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France : Politique en France

Voter ou ne pas voter ?

L'analyse d'Alasdair MacIntyre rapportée par Denis Sureau :

"Lorsqu'on vous met en face de deux alternatives politiquement intolérables, il est important de ne choisir aucune d'entre elles. Et quand ce choix est présenté avec des arguments rivaux et des débats qui excluent de la discussion publique tout autre ensemble de possibilités, il devient un devoir de se retirer de ces arguments et de ces débats, afin de résister à l'imposition de ce faux choix par ceux qui ont arrogé eux-mêmes le pouvoir de définir ces alternatives.

Cette position peut dans l'abstrait remporter aisément l'adhésion. Mais, quand elle s'applique à la prochaine élection présidentielle [ce texte a été écrit en 2004, avant l'élection américaine, NDMJ], elle risque d'être rejetée d'emblée. Car c'est une idée reçue que voter est la marque d'un bon citoyen, et ne pas voter un signe d'irresponsabilité. Mais le seul vote ayant de la valeur en novembre [2004] est un vote qui ne peut être fait que contre un système qui offre le choix entre le conservatisme de Bush et le libéralisme de Kerry, ces deux partenaires dans le débat idéologique, chacun ayant besoin de l'autre comme une cible.

Pourquoi devrions-nous rejeter les deux à la fois? Non principalement parce qu'ils nous donnent de mauvaises réponses, mais parce qu'ils répondent à de mauvaises questions. Quels sont donc les bonnes questions politiques? L'une d'elles est la suivante : Que devons-nous à nos enfants? Et la réponse est que nous leur devons avant tout les protéger et les accueillir dès le moment de leur conception. Et nous ne pouvons le faire que si nous leur donnons les meilleures chances pour bénéficier d'une vie familiale épanouie, dans laquelle le travail des parents est rémunéré de manière équitable, et d'une éducation qui leur permettra de s'épanouir. Ces deux éléments, si ils sont pleinement énoncés, conduisent à une politique. C'est une politique qui nous oblige à être pro-vie, non seulement en mettant en oeuvre les mesures les plus efficaces pour réduire le nombre d'avortements, mais aussi en fournissant des soins de santé aux femmes enceintes, en facilitant les adoptions, en offrant une aide aux familles monoparentales et aux les grands-parents qui ont pris le relais des parents pour s'occuper de leurs petits-enfants. Et c'est une politique qui nous fixe comme une exigence économique minimale de proposer un travail suffisant qui procure une rémunération équitable et satisfaisante à tous les parents qui travaillent, un salaire suffisant pour maintenir une famille bien au-dessus du seuil de pauvreté. […]

Dans une telle situation, voter n'est pas seulement voter pour un candidat en particulier, c'est également voter pour un système qui nous présente que des alternatives inacceptables. La façon de voter contre le système est de ne pas voter."

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