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Démographie / Valeurs chrétiennes : Famille

Renouer avec la tradition d’une politique familiale

Renouer avec la tradition d’une politique familiale

Le 29 novembre, Jean-Paul Delevoye, alors haut-commissaire à la réforme des retraites, appelait de ses vœux l’arrivée de « 50 millions de populations entre guillemets ‘étrangères’ (sic) pour équilibrer la population active en 2050 en Europe ». Son propos se basait sur un rapport de l’ONU datant de l’an 2000, qui chiffre à 47,4 millions « le nombre d’immigrants nécessaires pour éviter un déclin de la population » de l’Union européenne, préconisant des « migrations de remplacement » pour faire face au vieillissement des populations.

Dans un entretien accordé à Catholic News Agency le 5 décembre, le ministre de la famille hongroise a justifié les nombreux efforts consentis par le gouvernement de Viktor Orban envers les familles, au nom de la survie de l’identité chrétienne du pays, et aussi de l’Europe. Katalin Novak, ministre hongrois de la famille, déclare :

« nous avons un défi démographique devant nous. Si nous renonçons à notre christianisme, nous perdrons alors notre propre identité, en tant que Hongrois, en tant qu’Européens ».

Le ministre s’exprimait à Washington lors de la deuxième conférence annuelle sur la politique familiale, en présence des responsables de l’administration Trump, des membres du Congrès et des représentants d’organisations non gouvernementales. L’objet de cette réunion étant la manière dont les gouvernements peuvent promouvoir les politiques favorables à la famille.

Malgré la hausse du nombre des mariages, le taux de natalité de la Hongrie demeure inférieur au taux de remplacement (2,1), même s’il est en hausse du fait de la politique familiale de Viktor Orban. Le taux de fécondité, tombé à 1,26 en 2010 est remonté à 1,48 aujourd’hui.

Il faut savoir que, après l’insurrection hongroise de 1956, Staline favorisa une politique de dénatalité en imposant l’avortement.

La Hongrie mène actuellement une politique nataliste par des incitations financières pour les familles désirant avoir davantage d’enfants, et par la promotion d’une « culture de vie ». Parmi les mesures récemment prises par le gouvernement hongrois :

  • les femmes qui se marient avant leur 40e anniversaire peuvent bénéficier d’un prêt sans intérêt de 31 000 euros de la part de l’Etat. Un tiers de son remboursement peut être annulé si le couple a deux enfants. A partir de trois enfants, le prêt n’a plus besoin d’être remboursé.
  • à partir du troisième enfant, la famille bénéficie d’une subvention afin d’acheter une voiture d’au moins sept places.
  • les couples mariés ayant quatre enfants ou plus sont exonérés à vie de l’impôt sur le revenu.
  • à partir du deuxième enfant, les familles bénéficient de réductions de remboursement de leurs prêts contractés pour se loger.

Il y a une semaine, Le Point qualifiait les solutions natalistes du Rassemblement national de « délires », en rappelant la baisse généralisée des taux de fécondité dans le monde et le fait qu’une fois que le modèle des deux enfants ou moins est adopté, on ne revient plus en arrière. Jean Messiha, membre du bureau politique du RN et énarque, réplique :

C’est idiot de décréter d’entrée de jeu que c’est « délirant ». Si vous me dites que c’est difficile à réaliser, je ne vous contredirai pas. Mais si on décrète que réindustrialiser la France, retrouver de la croissance économique et augmenter les naissances, c’est une illusion, alors on n’a plus qu’à raccrocher son tablier d’homme politique. Au RN nous sommes contre cet « impossibilisme » fait politique. Nous voulons une ambition nationale, pour nous projeter dans un objectif. Se lancer un défi ne garantit pas d’y arriver. Mais ne pas le lancer garantit d’échouer. Par ailleurs, je refuse catégoriquement ce lien nauséabond que sous-entendent les journalistes en confondant notre politique de natalité avec le natalisme de l’extrême droite historique. Cela n’a rien à voir ! Nous, nous ne recherchons pas une démographie expansionniste dans une logique de conquête, comme c’était le cas avec le pangermanisme. Nous voulons plus de Français, qu’ils soient noirs, blancs, jaunes ou ce que vous voulez. Nous sommes dans la continuité de la politique nataliste française, développée entre les deux guerres, et qui voulait compenser la saignée démographique de la Première Guerre mondiale. L’objectif était d’encourager la natalité et d’améliorer la situation des familles. Cette politique familiale appartient à l’ADN de la France. Votre comparaison avec le taux de fécondité de l’Arabie saoudite est grossière, car celle-ci a un taux d’immigrés important et ne faisant pas d’enfants dans le pays, ce qui fausse le taux. Le taux de fécondité des seules femmes saoudiennes est supérieur à 4.

Mais les chiffres montrent qu’en Europe, ce sont les pays les plus progressistes comme la Scandinavie qui, en favorisant la place des femmes sur le marché du travail, ont les taux de fécondité les plus élevés, alors que les États traditionnellement catholiques, comme l’Espagne, l’Italie ou les pays de l’Est, ont des taux de fécondités très bas…

Mais qu’est-ce que notre politique a à voir avec le catholicisme ? Nous parlons de mesures fiscales et d’allocations ciblées pour les familles. Depuis qu’avec François Hollande, la politique familiale a été sacrifiée, vous voyez les taux de fécondité baisser en France. Par ailleurs, le progressisme préfère l’immigrationnisme à la natalité. Les progressistes veulent peupler nos pays avec des enfants d’ailleurs, alors que nous préférons les peupler avec des enfants d’ici. Aujourd’hui, nous sommes en deçà du taux de fécondité permettant le renouvellement des générations. Nous voulons remplacer ces générations qui s’en vont en encourageant les nôtres à faire des enfants. Dans l’idéologie progressiste, il faut que les Africains prennent la relève des Européens qui meurent. Nous, nous pensons que l’avenir de la France se situe avec des enfants français, quelle que soit leur couleur de peau. Moi, mes enfants sont d’origine égyptienne copte et 100 % français, car avec notre éducation nous en avons fait des Français !

Un État ethniquement homogène et fermé comme le Japon a vu sa population culminer en 2012, et c’est le pays le plus vieux au monde. Alors qu’il a aujourd’hui plus de 120 millions d’habitants, ce nombre devrait chuter à 80 millions en 2050, selon les projections. Parallèlement à ce déclin démographique, le Japon a une croissance en berne depuis les années 1990, et le ratio dette publique/ PIB le plus élevé de l’OCDE avec 248 %, bien plus que la Grèce par exemple. Ce modèle vous inspire-t-il ?

Mais que vient faire l’ethnicité là-dedans ? Est-ce que nous disons vouloir faire une politique nataliste réservée aux Blancs ? Revenons au Japon, la France est sur une pente descendante, sauf qu’elle a une immigration massive, ce qui n’est pas le cas du Japon qui, effectivement, privilégie l’homogénéité. Je sais qu’il y a une véritable obsession pour l’hétérogénéité en France, mais l’homogénéité a aussi des vertus. Au Japon, ils n’ont pas de criminalité, et un taux de chômage très faible. Ils ne connaissent pas tous les défauts liés à une société multiculturaliste…

Quant à la dette, cela n’a rien à voir. Nous avons une dette publique qui a dépassé les 100 % du PIB avec une immigration massive. La Corée du Sud est à 40 % sans immigration. La différence, c’est que la dette publique japonaise est détenue par les résidents, ce qui la rend soutenable. Notre souveraineté financière est bien plus menacée que celle du Japon.

[…] Dire aujourd’hui qu’en France, l’immigration est une solution à nos problèmes sociaux et économiques, c’est une blague. L’économie française tourne à très bas régime. Les étrangers en France sont surreprésentés dans le logement social, les aides sociales non-contributives (RSA) et tous les dispositifs de solidarité nationale. Les salaires des étrangers qui travaillent sont proches du smic, c’est-à-dire qu’ils ne contribuent que très peu aux charges sociales. Ainsi, affirmer qu’il faudrait augmenter le nombre d’immigrés relève de l’idéologie aveugle. […]

Je ne pense pas que souhaiter un taux de fécondité au-dessus de 2 enfants, ça aille contre le sens de l’histoire. Autour de moi, je sens les effets de la faiblesse du marché du travail et la baisse du niveau de vie. Je connais des parents qui ont été enseignants et ont pu devenir propriétaires d’un logement à Paris. Aujourd’hui, c’est impossible pour une famille de profs. Vous avez des tas de couples avec des salaires par tête de 1 000-1 500 euros qui voudraient pouvoir arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants, mais ne le peuvent pas. Au Moyen-Âge, l’enfant était un bras supplémentaire pour participer à l’activité économique. Mais aujourd’hui, si on veut donner à nos enfants la chance de réussir, il faut des moyens. Un enfant, c’est, pour les parents, un horizon de vie de vingt à vingt-cinq années. Qui peut avoir une vision linéaire de sa carrière professionnelle qui lui assure un revenu sur une telle période ? C’est pour cela que nous militons pour une réindustrialisation et un patriotisme économique. Ce n’est pas un hasard si les Trente Glorieuses, avec un taux de croissance fort, ont aussi connu un taux de fécondité élevé avec le baby-boom. Est-ce une coïncidence ou une causalité ?

[…] En France, la politique familiale a avant tout été une politique fiscale et sociale. François Hollande a entamé cette politique, avec notamment la mesure mortifère consistant à faire baisser le quotient familial et la réduction des allocations pour la classe moyenne supérieure. Emmanuel Macron a poursuivi la même politique. Si la France a constitué une exception dans le monde occidental, avec un taux de fécondité à 1,9, c’est grâce aux allocations familiales, ainsi que les crèches ou les aides aux parents isolés, soit tout un corpus économique, fiscal et social constituant le creuset de la politique familiale française. Celle-ci a eu un impact positif indéniable. La France a un modèle particulier, qu’on ne comprend pas en allant chercher des modèles ailleurs. Au RN, nous voulons renouer avec la tradition d’une politique familiale incitative et universelle. Et quand nous parlons d’un salaire parental, nous ne visons pas spécifiquement les femmes ; cela peut concerner aussi les hommes. Vous noterez d’ailleurs que la seule femme qui dirige un parti politique en France, c’est Marine Le Pen.

Vous envisagez donc sérieusement, comme l’a fait Thibaut de La Tocnaye, membre du bureau national du RN, que la France puisse renouer avec une natalité « de 2,3 ou 2,5 enfants par femme », ce qu’elle n’a plus connu depuis le début des années 1970 ?

Il faut toujours être ambitieux en politique. On a l’objectif le plus élevé. Bien sûr que la reconquête industrielle comme le renouvellement démographique ne vont pas se faire du jour au lendemain. Mais la politique, c’est le long terme. Gouverner, c’est prévoir. Un homme politique n’est pas là pour servir de caisse enregistreuse aux évolutions constatées. Je ne conteste pas les évolutions que vous citez. Mais il ne faut pas raisonner comme un simple chercheur. Le rôle de l’homme politique, c’est de croire que les instruments de l’État peuvent tordre les faits, et peuvent avoir un impact sur le réel. Je n’aime pas les visions déterministes qui nous expliquent qu’on ne peut plus rien faire. Vous ne pouvez pas nous enlever cette volonté de corriger un certain nombre de choses dans la trajectoire actuelle de notre pays, que ce soit sur le plan migratoire, démographique ou économique.

Un nombre grandissant d’écologistes explique que procréer, c’est polluer…

Ce n’est pas de l’écologie, c’est du fanatisme écologiste. Pour eux, il faudrait que l’humanité disparaisse pour que la planète Terre redevienne ce qu’elle fut il y a trois millions d’années. Mais les mêmes vous disent qu’il faut accueillir les migrants par millions. Nous sommes entrés dans une phase paroxystique de tout ce qui est anti-national. On veut bien nous dépeupler par souci écologique, à condition que ce soit le dépeuplement des Blancs. C’est une vision mortifère et finalement raciste. Nous, nous sommes un parti patriote sans vision ethniciste. Et ce n’est certainement pas moi, né Égyptien, qui soutiendrait une approche racialiste de la politique. C’est une vision de la nation qui dit « les nôtres avant les autres ». Une fois que la France se sera rétablie économiquement et socialement, on pourra revoir la politique migratoire…

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