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France : Politique en France

Une droite vraiment à droite

Selon Jean-Louis Harouel :

Unknown"[…] Une droite vraiment à droite ne se laisse pas manipuler par ceux qui dénoncent la tentation du repli identitaire et agitent le chiffon rouge du Front national en prétendant que c'est lui – et lui seul – le danger.

Une droite vraiment à droite a conscience que le seul vrai danger pour la France, c'est la gauche qui tue notre pays à petit feu. Une droite vraiment à droite n'a pas d'ennemi à droite.

Quant à ma définition de la droite, elle est simple: la droite est la postérité sécularisée du christianisme, dont elle a gardé le refus de l'utopie et les valeurs qui font durer les sociétés humaines.

Cela oppose radicalement la droite à la gauche, dont les racines renvoient à une double trahison du christianisme: d'une part le millénarisme et sa promesse sur la terre d'un paradis égalitaire de bonheur absolu, qui est la matrice des socialismes et du communisme ; et d'autre part la gnose avec son mépris de la matière, de la procréation, du mariage et de toutes les règles de la vie sociale, sur fond de sacralisation de l'individu du fait de la croyance à divinité de son âme qui fait de lui un homme-Dieu dégagé de toute autorité, de toute règle. La gauche, c'est d'un côté l'utopie sociale, de l'autre l'utopie sociétale.

La droite est l'héritière des précieuses valeurs de durée que le christianisme tire pour l'essentiel de son substrat biblique: valorisation de la famille, de la patrie, exigence morale et par-dessus tout transmission de la vie: bref, tout ce que travaille à détruire la gauche, imprégnée consciemment ou non de la vieille haine de la gnose pour tout cela.

Dans des pays forgés par un millénaire et demi de chrétienté, être de droite constitue la manière normale de penser, de sentir et d'agir. Être de droite offre aux Européens – à ceux qui croient au ciel, à ceux qui n'y croient pas – le moyen de continuer à vivre sur la lancée de leur civilisation millénaire d'origine chrétienne. La droite est le parti des braves gens et du bon sens, du sens commun qui garantit à un groupe humain son existence sur le long terme.

Vous écrivez que parmi les cadres et dans l'électorat de la droite de gouvernement, tous ceux qui sont des «libéraux modernes, qui croient à l'État de droit, au libre échange et à l'héritage moral des années 70» ne sont tout simplement pas de droite. Pourquoi? Qu'entendez-vous plus précisément par «libéraux modernes»?

La frontière entre droite et gauche passe à l'intérieur du libéralisme. Le libéralisme est de droite quand il insiste sur la responsabilité de l'individu quant aux conséquences de ses actes, dans la tradition du Décalogue. Il est de gauche quand il refuse cette responsabilité au nom de la souveraineté absolue du moi, laquelle renvoie à l'homme-Dieu de la gnose, à qui est permis l'immoralisme.

À cela s'ajoute l'antithèse entre l'individu inséré dans une société particulière et l'individu pareil à un électron libre, sans attache ni identité. À l'état pur, quand il ne veut connaître que l'individu et l'humanité, le libéralisme est une religion séculière, une utopie, un système total, comme le communisme.

Face au libéralisme de droite – héritier du christianisme, gardant la notion de bien et de mal -, les libéraux modernes poursuivent une utopie de la liberté illimitée, par-delà le bien et le mal, par-delà les spécificités des peuples, des civilisations, des sexes même. Pour ce libéralisme total œuvrant à l'uniformisation du monde, il n'y a que des individus interchangeables selon le modèle de l'homo œconomicus et festivus d'un marché mondialisé hédoniste. […]

Il me semble que le «ni droite, ni gauche» du Front national est avant tout électoraliste, répondant à une volonté de balayer le plus largement possible le champ électoral. Le Front national a tout simplement repris les positions progressivement abandonnées par la droite de gouvernement au cours de son processus de soumission toujours plus grande au politiquement correct de la religion des droits de l'homme. D'aucuns parleront d'extrême droite. Pourquoi pas? Il ne faut pas avoir peur du mot et de l'amalgame qu'il semble permettre avec le nazisme, car il est sans fondement. Ambassadeur à Berlin, André François-Poncet notait que le nazisme, «adversaire acharné du conservatisme», s'affirmait comme «d'extrême-gauche» et «farouchement révolutionnaire». Et Eichmann indique à plusieurs reprises dans ses mémoires que sa «sensibilité politique était à gauche. Comme cela est bien connu, l'utopie nationale-socialiste frappait par ses ressemblances avec l'utopie communiste. François Furet a observé que dans les deux cas, il s'agissait de réaliser le paradis sur la terre et que les mêmes mots furent employés pour décrire la société harmonieuse que l'on prétendait fonder. Comme l'a montré Frédéric Rouvillois, le nazisme a en commun avec la gauche la volonté d'instaurer une société réconciliée et le projet de faire apparaître un homme nouveau.

Au contraire, dans ce que l'on appelle aujourd'hui extrême droite ou populisme de droite, il n'y a pas d'utopie, il n'y a pas de projet d'un monde parfait ni de rêve de changer l'homme. Il y a juste une demande d'ordre public, de sécurité des personnes et des biens, de respect des valeurs de durée du groupe humain considéré. C'est-à-dire de simples valeurs de droite. […]"

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7 commentaires

  1. Simple et limpide, et pourtant si compliqué à porter par les politiciens d’aujourd’hui… Lesquels se réclament encore publiquement comme étant chrétiens ?

  2. M. Harouel donne la bonne analyse.
    Parmi les dirigeants soi-disant de “droite républicaine” (ce qui est déjà un oxymore), aucun n’est véritablement de droite.
    Sinon il faudrait considérer que sont “de droite” la légalisation de l’avortement, la promotion de la pornographie (par Giscard via son ministre de la Culture inverti et mort du sida Michel Guy) et j’en passe!

  3. Cette analyse lucide et courageuse est fondamentale : elle donne la clé d’explication du passé et du présent et aussi la condition d’émergence d’une droite digne de ce nom.
    Toutefois ce dernier point est-il réaliste ?
    Voici ce qu’en pense le cher Zemmour dans son analyse de ce livre : “Seconde leçon que notre auteur ne tire pas explicitement: la droite n’existe plus. Elle n’est qu’une autre gauche d’une société déchristianisée. Elle est, elle aussi, une hérésie, une utopie, se veut le parti de demain, comme la gauche, libérale et libre-échangiste, mondialiste et droit-de-l’hommiste, faisant de l’individu roi un terrible bélier enfonçant les structures traditionnelles.
    La conclusion de notre professeur se veut peut-être incantation optimiste alors qu’elle est d’un pessimisme qui fait froid dans le dos: «Parce qu’elle a hérité du christianisme le refus de l’utopie et les valeurs qui font durer les sociétés humaines, la droite peut prendre le relais de la religion pour continuer à fonder et guider notre civilisation. Parce qu’elle a seule les moyens d’empêcher la mort de la France et des autres pays européens post-chrétiens, la droite est notre dernière chance.» Ce livre est un bréviaire pour une droite en quête de programme. Mais on ne voit personne capable de l’assumer.”
    Dieu fasse mentir Zemmour (mais sur ce point seulement) !

  4. Le nazisme a en commun avec la gauche et la droite actuelles de vouloir créer une Europe fédérale et non un ensemble d’états ! D’ailleurs, le premier président de la commission européenne était un ancien nazi. Et le premier président du groupe Bilderberg, un ancien officier nazi.
    Sarkozy en trahissant les Français en 2005, démontrait (notamment en entrant dans l’Otan) sa soumission aux néo-cons américains, qui ne sont que d’anciens trotskistes. Son demi-frère, Oliver Sarkozy, était même un des directeurs de la Carlyle, dont les principaux actionnaires sont la famille Bush (qui a aidé les nazis) et la famille Ben Laden.

  5. Qu’il est bon de sentir un tel vent de vérité limpide, soufflé sur internet grâce au SB par l’éminent professeur JL Harouel!

  6. Ne soyons pas injustes, il existe bel et bien un parti de droite au sens noble et historique du terme, c’est le Parti chrétien démocrate de Jean-Frédéric Poisson.

  7. Pour René Clémenti: oui c’est vrai. Il n’a qu’un défaut c’est précisément d’être un parti politique.

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