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L'Eglise : L'Eglise en France

Un hameau chrétien n’a de sens que s’il tisse des liens avec ce qui l’entoure…

Un hameau chrétien n’a de sens que s’il tisse des liens avec ce qui l’entoure…

Contribuer à l’essor et au déploiement d’écosystèmes chrétiens au XXIe siècle : voilà la raison d’être de l’entreprise Monasphère, convaincue de la force prophétique de petites oasis où tous pourront venir goûter une vie imprégnée par la foi.

Monasphère développe en ce moment un projet inédit de 17 maisons à L’île-Bouchard, Sanctuaire Marial et Angélique situé en Touraine. Le lancement est prévu le 17 janvier prochain.

Contact : contact@monasphere.fr

Le Frère Charles Desjobert, op, architecte, a répondu aux questions de Monasphère.

Comment l’architecture monastique a-t-elle contribué à façonner notre culture européenne ?

L’architecture des monastères est diverse, elle a évolué au fil des règles et des temps. Des laures égyptiennes qui se développent dans le sillage de la vie érémitique de s. Antoine, père des premiers moines, jusqu’à nos immenses couvents du XIXe siècle, il y a un monde ! Cependant, une quête du monastère idéal, du lieu où une communauté évangélique pourrait croître vers le bien, a amené à des propositions architecturales audacieuses.

En France, un des grands moments de cette recherche de la cité sainte, à l’exemple de la Jérusalem céleste, se trouve dans les monastères cisterciens du XIIe siècle. Union de la perfection des proportions, de la puissance des masses de pierre exaltées par la lumière, de la commodité des usages et de l’inventivité technique, ces monastères continuent d’exprimer la justesse des relations des hommes entre eux, avec la nature et avec Dieu.

Répartis sur tout le continent et au-delà, en des sites souvent époustouflants, ils ont proposé un modèle fait de rigueur et de paix, nourri de la simplicité qu’exige la pauvreté volontaire, tout en offrant des lieux propices au travail manuel et intellectuel, au service des petits et à la stabilité si nécessaire au pèlerinage vers Dieu.

Ces maisons de prière, de travail et repos, continuent à parler

En quoi couvents, prieurés et abbayes peuvent-ils encore nous inspirer aujourd’hui ?

Qu’elles soient ou non encore habitées, ces maisons de prière, de travail et repos, continuent à parler. Ces pierres crient aux hommes et aux femmes que nous sommes que nous avons besoin d’un lieu et d’un temps pour être heureux, pour pouvoir donner du fruit. Il nous faut pouvoir ralentir, changer de rythme et oser la contemplation, cette respiration si nécessaire au corps et à l’âme que nous sommes.

Ces bâtisses nous parlent aussi de la communauté humaine qui peut naître d’une vie apaisée et simultanément active et productive. Ce juste tempo, quand il profite du génie du lieu, fait également naître un rapport plus sain à la nature et aux joies et biens qu’elle procure généreusement.

Et Dieu, bien sûr, présent discrètement ou vigoureusement dans un son de cloche, une croix en bord de chemin, l’éclat d’une couleur de vitrail sur la pierre.

Tout lieu chrétien, doit, dans le temps même où il sert Dieu, servir le prochain en se faisant accueillant.

L’architecture peut-elle servir une saine articulation entre la vie fraternelle et l’ouverture sur le monde dans un hameau chrétien ?

C’est une communauté humaine qui fait l’architecture, elle ne peut rien seule. Elle est cependant plus bavarde qu’on ne croit. Elle enseigne ! Elle évoque un rapport au corps et aux autres par le jeu des proportions, elle éduque le regard et invite à la contemplation par le travail de la lumière, elle peut dire la protection et dire l’ouverture.

Un hameau chrétien n’a de sens que s’il tisse des liens avec ce qui l’entoure. Son contre modèle achevé serait les « gated communauties », ces quartiers résidentiels fermés que l’on trouve surtout en Amérique du nord, où se côtoient des gens aisés, protégés par des grilles d’un monde alentour qu’ils perçoivent d’abord comme hostile. Les utopies mal digérées deviennent infernales. La réalité suppose que l’autre me soit présent.

Tout comme les monastères ont des hôtelleries, tout lieu chrétien, doit, dans le temps même où il sert Dieu, servir le prochain en se faisant accueillant. La sphère demeure ainsi ouverte.

Monasphère s’inscrit dans une tradition longue.

Vous avez contribué à concevoir la charte architecturale de Monasphère pour ses programmes immobiliers en neuf. Comment qualifieriez-vous l’approche architecturale de Monasphère ?

En prenant comme modèle le monastère, et en s’implantant à proximité de lieux spirituels, Monasphère s’inscrit dans une tradition longue. C’est audacieux car la promotion immobilière ne prend habituellement guère le temps d’envisager ainsi « l’habité ».

L’enjeu est donc de trouver une manière de traduire avec les mots d’aujourd’hui les intuitions d’hier. Il ne s’agit pas de citer l’architecture passée, en procédant par simple collage d’un vocabulaire ancien sur des bâtiments neufs, mais de retenir les traits saillants et les pierres d’attentes de ces édifices.

Nous avons déjà évoqué le rapport fécond au temps et à l’espace, au patrimoine et à la nature, au cheminement et à la contemplation, que ces lieux proposent. Plus concrètement, ces enjeux peuvent se traduire architecturalement par une réflexion sur le seuil et la porte d’entrée (qui disent ce qu’on entend par accueil), sur le soubassement de la maison (qui dit nos fondations), sur l’épaisseur du mur (qui dit la constance), sur les ouvertures (qui disent la lumière), sur les pièces communes (qui disent famille et bien commun plutôt qu’individualisme). Comme on le dit en liturgie, chercher une « noble simplicité », par des matériaux durables et de justes proportions afin que l’architecture prenne souffle, qu’elle respire et que la matière s’anime. Aux architectes et maçons de mettre cela en musique, aux hommes et femmes qui y vivront de trouver, en ces lieux, la joie.

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4 commentaires

  1. Cela ressemble à l’abbaye de Fontgombault. Les maisons autour pour accueillir les familles (hors les hommes si ceux -ci sont hôtes de l’abbaye). Le village est proche et les moines ne sont pas complètement isolés de la population (ils votent au grand damn des “démocrates”)

  2. Le projet a un avenir mais les mots pour le présenter sentent ‘le communicant’ à sept lieues à la ronde. « L’habité » fait assez ‘déconstruit’. « La réalité suppose que l’autre me soit présent. » fait assez dévisseur d’ampoule. A quelle heure est la messe dans ce hameau ? Si j’ai besoin d’azithromycine pour me soigner efficacement contre la covid, en quelle monnaie je paie et vers quel apothicaire m’adresser ? Autour de Chémeré-le-roi, y a-t-il des habitations à louer pendant de courts ou longs séjours ? Voilà un autre projet réaliste pour ‘monasphère’ à qui je souhaite longue vie.

  3. Ce que fait Fontgombault est surement très bien.
    Monasphère est une entreprise avec tout ce que ca englobe : investissement, rentabilité, retour sur investissement etc. On est loin de la mentalité religieuse et des abbayes…
    Une fois de plus cela ne profitera qu’aux riches…

  4. Tout à fait d’accord. Ce bon “o.p.” utilise la novlangue de son autre corporation…

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