ni patronaux même sont défenseurs du libéralisme économique.
    Vous confondez relativisme moral et matérialisme avec libéralisme.
    Ceci a une explication historique en France : les bourgeois matérialistes jacobins et voltairiens du XIX ème se revendiquaient ”libéraux” au sens politique et se disaient aussi libéraux au sens économique, alors qu’ils s’appuyaient sur l’Etat pour se développer ou empêcher la concurrence étrangère, ce qui a affaiblit considérabklement notre industrie face à l’Angleterre et l’Allemagne. Ces faux libéraux empêchèrent l’abbrogation des lois révolutionnaires liberticides Le Chapelier et d’Allarde, qui interdisaient les associations, particulièrement professionnelles et ouvrières. Face à eux, les catholiques sociaux se firent ”anti libéraux” jetant le bébé économique avec l’eau du bain jacobin, opresseur et anti social : et c’est cette ambiguïté, pour ne pas dire confusion, que Maurras a reprise dans les mots, la léguant à la droite nationale française. Laquelle continue à croire que l’Etat jacobin monopolistique et fiscaliste peut être garant de la justice, alors qu’il demeure comme au XIX ème l’instrument de l’oppression de groupes de pression syndicaux, patronaux et idéologiques sur les libertés familiales, scolaires, civiques, locales, linguistiques, culturelles, etc……
    Il y a un rapport direct entre le libéralisme économique et la doctrine sociale de l’Eglise : celui de la liberté, de la dignité et de l’autonomie de la personne sur le plan de ses droits dans le domaine de l’agir. Que la dimension morale soit une nécessité n’est pas nié par le plus grand penseur libéral du XX ème HAYEK (inspirateur de l’école néo libéral qui a sous tendu le reaganisme et le thatchérisme), qui pense qu’il faut un fondement moral à toute législation même économique. Le maître de HAYEK avait été formé par l’école des catholiques sociaux allemands.
    Pas de caricature sous marxiste : les américains qui doivent vendre leur maison l’avait achetée grâce à leur propre spéculation et ils ne sont pas à la rue, mais en achètent une moins couteuse dans un moins beau quartier, contrairement à ce que raconte LIBE et Alternatives Econmiques, ou le Monde Diplomatique.
    La droite nationale en se faisant le defenseur du socialisme jacobin (le modèle social français, lancé par Maurice THOREZ à la Libération) trahit son histoire intellectuelle mais aussi les couches populaires : Sarkozy a repris le flambeau libéral (il n’en fera rien comme Chirac en 1995) et a obtenu ainsi la moitié des voix populaires du FN. Parce que les couches populaires aspirent à sortir de l’assistanat social qui les place au même niveau et dans les même lieux que les immigrés.
    Seul le libéralisme économique peut parvenir à répondre à cette aspiration : en Espagne, en Italie, en Belgique, dans les pays nordiques, près de 85 % de la population possède son logement alors qu’en France c’est quasiment 25 % de moins.
    Certains cadres de la droite nationale confondent, comme le PCF, justice sociale et redistribution par l’impôt, et accusent le libéralisme de tous les mots, alors qu’il n’a jamais été appliqué en France, faute d’un Reagan ou d’une Thatcher français. Leur ouvriérisme dépasssé ringardise la droite nationale, et entre Soral ou les partisans de l’étatisme dit ”national”, et le reaganisme des années 80, le FN devra trancher très vite.
    Car le second tour de 2002 si glorieux en apparence, avait fait apparaître cette triste vérité : le FN n’avait aucun programme économique novateur à proposer, faute de principes économiques, et donc de morale sociale et économique clairs et explicites.
    Depuis, ni le FN, ni le MNR, ni le MPF n’ont évolué sur ces sujets : en faisant de la surenchère sécuritaire et anti islamique entre eux, ils ont perdu une crédibilité économique que l’échec prévisible de N. Sarkozy ne suffira pas à combler pour devenir un parti de gouvernement.
    Copier le PC est une impasse : le FN s’en est rapproché électoralement aux législatives. Le libéralisme n’est donc pas le mal absolu : il fournit des instruments de réflexion pour la réforme de l’état jacobin socialiste.

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