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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Un peu de liturgie

Le Forum Catholique nous propose l’intégralité du discours du Cardinal Arinze (version pdf), préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Discours prononcé lors de l’ouverture du Colloque organisé à l’occasion de la Célébration du Jubilé d’Or de «l’Institut Supérieur de Liturgie» de l’Institut Catholique de Paris le 26 octobre. Extraits :

Cardinal20arinze "Beaucoup d’abus, dans le domaine de la Liturgie, ont pour origine, non pas la mauvaise volonté, mais l’ignorance […]. Ainsi, certains abus ont-ils pour origine la place indue qui est accordée à la spontanéité, ou à la créativité, ou bien à une fausse idée de la liberté, ou encore à cette erreur qui a pour nom: «horizontalisme», qui consiste à placer l’homme au centre de la célébration liturgique au lieu de porter son attention vers le haut, c’est-à-dire vers le Christ et ses Mystères. […]

Malheureusement, beaucoup d’homélies […] ressemblent pour une bonne part à des discours marqués par des considérations d’ordre sociologique, psychologique, ou, dans un style encore pire, politique. Ces homélies ne sont pas assez enracinées dans la Sainte Écriture, les textes liturgiques, la Tradition de l’Eglise et une théologie solide. […]

C’est donc faire preuve de fausse humilité et d’une conception inadmissible de la démocratie ou de la fraternité, pour un prêtre, que d’essayer de partager le rôle qu’il exerce dans la liturgie en tant que prêtre, et qui lui est donc strictement réservé, avec les fidèles laïcs. […]

[L]a sainte Liturgie n’est pas un domaine où règne la libre recherche mais qu’elle est bien la prière officielle et publique de l’Eglise dont le Pape et les Evêgues sont en premier lieu les responsables.

Dans Ecclesia de Eucharistia (§52), le pape Jean-Paul II rappelait déjà que :

"les normes liturgiques sont une expression concrète du caractère ecclésial authentique de l’Eucharistie ; tel est leur sens profond. La Liturgie n’est jamais la propriété de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquel les Mystères sont célébrés".

Michel Janva

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9 commentaires

  1. Tout cela est bien beau.
    Mais a quoi cela sert-il de le dire si on ne sait pas le faire respecter.
    Le dire maintenant, c’est bien! Mieux vaut tard que jamais.
    Mais pour éviter tous les abus, il fallait intervenir il y a plus de quarante ans !
    Mettre les abus sur le dos de l’ignorance, c’est fort de café.
    On veut nous faire croire que les prêtres chargés de nous enseigner sont plus ignares que nous !
    Il ne faut pas sortir de Polytechnique, de St Cyr ou du Vatican, pour savoir que seul Dieu est au centre de la liturgie.
    Y mettre l’Homme, n’est pas une erreur due à une certaine méconnaissance, c’est un acte révolutionnaire posé sciemment.
    Le discours du Cardinal Arinze arrive bien tard. Mais il a le mérite d’avoir été dit.
    L’Eglise me semble avoir oublié le bon sens qui veut qu’il soit plus facile de prévenir que de guérir.
    Quel énorme gâchis !
    Des générations complètes de jeunesse sacrifiée.
    Le résultat : plus de vocation, des églises vides, des séminaires vendus, une ignorance crasse, et la peste du relativisme à tous les étages.
    En contre-partie une invasion musulmane, et une énorme prolifération de toutes les sectes plus agressive les unes que les autres.
    Les fautes se paient casch !
    Que Dieu nous pardonne à tous.

  2. Henri,
    l’Eglise n’a jamais eu les moyens de faire respecter ce qu’elle propose, pour la bonne et simple raison qu’elle ne fait que le proposer, et qu’elle a toujours limité à l’extrême l’usage de moyens coercitifs : elle veut une adhésion personnelle et volontaire, pas un troupeau de brebis tenu par des chiens vociférants.
    Ne voyez-vous pas que les abus d’il y a quarante ans sont en voie d’extinction ? Il était quasiment impossible il y a quarante ans de trouver une messe dite dans l’ordre. Il est aujourd’hui très rare de trouver des prêtres qui improvisent totalement la célébration.
    L’Eglise a toujours fait comme ça : en général, les abus ou schismes ou autres durent deux ou trois générations. Et puis après, ce qui ne venait pas de Dieu meurt de lui-même, et l’Eglise seule continue de rayonner.
    D’autre part, quand vous parlez d’églises vides, de séminaires vendus, etc. vous vous bornez à l’église qui est en Europe. Et encore… il y a plus de petits gris ou de prêtres charismatiques que de prêtres tradis, etc. etc.
    Vous écrivez enfin et surtout : “L’Eglise me semble avoir oublié le bon sens qui veut qu’il soit plus facile de prévenir que de guérir.”
    Cela signifie que le Saint Esprit, qui anime l’Eglise (ou elle n’est pas l’Eglise) n’est plus prophète.
    Pour le dire simplement : c’est un peu embêtant, comme idée.

  3. Cardinal Arinze, merci pour votre courage!
    Vous avez osé dire devant une trentaine d’evêques Francais des mots tels que :
    “Les célébrations liturgiques manifesteront la splendeur
    de la foi de l’Eglise ; elles nourriront la foi des participants ; elles écarteront de cette foi la
    torpeur et l’indifférence ; et elles enverront les fidèles à la maison avec la résolution
    ardente de vivre une vie vraiment chrétienne et de répandre partout la Parole de Dieu. Nous
    sommes alors bien loin de cette froideur, de cet horizontalisme qui met l’homme au centre
    de l’action liturgique, et aussi parfois de ce maniérisme ouvertement égocentrique que
    nos assemblées du dimanche sont parfois obligées de subir”
    cette phrase décrit si bien nos liturgies actuelles avec son “maniérisme ouvertement égocentrique” qui va paradoxalement de pair avec “cette fausse-humilité” du célébrant. Une des caractéristiques de l’ancienne liturgie se trouve dans la “désappropriation” des gestes même mineurs du célébrant et toute la codification très stricte du rite aide à cette “désappropriation”. Alors ce n’est plus la célébration du père Untel mais c’est la Sainte Messe à la fois Unique et Universelle.

  4. @ polemikon,
    L’Eglise ne fait que proposer, dites-vous ? Oui et non !
    Oui car elle n’impose à personne la Foi, et c’est d’ailleurs ce qui la différencie des sectes.
    Non, car elle impose des dogmes et prononce des excommunications.
    Si les abus d’il y a quarante ans sont en voie d’extinction, c’est surtout que l’habitude aidant, ils choquent moins. Ils sont moins mis en valeur.
    C’est surtout qu’ils sont moins utiles aujourd’hui, la phase révolutionnaire est plus feutrée.
    Simple adaptation à notre époque plus new-âge. Il faut faire dans le feutré, dans le soft, il ne faut pas brusquer, pas choqué, il faut être politiquement correct !
    Vous dites que les abus et les schismes durent deux ou trois générations et que seule l’Eglise continue de rayonner !
    Quid du Grand schisme ?
    Quid de l’hérésie protestante qui refleurit de plus belle avec les évangélistes ? Mais peut-être que vous pensez qu’à partir du moment qu’ils se disent chrétiens, ils sont dans l’Eglise.
    C’est du relativisme. Rassurez-moi, vous ne pensez pas ça.
    Vous dites que je me borne qu’à l’Europe, peut-être que oui, peut-être que non, mais avant d’aller voir à l’autre bout du monde je suis plus intéressé par ma paroisse, par mon diocèse, par mon pays. Ce n’est pas de l’égoïsme ou de l’égocentrisme, c’est juste la prise de conscience de mes possibilités !
    Quant à votre dernier paragraphe, vous interprétez ce que je dis !
    Croyez-vous que le Saint-Esprit agit toujours dans toutes les décisions de l’Eglise ?
    Moi, non, le pape n’est pas infaillible dans toutes ces paroles, ni dans tous ces actes.
    Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je suis et je reste définitivement papiste.
    Pour que le Paraclet agisse, il faut peut-être déjà le prier intensément !
    En union de prières avec vous.

  5. Bonjour,
    Je vais à la messe dans une grande ville de province française, paroisse lambda; je peux vous assurer que l’assemblée y est plutôt fournie. Idem lorsqu’il m’arrive d’assister à l’office ailleurs – autre paroisse ou autre localité. Je ne comprends donc pas lorsque j’entends dire que les “églises sont vides en France”, surtout venant de catholiques!
    A entendre et à lire les plus “anciens” (j’ai 32 ans) il me semble que par rapport à l’interminable dégringolade de notre foi jusqu’en 1950, et par rapport au “chaos” des années 1960-1980, la situation catholique actuelle est porteuse de grands espoirs.
    Nous sommes certes une minorité – mais active, dynamique. Par Dieu et pour Dieu, faisons en sorte de faire fructifier ces espoirs. L’évolution vers une liturgie tournée vers le Seigneur comme elle devrait toujours l’être, dans l’unité catholique et sans querelles stériles, ni passéisme, est inévitable. L’Esprit Saint est en effet à l’oeuvre.
    En Dieu,
    Lubac

  6. L’Eglise impose des dogmes, dites-vous, à mon tour de dire oui et non ;-)
    Elle les impose – ou plus exactement le Christ les impose – car la Vérité est une.
    Elle ne les impose pas, car elle ne force personne à les croire. Elle dit ceci est vrai, si vous voulez suivre le Christ, il faut y adhérer, mais elle ne force personne à le croire, et en ce sens elle ne les impose pas.
    L’excommunication elle-même est faite pour signaler un grave danger d’errer et permettre à la brebis de se rendre compte qu’elle va trop loin ; elle n’est pas faite pour forcer la brebis errante à revenir. Ce n’est pas une mesure de police.
    Vous me parlez du grand schisme et des protestants… la phrase à laquelle vous répondez commence par “en général” ;-) C’est anecdotique.
    Sur le pape : je suis d’accord que tous ses actes ne sont pas assistés par le Saint Esprit. Mais en matière importante, si. Les limites ne sont pas aisées à définir, je n’approfondirai donc pas.
    Par contre, je m’inscris en faux contre vos deux paragraphes :
    “Si les abus d’il y a quarante ans sont en voie d’extinction, c’est surtout que l’habitude aidant, ils choquent moins. Ils sont moins mis en valeur.”
    “C’est surtout qu’ils sont moins utiles aujourd’hui, la phase révolutionnaire est plus feutrée.
    Simple adaptation à notre époque plus new-âge. Il faut faire dans le feutré, dans le soft, il ne faut pas brusquer, pas choqué, il faut être politiquement correct !”
    Il y a moins d’abus aujourd’hui, et ce n’est pas qu’ils soient moins mis en valeur, mais qu’ils sont plus rares : il n’y a plus guère d’abus sur la matière du sacrement, plus guère de prières eucharistiques entièrement improvisées, plus guère d’inversion de l’ordre de la messe, en commençant par le Notre Père, continuant par les lectures (1 ou 2, pas plus, et pas toutes bibliques, etc.).
    Ce n’est pas une question d’être choqué ou non, par habitude, mais bien de disparition de ces coutumes.
    Si vous voulez vous rafraîchir la mémoire sur ce qu’était la situation dans les années 70, allez en Belgique. Puis revenez en France, vous aurez compris.
    Votre deuxième paragraphe laisse entendre que la vie de l’Eglise, et notamment en matière liturgique, est politique, avec des “phases révolutionnaires”.
    Peut-être cette grille de lecture était-elle adaptée aux années 70, où le marxisme imprégnait la société jusqu’au clergé.
    Peut-être, je ne me prononcerai pas là-dessus.
    Mais il vous faudra en sortir – soit dit en passant, d’imaginer “une phase plus feutrée” n’y aidera pas, et risque de vous enfermer complètement – la vie de l’Eglise est celle de l’Esprit Saint, qui ne fait pas de politique (ou alors, ce serait une révélation, puisque le Christ n’en a pas fait).

  7. il faut savoir aussi que les dérives de la liturgie sont liées à la formation de certains prêtres dans certains seminaires, où l’accent est bcp plus mis sur le “pastoral” que sur le “théologique”. Il y a des prêtres qui ont suivi deux ou trois modules de liturgie, un peu de formation d’homéliaste (“un bon sermon doit développer 3 pistes en 7 minutes”!!!!)et qui ont appris à célébrer la Messe en deux ou trois fois, parce qu’on se dit qu’il vaut mieux qu’ils apprennent sur le tas, en “stage paroissial”, avec l’assemblée , car “c’est elle qui me fait prêtre”. Tout cela est AUTHENTIQUE, je cotoie bcp de séminaristes.
    En conséquence si ces jeunes prêtres fervents, pleins de zèle pour NSJC ont été en “stage” ou en formation auprès d’un curé très sensible à la litugie,ou s’ils viennent de lieux ardents à la vivre, ils en découvriront toutes les richesse théologiques et sauront les mettre en lumière dans le rituel. Sinon ils feront du one man show et un jour c’est l’équipe liturgique qui prendra le pouvoir. “qu’est ce qu’on va bien pouvoir trouver de nouveau pour la Toussaint cette année?” “Vos idées sont mes idées” Voilà comment la vie paroissiale devient une démocratie participative, rétive à toute injonction d’un éveque ou pire de Rome!

  8. Une remarque au passage : pour faire ces rappels, le cardinal Arinze n’a pas eu besoin d’aller chercher ailleurs que dans les actes du Concile Vatican II.

  9. Je suis bouddhiste (j’espère que je ne serai pas censuré pour autant…) et je suis d’accord avec la plupart de ces points de vue.
    Le démantèlement de la codification, la mise en pièce de la Tradition, la fin de la discipline imposée par l’usage d’une langue liturgique précise, nous ont fait perdre en Occident bcp d’intelligence et de grandeur propre (les générations présentes en sont les premières victimes).
    Pas de véritable compassion sans discipline. Sans désappropriation complète. Sans authentique sensibilité ecclésiale.
    C’est un pb spirituel de tt prendre soit sous le mode du divertissement soit sous un mode “amour-lumière béat” sans qu’il ait un minimum d’exigence intérieure.
    Dans le bouddhisme (surtout tibétain ou même le zen) ces approches sont considérées comme étant à éviter absolument et le rapport au sacré et à la liturgie est bcp plus codifié et exigeant que dans l’Eglise aujourd’hui (dans l’islam aussi – je ne connais pas assez le judaïsme pour me prononcer mais il y a à priori au moins une langue liturgique spécifique qui assure du point de vue de la transmission une fonction matricielle primordiale).
    Je crois personnellement que l’interprétation actuelle de Vatican II ne convient pas et qu’il faudrait remettre la Tradition sur pieds de manière bcp plus franche.
    Et aussi, peut-être, essayer de rendre l’Eglise plus “poreuse” vis à vis des pratiques oratoires s’appuyant sur l’attention au souffle ou “respiration-esprit” et/ou sur les techniques de méditation assise silencieuse ou prière avec le corps qui sont en fait – sur un plan spirituel – bcp plus exigeantes et rigoureuses qu’on ne le pense habituellement (plutôt que de laisser ces gestes se développer de façon plus ou moins anarchique, sans cadre ecclésiale ni discipline, sous forme de “supermarché spirituel”, comme c’est trop svt le cas aujourd’hui).
    Jean se penchant sur la poitrine de Jésus au moment de la Cène. N’y a t il pas, à ce moment, de la “respiration-esprit” qui passe, et aussi de la grandeur (de la Vraie grandeur), bcp de discipline/exigence/compassion, bcp de désappropriation de Soi-même. Pour un Autre, pour les autres.
    Pour moi l’Eglise est là, principalement. Et cela mérite un peu plus de beauté, de plénitude, de vérité que ce que propose la liturgie d’aujourd’hui. Je ne comprends pas pourquoi l’Episcopat français n’arrive pas à le comprendre.

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