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L'Eglise : Jean-Paul II

Veritatis Splendor, l’encyclique oubliée?

Veritatis Splendor, l’encyclique oubliée?

Comme le note le blogue anglophone Rorate Caeli, le 6 août dernier, fête de la Transfiguration, marquait le 30e anniversaire de la promulgation par Jean-Paul II de l’encyclique Veritatis Splendor. Or, ni l’Observatoire Romano, ni Vatican News, ni L’Avvenire (quotidien de la conférence des évêques italiens) n’ont mentionné cet anniversaire.

Pourtant, cette encyclique a été décisive dans la mise en avant progressive des “principes non négociables”. Relisons donc, quant à nous, quelques passages de ce grand texte (que l’on peut toujours lire intégralement ici) qui guident toujours l’action de votre blogue préféré:

96. La fermeté de l’Eglise dans sa défense des normes morales universelles et immuables n’a rien d’humiliant. Elle ne fait que servir la vraie liberté de l’homme : du moment qu’il n’y a de liberté ni en dehors de la vérité ni contre elle, on doit considérer que la défense catégorique, c’est-à-dire sans édulcoration et sans compromis, des exigences de la dignité personnelle de l’homme auxquelles il est absolument impossible de renoncer est la condition et le moyen pour que la liberté existe.

Ce service est destiné à tout homme, considéré dans son être et son existence absolument uniques : l’homme ne peut trouver que dans l’obéissance aux normes morales universelles la pleine confirmation de son unité en tant que personne et la possibilité d’un vrai progrès moral. Précisément pour ce motif, ce service est destiné à tous les hommes, aux individus, mais aussi à la communauté et à la société comme telle. En effet, ces normes constituent le fondement inébranlable et la garantie solide d’une convivialité humaine juste et pacifique, et donc d’une démocratie véritable qui ne peut naître et se développer qu’à partir de l’égalité de tous ses membres, à parité de droits et de devoirs. Par rapport aux normes morales qui interdisent le mal intrinsèque, il n’y a de privilège ni d’exception pour personne. Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des « misérables » sur la face de la terre, cela ne fait aucune différence : devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux.

101. Dans le domaine politique, on doit observer que la vérité dans les rapports entre gouvernés et gouvernants, la transparence dans l’administration publique, l’impartialité dans le service public, le respect des droits des adversaires politiques, la sauvegarde des droits des accusés face à des procès ou à des condamnations sommaires, l’usage juste et honnête des fonds publics, le refus de moyens équivoques ou illicites pour conquérir, conserver et accroître à tout prix son pouvoir, sont des principes qui ont leur première racine — comme, du reste, leur particulière urgence — dans la valeur transcendante de la personne et dans les exigences morales objectives du fonctionnement des Etats 160. Quand on ne les observe pas, le fondement même de la convivialité politique fait défaut et toute la vie sociale s’en trouve progressivement compromise, menacée et vouée à sa désagrégation (cf. Ps 1413, 3-4 ; Ap 18, 2-3. 9-24). Dans de nombreux pays, après la chute des idéologies qui liaient la politique à une conception totalitaire du monde — la première d’entre elles étant le marxisme —, un risque non moins grave apparaît aujourd’hui à cause de la négation des droits fondamentaux de la personne humaine et à cause de l’absorption dans le cadre politique de l’aspiration religieuse qui réside dans le cœur de tout être humain : c’est le risque de l’alliance entre la démocratie et le relativisme éthique qui retire à la convivialité civile toute référence morale sûre et la prive, plus radicalement, de l’acceptation de la vérité. En effet, « s’il n’existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l’action politique, les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées au profit du pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l’histoire » 161.

Dans tous les domaines de la vie personnelle, familiale, sociale et politique, la morale — qui est fondée sur la vérité et qui, dans la vérité, s’ouvre à la liberté authentique — rend donc un service original, irremplaçable et de très haute valeur, non seulement à la personne pour son progrès dans le bien, mais aussi à la société pour son véritable développement.

106. L’évangélisation représente le défi le plus fort et le plus exaltant que l’Eglise est appelée à relever, depuis son origine. En réalité, ce défi est dû moins aux situations sociales et culturelles qu’elle rencontre tout au long de l’histoire qu’au précepte de Jésus Christ ressuscité qui définit la raison d’être même de l’Eglise : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création » (Mc 16, 15).

Mais la période que nous vivons, du moins dans de nombreux peuples, est plutôt le temps d’un formidable défi à la « nouvelle évangélisation », c’est-à-dire à l’annonce de l’Evangile toujours nouveau et toujours porteur de nouveauté, une évangélisation qui doit être « nouvelle en son ardeur, dans ses méthodes, dans son expression » 166. La déchristianisation qui affecte des communautés et des peuples entiers autrefois riches de foi et de vie chrétienne implique non seulement la perte de la foi ou, en tout cas, son insignifiance dans la vie, mais aussi, et forcément, le déclin et l’obscurcissement du sens moral : et cela, du fait que l’originalité de la morale évangélique n’est plus perçue, ou bien à cause de l’effacement des valeurs et des principes éthiques fondamentaux eux-mêmes. Les courants subjectivistes, utilitaristes et relativistes, aujourd’hui amplement diffusés, ne se présentent pas comme de simples positions pragmatiques, comme des traits de mœurs, mais comme des conceptions fermes du point de vue théorique, qui revendiquent leur pleine légitimité culturelle et sociale.

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4 commentaires

  1. Je ne comprend pas votre enthousiasme, pour ce livre de JP II. Je l’ai lu à l’époque, et je me sentais très déçu. Relisez, cher redaction, relisez une lecture philosophique, compliquée, flou. Le text reste prudemmant à la surface, pour ne pas heurter personne. Cela rentre dans l’esprit Vat. 2 : dialogue, tolérance, amour, mais sans vérité. Ce livre est le contraire de la clarté des Evangiles, le langage modeste, simple et précis. Nulle part, “”……..les normes morales universelles et immuables……””, sont définiées, nulle part le Décalogue, c’est à dire l’Ordre Naturel, est indiqué, comme fondement incontournable de la société Chrétienne, et la civilisation Chrétienne. Ce livre est “”le mauvais fruit””, du “”mauvais arbre”” Vatican 2. (Mt. 7 : 16-20)

  2. Il ne s’agit pas d’un “livre” comme vous l’écrivez, mais d’une encyclique, elle a donc une portée qui dépasse les simples “opinions” du pape. Il me semble par ailleurs que le cardinal Ratzinger en a inspiré les thèmes. Ce texte fut important et utile, loin de négliger la Loi naturelle et les commandements divins il en réaffirme au contraire le caractère essentiel.

  3. C’est une très grande encyclique, d’une très grande portée pour défendre la fidélité au Magistère. Si elle était davantage appliquée, elle permettrait de rejeter toutes les idées wokistes dans l’Eglise, qui prétendent “interpréter”, “contextualiser”, “actualiser” la défense de la vie et de la famille. Par exemple, ça nous éviterait qu’on organise dans la Maison Famylia de St François-Xavier des groupes de parole LGBT animés par une association qui exige de réécrire le Catéchisme et de réinterpréter la Bible dans un sens homosexualiste. Pour être clair, qu’un curé laisse organiser cet endoctrinement chez lui là où son prédécesseur faisait sonner les cloches au passage des Manifs pour tous 10 ans avant.

  4. “une lecture philosophique, compliquée, flou”, dites-vous?
    Alors, vous n’avez pas ouvert l’Encyclique, car elle est éminemment biblique et théologique : cf. mles titres des trois parties:
    chapitre 1: “Maître, que dois-je faire de bon ?” (Mt 19,16) LE CHRIST ET LA REPONSE À LA QUESTION MORALE;
    chapitre 2: “Ne vous modelez pas sur le monde présent” (Rm 12,2) L’EGLISE ET LE DISCERNEMENT SUR CERTAINES TENDANCES DE LA THEOLOGIE MORALE ACTUELLE;
    chapitre 3: “Enseigner ce qui est conforme à la saine doctrine” (Tt 2,1), …
    avec des bases philosophiques parfois ardues, il est vrai.
    “Compliquée”? elle a été très bien comprise par ceux qui étaient visés (les “moralistes” modernes on-catholiques). Mais c’est une Encyclique doctrinale, elle n’est pas à la portée de tous les fidèles, elle doit être monnayée par les Curés et les évêques.
    “Flou” (avec un e)? Ce n’est pas l’avis du pape François qui veut s’en débarasser, au moins par le silence. Même chose pour le Catéchisme qui est dans la ligne de l’Encyclique et de l’enseignement thomiste le plus pérenne.
    La plupart des évêques n’en veulent évidemment pas, mais ils ne comprennent pas de quoi il retourne, n’ayant pas la formation nécessaire pour accomplir leur Mission.
    A force de vouloir critiquer systématiquement l’Eglise catholique, même ses documents de la plus haute autorité, on finit par écrire n’importe quoi et par devenir des protestants.

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