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Europe : politique

Une apostasie mortifère

Une apostasie mortifère

De, Stéphane Buffetaut, élu vendéen, ancien député européen et membre du bureau politique du CNIP, pour le Salon beige:

A la fin du mois d’octobre dernier, la Commissaire européenne à « l’égalité », Helena Dali, a présenté un « guide pratique sur la façon de communiquer de manière inclusive avec la jeunesse internationale » – on appréciera l’élégance du jargon – destiné aux fonctionnaires européens. Le titre n’augurait rien de bon. Le contenu fut encore pire que tout ce que l’on pouvait craindre.

Ainsi était-il préconisé de ne plus fêter un « joyeux Noël » car il ne convient pas de « présupposer que tout le monde est chrétien ». Pire encore, il était recommandé aux fonctionnaires européens de ne pas choisir « de prénoms typiques d’une religion » comme « Maria et John »…

Dans un autre registre étaient déconseillés d’employer le mot citoyen afin de ne pas froisser les migrants ou les apatrides, de plus user des mots « Mesdames et Messieurs » ou « les deux sexes » afin de ne pas heurter les personnes bisexuelles ou « trans non binaire » !

La Commission européenne se mue en Big Brother et entend imposer une « novlangue » intrusive et scandaleuse puisqu’elle va jusqu’à s’immiscer dans le choix des prénoms des enfants de ses employés !!! Il s’agit de totalitarisme à l’état pur. Bien évidemment on nous dira, pour atténuer le scandale, qu’il ne s’agissait que de « recommandations ». La belle affaire ! Ces « recommandations », qui étaient une tentative de premier pas, en disent long sur l’idéologie qui désormais a envahi les Institutions eurocratiques. La déconstruction totalitaire à tous les étages du Berlaymont.

Mais ce texte inepte, à bien des égards stupide, ahurissant, traduit en réalité une détestation profonde du christianisme et au-delà de la civilisation européenne elle-même. Pour être soi-disant « inclusifs » ont exclu des centaines de millions d’européens, des siècles d’histoire et de civilisation. Est même congédiée la naturelle altérité entre les hommes et les femmes, qui, d’une certaine façon, fonde la construction et l’organisation de toute société, de toute civilisation soucieuse de son harmonie et de sa pérennité. Et tout cela au nom du respect des minorités ! En pratique l’émergence de la dictature des minorités qui enjoignent à la majorité de disparaître.

Les rédacteurs de ce texte honteux se rendent-ils seulement compte qu’ils sont les fossoyeurs du vieux continent. Une telle négation/détestation de son être propre ne peut conduire qu’à l’anéantissement de soi. En l’occurrence non seulement d’une Union européenne devenue cinglée, mais encore de l’Europe.

Hélas cette trajectoire est déjà ancienne.  Chacun se souvient que Jacques Chirac s’était opposé à ce que les racines chrétiennes de l’Europe soient mentionnées dans le projet de constitution européenne, sous peine du refus de la signature de la France si tel était le cas. Lors du tour de table organisé à ce sujet au Conseil, alors que la très grande majorité des Etats membres s’étaient déclarés favorables à cette mention, le président français n’avait entraîné avec lui que la Belgique et la Suède. Il avait même interpellé Donald Tusk en l’enjoignant de se prononcer selon ses convictions. Lequel avait répondu qu’il représentait la Pologne et non Donald Tusk. Et pourtant, pour des raisons mystérieuses, la majorité avait cédé, n’osant user, en sens inverse, du même chantage que le calamiteux corrézien.

En fait, en rejetant le christianisme, les pseudos progressistes déracinés qui nous gouvernent rejettent leur propre civilisation. Qu’est-ce donc en effet que l’Europe, si ce n’est une civilisation ? Ce petit cap occidental du continent asiatique n’a guère de contours géographiques précis. De l’Atlantique à l’Oural, disait le général De Gaulle. Si l’océan est une véritable limite, les confins continentaux demeurent flous. On dit que Mitterrand situait les frontières de l’Europe à la limite de l’expansion des monastères bénédictins. C’est donc bien des limites de la civilisation chrétienne qu’il parlait. Vouloir effacer le christianisme, c’est vouloir effacer la civilisation européenne et vouloir effacer la civilisation européenne, c’est vouloir effacer l’Europe. C’est là que réside toute la faiblesse mortelle de l’Union européenne. Elle refuse tout ancrage charnel, historique, civilisationnel. Comme en témoignent ses billets de banque sur lesquels ne figurent que des monuments qui n’existent pas, des architectures irréelles.

Etrange haine de soi qui conduit à préférer l’autre que soi-même, jusqu’à vouloir lui faire place nette. A déprécier sa propre civilisation, l’une des plus riches de l’humanité, tant sur le plan artistique que scientifique ou technique, pour lui préférer des civilisations plus frustes au nom d’une supposée équivalence entre elles, moderne avatar du « bon sauvage » de Rousseau.

Tous ces apprentis sorciers qui ne rêvent que d’euthanasier notre civilisation sont en fait nourris de la pensée d’Habermas qui développe l’idée d’un « patriotisme constitutionnel » désincarné, détaché de tout Etat-Nation. Idéologie typique d’un Allemand honteux et traumatisé par les atrocités commises par son pays durant la deuxième guerre mondiale ; ce qui le conduit à demander aux Allemands, et plus largement à tous les Européens, de ne  se sentir attachés ni à leur pays, ni à leur histoire, ni à leur civilisation. Mais de même « qu’on ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance » (pourtant bien utile n’en déplaise aux écolos déclinistes), on ne tombe pas amoureux d’une constitution et encore moins d’un traité européen.

Dans la suite logique de son idéologie première, Habermas en vient à théoriser, de fait, la dictature des minorités. Il considère en effet que la présence en Europe de minorités de plus en plus nombreuses doit modifier notre conception de la citoyenneté qui serait discriminante. L’Etat de droit et nos institutions sont donc supposés devoir assurer un respect total des identités, des langues, des religions, des mœurs desdites minorités. Mais pas celles des majorités semble-t-il. En échange de quoi les minorités en question apporteraient leur loyauté à nos institutions. Ce que démentent quotidiennement les faits.

Le « guide » de Madame Dali est la parfaite illustration de la façon dont cette idéologie est devenue le fil conducteur de l’action de l’Union européenne. Cette emprise idéologique explique aussi largement le « willkommen » de Mme Merkel à l’adresse des réfugiés lancés sur l’Europe par Erdogan.

Il a fallu la ténacité de Scipion l’Africain pour venir à bout de Carthage, la spiritualité de Jeanne d’Arc pour chasser les Anglais du royaume de France, le courage de Foch pour vaincre le Kaiser, l’obstination de Churchill pour se débarrasser du Grand Reich. L’Union européenne se suffira à elle-même pour s’autodétruire. Prions seulement qu’elle n’entraîne pas l’Europe et la France dans sa chute.

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4 commentaires

  1. Quand Madame “Helena Dali” nous fait-elle part de son changement de prénom, beaucoup trop connoté (en la belle Hélène, héroïne grecque, et Sainte Hélène -la mère de Constantin, pas l’île, encore que ce soit à nouveau une référence euopéano-centrée-) et certainement pas assez inclusif pour le reste du monde?

  2. Cher Stéphane
    Tu auras beau en rajouter, tu continueras à donner l’impression à tes lecteurs que tu viens de découvrir l’eau tiède !
    J’ai pourtant le souvenir encore précis que dans nos échanges d’il y a sûrement au moins quarante ans, j’étais régulièrement considéré avec condescendance par toi lorsque j’osais avoir un langage proche du tien actuel… Comme je te l’ai dit déjà par le biais du SB, encore un effort et tu arriveras au bon niveau. Sur le plan carrière politique tu as sûrement choisi la bonne tactique, ce qui t’a permis de rester présentable à ceux que tu côtoyais dans les cénacles qui t’ont hébergé.
    Cordialement malgré tout.

  3. Ce sont les propos d’un ancien député européen, il nous parle de la faiblesse mortelle de l’Union européenne. Apparatchik de ce système, combien a-t-il gagné d’euros dans sa vie grâce à ce système perverti à ses yeux ? Son article relate des choses banales, une suite de constats, un constat de croque-mort qui mesure un organisme décédé. Enième article de cet auteur insipide, d’un retraité apathique devant son miroir narcissique.

    • Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge !
      Etes-vous si sûr de ne pas profiter vous-même de ce que vous combattez, pour peu que vous vous attaquiez à de véritables ennemis ?
      J’ai une pensée pour l’immense majorité qui ne connait pas le rapport de Madame Helena Dali et qui se passerait volontiers de cette aigreur qui présente encore moins d’intérêt que l’article incriminé.

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