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Valeurs chrétiennes : Famille

Une recette pour ceux qui n’arrivent pas à se marier

Un texte de Guillaume d'Alençon, délégué du diocèse de Bayonne pour la famille :

"« J’ai tout essayé pour y arriver, et ça n’a pas marché… J’ai même mis une annonce sur un site sérieux… » me disait récemment une jeune femme.  Tandis que, pour certains, la période des fiançailles s’achève avec les beaux jours, d’autres demeurent dans l’attente. Une attente parfois douloureuse… « J’ai fait des neuvaines, des pèlerinages, des soirées, des dîners… rien, toujours rien. C’est à croire que je n’existe pour personne ! »

Vu depuis le mariage

Tout ce qui se passe avant le mariage le prépare. Il n’y a pas de rupture entre l’avant et l’après. Si l’on considère la problématique depuis l’aval, c’est-à-dire depuis la posture conjugale, on s’aperçoit que, dans le mariage, la personne ne recommence pas ex abrupto une nouvelle vie ; la nature humaine reste ce qu’elle est par-delà l’engagement. Ce n’est pas parce que je me marie que je serai meilleur en cuisine ou en jardinage. Je ne suis pas la bouture d’un cerisier greffée sur un abricotier. Le mariage est une nouvelle manière de continuer la vie, à deux cette fois, en s’appuyant sur les fameux quatre piliers : ouverture à la vie, indissolubilité, fidélité, liberté de consentement. Il s’agit d’être soi-même, par la relation à l’autre, pour devenir un tout en étant deux. La vie conjugale nous apprend que l’essence même de l’amour est don. Je me donne à l’autre et je reçois de l’autre… pour mieux me donner. Et je prie avec lui, et je lui demande pardon ainsi qu’à Dieu. Par la messe, nous comprenons mieux le sens de notre don réciproque, à l’image du mystère d’alliance entre le Christ et l’Eglise.

A ceux qui aspirent au mariage et se trouvent démunis, je dirais bien volontiers que le mariage est tout ce qu’il y a de plus basique. Que, d’une certaine façon, c’est aussi naturel que de manger, dormir, marcher. Certes il y a une différence de degré, pour autant l’appel à la vie conjugale est inscrit dans l’ADN de l’homme. Ne faut-il pas que, s’épanouissant mutuellement, les époux procréent ? « Croissez et multipliez-vous » dit Dieu à l’homme (Gn 1, 28). Depuis l’aube de l’humanité c’est comme ça, avec des hauts et des bas, suivant les aléas du péché dans le cœur de l’homme.

Faire confiance

S’il est essentiel de réaffirmer la grandeur du sacrement de mariage, il faut bien dire qu’il n’est pas réservé à une élite de gens parfaitement équilibrés ou bien sous tous rapports. Se marier c’est tout sauf insurmontable. C’est même assez simple. Eh oui ! Et cet appel concerne la plupart des êtres humains. Jusque-là pas de danger. Tout va bien. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour construire sa vie à deux sous le regard de Dieu.

Mais alors, comment faire diront certains… Cela fait si longtemps que je prie pour rencontrer celui avec lequel je construirai ma vie… Quelle recette pour se marier ? Commençons par une histoire.

Il était une fois une forêt profonde traversée par des chemins, sentiers et passages d’animaux. Dans cette forêt, deux personnes qui semblaient perdues marchaient, cherchant leur route malgré les branches, les ronces, les culs-de-sac. Chacune avançait dans son coin, seule, sans savoir qu'une autre errait. On voyait bien qu’elles peinaient. Les outils n’étaient pas toujours bien choisis, ce qui occasionnait des retours en arrière. A d’autres moments, la voie était nette : point de doute. En prenant de la hauteur au-dessus du massif boisé, on apercevait les deux êtres qui allaient et venaient, par ici, par là. Et puis, à un moment donné, alors que rien n’était écrit quelques instants avant, ils se sont rencontrés. A deux, ils n’étaient plus perdus, et la forêt avait disparu, miraculeusement. Ils étaient seuls, avec pour toute boussole, la lumière du soleil.

Rien n’est dû, tout est don !

Il a été dit que le don de soi et le don de Dieu sont les deux moteurs de l’amour conjugal, et que ces deux réalités ne naissent pas par génération spontanée au moment précis de l’échange des consentements devant l’assemblée et le curé. Toute croissance véritable s’effectue de manière organique, même le chemin de Damas se greffe sur un mystérieux dessein de la Providence. Aussi, la meilleure façon de se préparer à rencontrer son conjoint, c’est de muscler sa capacité à se donner, à Dieu et aux autres. Passer des heures devant son miroir ou s’évertuer à faire du bodybuilding ou la course aux « fringues » n’est pas la voie royale pour réussir son entrée en matière. Le mariage n’est pas du théâtre ou faire son cinéma. C’est même tout le contraire : dans ma pauvreté, je rencontre la pauvreté de l’autre pour qu’à deux nous devenions riches d’un amour débordant autour de nous, par l’accueil des enfants, par l’engagement dans la cité sous le soleil de la royauté sociale de Jésus-Christ.

Ecouter Dieu dans l’oraison

Pour aimer, il faut écouter l’autre, avec ou sans majuscule. Car, comment se donner si je ne le connais pas, si je ne sais pas quels sont les portes d’entrée de son cœur ? Muscler notre capacité d’écoute c’est accroître les ressources de notre générosité. Attention, il ne s’agit pas d’une écoute passive et endormie, mielleuse ; le mutisme empêche la relation. C’est bien d’une attention active dont il est question, être et faire interagissant l’un sur l’autre.

Mais comment développer cette oreille intérieure et extérieure, cette quête de la volonté de Dieu pour moi ? Essentiellement par l’oraison quotidienne, cette prière silencieuse qui dure un quart d’heure, une demi-heure ou plus. Oraison matinale si possible, car les sens n’ont pas encore reçu les distractions de la journée. Pour pouvoir écouter l’autre et être disponible intérieurement, il me faut cultiver la transparence totale avec Dieu. Dieu doit être l’âme de toute écoute en vérité. Si je cherche l’âme sœur, je dois d’abord chercher Dieu qui me donnera de discerner en toute quiétude. Demandez, vous recevrez. Cette confiance en Dieu est essentielle. On ne part pas en montagne sans faire confiance au guide. La méditation des textes que m’offre la liturgie de l’Eglise est une autre manière, complémentaire mais qui ne remplace par l’oraison, d’écouter ce que Dieu veut me dire, aujourd’hui, par les textes de l’Ecriture Sainte, par les oraisons. En écoutant Dieu, je découvre qu’il se donne à moi pour que je vive. « Fais-toi capacité, je me ferai torrent » disait Jésus à sainte Catherine de Sienne. En cherchant Dieu, on apprend à trouver et à reconnaître celui qui sera l’homme, la femme de ma vie. Ils sont nombreux ceux qui ont rencontré leur conjoint lors d’une retraite, des JMJ, d’un goum…

Servir les pauvres

Il est une autre manière d’apprendre à se donner, c’est de se donner quand on n’a pas envie, quand le « tout sauf ça » résonne en moi. Bien souvent, le « tout sauf ça » est la marque du démon qui veut m’éloigner du fiat de Notre-Dame. C’est par le oui qu’on entre en paradis. Serait-ce par le non que se fait la damnation ? Car derrière le pauvre, l’ami qui est dans le besoin, c’est Dieu qui me fait signe. Les époux le savent bien, le renoncement à la volonté propre est un élément essentiel de la rencontre véritable avec l’autre. Se détacher de soi pour mieux s’attacher à l’autre. Je connais des couples qui se sont rencontrés parce qu’ils œuvraient ensemble pour des handicapés. S’ils s’étaient croisés lors d’une soirée mondaine, peut-être ne se seraient-ils pas remarqués… En se découvrant dans leur générosité réciproque, ils se sont liés d’amitié et ont fini par découvrir qu’ils avaient besoin l’un de l’autre. En se désappropriant de soi on apprend à ne pas aimer de manière fusionnelle. On ne met pas le « grappin » sur l’autre.  Le service des pauvres révèle la véritable beauté, physique et spirituelle : « Comme le lys entre les ronces, ainsi mon amie entre les jeunes filles. Comme un pommier entre les arbres de la forêt, ainsi mon bien-aimé entre les jeunes hommes. J’ai désiré son ombre et je m’y suis assise : son fruit est doux à mon palais. » (Ct 2, 2-3)

Dieu était là, dans le pauvre. En écoutant le pauvre, les deux écoutaient Dieu. Il leur parlait la même langue, c’est ainsi qu’ils se sont reconnus : « Ah ! Que tu es belle, mon amie ! Ah ! Que tu es belle : tes yeux sont des colombes ! Ah ! Que tu es beau, mon bien-aimé : tu es la grâce même ! La verdure est notre lit. » (Ct 1, 15-16)

Sertir le cœur et non d’abord les vêtements

Ce n’est pas dans le vis-à-vis narcissique que l’on se rencontre en vérité mais dans la générosité partagée qui révèle l’être. Tel est le regard franc et lumineux de celui qui a choisi de se donner à temps et à contretemps. Les conséquences sont alors inattendues : détendez-vous mesdemoiselles qui pourriez être complexées par une soi-disant dissymétrie de votre beauté plastique. L’étincelle intérieure qui brille dans le regard purifié par le contact avec les bannis de la terre est un radar infaillible. Point n’est beau l’être qui se complait dans le culte du perfectionnisme des formes, et il ne faut pas être un fin renard pour se dire que l’essentiel est invisible pour les yeux.

Le regard du tombeur, de la séductrice n’est pas celui de l’aimant. Il attire au premier abord mais s’avère vite être un répulsif. C’est le regard du non amour. C’est le regard qui avoue : « Je ne t’aime pas vraiment ». Jésus nous avertit : « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. » (Mt 6, 21-23)

D’accord, mais qu’est-ce qu’on fait alors ?

Un chrétien n’est jamais aussi bien habillé que lorsqu’il est en tenue de service. Cela ne veut pas dire qu’il faut être en bleu ou en tablier toute la journée. La manière d’être doit passer avant la manière de se vêtir, de paraître. En habit de cérémonie tel paraîtra plus humble que le flambeur en jean troué.

L’amour de Dieu, des pauvres et de la patrie. C’est à cela que les âmes élevées se reconnaissent. Noblesse de cœur oblige. Les bonnes manières s’apprennent au contact du nectar de nos traditions ; elles se trouvent aussi dans la geste exemplaire d’une princesse Françoise de Lobkowicz qui ne compte ni son temps ni ses années pour dire et incarner Dieu auprès des pauvres du Liban.

Pour conclure, Louis et Zélie Martin se sont reconnus en se croisant sur un pont parce que leur cœur était en veille, non pas une veille inquiète, mais un abandon total. Ils s’étaient appropriés cette belle sentence de Saint Augustin : « Tu nous a faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » Beau programme !

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