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Pays : International

Vit-on mieux, aujourd’hui, en Afrique du Sud ?

Article de William Kergroach :

Unknown-9La communauté internationale et les médias se sont indignés, pendant des années, contre la ségrégation raciale du régime d'apartheid, faisant pression sur Pretoria pour mettre fin à ce système. Depuis 1994, Nelson Mandela et ses successeurs ont le pouvoir. Quel bilan peut-on tirer de ces deux décennies de pouvoir de l'ANC en Afrique du Sud ?

C'est dans les années 30, qu'ont été mis au point les fondements intellectuels de l'apartheid. L'universitaire Werner Max Eiselen, et d'autres chercheurs de l'Université afrikaner de Stellenbosch, se dirent qu'il valait mieux séparer géographiquement, politiquement et économiquement les différentes ethnies du pays, autant pour lutter contre l'acculturation des Africains, qui commençaient à s'amasser dans les ghettos des grandes villes blanches sud-africaines, que pour préserver la sécurité et le mode de vie des Blancs. La communauté internationale s'en est ému, estimant que tout le monde devait vivre ensemble, et a constamment fait pression sur l'Afrique du Sud pour mettre fin au régime de l'apartheid.

Le 27 avril 1994, lorsque l'ANC remporte les premières élections multiraciales du pays et que le charismatique Nelson Mandela devient le premier président noir du pays, neuf langues africaines (zoulou, xhosa, zwazi, ndebele, sesotho, sepedi, setswana, xitsonga, tshivenda) sont ajoutées aux deux langues officielles, l'afrikaans et l'anglais. En fait, l'arrivée au pouvoir de l'ANC sonne la grande revanche politique et économique des Noirs en Afrique du Sud. La communauté internationale ferme pudiquement les yeux sur le racisme anti-blanc qui se déchaîne, la corruption et les meurtres organisés par les politiciens noirs comme Winnie Mandela, l'ex-femme de Nelson (« Un Boer, une balle…»). 

Depuis 1994, les autorités sud-africaines ont mis en place une politique de ségrégation (affirmative aksie) qui, sous couvert de donner plus de place à la majorité noire de la population dans les administrations, les services publics ou dans le privé, exclut les Blancs. Les grands groupes miniers et les banques ont été obligés de céder 26 % de leur capital à des Noirs, qui sont, le plus souvent, les leaders, ou proches des leaders, de l'ANC au pouvoir. L'ancien avocat Patrice Motsepe, issu d'une famille princière Tswana,  membre de l'ANC, formé aux Etats-Unis, est, ainsi, devenu le 2e Noir le plus riche au monde avec 3,3 milliards de dollars, selon le magazine Forbes, en 2011. Ces nouvelles lois imposent également un minimum de 40 % de cadres noirs dans les entreprises. Les sociétés qui cèdent le plus volontiers leurs capitaux, ou placent le plus de Noirs aux postes d'encadrement, remportent systématiquement les marchés publics. Dans les faits, les postes dans l'administration sud-africaine sont maintenant réservés aux Noirs. 

Si cette politique a favorisé l'essor d'une infime minorité de black diamonds, bourgeoisie noire diplômée et urbaine, les Blancs ont été, trop souvent, mis à la retraite ou virés des administrations et leurs enfants n'ont aucun espoir d'y être embauchés. Ces Blancs qualifiés ont donc émigré en masse vers l'Australie et la Nouvelle-Zélande. L'Afrique du Sud manque maintenant cruellement de compétences en matière de gestion financière, de technologies de l’information, de gestion du système judiciaire ou de sécurité. Le gouvernement aimerait bien faire revenir ces Blancs au pays et se démène pour leur proposer des conditions attractives.

Mais il reste un obstacle majeur à leur retour : l'explosion de la violence raciale. 3 037 fermiers blancs ont été massacrés entre la fin de l'apartheid et février 2009. Cette année, en 2017, on a déploré plus de 70 attaques de fermiers blancs et 25 meurtres, selon le syndicat agricole Transvaal Agricultural Union, et l'association de défense civique AfriForum. Les statistiques gouvernementales sud-africaines à ce sujet restent inexistantes. La vague subite de cambriolages, au début des années 90, a conduit les Sud-Africains blancs à se barricader chez eux. Les plus aisés ont installé des grilles électrifiées à 9 000 volts et des barrières à infrarouges. Les malfaiteurs ont alors utilisé le pistolet sur la tempe comme méthode pour entrer dans les maisons. Les habitants aisés se retranchent maintenant dans des quartiers-forteresses, surveillés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le taux de violence sexuelle en Afrique du Sud est un des plus élevés au monde, un Sud-Africain sur quatre commet un viol, un enfant est violé toutes les trois minutes, 40 % des Sud-Africaines seront violées dans leur vie. Les agents de police noirs sont peu motivés et mal payés. Les commissariats sont surveillés… par des sociétés privées.

Le bilan doit être tiré des années post-apartheid. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil d'extrême pauvreté a doublé en dix ans dans le pays. Le chômage, officiellement à 23,2 %, touche près de 40 % de la population et le revenu des plus pauvres est inférieur de moitié à celui qu’il était sous le régime de l'apartheid.

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