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Vingtième dimanche après la Pentecôte

Vingtième dimanche après la Pentecôte

Comme ceux du dimanche précédent, les chants du propre de la messe du vingtième dimanche après la Pentecôte sont tirés des psaumes, à l’exception de l’Introït qui est pris cette fois dans un autre livre de l’Ancien Testament, le livre de Daniel, et plus précisément dans la grande prière des trois jeunes hébreux dans la fournaise qui est souvent utilisée dans la liturgie. Nous l’avons trouvée en particulier dans le chant d’Offertoire du septième dimanche après la Pentecôte, et nous avions signalé que le prêtre en récitait également un passage dans les prières de l’Offertoire de la messe. Nous y retrouvons aujourd’hui le thème de la justice et de la miséricorde qu’exposait déjà de façon très concise l’Introït Justus est du dix-septième dimanche, et qui revient souvent en cette fin de l’année liturgique dans la perspective du jugement dernier.

Omnia quæ fecisti nobis, Domine, in vero judicio fecisti, quia peccavimus tibi, et miandatis tuis non obedivimus : sed da gloriam nomini tuo, et fac nobiscum, secundum multitudinem misericordiæ tuæ.

Tout ce que Vous nous avez fait, Seigneur, c’est par un juste jugement que Vous l’avez fait, car nous avons péché contre Vous et nous n’avons pas obéi à vos commandements. Mais glorifiez Votre nom et agissez avec nous selon l’abondance de Votre miséricorde.

On voit que ce texte comprend deux parties : l’humble aveu de nos fautes qui nous ont mérité les châtiments que nous avons subis, puis l’appel suppliant au Seigneur pour qu’il nous sauve en sa miséricorde.

Cela s’applique évidemment à chacun de nous qui sommes tous pécheurs, mais nous pouvons l’appliquer aussi au peuple de Dieu, l’Église et à notre pays la France, pour lesquels cet Introït nous invite à prier avec insistance. La mélodie exprime parfaitement les sentiments de ces deux parties. D’abord une prière humble et contrite, même si le début s’élève vers l’aigu avec une certaine assurance, puis une grande supplication à partir des mots da gloriam, sur lesquels on remarquera les deux montées successives très appuyées. Enfin après un dernier élan très fervent sur le mot misericordiæ, elle s’achève dans la paix. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 118, d’où était tiré l’Introït du dix-septième dimanche dont celui-ci développe le thème et qui revient souvent en cette période de l’année, notamment dans les Communions :

Beati immaculati in via : qui ambulant in lege Domini.

Heureux ceux dont la conduite est sans tache et qui marchent selon la loi du Seigneur.

Graduel : Oculi omnium

Ce Graduel du vingtième dimanche après la Pentecôte a été repris par saint Thomas d’Aquin pour la messe de la fête du Saint Sacrement. Le texte est tiré du psaume 144, encore un chant d’action de grâces pour tous les bienfaits dont le Seigneur nous a comblés, et en particulier la nourriture qu’il nous accorde tous les jours, notre pain quotidien où nous voyons aujourd’hui une figure de l’Eucharistie. Ajoutons qu’en cette période finale de l’année liturgique nous adressons ce chant avec confiance au Seigneur qui nous a tout donné et continue de répandre sur nous ses bénédictions.

Oculi omnium in te sperant, Domine, et tu das illis escam in tempore opportuno. Aperis tu manum tuam, et imples omne animal benedictione.

Les yeux de tous espèrent en vous, Seigneur, et vous leur donnez la nourriture en temps opportun. Vous ouvrez la main et vous comblez tout être vivant de vos bénédictions.

Le mot ” animal “ en latin désigne toutes les créatures vivantes, et en premier lieu les hommes. La mélodie comme c’est généralement le cas dans les Graduels est faite en grande partie de formules que l’on rencontre dans d’autres pièces, avec de grandes vocalises. C’est en particulier la même qui conclut la première et la deuxième partie. Cette mélodie est ample et enthousiaste avec des montées et des descentes bien équilibrées embrassant toute l’étendue de l’octave.

Allelúia : Paratum cor meum

Nous retrouvons dans l’alléluia du vingtième dimanche après la Pentecôte le premier verset d’un psaume, le psaume 107. Mais ce verset figure aussi dans un autre psaume, le psaume 56.

Paratum cor meum, Deus, paratum cor meum : cantabo et psallam tibi, gloria mea.

Mon cœur est prêt, mon Dieu, mon cœur est prêt, je chanterai et jouerai pour Vous dans ma gloire.

Le texte du psautier dit in gloria mea et nous pensons que c’est ainsi qu’il faut l’entendre. C’est un chant d’action de grâces de David après avoir été délivré des embûches de ses ennemis : telle est sa gloire. Et après cette victoire son cœur est affermi dans l’espérance, et il est donc prêt à chanter et jouer de la harpe pour glorifier le Seigneur. En cette fin des temps, si nous avons été fidèles, notre cœur se tient ferme dans la foi et l’espérance, dans l’attente du jugement. Et nous pouvons chanter à pleine voix pour le Seigneur dont les grâces nous ont permis de triompher des embûches de l’ennemi infernal.

Mélodiquement cet Alléluia présente une particularité assez curieuse, c’est que le mot Alleluia et le verset sont très différents et n’ont pas l’air faits l’un pour l’autre. Or l’on retrouve l’assemblage de ces deux mélodies plusieurs fois dans le répertoire, en particulier dans l’alléluia du quatrième dimanche de l’Avent. La mélodie du mot Alléluia est très chantante, ample et lyrique. La première phrase du verset commence dans le grave, puis s’élève progressivement jusqu’à l’aigu en une grande montée, qui pourrait être très suppliante mais qui exprime ici la grande espérance qui soulève notre cœur. La deuxième phrase est marquée par deux vocalises très développées sur les mots gloria et mea, chantant éperdument et d’une façon qui semble ne pas vouloir finir, toutes les victoires que le Seigneur nous a accordées. La dernière vocalise, celle de mea est une formule habituelle de Graduel ample et solennelle, s’enfonçant dans le grave pour s’achever dans la paix. Il faut avouer qu’après cela la reprise du mot Alléluia dans un mode tout à fait différent surprend quelque peu.

Offertoire : Super flumina Babylonis

Le texte de cet offertoire du vingtième dimanche après la Pentecôte est le début du psaume 136, un des plus célèbres du psautier, qui exprime d’une façon poignante la tristesse de l’exil et la nostalgie de la Patrie.

Super flumina Babylonis, illic sedimus, et flevimus, dum recordaremur tui, Sion.

Au bord des fleuves de Babylone, nous sommes assis et nous pleurons en nous souvenant de toi, Sion.

Babylone, la grande ville, la prostituée, est la figure de ce monde de péché où nous sommes exilés, la vallée de larmes dont parle le Salve Regina, et Sion, où est bâti le temple de Jérusalem, est la figure de la patrie céleste à laquelle nous aspirons, plus particulièrement en cette fin des temps où nous sommes à l’approche du grand jugement qui nous fera enfin accéder à la vision béatifique si nous l’avons méritée. D’ailleurs la liturgie nous rappelle sans cesse que notre véritable patrie n’est pas ici-bas et que nous sommes faits pour un monde meilleur. La mélodie de cet Offertoire est une des plus expressives qui soit. Elle exprime la nostalgie et la souffrance de l’exil par de grandes courbes très liées unissant des montées ardentes et des descentes accablées. Les accents des mots sedimus et flevimus sont particulièrement soulignés. A la fin la grande vocalise du mot Sion exprime le désir par une montée qui se répète deux fois, et, avant de s’achever, elle reste suspendue sur deux mots en un balancement expressif comme un sanglot.

Communion : Memento

Comme celle du dimanche précédent et celle du suivant, l’antienne de Communion du vingtième dimanche après la Pentecôte est tirée du psaume 118, longue méditation sur la loi de Dieu et sa volonté désignée par une dizaine de substantifs à peu près synonymes qui reviennent les uns après les autres. Aujourd’hui c’est sur la parole de Dieu qui nous fait connaître sa volonté que porte notre méditation.

Memento verbi tui servo tuo, Domine, in quo mihi spem dedisti : hæc me consolata est in humilitate mea.

Souvenez-vous Seigneur, de votre parole à votre serviteur par laquelle Vous m’avez donné l’espérance : c’est elle qui m’a consolé dans mon humiliation.

Nous sommes humiliés par nos péchés, mais la parole de Dieu nous redonne espérance. Si nous lui sommes fidèles, nous n’aurons rien à craindre au jour du jugement qui approche. La mélodie est légère et joyeuse et en même temps douce et contemplative. Peu ornée, elle met bien en valeur les accents du texte.

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