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L'Eglise : Le Vatican

Un cardinal s’inquiète du succès du pèlerinage de Chrétienté à Chartres… Aux sources de Traditionis Custodes

Un cardinal s’inquiète du succès du pèlerinage de Chrétienté à Chartres… Aux sources de Traditionis Custodes

La journaliste catholique américaine, accréditée auprès du Saint-Siège, Diane Montagna a publié dans The Remnant une longue enquête sur la genèse du Motu Proprio Traditionis Custodes. Elle remet en cause le lien entre l’enquête réalisée auprès des évêques sur le bilan de Summorum Pontificum et celui dressé par le Pape :

« J’ai chargé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de faire circuler un questionnaire aux évêques concernant la mise en œuvre du Motu proprio Summorum Pontificum. Les réponses révèlent une situation qui me préoccupe, m’attriste et me persuade de la nécessité d’intervenir. »

Elle révèle que le sort de la messe traditionnelle a été scellée non pas après l’enquête mais lors d’une session de janvier 2020 au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi :

Dans l’après-midi du 29 janvier 2020, une séance plénière s’est tenue pour discuter de la quatrième section de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, anciennement connue sous le nom de Commission pontificale Ecclesia Dei, à laquelle le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Cardinal Luis Ladaria, SJ, n’était pas présent pour cause de maladie.

Avant de poursuivre, je dois dire qu’il est largement admis que le cardinal Ladaria était « réticent » à publier Traditionis Custodes. On dit qu’il est un homme bon, extrêmement discret, mais n’ira finalement pas à l’encontre de la volonté du Saint-Père.

En l’absence du cardinal Ladaria, l’assemblée était présidée par le secrétaire de la CDF, l’archevêque Giacomo Morandi. Morandi, certains d’entre vous s’en souviennent peut-être, a été nommé à la CDF en tant que sous-secrétaire en 2015 avant que trois fonctionnaires ne soient limogés sous le cardinal Müller. Lorsque le cardinal Müller a été « évincé » en 2017 et que le cardinal Ladaria a été nommé préfet, Morandi a été promu secrétaire.

Étaient également présents à la session plénière du 29 janvier 2020 d’autres membres de la CDF, dont le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal italien Pietro Parolin ; le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques ; le cardinal italien Giuseppe Versaldi, préfet de la Congrégation pour l’éducation catholique ; le cardinal Beniamino Stella, alors préfet de la Congrégation pour le clergé, les cardinaux américains Sean Patrick O’Malley et Donald Wuerl ; Mgr Rino Fisichella, archevêque italien, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation ; l’archevêque Charles Scicluna de Malte, qui est secrétaire adjoint du CDF ; le cardinal français Jean-Pierre Ricard, l’archevêque français Roland Minnerath, et d’autres. Le Pape n’aurait pas été à ce genre de réunion.

Selon des sources fiables, le cardinal Parolin, le cardinal Ouellet et le cardinal Versaldi menaient la discussion et la pilotaient dans une direction précise.

Pour vous donner un avant-goût de ce qui a été dit, un cardinal, qui est davantage considéré comme un « acolyte » que comme un chef de gang, s’est inquiété du fait que près de 13 000 jeunes s’étaient inscrits au pèlerinage de Chartres. Il a dit que nous devons comprendre pourquoi ces jeunes sont attirés par la messe traditionnelle et a expliqué aux autres présents que beaucoup de ces jeunes ont des « problèmes psychologiques et sociologiques ». Le cardinal en question a une formation en droit canon et en psychologie, donc ses remarques sur les «problèmes psychologiques» auraient eu plus de poids, en particulier auprès des évêques et des cardinaux qui ne sont pas familiers avec la messe latine traditionnelle ou les cercles de messe latine. […]

Gardez à l’esprit que le questionnaire a été envoyé cinq mois plus tard, en mai 2020. On ne sait pas qui a écrit les questions.

Il semble donc que le bal ait déjà été lancé lors de la session plénière de fin janvier 2020.

Un deuxième rapport parallèle

Maintenant, à notre deuxième question : pourrait-il être qualifié de juste s’il s’avérait qu‘il y avait un deuxième rapport parallèle créé au sein de la section doctrinale de la Congrégation de la Doctrine de la Foi, qui a été achevé avant même que toutes les réponses des évêques aient été reçues par la CDF ?

Des sources fiables ont confirmé que pendant la préparation du rapport principal, les supérieurs de la CDF ont commandé un deuxième rapport afin de s’assurer que le rapport principal reflète les commentaires des évêques. La Congrégation aurait dû s’assurer que le rapport principal n’arrivait pas seulement aux conclusions habituelles, par ex. que la messe traditionnelle est un élément positif dans la vie de l’Église, etc., etc., etc. Le deuxième rapport était donc présenté comme une sorte de contre-expertise, un contrôle sur le rapport principal. Les supérieurs de la CDF ont donc chargé un responsable de la section doctrinale de rédiger son propre rapport.

Il est important de garder à l’esprit que les réponses auraient été reçues par la poste ou par courrier électronique, ou par l’intermédiaire des nonciatures ou des conférences épiscopales.

Pour revoir la chronologie du déroulement des choses : la session plénière évoquée ci-dessus s’est tenue en janvier 2020. Le questionnaire a été envoyé au mois de mai suivant. Les évêques ont eu jusqu’en octobre 2020 pour répondre, mais comme pour les choses romaines, les réponses ont continué à arriver jusqu’en janvier 2021 et toutes ont été reçues, examinées et prises en compte pour le rapport principal.

Certains évêques ont dit qu’ils souhaitaient avoir une plus grande présence de la forme extraordinaire de la messe dans leur séminaire et parmi les jeunes prêtres.

Concernant le deuxième rapport parallèle, on ne sait pas si le fonctionnaire chargé de le rédiger a reçu l’ordre de tirer certaines conclusions.

Ce qui est sûr, c’est que le deuxième rapport parallèle, qui à ma connaissance a été commandé vers novembre 2020, a été remis avant Noël. Cependant, à ce stade, la CDF recevait et traitait toujours les réponses au sondage, et ce jusqu’en janvier 2021. Le deuxième rapport était donc sûrement incomplet, et probablement aussi superficiel, étant donné la rapidité avec laquelle il a été complété, le volume de matériel à être analysés et le fait que le matériel était reçu en quatre ou cinq langues.

Deux rapports ont donc été préparés. Celui qui convenait le mieux à un certain agenda a-t-il été choisi comme base de Traditionis Custodes ? Ou est-ce que les responsables, réalisant que le matériel entrant dans la CDF ne refléterait ni ne justifierait ce que ceux qui réclamaient des restrictions voulaient prouver, ont commandé le deuxième rapport et l’ont terminé en moins d’un mois afin qu’une sorte de texte parallèle pourrait être offert au Saint-Père ?

[…]

Mais ce qui apparaît, et nous examinerons cette question ensuite, c’est que Traditionis Custodes ne reflète pas les prémisses ou les conclusions du rapport principal. La question est donc : reflète-t-il les prémisses et les conclusions d’un autre rapport ? Serait-ce le deuxième rapport? Ou pourrait-il peut-être ne pas refléter les conclusions d’un rapport mais avoir été rédigé autrement.

Certains évêques ont fait des commentaires négatifs, mais des sources fiables affirment que ni les réponses, ni le rapport principal, n’étaient majoritairement négatifs.

Le rapport principal

Passons maintenant à notre troisième question : pourrait-il être qualifié de juste si Traditionis Custodes ne représentait pas avec exactitude le rapport principal et détaillé préparé pour le pape François par la Congrégation pour la doctrine de la foi ?

Plus tôt, j’ai fait référence à une interview mettant en vedette le secrétaire adjoint du CDF, l’archevêque Augustine Di Noia, et publiée le 20 juillet 2021, quatre jours seulement après la promulgation de Traditionis Custodes.

Insistant sur le fait qu’il parlait «en tant que théologien» et non en tant que responsable du CDF, Mgr Di Noia a semblé prendre ses distances par rapport au questionnaire, affirmant qu’il n’avait pas les résultats. Il a également minimisé l’importance de la consultation, affirmant que “la justification du Pape pour l’abrogation de toutes les dispositions antérieures dans ce domaine n’est pas basée sur les résultats du questionnaire mais seulement occasionnés par eux”. Une formulation plutôt étrange, compte tenu de la propre explication du pape François sur ses motivations.

[…]

On m’a dit que l’article que j’ai publié dans le Remnant le 1er juin 2021, six semaines avant la promulgation de Traditionis Custodes, et qui décrivait ce qui se trouvait dans les premier et troisième brouillons, a été remis au pape Benoît XVI. Une source fiable m’a dit par la suite que le pape émérite était « choqué ». Il est donc difficile de croire qu’il a été consulté de manière significative.

[…]

Qu’est-ce qu’une personne raisonnable aurait retiré du rapport principal? Qu‘une majorité raisonnable d’évêques, utilisant des mots différents et de différentes manières, envoyaient essentiellement le message : « Summorum Pontificum va bien. N’y touche pas.” Ce n’aurait certainement pas été 80 pour cent qui ont dit cela de cette façon. Mais plus de 35 % des évêques auraient dit : « Ne touchez à rien, laissez tout tel quel. En plus de cela, un autre pourcentage d’évêques aurait dit: “En gros, n’y touchez pas, mais il y aurait une ou deux choses que je suggérerais, comme un évêque ayant un peu plus de contrôle.” Même certains des évêques qui ont donné les réponses les plus positives au questionnaire ont fait ce genre de commentaires ou de suggestions.

Tout compte fait, donc, plus de 60 pour cent à deux tiers des évêques auraient été d’accord pour maintenir le cap, peut-être avec quelques légères modifications. Le message était essentiellement de laisser Summorum Pontificum tranquille et de continuer avec une application prudente et prudente.

[…]

Le point clé, comme vous l’aurez probablement compris maintenant, est que les prémisses et les conclusions de Traditionis Custodes ne sont pas les mêmes que celles présentées dans le rapport principal détaillé produit par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Traditionis Custodes n’était pas conforme à ce que le rapport principal recommandait ou révélait. Comme l’a dit une source, “Ce qui les intéresse vraiment, c’est d’annuler la Vieille Messe, parce qu’ils la détestent.”

Et elle cite un certain nombre de réponses d’évêques au questionnaire de la CDF, plutôt favorables à Summorum Pontificum…

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