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Histoire du christianisme

Vérités au sujet de l’Inquisition

Le quatrième numéro hors-série de L'Homme Nouveau a listé quelques mythes de l'histoire antichrétienne. Parmi les sujets, celui -inévitable- de l'Inquisition. Extraits :

H "Dans la légende noire de l’Église catholique,le spectre de l’Inquisition est régulièrement brandi, et très souvent pour faire taire les catholiques. Ce long combat contre l’Église a marqué durablement les esprits, y compris catholiques, au point qu’il y aurait une évidence du mal absolu que serait l’Inquisition. Essayons donc historiquement d’y voir plus clair, en commençant par éviter trois écueils.

  1. Celui des anachronismes : la répression, la violence, la torture et la peine de mort suscitent chez la plupart de nos contemporains une véritable répulsion, tout comme la guerre. N’oublions pas toutefois qu’en France le bagne n’a été aboli qu’en 1938 et la peine de mort pour les criminels en 1981 ! L’idée que la foi chrétienne puisse structurer et animer la vie sociale et politique semble aujourd’hui incongrue, choquante et inadmissible pour ceux qui pensent que les libertés et les droits de l’Homme sont l’unique absolu, y compris contre l’intérêt de la société et le bien commun. Or les Inquisitions (1231-1834), notamment l’Inquisition médiévale, s’inscrivent dans un contexte historique précis, où la foi chrétienne est une réalité si importante et vitale qu’elle mérite d’être défendue contre les hérésies. La médiéviste Régine Pernoud affirmait que « l’Inquisition fut la réaction de défense d’une société pour laquelle, à tort ou à raison, la préservation de la foi paraissait aussi importante que de nos jours celle de la santé ».
  2. Celui des généralisations simplificatrices et abusives : il y a trois Inquisitions, médiévale, espagnole et romaine, avec d’importantes différences, sur un espace et une période immenses (six siècles). Insister lourdement sur quelques cas exceptionnels et spectaculaires permetil de faire oeuvre historique ? Que dirait-on d’un historien qui dans un siècle décrirait la justice française de notre époque à la lumière principale des affaires Grégory (Villemin) ou d’Outreau ?
  3. Celui de l’exagération polémique du nombre des exécutions capitales dues à l’Inquisition. Les chiffres les plus fantaisistes circulent : plusieurs centaines de milliers de victimes ; les estimations sérieuses aujourd’hui tournent autour de 10 000. Car il ne faut pas oublier que la dénonciation de l’Inquisition est une arme de combat et de guerre contre l’Église catholique et le catholicisme : les hérétiques médiévaux coupables de maintes violences se posant en victimes, et c’est de bonne guerre ; les protestants, ce qui permet au passage d’éviter d’évoquer la dictature de Calvin à Genève, les violentes persécutions anticatholiques et la multitude de sorcières brûlées dans les pays protestants (plusieurs dizaines de milliers, notamment au XVIIe siècle) ; les Lumières de la modernité qui rêvent d’un monde sans Dieu ou contre Dieu.

La création de l’Inquisition au XIIIe siècle marque de réels progrès en matière de justice. D’abord en confiant à un tribunal, c’est-à-dire une institution de justice, des hérétiques dont l’impopularité était telle qu’ils étaient l’objet de la violence aveugle des foules ou des autorités politiques : ils étaient ainsi soustraits au lynchage. Ensuite cette institution de justice, même si elle n’offre pas aux prévenus toutes les garanties de nos procédures modernes et démocratiques, comporte bien des éléments originaux qui la diffèrent des justices ordinaires de l’époque : l’instruction est inquisitoire et secrète (recherche par voie d’enquêtes et de questionnements). Le tribunal de l’Inquisition cherche avant tout à établir la vérité au nom de l’intérêt de la société (comme le ministère public). Il s’écarte de la procédure accusatoire du droit romain où le juge arbitrait les litiges entre deux parties argumentant chacune en sa faveur. De plus le dénonciateur calomnieux subit la peine encourue par celui qu’il a dénoncé. Pour l’historien Bartolomé Bennassar, « l’Inquisition, par ses méthodes d’investigation et le fonctionnement de son tribunal, a contribué à inventer les règles d’une procédure nouvelle », débouchant à terme sur le système juridique contemporain, à cette nuance près que l’accusé y était présumé coupable. Les enquêtes scrupuleuses offrent cependant des garanties aux prévenus. L’accusé peut réfuter les accusations de l’inquisiteur et récuser certains témoins. Il peut aussi produire des documents ou exposer des faits tendant à prouver l’inanité des charges portées contre lui. Enfin cette institution est confiée à des professionnels dotés de manuels très codifiés et soucieux du droit. En 1246, le concile régional de Narbonne demande que la condamnation soit portée exclusivement après un aveu formel, ou au vu de preuves irréfutables. Mieux vaut, estime l’assemblée, relâcher un coupable que condamner un innocent. Pour obtenir cet aveu, la contrainte peut être utilisée : soit par la prolongation de l’emprisonnement, soit par la privation de nourriture, soit enfin par la torture. Le recours à la torture est rare et contesté. Longtemps l’Église y a été hostile. En 866, le pape Nicolas Ier déclare que ce moyen « n’était admis ni par les lois humaines ni par les lois divines, car l’aveu doit être spontané ». […]

À la suite de Pierre Chaunu qui faisait remarquer que « la Révolution française a fait plus de morts en un mois au nom de l’athéisme que l’Inquisition au nom de Dieu pendant tout le Moyen-Âge et dans toute l’Europe », on peut se poser une question. La dénonciation de l’Inquisition ne sert-elle pas aussi à masquer les millions de victimes de la très anticatholique Révolution française (deux millions de Français de 1789 à 1815, dont un million de civils entre 1789-1799) […] ?"

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