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L'Eglise : L'Eglise en France

Vers la fin des moines ?

Vers la fin des moines ?

Mais aussi des moniales… Les temps troublés que nous vivons réalisent non seulement un vaste complot contre la vie intérieure, pour paraphraser Bernanos, mais ils nous envoient quasiment directement dans les catacombes.

Et pourtant, pour des raisons dites sanitaires, la messe n’est réservée… qu’aux communautés religieuses, aux moines et aux moniales. Incroyable privilège !

Etonnant paradoxe aussi. Ils sont de moins en moins nombreux. On dit qu’en Espagne un carmel disparaît tous les 30 jours. En France, ce n’est guère mieux. Dans 10 ans, c’est proche 10 ans, combien restera-t-il de trappistes, de carmélites, de clarisses ? La carte des abbayes ne coûtera pas cher en encre… et les curieux pourront se l’acheter à bas prix.

Quelles sont les causes de cette désaffection pour la vie consacrée ? Il est difficile de ne pas rapprocher de ce constat la crise terrible qui touche les époux… tant de divorces chez les catholiques… Une grand-mère, née avec le siècle précédent et décédée à l’aube de celui-ci, disait souvent que les familles catholiques n’éduquent pas assez leurs enfants dans un esprit de simplicité et de sacrifice. Trop de jeux, de loisirs et d’écran, donc pas assez de travail, de vie au contact de la création… et surtout du Bon Dieu. Oui cela coûte de donner, surtout au début, et si on n’apprend pas à le faire dès l’enfance, que de difficultés accrues après ! Le juste don de soi ne se trouve pas d’un coup de baguette magique. C’est un apprentissage, une école de vie, une école de joie, profonde, totale, à l’image de ces vieux couples qui fêtent leurs anniversaires de mariage, de ces vieux prêtres qui célèbrent leur jubilé sacerdotal avec ferveur…

Pour qu’il y ait des vocations dans les familles catholiques, il faut qu’existe un habitus vertueux, c’est-à-dire une manière d’être profondément chrétienne. « Dieu premier servi » comme disait sainte Jeanne d’Arc. Mais pour que cet habitus vertueux soit possible, il est indispensable que les parents cherchent ardemment Dieu, que leur vie toute entière soit restaurée dans le Christ, comme l’écrit Saint Paul. La prière des parents, la consécration mariale répétée chaque jour, la messe et la confession fréquentes, le chapelet, l’accompagnement régulier par un directeur spirituel, tout ceci nous fait participer à la paix de Nazareth. C’est ainsi que vivaient Louis et Zélie Martin… Et quels fruits ! L’arbre tombe toujours du côté vers lequel il penche. Si le Christ est chez lui à la maison, s’il inspire les décisions, la vie quotidienne, alors oui, les vocations refleuriront. Une fois encore, la voie de l’oraison est un chemin incontournable pour grandir. Une neuvaine pourra aider.

Attention ! Il ne s’agit pas de faire chaque jour un marathon de prière, encore moins de menacer constamment des peines de l’enfer ceux qui résistent au cadre – sans doute faut-il bien catéchiser nos enfants ! -, il s’agit seulement de mettre la prière au début de la journée et à la fin, de se laisser aimer par l’Amour. « Un arc trop tendu perd de sa force » écrivait saint Bruno.

Ce n’est pas à une vie sans épreuves qu’il faut aspirer, « pas de croix ? quelle croix ! » disait saint Louis-Marie Grignion de Montfort, car la vie de famille avec son lot de soucis, est un chemin difficile et joyeux en même temps. Tous peuvent en témoigner. La seule chose qu’il est possible de faire c’est d’évangéliser ces difficultés, de les vivre en union profonde avec le Christ, en les offrant par amour pour un surcroît de fécondité. Et là tout change : la souffrance devient une joie, l’angoisse affermit la confiance et la nuit brille de mille feux. C’est parce qu’ils font cette expérience que les moines et les moniales sont vraiment heureux. Et pourtant ils n’ont ni portable, ni vacances au ski.

Nous, parents et éducateurs, sommes responsables des moyens que nous prenons pour permettre à nos jeunes de découvrir leur vocation ; aussi, un examen de conscience s’impose :

Quel exemple donnons-nous ? Comment vivons-nous ? Comment éduquons-nous nos enfants de telle sorte qu’ils soient libres pour répondre à un éventuel appel de Dieuà tout quitter pour le suivre dans la vie consacrée ? Cherchons-nous à aligner notre volonté sur celle du Seigneur ? Dans quelles écoles inscrivons-nous nos enfants ? Aidons-nous les à bien choisir leurs amis ? Avons-nous le courage de leur donner un téléphone portable qu’au moment où ils ont musclé leur volonté pour en maîtriser l’usage et ne pas céder aux tentations du porno, du zapping constant, … ?

Si nous souhaitons que nos enfants puissent plus tard partir en vacances près des abbayes de notre enfance, de faire connaître à leurs petits ces hauts lieux de prière et d’espérance, alors prions pour que dans nos familles, nos fratries et chez nos amis, de nombreux jeunes laissent le Christ saisir leur âme et les conduire dans la paix des cloîtres.

Alors notre France deviendra à nouveau le jardin du Bon Dieu parce que le Ciel touchera la terre.

Guillaume d’Alançon

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11 commentaires

  1. Le confinement est aussi une porte sur la vie intérieure. Nous disposons de plus de temps pour la prière et les lectures. Pour réfléchir, pour le silence. Pour penser aux autres et leur téléphoner, les soutenir.

  2. On ne peut que rester étonné du peu de fruit de Vatican II.

    • Oh que vous faites court!
      Lisez donc les textes des papes de la fin XIXè-début XXè (et les suivants!), et, en parallèle replongez-vous dans les textes des apparitions mariales depuis . .la Salette!
      Ajoutez-y quelques zestes de textes de grands saints du XXème. ..(au hasard, Maximilien Kolbe, Padre Pio?)
      Et vous remettrez la pendule à l’heure!
      Les inquiétudes, et les appels, envers l’Église « militante », et notamment les prêtres ne sont pas à piquer des vers, vous verrez..

      Et puis, pour fortifier, reliez aussi quelques lettres de sainte Catherine de Sienne au pape, aux cardinaux…

  3. Pourquoi plus de moines ni de moniales? A cause du concile, un point c’est tout. Au Barroux, à Fontgombault, pas de crise des vocations…

  4. Diminution du nombre des vocations, mais aussi diminution du nombre des enfants par foyer. Un lien entre ces deux faits?

  5. Il faudrait que l’Eglise s’interroge d’urgence sur le nombre de sorties de ces communautés religieuses : tant de vocations mal accompagnées, tant d’abus, tant de jeunes rentrés ces dernières décennies et forcés de les quitter à cause de graves dysfonctionnements structurels. Prenons l’exemple de la Congrégation St Jean, qui avait un des plus grands noviciats d’hommes en Europe au début des années 2000 et qui s’est réduite comme une peau de chagrin à cause de sorties massives de religieux (pour retourner à l’état laïc bien souvent – et dans quelles conditions dramatiques …). Les exemples sont très nombreux et il s’agit sûrement d’une cause importante du recul de la vie religieuse en France. La cause serait donc en partie endogène.

  6. Tout à fait d’accord, et je connais bien la question… Pour avoir, entre autres, accompagné des personnes dans ce cas. 50% des vocations consacrées ne vont pas jusqu’au bout de l’ordination pour les prêtres ou les voeux définitifs pour les religieux et religieuses. Les personnes en question ont tout quitté pour suivre le Christ et se retrouvent dans des conditions dramatiques. Que font les évêques et les supérieurs pour accompagner ces personnes qui ont une vocation et se sont données généreusement? Pour les aider à discerner leur chemin vocationnel véritable? Pas grand chose, et la plupart retournent à l’état laïc en errant, avec le sentiment d’un gâchis gigantesque. Heureux ceux qui trouvent une vie de famille dans le mariage ou rebondissent sur un autre mode de consécration. Mais combien sont abandonnés?

  7. En même temps, qui ici est devenu moine ou moniale? Vous attendez quoi pour vous y mettre? Mettre ça sur le dos de Vatican II est grotesque

    • Ici dites vous ? En toute humilité j’ose repondre : Et bien moi . Ce grand projet de vie etait le mien
      quand j’avais 20ans . J’ai du avec grand chagrin mettre un terme à un noviciat , mais avec une autre perspective à l’esprit . J’y ai cru et je m’y suis beaucoup investi . Mais au moment du choix , un Pere Maitre m’a fait perdre ma confiance . Une vie brisée . Merci à Vatican II et à son ouverture au monde .
      Vous avez dit ….grotesque ?

      • janloran. Je vous félicite pour votre engagement radical et j’espère que vous avez mieux trouvé votre chemin ou que vous allez le faire. Le Seigneur vous a a appelé un jour, vous vous êtes donné généreusement au Seigneur un jour, ce don ne vous sera jamais enlevé, quelles que soient les circonstances de votre vie. Mais il peut traverser des épreuves lourdes avant de se clarifier, c’est même très courant dans la vie consacrée. Si l’histoire est encore récente et douloureuse, je vous recommande le Réseau Véro, qui aide les personnes sorties des ordres (en tous cas avant ordination pour les garçons). Mais de 2 choses l’une: soit le Seigneur vous appelle à la vie monacale et ça se fera. Soit Il vous appelle (ou vous a déjà appelé) à une autre vocation, sous une autre forme de consécration, dans le mariage ou un autre type d’engagement. Ca n’a pas grand chose à voir avec Vatican II et d’ailleurs pas grand chose à voir avec l’article non plus. Prions pour les vocations consacrées.

    • Oui c’est plutôt la faute de Carrefour et Auchan…

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