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Valeurs chrétiennes : Famille

Une grande part de la crise de la famille remonte à l’introduction du divorce

Le professeur Roberto de Mattei vient de publier un article sur la question des divorcés-remartiés, qui agite actuellement une partie de l'Eglise. Extraits :

La doctrine ne change pas, la nouveauté ne concerne que la pratique pastorale». Le slogan, répété depuis un an, d’un côté tranquillise les conservateurs qui mesurent tout en termes d’énoncés doctrinaux, d’un autre côté encourage les progressistes qui accordent une maigre valeur à la doctrine et comptent uniquement sur le primat de la pratique.

[…] Le cardinal Kasper part du constat «qu’entre la doctrine de l’Eglise sur le mariage et la famille et les convictions vécues de nombreux chrétiens il s’est créé un abîme». Le cardinal évite cependant de formuler un jugement négatif sur ces “convictions”, opposées à la foi chrétienne, en éludant la question de fond : pourquoi cet abîme entre la Doctrine de l’Eglise et la philosophie de vie des chrétiens contemporains ? Quelle est la nature, quelles sont les causes du processus de dissolution de la famille ? Il n’est dit nulle part dans son intervention que la crise de la famille est la conséquence d’une attaque programmée sur la famille, fruit d’une conception du monde laïciste qui s’oppose à elle. Et ce malgré le document récent sur les Standard pour l’Education Sexuelle de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’approbation du “rapport Lunacek” par le Parlement Européen, la légalisation des mariages homosexuels et du délit d’homophobie par les gouvernements occidentaux.

Mais on se demande encore : est-il possible en 2014 de dédier 25 pages au thème de la famille, en ignorant l’agression objective que la famille, non seulement chrétienne, mais naturelle, subit dans le monde entier ? […] Mais n’est-ce pas le moment de dire qu’une grande part de la crise de la famille remonte justement à l’introduction du divorce et que les faits prouvent que l’Eglise a raison de le combattre ? […]

La méthode à adopter, selon Kasper, est celle suivie par le Concile Vatican II sur la question de l’oecuménisme et de la liberté religieuse : changer la doctrine, sans montrer qu’on la modifie. «Le Concile – affirme-t-il – sans violer la tradition dogmatique contraignante, a ouvert des portes». Ouvert des portes à quoi ? A la violation systématique, dans le domaine pratique, de cette tradition dogmatique dont on affirme la force dans les paroles.

Le premier chemin pour rendre vaine la Tradition s’inspire de l’exhortation apostolique Familiaris Consortio de Jean-Paul II, où il affirme que certains divorcés remariés «sont, en conscience, subjectivement convaincus que leur precedent marriage, irrémédiablement brisé, n’a jamais été valide» (n. 84). Familiaris consortio précise cependant que la décision de validité du mariage ne peut être laissée au jugement subjectif de la personne, mais aux tribunaux écclésiastiques, institués par l’Eglise pour défendre le sacrement du mariage. En faisant référence justement à ces tribunaux, le cardinal enfonce le clou : «Étant donné que ceux-ci ne sont pas “jure divino”, mais qu’ils se sont développés au cours de l’histoire, on se demande pardois si la voie judiciare doit être le seul moyen à utiliser pour résoudre le problem ou s’il ne serait pas possible de recourir à d’autres procedures plus pastorales ou spirituelles. En alternative, on pourrait pense que l’évêque puisse confier cette tâche à un prêtre avec l’expérience spirituelle et pastorale tel le pénitentier ou le vicaire épiscopal».

La proposition est explosive. Les tribunaux écclesiastiques sont les organes auxquels est normalement confié l’exercice de la puissance judiciaire de l’Eglise. […] La proposition de Kasper met en cause l’objectivité du jugement du tribunal écclésiastique, qui se verrait substitué par un simple prêtre, appelé non plus à sauvegarder le bien du mariage, mais à satisfaire les exigences de la conscience des individus. […] On peut facilement imaginer comments les nullités de mariage multipliraient, en introduisant le divorce catholique de fait, sinon de droit, avec un dommage ravageur pour le bien des personnes humaines. Le cardinal Kasper en semble conscient, parce qu’il ajoute : «Ce serait une erreur de chercher la solution du problème que dans un généreux élargissement de la procédure de nullité du mariage serait une erreur. (…) nous devons également prendre en considération la question plus difficile de la situation du mariage valide et consommé entre baptisés, dans lequel la vie commune matrimoniale a été irrémédiablement brisée et dans lequel l’un des conjoints, ou les deux, ont contracté un second mariage civil». […]

En réalité il n’y a aucune contradiction dans la praxis multiséculaire de l’Eglise. Les divorcés remariés ne sont pas dispensés de leurs devoirs religieux. En tant que chrétiens baptisés, ils sont toujours tenus d’observer les commandements de Dieu et de l’Eglise. Ils ont donc non seulement le droit, mais le devoir d’aller à la Messe, d’observer les préceptes de l’Eglise et d’éduquer chrétiennement leurs enfants. Ils ne peuvent recevoir la communion sacramentelle car ils se trouvent en état de péché mortel, mais ils peuvent faire la communion spirituelle, parce que même celui qui se trouve en état de péché grave doit prier, pour obtenir la grâce de sortir du péché. Mais le mot péché ne rentre pas dans le vocabulaire du cardinal Kasper et n’apparaît jamais dans son intervention au Consistoire. Comment s’étonner si, comme l’a déclaré le pape François lui-même le 31 janvier, aujourd’hui «on a perdu le sens du péché» ? […]

La position de l’Eglise est sans équivoque. La communion est refusée aux divorcés remariés parce que le mariage est indissoluble et aucune des raisons adoptées par le cardinal Kasper ne permet la célébration d’un nouveau mariage ou la bénédiction d’une union pseudo-matrimonale. L’Eglise ne l’a pas permis à Henri VIII, perdant le Royaume d’Angleterre, et ne le permettra jamais parce que, comme l’a rappelé Pie XII aux prêtres des paroisses de Rome le 16 mars 1946 : «Le mariage entre baptisés validement contracté et consommé ne peut être dissout par aucun pouvoir sur la terre, pas même par la Suprême Autorité écclésiastique». En d’autres termes ni par le Pape ni encore moins par le cardinal Kasper."

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