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Valeurs chrétiennes : Culture

Valeurs : la bourse ou la vie ?

L'abbé Hyacinthe-Marie Houard nous envoie un texte sur les valeurs :

"Aujourd’hui, qui n’est soucieux de droits de l’homme, de tolérance, de respect de la personne, d’accueil de la différence, de refus de l’exclusion ou de la discrimination, d’égalité homme-femme, d’indifférence à l’orientation sexuelle, de la liberté d’expression, même religieuse (mais faut pas exagérer) du culte de la démocratie, en passant par l’économie d’énergie, l’écologie et son arsenal comme la mystique de l’écosystème ou de la biodiversité ? De quoi avoir la tête farcie ! Mais attention, «big brother» vous guette, prêt à déclencher sur vous les foudres de la loi, sinon la mise au ban de la société. Hou ! le vilain !

C’est tout un bouquet de « valeurs ». Elles s’épanouissent sous nos yeux et nous éblouissent. Comment les avoir ignorées si longtemps ? Elles nous enchantent au point de nous faire oublier que les fleurs coupées ne tardent pas à se flétrir en commençant par les plus belles. Alors gardons-nous bien de les couper de leurs racines. Intéressons- nous, plutôt, à la manière dont elles ont fleuri.

Et commençons par ce qui a la prime aujourd’hui : le respect de la personne. Mais qu’est-ce donc que cette «personne» sacrée ? Du latin « persona », c’est le masque de théâtre, un masque à double effet :  permettre au public d’identifier les personnages et amplifier la voix de ceux-ci. Ainsi ce qui caractérise un individu comme personne, c’est qu’il ait un rôle à jouer et qu’il soit porteur d’un message à transmettre. Comme individu, il est indivisible, unique, et irremplaçable : ce que la science a confirmé avec la découverte de l’ADN. Comme personne, il est acteur dans le cadre de la société où il vit. C’est son activité qui le fait vivre, qui lui permet de «gagner» sa vie.  Mais sans doute vaudrait-il mieux écrire : de faire «gagner la vie» ? N’est-ce pas en effet l’information qu’il apporte, en agissant et en s’exprimant, qui transforme son milieu ? Aux choses qu’il touche, il donne une signification nouvelle. Par lui, le bois devient chaise et la pierre, maison.

Respecter la personne, c’est donc respecter la vie et respecter, par conséquent ce que chaque vie apporte de nouveau ou de particulier. On pense à sa couleur, à son langage, à sa culture, à son âge et à son sexe. Bref à ce qui fait sa différence. Mais encore faut-il que la transformation ainsi initiée aille dans le bon sens, celui d’un développement et d’un développement durable. Si différents et si efficaces que soient les uns et les autres, encore faut-il qu’ils tirent dans le même sens, mais quel sens ? et qu’ils corrigent éventuellement les déviances. Où est donc leur étoile polaire ?

Passant du latin au grec, remarquons que dans cette langue, on nomme la personne «hypostase», c’est-à-dire : ce qui se tient au-dessous. Mais au-dessous de quoi ? Aurait-elle donc un maître ou du moins un guide ? Reconnaissons d’expérience que cette personne adulée n’est pas infaillible. Alors à quoi va-t-elle pouvoir se référer ? La Grèce y pense mais n’en décide pas. Alors de Rome, passant par Athènes, il faut aller à Jérusalem pour  découvrir qu’est apparu là un premier «code de la route» pour que chacun s’avance en sécurité. L’homme n’est pas  l’auteur de ce code ; il l’a reçu comme le précieux héritage d’une très ancienne sagesse et il a vu luire l’espoir, encore un peu vague, de la révélation d’un secret littéralement bouleversant.

Cependant déjà, la nature entretenait cet espoir et mettait l’homme sur la piste en lui donnant des signes. Les trésors qu’elle déploie sont un patrimoine commun à valoriser. L’inventaire est toujours en cours. C’est l’affaire de la science d’en dévoiler progressivement les richesses. Mais le chercheur sait le prix de ses trouvailles, comme le laboureur sait le prix de son blé : la sueur de son front. «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits.» Mystérieux, et merveilleux échange ! La nature ne donne que dans la mesure où l’homme accepte de perdre. Intimement, tout le monde le sait. Mais qui veut y croire vraiment ?

Croire qu’il faut «sauver sa vie comme on perd un trésor, en la dépensant» : voilà qui bouleverse nos catégories et pourtant c’est bien là que nos «valeurs» trouvent leur source. Elles ont toutes la même couleur, la couleur du sacrifice ; elles suscitent toutes, paradoxalement, le même espoir, la victoire de la vie.

Avouons-le, il n’y a rien là de bien nouveau. Mais notre temps est plus tenté de divertir que d’approfondir : il aime jouer sur les mots ou jouer avec les mots. Au contraire, c’est la réflexion qui a guidé la tradition chrétienne dans sa conception de l’humanisme et son enseignement social. Et comment s’en étonner puisque l’Eglise, dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, en détient la clef ?"

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