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Pays : Syrie

Plaintes contre la Syrie et ses « attaques chimiques »

D’Antoine de Lacoste sur Boulevard Voltaire :

Dans le camp du mal, il y a la Syrie et la Russie. Dans le camp du bien, il y a les pays occidentaux et leurs services secrets, les dollars saoudiens ou qataris et de multiples ONG volant au secours du peuple syrien persécuté par le méchant Bachar, « l’homme qui tue son propre peuple ».

Pas de chance : cette guerre soi-disant civile et qui fut, en réalité, le plus grand engagement djihadiste international des temps modernes, a été gagnée par les méchants qui ne voulaient pas que la Syrie devienne islamiste.

La fiction des rebelles modérés et la réalité de ce que furent Daech ou le Front al-Nosra n’a pas servi de leçon aux Occidentaux. Pour des raisons allant de la stupidité au machiavélisme en passant par la lâcheté, personne ne veut reconnaître que l’erreur d’analyse fut totale. Pire, il faut entretenir la propagande anti-syrienne car nul ne sait de quoi demain sera fait : la Syrie est ruinée, les sanctions américaines l’étouffent et « la coalition » (en fait l’Amérique) occupe le tiers du pays.

Cette propagande prend de multiples formes, docilement relayée par des médias d’un conformisme accablant, mais son plus beau fleuron est l’utilisation supposée d’armes chimiques par l’armée syrienne. Elle n’a jamais fait l’objet d’un débat équilibré, le coupable étant désigné d’office.

Pourtant, de sérieuses analyses ont mis en doute la doxa officielle, par exemple sur les attaques de 2013 dans la Ghouta et à Douma. Richard Lloyd, ancien inspecteur à l’ONU, et Theodore Postol, professeur au MIT, ont publié, en décembre 2013, un rapport très documenté concluant que les missiles chimiques n’avaient pas pu être tirés depuis les zones contrôlées par l’armée syrienne. Car missiles chimiques il y a eu, et il faut savoir que de nombreux dépôts de l’armée syrienne ont été pillés au début de la guerre par des milices islamistes. Le New York Times a commenté ce rapport dans son édition du 28 décembre 2013, le rejetant sans aucun contre-argument.

Obama lui-même était si peu convaincu qu’il renoncera à « punir » la Syrie, au grand dam de François Hollande.

L’attaque à Khan Cheikhoun du 4 avril 2017 est tout aussi discutable. Trump n’y croyait pas non plus et fit semblant de bombarder une base syrienne. Il y eut bien 59 missiles Tomahawklancés mais les Américains avaient aimablement prévenu les Russes (comme toute la presse s’en fit l’écho) et il n’y eut pas de victimes. Le secrétaire d’Etat américain James Mattis reconnaîtra ensuite qu’il n’y avait aucune preuve de l’implication de l’armée syrienne (Newsweek du 8 février 2018). Si ce n’est pas l’armée syrienne…

Une autre attaque a été imputée à l’armée syrienne par les médias occidentaux, celle du 4 avril 2018, encore à Douma. Celle-ci est encore plus caricaturale. Les vidéos montrées en boucle à l’époque laissaient voir des Casques blancs transportant en courant des civils qui semblaient suffoquer, ce qui ne veut tout de même pas dire grand-chose alors que la guerre fait rage et que des immeubles s’effondrent. Il est surtout intéressant de remarquer que les combats touchaient à leur fin et l’armée syrienne fit son entrée à Douma quelques jours plus tard. Déclencher une attaque chimique au moment où la victoire est imminente est, en effet, hautement crédible.

Pour la petite histoire, ces Casques blancs, combattants islamistes déguisés en secouristes, furent ensuite exfiltrés par les Israéliens vers la Jordanie à la demande des Américains.

Rien n’est crédible dans ces attaques qui sentent bon la manipulation, mais le tout, c’est de faire semblant d’y croire. Alors, pour entretenir la flamme et raviver l’attention des médias, rien de tel qu’une petite plainte « pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre » venant d’ONG dévouées.

Mais qui sont-elles vraiment ? 

La première est le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, dit SCM (Syrian Center for Media and Freedom of Expression). Cette ONG est adhérente d’un forum appelé EuroMed Droit qui « est un forum et un vivier d’expertise pour les ONG et les militants des droits humains dans la région euroméditerranéenne ». Le premier résultat de recherche sur Google renvoie directement au site d’EuroMed Droits.

Ce forum ne s’intéresse pas qu’à la Syrie, puisqu’on y retrouve comme adhérents des ONG appelées, par exemple, Institut méditerranéen pour les études du genre, Centre danois pour la recherche sur le genre, l’égalité et la diversité, Ligue des droits de l’homme, Conseil grec pour les réfugiés, Internacionalisme Solidaritat Feminismes, etc.

La liste est longue et assez internationale, mais on y retrouve les mêmes thèmes : genre, diversité, réfugiés, droits de l’homme. Le chemin paraît assez tortueux pour rejoindre la guerre en Syrie, mais ce n’est qu’une apparence. La destruction de la Syrie (après celle de l’Irak ou de la Libye) relève de la même stratégie de démolition des valeurs chrétiennes et des régimes arabes laïques. La destruction de ces derniers a permis, notamment, l’afflux de millions de réfugiés musulmans en Europe, accélérant ainsi sa décomposition.

Ce n’est pas un hasard si, dès le début de la guerre en Syrie, la gauche et l’extrême gauche ont été en pointe pour tenter d’abattre ses dirigeants. Le rôle moteur joué par Sarkozy en Syrie et en Libye devrait, d’ailleurs, faire réfléchir ceux qui lui accordent quelque crédit.

La deuxième ONG est plus intéressante encore : il s’agit de l’Open Society Justice Initiation. Elle appartient à la nébuleuse Open Society Foundations créée par notre vieil ami George Soros. Le rôle destructeur de ce milliardaire hongrois que Viktor Orbán, le courageux Premier ministre hongrois, a été bien inspiré en l’empêchant de nuire sur son sol est sans limite financière. Selon Wikipédia, Soros a consacré 18 milliards de dollars à l’activité de ses fondations.

De la Hongrie à la Cour européenne des droits de l’homme en passant par les Gay Pride et les soutiens aux mouvements migratoires, les combats de Soros semblent multiples. Mais, on l’a bien compris, ils rejoignent le même objectif, là aussi : détruire le vieux monde chrétien. Le site de l’Open Society Foundations (basée à New York) est impressionnant par l’ampleur des programmes soutenus dans le monde. Depuis l’ du Sud de l’apartheid jusqu’au mariage homosexuel, rien ne manque.

Une mention spéciale pour les Balkans, tout de même, où la fondation de Soros fut très active. Il est fort intéressant d’observer que l’éclatement de la Yougoslavie, le chaos organisé par les Occidentaux (Chirac et Clinton en tête), l’écrasement des Serbes, le premier djihad européen et, in fine, la création du Kosovo regroupent les mêmes acteurs que ceux de la Syrie. À une différence près : ce qui a marché dans les Balkans a échoué en Syrie grâce à un homme : Vladimir Poutine. On comprend mieux pourquoi les offensives contre lui sont permanentes.

La troisième ONG est Syrian Archive. C’est elle qui est censée apporter les preuves filmées des attaques chimiques de l’armée syrienne. J’ai décrit, dans mon précédent article, ce qu’il fallait en penser.

Pour l’anecdote, les deux avocats des ONG sont d’abord Jeanne Sulzer, qui fut responsable juridique d’Amnesty International (c’est bien, on retrouve tout le monde). Elle se signala notamment lors du débat sur la déchéance de nationalité des binationaux terroristes par cette phrase historique : « Cette mesure venait porter atteinte à l’égalité entre les Français »(France 3, 22 décembre 2015). La seconde est Clémence Witt, qui a défendu Christophe Raumel, accusé de complicité dans l’attaque de l’Hyper Cacher par Coulibaly. Elle avait, sans rire, déploré « la froideur de la justice antiterroriste ». Passé un certain niveau, on ne sait plus quoi dire…

Tels sont quelques-uns des acteurs qui ont contribué à cette grande manipulation que fut la guerre en Syrie. Elle a échoué pour l’instant mais le combat est loin d’être terminé.

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