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Pays : International

Sahel : les jihadistes ont échoué à constituer un califat régional

Dans L'Afrique Réelle, Bernard Lugan explique :

Unknown-4"Cinq éléments ne doivent pas être perdus de vue :

1) Les islamistes jihadistes sahéliens sont face à une grande contradiction : leur islam se veut universel ; or, non seulement il n’a pas réussi à transcender les ethnies, mais, tout au contraire, face à l’échec de leur projet universaliste, ils ont été contraints de prendre appui sur elles à travers un islam radical, sorte de fourre-tout sublimant déceptions, désillusions et frustrations.

2) Ils recrutent des combattants, mais, à l’exception d’un petit noyau régulièrement extérieur à la région, leur fidélité est « mouvante » car les dynamiques locales sont plus fortes que les adhésions ponctuelles à la cause jihadiste.

3) Prisonniers du présent et négligeant donc trop souvent la profondeur historique africaine, les observateurs ont cru voir un phénomène religieux dans une multitude de conflits ethno régionaux et même raciaux ancrés dans la nuit des temps. Ainsi, en 2011-2012, lors du soulèvement touareg qui est à l’origine des actuels évènements du Sahel, nous n’étions pas face à une guerre de religion, mais en présence d’un conflit nord-sud. L’islamisme a ensuite agi comme une surinfection de plaies ethno-raciales opportunément utilisées pour son insertion dans le jeu politique local.

4) A cette donnée de longue durée s’est ajoutée la permanence et l’adaptation des activités commerciales à longue distance. Nous les qualifions de « trafic » alors que, pour les populations concernées, elles constituent la poursuite de pratiques précoloniales de mise en relation des zones soudanienne, sahélienne, saharienne et méditerranéenne. Or, ces « trafics » constituent un élément essentiel de survie, une soupape économique et sociale dans ces régions pauvres connaissant des problèmes climatiques accentués par une surpopulation suicidaire et qui ont perdu les ressources du tourisme en raison de l’insécurité. Si ces « trafics » ont toujours existé, celui de la drogue fait aujourd’hui entrer une masse considérable d’argent dans une région sans ressources. Or, ce « trafic », lui aussi organisé sur une base ethnique, est régulièrement habillé du noble voile du Prophète

5) Face à cette situation, les autorités qui n’ont aucun pouvoir, appuient ou délèguent la sécurité à des groupes de trafiquants à base ethnique, ce qui amplifie le phénomène d’émiettement mais qui complique d’autant le projet universaliste des partisans du califat."

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