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Témoignage d’une maman « restaurée » par Mère de miséricorde

Témoignage d’une maman « restaurée » par Mère de miséricorde

Lu sur Réseau-Vie (article d’Olivia de Fournas dans Famille chrétienne):

Après une interruption médicale de grossesse et une fausse couche, Cécile Champion rencontre Mère de miséricorde. L’association, qui fête ses 40 ans, lui permet de renouer, par sa maternité blessée, avec sa foi. Témoignage.

Enveloppée dans une étole vert-de-gris de la même couleur que ses yeux, Cécile ouvre grand sa porte. Au sein de sa coquette maison de Verneuil-sur-Seine (Yvelines), elle a créé un nid douillet pour sa famille. Bougies allumées, photos, coins prière essaimés dans la maison, livres sur la Vierge Marie, nombreux jeux d’enfants…

On y devine une foi vivante, dont la jeune femme peut expliquer chaque signet, prière ou souvenir. Il n’en a cependant pas toujours été ainsi. Lovée dans un fauteuil, d’une voix douce et posée, elle s’installe près de la cheminée pour raconter ses grossesses douloureuses, et sa renaissance.

Petite, ses parents l’ont élevée dans la religion catholique. Dans la religion, plus que dans la foi. La famille allait fidèlement à la messe, mais Dieu était présent de manière éloignée, « plutôt historique, et non pleinement vivant au quotidien ». De la Vierge Marie notamment, il n’était que très peu question.

Ses parents, professeurs de physique-chimie, sont avant tout cartésiens. « La science a sans doute bloqué leur accès à la foi », relit aujourd’hui Cécile. Elle reste néanmoins emplie de gratitude. La graine semée fut entretenue par les sacrements, le catéchisme dispensé dans son école Notre-Dame-les-Oiseaux, et la paroisse.

À 18 ans, intégrant l’école préparatoire scientifique Sainte-Geneviève, Cécile perd cette foi peu incarnée. La suffisance de certains étudiants, au premier rang de la chapelle, mais sans un regard pour le pauvre du coin, la choque. « Si c’est ça être chrétien, je ne veux pas l’être », tranche la jeune fille.

Un bonheur de courte durée

Lorsqu’elle rencontre son mari à 24 ans, l’agrégée devenue professeur de sciences de la vie et de la Terre tient tout de même à un mariage religieux. Lui, agnostique, baptisé par tradition, vient d’une famille humaniste sociale au grand cœur tendance anticléricale, blessée par une éducation religieuse trop stricte. Par amour pour Cécile, il accepte le sacrement.

Un an plus tard, la naissance de Chloé les comble. Le bonheur est toutefois de courte durée, les épreuves s’abattent sur le couple. Mort d’un grand-père chéri, puis fausse couche à deux mois de Raphaël, suivie d’une septicémie et d’un curetage. La maison perd ses couleurs, chacun s’enferme dans sa souffrance et son travail. La naissance de Daphné ramène enfin la joie. « Le bonheur de ces deux petites filles… », résume Cécile. Lors d’une séance de Chantiers-Éducation – créés par les Associations familiales catholiques–, elle rencontre trois chrétiennes, dont elle admire l’unité de vie.

Un jour, elle leur confie : « Ma vie n’a pas de sens. » En quête de spiritualité, elle intègre ensuite un cercle de femmes. Elle apprend avec elles, autour d’une bougie et des pierres de bien-être, à réciter le mantra du Ho’oponopono. Ce rituel ancestral hawaïen permet de « se purifier des émotions négatives et des problèmes qui nous alourdissent ».

Cécile est à nouveau enceinte, mais une visite de contrôle révèle un problème : son bébé est atteint d’une hernie diaphragmatique de coupole. La professeur de SVT comprend immédiatement la gravité de cette maladie rare : les viscères qui remontent dans la cavité thoracique, comprimant poumons et cœur. À l’hôpital, on ne lui propose aucun accompagnement jusqu’à la mort naturelle de son enfant. Rétrospectivement, elle aurait aimé. On évoque plutôt la possibilité de faire partie d’un protocole expérimental qui aurait fait du bébé un cobaye, avec une opération in utero. La mort dans l’âme, les parents acceptent l’interruption médicale de grossesse (IMG), à six mois.

Le soir de cette décision, leur fille Chloé pose sur les genoux de sa mère une Bible pour enfants trouvée au fond de la bibliothèque. Elle l’ouvre sur la mort du Christ. Troublée, Cécile tourne la page et tombe sur la Résurrection : « Dieu était à nouveau dans mon champ de vision, Il m’a parlé à travers ma fille. » Le jour de l’IMG, Cécile doit quand même accoucher. Allongée au bloc opératoire, au milieu des mots du Ho’oponopono, la prière du Je vous salue Marie lui apparaît « toute seule » et remplace totalement le mantra. C’est la première fois qu’elle « décale » son regard vers la Vierge. Elle ne la quittera plus. Malgré l’avortement, le couple parvient à se réjouir un instant de la naissance de Maëlle, une « sublime » petite fille de 1,8 kg, et à la porter dans leurs bras.

« Une écoute bienveillante et anonyme »

Percluse de douleurs et de culpabilité, Cécile dépérit. Son corps, son cœur et son esprit sont anémiés. Deux mois plus tard, « brisée », elle se rend à l’église pour crier son désespoir. À la sortie, elle est attirée par un cahier d’intentions sur lequel elle consigne sa douleur, avant de lever la tête. Un panneau lui fait face : « IVG, IMG, GEU (1), fausse couche : Mère de miséricorde propose une écoute bienveillante et anonyme ». Cette proposition silencieuse vient à point. Durant quarante-cinq minutes, la jeune mère endeuillée déverse sa colère et ses pleurs auprès d’une écoutante de l’association mariale. Celle-ci trouve les mots qui apaisent, parle de « la colère féconde des Psaumes » et évoque une prochaine retraite  « Stabat Mater ».

Mi-juillet, c’est une Cécile « très mal psychologiquement » que son mari dépose dans le train pour cette session. Face au massif de la Sainte-Baume, à l’hôtellerie des Frères dominicains, elle est « mise en mouvement ».  Cinq jours de silence, entourée d’obligeance, où elle se laisse guider par les enseignements, la messe, et un accompagnement sur mesure. Un « chemin de la consolation » lui permet  de « renouer avec les trésors de la foi ». Elle découvre l’adoration, les chants à l’Esprit Saint, la confession.

Elle fait également la connaissance de sainte Marie Madeleine, très présente à la Sainte-Baume. La disciple de Jésus figure dans le grand tableau de la salle des enseignements. Le sanctuaire abrite en effet la grotte où elle s’est réfugiée pendant les trente dernières années de sa vie, et une relique. Cécile se plonge dans les pages d’Évangile où la sainte apparaît. Elle est ébranlée par ses pleurs déversés aux pieds du Christ, qui accompagnent les  siens. Sa conversion radicale, « qui lui a donné une force d’amour extraordinaire », la touche au cœur.

Marie Madeleine est toujours très présente dans la maison des Champion. Cécile la porte sur un bracelet, à son poignet, et place des prières un peu partout dans la maison, sous des icônes ou dans sa salle de bains. À son retour de Provence, elle propose gaiement à son mari de boire « un petit apéro à Jussieu ». Depuis combien de temps ne s’étaient-ils pas retrouvés tous les deux ? « J’étais à nouveau debout, sauvée, joyeuse. » Après cette première session, elle se rapproche de la Sainte Vierge. Pendant des mois, elle demeure sa principale interlocutrice. La mère de Dieu la mènera progressivement vers Jésus : « Je suis venue à Lui quand j’ai compris que Marie souhaitait vraiment que j’aime son Fils. »

Sa foi s’affermit et « change tout »

Un an plus tard, elle attend un autre enfant. Ce sera Théo, « bien-aimé de Dieu », qui marque un changement dans sa vie. L’agrégée prend un congé parental  et se découvre très heureuse au foyer. Tout n’est pourtant pas guéri. Une seconde session « Stabat » lui sera nécessaire, avec un sacrement de la réconciliation  déterminant. Elle lui permettra de comprendre que la décision de l’avortement n’était pas la bonne. Accepter « cette vérité » la délivre de la culpabilité. « Je mourais de l’IMG », réalise Cécile, qui se sent enfin « entièrement pardonnée et restaurée par la miséricorde infinie du Père ».

Sous la grotte de la Sainte-Baume, elle fait graver deux plaques, aux prénoms de ses deux enfants mort-nés. La jeune mère comprend aussi que, près d’eux, se trouve aussi un frère ou une sœur dans le Ciel, sa mère ayant fait une fausse couche. Sa foi s’affermit et « change tout » : sa façon d’être femme, épouse, mère et enseignante, sa patience, l’unité de vie  qu’elle admirait chez ses amies des Chantiers-Éducation. Elle découvre également la puissance du chapelet, qu’elle continue à méditer le plus souvent possible. La vie de Cécile se déroulera désormais dans la gratitude. D’ailleurs, elle a décidé de devenir accompagnatrice au sein de Mère de miséricorde, pour « partager avec d’autres ce qui [lui] a été donné ».

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5 commentaires

  1. Merci !

  2. Très belle histoire, à l’exception d’un détail qui n’en est pas un. Le premier crime de l’avortement, le plus grand, n’est pas l’atteinte à la vie humaine de l’enfant, mais à sa vie éternelle, en le privant de baptême et donc du Ciel. Ces enfants sont aux Limbes, jouissant d’un bonheur terrestre mais privés de la vision béatifique. Non, ils ne sont pas au Ciel, et c’est ça le plus grave !

  3. Très touchant !

  4. RÉPONSE À FALIOCHA
    La doctrine de l’Église n’est pas définitivement fixée sur ce sujet. Voir ce que pense Dom Pateau (Père Abbé de Fontgombault) là-dessus. Je crois me souvenir que cela a été publié dans plusieurs numéros consécutifs de L’évangile de la Vie, le bulletin de l’Abbé Lelièvre, (de mémoire) l’an dernier ou il y a deux ou trois ans. Je me demande si Le Salon Beige n’avait pas publié cet article.
    Quoi qu’il en soit, nos pouvons confier ces tout-petits à la miséricorde de Dieu. Peut-être jouissent-ils maintenant d’un bonheur purement naturel et accéderont-ils à la plénitude du bonheur éternel lors de la résurrection des corps ?

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