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France : Politique en France

La lente et difficile mue du RN (ex-FN) en parti de gouvernement

La lente et difficile mue du RN (ex-FN) en parti de gouvernement

Difficile d’évoquer le livre récent de Sophie Montel sans se retrouver accusé de dénigrer le Rassemblement national (ex-FN). L’objet de ce post n’est pas là. Le Salon beige et ses rédacteurs se sont suffisamment vu reprocher à la fois de promouvoir le FN mais paradoxalement aussi de le critiquer trop vertement. Nous ne nous sommes pas non plus privés de critiquer par ailleurs les scandaleuses positions pro-avortement de Sophie Montel…

L’interview que vient d’accorder Sophie Montel au site Breizh-info est intéressant car elle permet de poser les bases d’une réflexion pour constituer un mouvement de droite nationale et souverainiste, durable et crédible.

Sophie Montel n’est pas la première à claquer la porte du FN et à écrire (ou pas) un livre critique. d’autres, plus brillants ou réputés, l’ont précédé : Olivier d’Ormesson, Jean-Yves Le Gallou, Jacques Bompard, Carl Lang, Roger Holeindre, Paul-Marie Couteaux, Aymeric Chauprade, Bernard Monot … sans oublier le premier d’entre eux en influence, Bruno Mégret.

 

Cela montre qu’il y a quelque chose dans l’ADN du FN et du RN qui ne fonctionne pas pour réaliser l’unité dans la durée, que ce soit avec Jean-Marie Le Pen ou avec Marine le Pen. On pourrait aussi ajouter la mise à l’écart de Bruno Gollnisch ou l’éphémère entente avec Nicolas Dupont-Aignan de 2017.  Le départ de Marion Maréchal est également à comptabiliser dans ses rendez-vous ratés de la politique.

Extraits de l’interview :

Des années dans un milieu brutal, avec de la violence verbale, des pressions à partir du moment où on ne suit pas les règles établies, où on dit « Non » à certaines pratiques…(…)

Quand je rentre au Bureau politique en 2003 se pose déjà la question de la succession de Jean-Marie Le Pen. Marine Le Pen a pointé le bout de son nez depuis la scission mégretiste. Elle est nommée par son père suite au congrès de Nice au Bureau politique, comme moi (…)

J’ai toujours considéré le Front national comme un outil. Pas comme une fin en soi. Le but c’est d’accéder aux responsabilités suprêmes. Quand je me retrouve en Bureau politique en 2003-2004, je commence à entendre des choses qui m’interpellent. Jean-Marie Le Pen ne voulait pas de responsabilités. C’était un grand tribun, mais le pouvoir ne l’intéressait pas. Lors de sa succession, on a eu le choix qu’entre Marine Le Pen et Bruno Gollnisch. Je suis plus sur la ligne ni droite ni gauche de Marine Le Pen, que sur celle où l’on mélange trop le spirituel et la politique.

En 2010, Marine Le Pen fait revenir d’anciens mégrétistes, dont Nicolas Bay (…) Elle fait revenir Briois, Bilde, et de nombreux autres. La réalité m’a montré qu’il n’y avait pas plus de travail fourni par les nouveaux arrivants que par les anciens (…) L’arrivée de Florian Philippot ralentira mon départ. Il a essayé de professionnaliser le parti, malgré ses travers (brillant, mais insupportable, méprisant). Mais Marine Le Pen lui laisse tout passer.

Tous les exemples que je cite sur la violence, sur l’incompétence, cela s’est accumulé sur les dix dernières années. Je peux concevoir qu’on dise que j’ai mis 30 ans à me réveiller, mais il y a des explications derrière. J’avais la chance de ne pas vivre en région parisienne, constamment avec eux, au siège. Ce qui m’a oxygéné, c’est d’avoir ma base en Franche-Comté (…)

Vu comment se sont passées les commissions d’investiture et notamment pour la constitution des listes départementales ; je vous assure que j’ai eu peur de gagner la région. Mon côté rationnel m’a dit qu’il ne fallait pas qu’on gagne. Cela aurait explosé, c’était ingérable. On était en fusion administrative entre la Franche-Comté, la Bourgogne. Cela a renforcé le potentiel électoral. Il fallait tout maîtriser. Politiquement, on aurait pas pu assumer, ni s’en sortir. Parallèlement, j’aurai du composer avec une équipe de bras cassés. Si on avait gagné, on aurait gagné ric rac, avec une courte majorité. J’aurai été la proie de tous les chantages (…)

Mariani ou Juvin ne vont pas intégrer le Rassemblement national…(…) Il va être député européen, je ne suis pas persuadé qu’il reste et que d’autres resteront dans le groupe RN. Cela va clasher assez vite. On a le précédent Chauprade et Schaffauser, sans porter de jugement sur le fond de ces histoires. La greffe ne peut pas se faire. Quand vous avez des gens comme Juvin, comme Mariani, intellectuellement supérieurs, quand ils arrivent au RN et voient le niveau de ceux qui sont censés être les hauts cadres… ils doivent avoir envie de continuer leur parcours et de rester en retrait (…)

J’ai connu l’époque du FN des barons locaux. Vous aviez des personnalités assez fortes (je ne parle ni de la valeur ni de l’honnêteté, mais ils incarnaient un territoire). Marine Le Pen a balayé tout cela, elle ne voulait plus de ces gens-là et de leur poids régional. Elle a découpé le territoire national en secteurs, qu’elle a attribués à ses vice-présidents. Ce sont des gens hors-sol qui ont récupéré les régions. Cela a tout chamboulé dans les fédérations, dans les régions. On est à nouveau rentré dans un système de petite cour. Pour ceux qui rentrent en rébellion, leur parole ne sera jamais portée. La solution la plus courante, c’est que les gens s’en vont, abandonnent (…)

La structure elle-même du Front national corrompt et abrase toutes les bonnes volontés. Ce parti ramollit les gens, les rend obsédés par un mandat, par une vie facile. Accumuler des mandats les uns derrière les autres, faire des affaires et puis se retrouver un jour député européen, voilà comment Marine Le Pen tient tout le monde. Elle a la clé des investitures. Elle n’a pas d’opposition frontale à cause de cela. Je sais que beaucoup de gens n’ont pas été surpris en lisant mon livre, y compris à l’intérieur du parti (…)

Ce que je reproche au Front national c’est d’avoir obstrué le couloir du souverainisme, d’être une machine à fric au profit d’un certain nombre. Et d’être un mouvement avec beaucoup d’incompétents. Dans certains autres partis politiques, quelques hauts cadres du RN ne seraient même pas chargés de mission. Ils ne connaissent pas la réglementation, les lois, tout est survolé…

Il est vrai qu’un certain nombre de citriques sont transposables à d’autres partis politiques. Il est vrai aussi qu’un engagement au FN a toujours été plus compliqué qu’au sein de n’importe quel autre parti et que cela se faisait au détriment de sa propre vie professionnelle ou personnelle.

Mais tout de même, à l’heure où certains partis de droite nationale accèdent ou participent au pouvoir ailleurs en Europe (Italie, Autriche, Hongrie, Pologne…), il serait temps de faire passer tous ces combats d’égo, de pouvoir et de fric au second plan et de favoriser enfin la constitution d’un vrai parti ou d’une coalition de forces politiques de droites sincères et animées par la défense du bien commun.

Pendant ce temps-là, les Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron se succèdent au pouvoir, tranquillement, avec le seul risque de se faire remplacer par un sosie au bout de 5 ans.

Qui aura donc le courage ?

 

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4 commentaires

  1. Ajoutons aussi, qu’une des conséquences désastreuses de la diabolisation médiatique, politique, religieuse, …, depuis plus de 30 ans, a été d’empêcher la venue et l’engagement de personnalités qui par leurs compétentes, intelligence, instruction, conviction et honnêteté, ou autres qualités nécessaires à l’exercice du pouvoir
    auraient pu éviter ce manque relatif de cadres.
    Devant les complications extrêmes et risques (perte d’un métier, rupture de famille, exclusion sociale, …) beaucoup ont préféré ne pas s’investir …
    Cela ne s’est pas passé dans d’autres partis.
    Honneur à ceux qui se sont malgré tout investi, ils permettent d’entretenir la flamme. Je pense à particulier à Bruno Gollnisch.
    Remarquons aussi que “l’incompétence” dénoncée par Sophie Montel n’est pas le seul fait de certains cadres du RN, et qu’à LREM par exemple, à LFI aussi, ils n’ont pas de leçons à donner…

  2. Tout cela est facile à exposer maintenant qu’elle a quitté le Front, mais ce qu’elle écrit correspond exactement à ce qu’on pouvait entrevoir de l’extérieur du mouvement, il n’y a pas vraiment de surprises…
    On peut reprocher beaucoup de choses à ce parti, seulement il faut aussi prendre en compte le fait que le FN est le produit d’un système électoral franco-français complètement verrouillé au profit des mêmes depuis 50 ans, avec une mise en quarantaine systématique de la part du reste de l’échiquier politique, qui s’est vu interdire toute alliance avec lui au nom de pseudo principes moraux fallacieux… D’où le manque de cadres de qualité, car outre le fait de l’interdit moral, le parti n’a, en dépit de très bons scores, qu’assez peu de places éligibles à offrir, ce qui évidemment refroidit immédiatement tous ceux qui s’engagent en politique avec pour objectif d’en vivre ! (d’où des parcours à la Madelin, Longuet, Peltier, etc…)
    On voit guère comment cela peut changer tant que le système politique français n’aura pas été intégralement remis à plat ; les partis devant composer avec les règles et usages existants, cela entraîne nécessairement un certains nombre de dérives dont parle très bien Sophie Montel. Cela dit, en dépit de tous ces dysfonctionnements, le FN capte encore l’essentiel des voix des classes populaires de la France périphérique, depuis que la gauche institutionnelle a radicalement changé de ligne et de clientèle électorale… Si le RN venait à s’effondrer électoralement, il est évident que l’essentiel de l’électorat ne se portera pas ailleurs : il se réfugiera massivement dans l’abstention. Les résultats des européennes fourniront peut-être un début de réponse, mais dans tous les cas, plus le taux d’abstention sera fort, plus le score du RN sera bas…

  3. Sophie Montel comme tous ceux qui sont encore dans le shema de la fausse democratie axee sur la guerre civile permanente générée par ‘exercice de la democratie par votes pour des hommes issus de partis politiques. et non des groupes sociaux reellement representatifs de l’ensemble de la population.
    Le retour a la democratie vertueuse corporative devrait etre notre but en y rajoutant le groupe social de la Famille qui n’est jamais consulté.
    Dans un premier temps il sera necessaire de creer les 4 grands corps sociaux de la Famille , des employes salaries, des entrepreneurs economiques qui generent l’emploi, et des elus locaux (maires de petites communes et arrondissements des villes)
    Pour les elections communales le corps des elus etant substitué par le corps des associations locales)
    Les (1 a 4 )votes de chaque electeur dans son ou ses appartenances a un ou plusieurs corps sociaux se faisant là ou il habite pour le corps social de la famille et la ou il exerce son metier ou/et mandature.
    Quant aux chomeurs ils voteront dans leur precedent corps social et les etudiants et les sans travail uniquement dans leurs corps sociaux familial et/ou associatif .

    Ainsi le debat social s’exercera dans les assemblees et non dans la Rue .
    Et les deputes seront elus pour une double fonction benevole aux assemblees regionales et a l’Assemblee Nationale.
    Ils ne recevront pas d’emoluments forfaitaires .Ils seront rembourses de leurs feuilles de frais.comme c’est le cas pour les entreprises.
    Pour pouvoir exercer leurs metiers l’Etat et les Regions en concertation organiseront les cessions de travail en dehors des temps de travail: le Samedi ou le Dimanche apres midi ou pour les commissions le Soir:
    La technologie internet permettant maintenant plus facilement de travailler en petit groupe pour les commissions , a distance. D’autant que les deputes etant regionaux et nationaux en meme temps , les travaux de commissions peuvent etre organises uniquement regionalement.
    Rappel: dans ce shema: le mandat des deputes est representatif. Ils deviennent reellement representatifs de leurs electeurs qui les mandatent par leurs votes..
    Bien sur le referendum d’initiative populaire est instauré et le referendum d’initiative royale est maintenu car le Roi Hereditaire Catholique est rappelé a la tete de l’Etat et Son pouvoir Regalien de Justice et Son obeissance Obligee publique a la trancendance Divine dans l’ordre de cette Justice garantit les Institutions et les libertes de Ses peuples qui peut le renvoyer a Celle-ci s’Il en déroge.
    .

  4. Notre pays a été gouverné par Mitterrand avec des Maurois et consorts, par Hollande et même par Macron avec un nombre considérable d’élus qui relèvent de la psychiatrie.

    Preuve a ainsi été faite qu’on peut vraiment confier les rennes absolument à n’importe qui…

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