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Culture de mort : Avortement

S’émerveiller du miracle de l’origine de la vie

S’émerveiller du miracle de l’origine de la vie

Du père Danziec dans Valeurs Actuelles :

Laurent Voulzy le chante d’une manière si apaisante que nous aurions tort de ne pas le croire : oui, nous avons tous des lieux, des mélodies, des parfums, des textes, des saveurs « qui nous collent encore au cœur et au corps ». Au cours de notre vie, toutes ces découvertes – qui furent autant de rencontres – participent de ce que nous sommes aujourd’hui.

Que l’on débute ses études sur les bancs d’une faculté ou que l’on poursuive une mandature au cœur d’une assemblée, nous devrions de temps à autre enrouler le fil de notre existence comme on remonte un fleuve jusqu’à sa source, et revenir goûter à ces univers qui nous ont façonnés, construits et charpentés. Le parc de son enfance, les anecdotes de sa grand-mère, l’odeur de sa maison, les premières larmes sur un livre, les apéritifs près de la cheminée : la farandole de nos souvenirs constitue un coffre ouvert et dévoile un trésor dans lequel nous pouvons puiser encore et toujours.

Au bénéfice de nous-mêmes certes, mais aussi de ceux qui nous entourent et, mieux, dont nous pourrions avoir la charge. En effet, ces impressions du passé, bien loin d’être appelées à rester en surface, voire de nous importuner tel le sparadrap du capitaine Hadock, nous invitent à une forme de reconnaissance. Elles appartiennent à celles qui nous habitent en profondeur.

Si nous savons les garder chevillées à l’âme, les années auront beau passer, elles seront en mesure de nous suivre, de nous tenir par la main. Mieux encore, si nous savons y revenir souvent, elles peuvent être en mesure de nous bonifier.

« S’émerveiller du miracle de son origine »

Raison de plus pour ceux qui ont vocation à servir les âmes, les intelligences et les cœurs, de s’attacher à offrir, à transmettre des repères sains propres à accompagner toute une vie. A l’image du cycle liturgique qui se propose de nous faire progresser dans la vertu en repassant sous nos yeux les mêmes textes sacrés et mystères divins, comme il est souhaitable que nous ayons dans notre bibliothèque intérieure des écrits de référence que nous relirions sans cesse.

Le petit prince et son renard, les carmélites et leur dialogue, La Fontaine et ses fables, Cyrano et son panache : voilà de quoi vivifier une âme !

Mais méditer sur sa vie pour mieux jouir de ses richesses, c’est encore s’émerveiller du miracle de son origine. En faire l’économie serait l’aveu sinon d’une incohérence, au moins d’un manque de lucidité. « Au commencement il y a un message, ce message est dans la vie, ce message est la vie. » Le bien-aimé professeur Jérôme Lejeune débutait ainsi sa fabuleuse histoire de Tom Pouce.

En quelques trente lignes, le chercheur décrivait, sous la forme d’une comptine emplie de tendresse, les balbutiements de la conception humaine. Il livrait surtout une leçon magistrale de vie, vérifiant par là ce que le poète irlandais Oscar Wilde résumait fort bien avant lui : « Les choses les plus mystérieuses dans le monde ne résident pas tant dans ce qu’il y a d’invisible mais dans ce qu’il y a de visible ».

Ce texte, fort, ciselé, grave en même temps que délicieux, s’intercalera opportunément entre ceux de Saint-Exupéry et de Bernanos dans nos rayonnages fondateurs. On y retrouve toute la précision du scientifique, la sagesse du professeur, la douceur engageante du personnage et la finesse d’un ami de Dieu. Avouons que le cocktail est avantageux.

Du cancer des poncifs à la grande peur des bien-pensants

Alors que l’Assemblée nationale a voté le 30 janvier dernier l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, le président du Sénat, Gérard Larcher, faisait part de ses réserves. A sa manière. A la manière de la droite depuis sa peur culturelle (qui n’a rien à envier à la peur des évêques dont la voix a quasiment disparu dans le débat public). Une manière qui prouve la déliquescence du débat en France dès qu’il touche des sujets éthiques ou moraux.

Le cancer des poncifs empêche toute réflexion sur ces sujets, la peur des bien-pensants sclérose toute sortie sabre au clair. Emettre une réserve sur la constitutionnalisation de l’avortement ? Certes, la chose est permise mais sans avoir donné néanmoins dans un premier temps trois coups d’encensoir à la loi Veil… « L’IVG n’est pas menacée. Croyez-moi, je me battrai pour qu’il soit maintenu. Mais je pense que la Constitution n’est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux », argumentait le président du Sénat.

Pour Charles Péguy : « Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. » A son école, le professeur Lejeune fut habité de cette flamme d’intelligence et de ce courage tranquille qui manque tant aujourd’hui au débat d’idées aujourd’hui. Le généticien affirma en son temps ce qu’il voyait, ce qu’il saisissait, ce qu’il observait à travers les lunettes de son microscope.

Il refusa, pour l’honneur de la vérité, de se mentir à lui-même. Dût-il en perdre le Nobel. Il s’engagea donc. Il insista le calme et la sérénité de convictions imperturbables parce qu’enracinées dans la contemplation du réel. 

« Chacun de nous a été un Tom Pouce dans le ventre de sa mère, écrit-il, et les femmes ont toujours su qu’il y avait une sorte de contrée souterraine, une sorte d’abri voûté avec une lueur rougeâtre et un bruit rythmé dans lequel de tout petits humains menaient une vie étrange et merveilleuse. Telle est notre histoire. »

Le professeur Jérôme Lejeune savait qu’il décrivait l’évidence, mais les pédagogues comme les avocats ne l’ignorent pas, c’est elle qui est la plus redoutable à défendre. La vie naissante aussi.

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